Anne de Saxcé, Saint Augustin et la langue des affects, collection Histoire de la philosophie, Vrin, 2024 (237 pages).
Anne de Saxcé, enseignant la philosophie à Sorbonne Université, propose une analyse nouvelle de la théorie augustinienne de l'affectivité et en particulier de la manière dont l'herméneutique des affects qu'Augustin déploie permet de donner une pleine intelligence de sa conception du bonheur dans l'espérance. Comment faire de l'affect un objet de pensée qui rende raison de l'homme comme être de désir et d'espérance ?
Pierre-Luc Desjardins, Devenir le fils. Physique et noétique chez Maître Eckhart, collection « Cerf Patrimoine », éditions du Cerf, 2023, 328 pages.
Pierre-Luc Desjardins, spécialiste de philosophie médiévale, vient de publier un ouvrage sur Maître Eckhart et sur la centralité de son concept de Naissance du fils dans l’âme pour saisir l’unité d’une pensée à l’œuvre dans toute l’étendue de son corpus, aussi bien allemand que latin.
Frédérique Ildefonse, La Multiplicité dans l’âme. Sur l’intériorité comme problème, collection "Textes et traditions", Vrin, 2022, 881 p. avec bibliographie et appareil critique (table des termes grecs, indexlocorum, indexnominorum).
Rares sont les œuvres magistrales et, parmi elles, plus rares encore les œuvres majeures. La Multiplicité dans l’âme a sans conteste l’importance de ces dernières. Frédérique Ildefonse, directrice de recherche au C.N.R.S., traductrice d'Aristote et de Plutarque, auteure en 2012 du remarquable essai Il y a des dieux, nous donne dans ce livre passionnant le résultat d'un travail de dix ans.
Gildas Salmon, Les Structures de l’esprit. Lévi-Strauss et les mythes, collection Pratiques théoriques, P.U.F., 2013 (314 pages), lu par Karine Peiffert.
L’ouvrage de Gildas Salmon est extrait de sa thèse, Logique concrète et transformations dans l’anthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss, dirigée par Jocelyn Benoist. S’inscrivant dans l’histoire des sciences sociales, il cherche à montrer comment, autour de la notion de transformation, se réorganise le savoir anthropologique, à la croisée de disciplines telles que la linguistique, la sociologie, la psychanalyse ou encore la biologie. De cette mutation de l’anthropologie naît une théorie sémiologique de l’esprit.
Alain Corbin, Histoire du silence. De la Renaissance à nos jours, Albin Michel, mars 2016 (216 pages), lu par Alexandre Klein.
Notre société connectée nous aurait fait perdre le sens du silence. Pire, le flot continu de paroles produit par l’hypermédiatisation nous le ferait désormais craindre. Pourtant, le silence est une source inestimable de vertus tant méditatives et réflexives que jouissives. C’est ce qu’entend nous rappeler l’historien français Alain Corbin dans son nouvel opus. Après avoir étudié les transformations de notre sensibilité aux odeurs, dans son célèbre Le Miasme et la Jonquille (1982), ou plus récemment notre rapport aux arbres ou au temps qu’il fait, ce spécialiste de l’histoire des sensibilités s’attache ici à écrire une histoire de notre relation au silence.
Corine Pelluchon, Pour comprendre Levinas. Un philosophe pour notre temps, Paris, éd. du Seuil, coll. « La couleur des idées », 2020 (282 pages), lu par Sébastien Labrusse.
Regard et représentation dans l'Antiquité, sous la direction de Régis Courtray, Pallas, N° 92, 2013 (329 pages).
Ce volume de la revue d'études antiques Pallas présente des textes réunis par Régis Courtray, suite à une journée d'étude et un séminaire organisés à l'Université Toulouse II-Le Mirail. L'ambition du recueil est de rendre compte de la manière dont les Anciens définissent le phénomène de la vision puis, sur ce fondement, d'interroger les représentations du regard, du monde, de l'intelligible, de l'intelligence en quête de savoir qu'ils formulent.
