Regard et représentation dans l'Antiquité, sous la direction de Régis Courtray, Pallas, N° 92, 2013 (329 pages).
Ce volume de la revue d'études antiques Pallas présente des textes réunis par Régis Courtray, suite à une journée d'étude et un séminaire organisés à l'Université Toulouse II-Le Mirail. L'ambition du recueil est de rendre compte de la manière dont les Anciens définissent le phénomène de la vision puis, sur ce fondement, d'interroger les représentations du regard, du monde, de l'intelligible, de l'intelligence en quête de savoir qu'ils formulent.
Ugo Batini, Schopenhauer. Une philosophie de la désillusion, Ellipses, avril 2016, collection « Aimer les philosophes » (256 pages). Lu par Jean Kessler.
Premier d’une nouvelle série intitulée « aimer les philosophes », l’ouvrage d’U. Batini se propose donc de nous faire aimer Schopenhauer. La tâche peut sembler aisée, car autant la cohérence et l’unité des thèmes abordés par l’auteur du Monde comme volonté et représentation, que son style clair, exempt de néologismes et de jargon, font depuis plus d’un siècle de la lecture de ce philosophe (sans doute un des plus lus et des plus influents) un plaisir indéniable.
Jean-Michel Le Lannou, L’Excès du représentatif, coll. « Philosophie », Hermann Éditeurs, octobre 2015 (98 pages). Lu par Jean Colrat.
L’ouvrage que Jean-Michel Le Lannou a publié en octobre 2015 est la meilleure introduction à la connaissance de son œuvre en même temps qu’une forme d’accomplissement d’un travail ambitieux.
Monique Dixsaut, Nietzsche. Par-delà les antinomies, collection Bibliothèque d'Histoire de la Philosophie, Vrin, septembre 2012, réimpression de l'édition 2006 chez Transparence (480 pages). Lu par Jérôme Jardry.
Contredire n’est pas seulement dialectique, au sens hégélien, et il faut apprendre à lire, par-delà les interprétations qui recouvrent la philosophie de Nietzsche. Il est, après Platon, l'autre auteur de prédilection de Monique Dixsaut.
Guillaume Tonning, Nietzsche. Une philosophie de l’épreuve, Ellipses, collection Aimer les philosophes, 2016, lu par Lynda Paillard.
Présenter la philosophie de Nietzsche en moins de 200 pages, c’est ce qu’entreprend Guillaume Tonning, dans le prolongement de sa thèse, soutenue en 2006, sous la direction de Didier Franck (Nietzsche et l’ombre de Dieu). Sous le titre « Nietzsche, une philosophie de l’épreuve », il fait paraître chez Ellipses, ce vade-mecum qui sera utile à tous ceux qui veulent découvrir ou en savoir plus sur cette pensée mobile et protéiforme. Selon le principe de la collection « Aimer les philosophes », l’ouvrage se donne comme un « parcours de pensée » en dix chapitres, encadré par une introduction et un corpus de textes, suivi d’un glossaire et d’éléments de bibliographie.
Olivier Ponton, Le Gai savoir de Nietzsche. Une Manière divine de penser, CNRS éditions, mars 2018 (395 pages). Lu par Juliette Chiche.
Qu’est-ce que le gai savoir de Nietzsche ? Comment comprendre les deux pensées majeures qu’il risque, la mort de Dieu et l’éternel retour ? Et surtout comment les concilier ?
Alain Seguy-Duclot, Platon. L'Invention de la philosophie, collection Le Chemin des philosophes, Belin, octobre 2014 (288 pages). Lu par Sidonie Dastillung.
Déjà reconnu pour ces travaux portant sur la philosophie platonicienne, notamment pour les commentaires qu’il a produits de deux dialogues, le Parménide, Le Parménide ou le Jeu des hypothèses (1998), et celui du Théétète, Dialogue sur le Théétète de Platon (2008), Alain Séguy-Duclot, professeur chercheur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, propose cette fois dans Platon, l’Invention de la Philosophie une appréciation beaucoup plus globale de l’œuvre de Platon.
