Éva Martin, Esthétiques de Port-Royal, collection Univers Port-Royal, Classiques Garnier, Paris, mars 2018 (620 pages). Lu par Nicolas Combettes.
Il peut sembler au premier abord étrange d’associer le nom de Port-Royal à une étude sur les arts dans la France de la Contre-réforme : le nom même de l’abbaye n’évoque-t-il pas le foyer du jansénisme et une forme de spiritualité ascétique, hostile à la beauté sensible ? Le livre d’Éva Martin s’ouvre précisément sur ce paradoxe, à la faveur d’une brève description du portrait de la mère Angélique par Philippe de Champaigne (1654) : comment concilier l’existence de cette œuvre donnée au couvent, avec les déclarations antérieures de la réformatrice et modèle condamnant l’orgueil de ceux qui aspirent à se faire représenter ? Plus généralement, quelle est la place des arts dans la vie religieuse et les pratiques de dévotion ?