Ugo Batini, Schopenhauer. Une philosophie de la désillusion, Ellipses, avril 2016, collection « Aimer les philosophes » (256 pages). Lu par Jean Kessler.
Premier d’une nouvelle série intitulée « aimer les philosophes », l’ouvrage d’U. Batini se propose donc de nous faire aimer Schopenhauer. La tâche peut sembler aisée, car autant la cohérence et l’unité des thèmes abordés par l’auteur du Monde comme volonté et représentation, que son style clair, exempt de néologismes et de jargon, font depuis plus d’un siècle de la lecture de ce philosophe (sans doute un des plus lus et des plus influents) un plaisir indéniable.
Monique Dixsaut, Nietzsche. Par-delà les antinomies, collection Bibliothèque d'Histoire de la Philosophie, Vrin, septembre 2012, réimpression de l'édition 2006 chez Transparence (480 pages). Lu par Jérôme Jardry.
Contredire n’est pas seulement dialectique, au sens hégélien, et il faut apprendre à lire, par-delà les interprétations qui recouvrent la philosophie de Nietzsche. Il est, après Platon, l'autre auteur de prédilection de Monique Dixsaut.
Guillaume Tonning, Nietzsche. Une philosophie de l’épreuve, Ellipses, collection Aimer les philosophes, 2016, lu par Lynda Paillard.
Présenter la philosophie de Nietzsche en moins de 200 pages, c’est ce qu’entreprend Guillaume Tonning, dans le prolongement de sa thèse, soutenue en 2006, sous la direction de Didier Franck (Nietzsche et l’ombre de Dieu). Sous le titre « Nietzsche, une philosophie de l’épreuve », il fait paraître chez Ellipses, ce vade-mecum qui sera utile à tous ceux qui veulent découvrir ou en savoir plus sur cette pensée mobile et protéiforme. Selon le principe de la collection « Aimer les philosophes », l’ouvrage se donne comme un « parcours de pensée » en dix chapitres, encadré par une introduction et un corpus de textes, suivi d’un glossaire et d’éléments de bibliographie.
Olivier Ponton, Le Gai savoir de Nietzsche. Une Manière divine de penser, CNRS éditions, mars 2018 (395 pages). Lu par Juliette Chiche.
Qu’est-ce que le gai savoir de Nietzsche ? Comment comprendre les deux pensées majeures qu’il risque, la mort de Dieu et l’éternel retour ? Et surtout comment les concilier ?
Alain Seguy-Duclot, Platon. L'Invention de la philosophie, collection Le Chemin des philosophes, Belin, octobre 2014 (288 pages). Lu par Sidonie Dastillung.
Déjà reconnu pour ces travaux portant sur la philosophie platonicienne, notamment pour les commentaires qu’il a produits de deux dialogues, le Parménide, Le Parménide ou le Jeu des hypothèses (1998), et celui du Théétète, Dialogue sur le Théétète de Platon (2008), Alain Séguy-Duclot, professeur chercheur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, propose cette fois dans Platon, l’Invention de la Philosophie une appréciation beaucoup plus globale de l’œuvre de Platon.
Dimitri El Murr (dir.), La Mesure du savoir : études sur le Théétète de Platon, collection Tradition de la Pensée Classique, Vrin, août 2013 (432 pages). Lu par Catherine Rezaei.
Un ouvrage riche et stimulant, qui invite à une relecture personnelle et active du Théétète.
Monique Dixsaut, Platon et la question de l’âme, Études platoniciennes II, collection Bibliothèque d'Histoire de la Philosophie, Vrin, 2013 (288 pages).
Platon et la question de l’âme est le deuxième tome des Études platoniciennes de Monique Dixsaut (le premier est paru en 2000 : Platon et la question de la Pensée, Vrin, Histoire de la philosophie). Cet ouvrage regroupe des articles qui ont été édités dans des revues et des ouvrages collectifs. On ne peut être que très heureux de retrouver ces textes dans ces deux tomes qui procèdent à des lectures pointues, détaillées et très éclairantes des dialogues de Platon. On y voit l’unité profonde d’une démarche qui est celle de l’histoire de la philosophie et de celle du « philosopher ».