Anne Merker, Une morale pour les mortels. L’éthique de Platon et d’Aristote, collection L’Âne d’or, Les Belles-Lettres, Paris, 2011 (407 pages). Lu par Baptiste Klockenbring.
Là où la philosophie scolaire nous avait habitués à voir sinon une opposition, du moins de profondes divergences entre Platon et Aristote, Anne Merker entreprend, dans une vaste et profonde étude de leur philosophie morale respective, de montrer la profonde unité des éthiques grecques, sous le motif central d’une éthique enracinée dans la nature même de l’homme écartelée entre désir et logos, c’est-à-dire une éthique pour les mortels.
Dimitri El Murr (dir.), La Mesure du savoir : études sur le Théétète de Platon, collection Tradition de la Pensée Classique, Vrin, août 2013 (432 pages). Lu par Catherine Rezaei.
Un ouvrage riche et stimulant, qui invite à une relecture personnelle et active du Théétète.
Monique Dixsaut, Platon et la question de l’âme, Études platoniciennes II, collection Bibliothèque d'Histoire de la Philosophie, Vrin, 2013 (288 pages).
Platon et la question de l’âme est le deuxième tome des Études platoniciennes de Monique Dixsaut (le premier est paru en 2000 : Platon et la question de la Pensée, Vrin, Histoire de la philosophie). Cet ouvrage regroupe des articles qui ont été édités dans des revues et des ouvrages collectifs. On ne peut être que très heureux de retrouver ces textes dans ces deux tomes qui procèdent à des lectures pointues, détaillées et très éclairantes des dialogues de Platon. On y voit l’unité profonde d’une démarche qui est celle de l’histoire de la philosophie et de celle du « philosopher ».
Santiago Espinosa, L'Impensé. Inactualité de Parménide, « Encre marine », Les Belles Lettres, avril 2019 (123 pages). Lu par Jordan l'Hostis le Hir.
J'ouvre les yeux et des choses apparaissent, voilà tout.
L'Impensé est l'ouvrage récemment publié par Santiago Espinosa. À l'appui de fragments connus du Poème de Parménide, il y soutient l'idée que l'être est tout ce qui existe, jamais ce qui fait que les choses sont, et que le non-être n'existe pas.
Paul B. Preciado, Un appartement sur Uranus. Chroniques de la traversée, Paris, Grasset, 2019. Préface de Virginie Despentes. Lu par Alexandre Klein.
Il n’est pas question d’emménagement, de fixation ou d’une quelconque installation à long terme dans ce nouvel ouvrage de Paul B. Preciado. Bien au contraire. C’est le récit d’un voyage continu, d’une traversée constante, d’une transition toujours en cours que nous propose le philosophe. Un appartement sur Uranus – le titre fait référence au terme « uraniste » utilisé par le juriste allemand Karl-Henrich Ulrichs en 1864 pour définir les homosexuels – rassemble les chroniques que Preciado a fait paraître dans le quotidien français Libération, ainsi que dans d’autres médias européens, entre 2013 et 2018. Cinq années au cours desquelles le monde, et notamment l’Europe, a grandement changé, mais également au cours desquelles Beatriz est devenu Paul.
Lionel Astesiano, Joie et Liberté chez Bergson et Spinoza, 2016, CNRS Éditions, 464 pages. Lu par Éric Delassus.
Il peut sembler étonnant de vouloir rapprocher Bergson et Spinoza. En effet, nous avons du côté de Spinoza, une pensée systématique et déterministe et chez Bergson une philosophie qui s’oppose à toute forme de dogmatisme et de systématicité pour s’intéresser à la vie de l’esprit et aux données immédiates de la conscience. Alors que Spinoza prétend rendre compte des affects comme un géomètre, Bergson rejette le parallélisme psychophysiologique, arguant qu’il n’est pas possible d’appliquer le modèle mathématique à la vie de l’esprit dans la mesure où l’on ne peut traduire en termes quantitatifs ce qui est d’ordre qualitatif.