Lionel Astesiano, Joie et Liberté chez Bergson et Spinoza, 2016, CNRS Éditions, 464 pages. Lu par Éric Delassus.
Il peut sembler étonnant de vouloir rapprocher Bergson et Spinoza. En effet, nous avons du côté de Spinoza, une pensée systématique et déterministe et chez Bergson une philosophie qui s’oppose à toute forme de dogmatisme et de systématicité pour s’intéresser à la vie de l’esprit et aux données immédiates de la conscience. Alors que Spinoza prétend rendre compte des affects comme un géomètre, Bergson rejette le parallélisme psychophysiologique, arguant qu’il n’est pas possible d’appliquer le modèle mathématique à la vie de l’esprit dans la mesure où l’on ne peut traduire en termes quantitatifs ce qui est d’ordre qualitatif.
André Pessel, Dans l'Éthique de Spinoza, collection Critique de la politique, Klincksieck, Paris, 2018 (146 pages). Lu par Éric Delassus.
Lire l’Éthique ne laisse pas indemne le lecteur qui accomplit cette tâche avec sérieux. En effet, ce livre est riche en effets de texte, comme le souligne André Pessel dans son livre : Dans l’Éthique de Spinoza. L’intérêt de cet ouvrage tient en ce qu’il ne propose pas un commentaire sur l’Éthique Spinoza, mais qu’il montre en quoi la lecture de ce livre produit son lecteur et le transforme en lui faisant comprendre par son contenu ontologique qu’il y est aussi question de lui-même en tant qu’il s’intègre dans son sujet même.
Thierry de Toffoli, La philosophie réflexive de Maine de Biran, CreateSpace Independent Publishing Platform, novembre 2016 (236 pages). Lu par Marianne Eddi.
Dans La philosophie réflexive de Maine de Biran, Thierry de Toffoli nous montre comment le témoignage que Maine de Biran a livré de ses méditations quotidiennes est susceptible d’éclairer une philosophie, qui répugne par principe à toute systématicité.
Bernard Mabille, Cheminer avec Hegel, éditions de La Transparence, Paris, 2007. Lu par Alain Champseix.
Nous pourrions dire de Bernard Mabille ce qu’il en est de Hegel : un livre peut être un cours ou un cours peut être un livre. Cet ouvrage reprend un enseignement dispensé à la Sorbonne lors du premier semestre de 2000-2001. Il s’inspire de l’ouvrage majeur du Professeur, Hegel, L’épreuve de la contingence, Paris, Aubier, 1999. Il n’en est toutefois pas le résumé car la réflexion à la fois sur et avec le philosophe allemand est reprise au bénéfice des étudiants afin de les mettre en mesure de le lire. Tel est d’ailleurs l’objectif de la première leçon qui porte sur ce que peut signifier lire en philosophie.
François-David Sebbah est Professeur à l’université Paris Nanterre et membre de l’Institut de recherches philosophiques. Il propose dans cet ouvrage une nouvelle lecture de l’œuvre de Levinas en en soulignant deux moments : le début (textes de la période de guerre, les Carnetsde captivité, les romans inachevés, De l’existence à l’existant) et la fin (cours et conférences des années 1970 et 1980). L’auteur tente de dégager la cohérence de l’ensemble, en partant d’un épisode vécu par Levinas : la débâcle, l’exode de 1940. Cette scène inaugurale permet de comprendre pourquoi l’éthique devient, dans la philosophie de Levinas, une éthique du survivant et une éthique impitoyable.
Jean-Baptiste Brenet est professeur à l'Université de Paris I - Panthéon - Sorbonne, où il enseigne l'histoire de la philosophie arabe. Traducteur de Thomas d'Aquin, de Thomas Wylton et d'Avicenne, il dirige avec Christophe Grellard la collection « Translatio. Philosophies médiévales », chez Vrin. Il a notamment publié Transferts du sujet. La noétique d'Averroès selon Jean de Jandun (Vrin, 2003) et Les possibilités de jonction. Averroès-Thomas Wylton, suivi de : Thomas Wylton, L’âme intellective, introduction, traduction et notes (de Gruyter, 2013).