Victor Hugo, De l’utilité du beau et autres textes, éditions Manucius, 2018. Lu par François Collet.
« Dans (ses) premiers poèmes, Victor Hugo pense encore, au lieu de se contenter, comme la nature, de donner à penser. »
Proust, Le côté de Guermantes.
Cet ouvrage rassemble trois textes de Victor Hugo, tous trois tirés des Post-scriptum de ma vie. Dans ce livre posthume, ainsi que dans son William Shakespeare de 1864, on trouve en quelques sorte un condensé de ce que l’on pourrait appeler l’esthétique de Hugo. On y voit l’articulation de notions décrivant une poétique, et des considérations métaphysiques sur l’âme et la destinée humaine.
Michel Chabot, Réflexion sur Qu'est-ce que les Lumières ? de Kant, collection Réflexions (im)pertinentes, éditions Bréal, 2017 (158 pages). Lu par Éric Delassus.
Loin d’être un commentaire de l’opuscule de Kant, le livre de M. Chabot se veut être une réflexion sur notre situation contemporaine à partir de la pensée de Kant.
Christophe Prince & Nathalie Prince, Nietzsche au Paraguay, éditions Flammarion, Paris, 2019 (384 pages). Lu par Alexandre Klein.
En 1887, une poignée de colons allemands s’installent au Paraguay, à près de 300 km au nord d’Asuncion, pour créer Nueva Germania, une colonie où la culture allemande pourrait prospérer sous sa forme la plus pure. À leur tête le Dr Bernhard Förster, un antisémite notoire qui rêvait de faire fructifier la race aryenne dans ce Nouveau Monde, loin d’une Allemagne qu’il jugeait alors en perdition. À ses côtés, sa femme, Élisabeth Förster-Nietzsche, la sœur du célèbre philosophe.
Sabine Prokhoris, Déraison des raisons, les juges face aux nouvelles familles, PUF, 2018 (256 pages). Lu par Nassim El Kabli.
Hegel voyait dans l’histoire le travail souterrain d’une « ruse de la Raison », cette dernière utilisant les passions humaines qu’elle manipule en sous-main pour réaliser l’Idée universelle. Dans son dernier livre, Déraison des raisons, les juges face aux nouvelles familles, Sabine Prokhoris démasque ce qu’on pourrait appeler une ruse de la déraison. Cette déraison œuvrerait au sein même des raisonnements, des « motivations » ou « attendus », par lesquels les juges justifient leurs décisions ; le corps judiciaire serait en cela complice des « experts » en droit et en psychologie, eux-mêmes dépendants, plus ou moins consciemment, de discours moraux et religieux fondés sur une conception dépassée de la nature.
André Pessel, Dans l'Éthique de Spinoza, collection Critique de la politique, Klincksieck, Paris, 2018 (146 pages). Lu par Éric Delassus.
Lire l’Éthique ne laisse pas indemne le lecteur qui accomplit cette tâche avec sérieux. En effet, ce livre est riche en effets de texte, comme le souligne André Pessel dans son livre : Dans l’Éthique de Spinoza. L’intérêt de cet ouvrage tient en ce qu’il ne propose pas un commentaire sur l’Éthique Spinoza, mais qu’il montre en quoi la lecture de ce livre produit son lecteur et le transforme en lui faisant comprendre par son contenu ontologique qu’il y est aussi question de lui-même en tant qu’il s’intègre dans son sujet même.
Thierry de Toffoli, La philosophie réflexive de Maine de Biran, CreateSpace Independent Publishing Platform, novembre 2016 (236 pages). Lu par Marianne Eddi.
Dans La philosophie réflexive de Maine de Biran, Thierry de Toffoli nous montre comment le témoignage que Maine de Biran a livré de ses méditations quotidiennes est susceptible d’éclairer une philosophie, qui répugne par principe à toute systématicité.
Bernard Mabille, Cheminer avec Hegel, éditions de La Transparence, Paris, 2007. Lu par Alain Champseix.
Nous pourrions dire de Bernard Mabille ce qu’il en est de Hegel : un livre peut être un cours ou un cours peut être un livre. Cet ouvrage reprend un enseignement dispensé à la Sorbonne lors du premier semestre de 2000-2001. Il s’inspire de l’ouvrage majeur du Professeur, Hegel, L’épreuve de la contingence, Paris, Aubier, 1999. Il n’en est toutefois pas le résumé car la réflexion à la fois sur et avec le philosophe allemand est reprise au bénéfice des étudiants afin de les mettre en mesure de le lire. Tel est d’ailleurs l’objectif de la première leçon qui porte sur ce que peut signifier lire en philosophie.
Arild Michel Bakken, La Présence de Mallarmé, collection Romantisme et modernités, Honoré Champion, Paris, 2018 (264 pages). Lu par Paul Sereni.
Le livre, issu d'une thèse soutenue à Oslo en 2015, s’inscrit dans le renouvellement des études sur Mallarmé largement initié en France par Bertrand Marchal (Lectures de Mallarmé, 1983) qui fut codirecteur de la thèse. L’ouvrage, contrairement à ce que le titre pourrait suggérer, ne porte pas sur la présence de l'œuvre de Mallarmé dans la poésie ultérieure, mais sur la présence de l'auteur dans son œuvre ; on met ainsi l’accent sur la communication du texte, alors même que Mallarmé passe souvent non sans raison pour un auteur impersonnel, qui s'efface presque totalement derrière ses textes.
Christophe Bouton & Barbara Stiegler (dir.), L’Expérience du passé. Histoire, philosophie, politique, collection Philosophie imaginaire, éditions de l’Éclat, Paris, 2018 (245 pages). Lu par Paul Sereni.
Ce recueil de onze contributions, issu d’un colloque interdisciplinaire tenu à l’Université Bordeaux-Montaigne en mars 2016, cherche à répondre à la question : « la connaissance du passé - que ce soit sous la forme d’une expérience déterminée ou du savoir des historiens - fournit-elle des enseignements » ou bien faut-il penser au contraire, pour toute une série de raisons, qu’une « telle conception du passé est vaine » (p.9) ? Il s’agit donc de savoir comment, et jusqu’à quel point, on peut rendre le passé, y compris lointain, pour ainsi dire, présent.
Éva Martin, Esthétiques de Port-Royal, collection Univers Port-Royal, Classiques Garnier, Paris, mars 2018 (620 pages). Lu par Nicolas Combettes.
Il peut sembler au premier abord étrange d’associer le nom de Port-Royal à une étude sur les arts dans la France de la Contre-réforme : le nom même de l’abbaye n’évoque-t-il pas le foyer du jansénisme et une forme de spiritualité ascétique, hostile à la beauté sensible ? Le livre d’Éva Martin s’ouvre précisément sur ce paradoxe, à la faveur d’une brève description du portrait de la mère Angélique par Philippe de Champaigne (1654) : comment concilier l’existence de cette œuvre donnée au couvent, avec les déclarations antérieures de la réformatrice et modèle condamnant l’orgueil de ceux qui aspirent à se faire représenter ? Plus généralement, quelle est la place des arts dans la vie religieuse et les pratiques de dévotion ?
L’Œil de Minerve se diversifie. Notre veille philosophique emprunte désormais deux voies : celle des recensions et celle des entretiens. Nous donnerons la parole à des chercheurs en philosophie, et mettrons en lumière la genèse de leur démarche, de leurs concepts, l’évolution de leur travail, la façon dont les recherches philosophiques au plus près des textes éclairent notre commune réalité.
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« oeil de minerve ISSN 2267-9243 » Responsable éditorial : Jeanne Szpirglas (Versailles), avec la collaboration de: Cyril Morana, Evelyne Bechthold-Rognon, Florence Benamou, Michel Cardin, Romain Couderc, Francis Foreaux, Jérôme Jardry. Mentions légales - Signaler un abus - Dane de l'académie de Versailles