Olivier Dubouclez, Descartes et la voie de l’analyse, P.U.F., collection Epiméthée, janvier 2013 (395 pages).
Cet ouvrage est un travail d’Olivier Dubouclez (issu de la thèse qu’il a soutenue en 2008), où la rigueur de la démarche historique le dispute au merveilleux du voyage qu’il nous propose. Disons-le d’entrée : il n’est nullement question de philosophie analytique dans cet ouvrage, ni d’une interprétation analytique (disons logico-linguistique) de l’œuvre de Descartes.
Claire Crignon, Locke médecin. Manuscrits sur l’art médical, Classique Garnier, mai 2016 (541 pages). Lu par Gilles Barroux.
Que John Locke fut attaché à la médecine par sa formation, qu’il a écrit des textes consacrés à cette matière, ou encore que cette formation initiale put constituer un laboratoire pour ses productions ultérieures, ce sont des informations connues et évoquées de manière récurrente, tant par les historiens de la philosophie que des sciences (exemple des travaux de François Duchesneau). Il manquait cependant un travail conséquent et exhaustif sur cette période de l’histoire de la formation de la pensée de Locke, ce maillon manquant est désormais comblé par l’ouvrage de Claire Crignon, Locke médecin. Manuscrits sur l’art médical, paru en 2016.
Gwendoline Jarczyk, L’Abîmement instaurateur dans la logique de Hegel, collection Logique hégélienne, éditions Kimé, octobre 2013 (233 pages). Lu par Thierry Dupoux.
Le titre de l’ouvrage résume bien à lui seul le caractère essentiel de la pensée dialectique qui consiste à supporter la contradiction. Le penser spéculatif se caractérise ainsi par sa capacité à affronter la contradiction, l’opposition de termes tels que le positif et le négatif, contradiction dont la résolution constitue le dynamisme même de la pensée.
Kostas Papaioannou, Hegel (avec un choix de textes traduits par l’auteur), édition par François Bordes et Laurie Catteeuw, collection Le Goût des idées, Les Belles Lettres, 2012 (240 pages). Lu par Pierre Arnoux.
Cet ouvrage se veut une introduction claire et pédagogique à l’ensemble de la pensée hégélienne, qui nous est présentée comme une pensée en mouvement, grâce notamment à l’accent mis sur les écrits de jeunesse et aux références à la vie de Hegel.
Henri Bergson, Histoire de l’idée de temps - Cours au Collège de France 1902-1903, publié sous la direction scientifique de Frédéric Worms, présenté par Camille Riquier, PUF, 2016 (393 p.). Lu par Thierry de Toffoli.
Bergson, par voie testamentaire, avait formellement interdit toute publication autre que l’œuvre philosophique. Vœu pieux comme nous le savons puisque lettres, notes manuscrites et cours ont déjà été abondamment publiés. Et l’entorse aux dernières volontés de notre philosophe est appelée à se poursuivre puisque l’ouvrage que nous présentons est le premier d’une nouvelle série de cours à paraître aux Presses Universitaires de France.
L’Œil de Minerve se diversifie. Notre veille philosophique emprunte désormais deux voies : celle des recensions et celle des entretiens. Nous donnerons la parole à des chercheurs en philosophie, et mettrons en lumière la genèse de leur démarche, de leurs concepts, l’évolution de leur travail, la façon dont les recherches philosophiques au plus près des textes éclairent notre commune réalité.
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« oeil de minerve ISSN 2267-9243 » Responsable éditorial : Jeanne Szpirglas (Versailles), avec la collaboration de: Cyril Morana, Evelyne Bechthold-Rognon, Florence Benamou, Michel Cardin, Romain Couderc, Francis Foreaux, Jérôme Jardry. Mentions légales - Signaler un abus - Dane de l'académie de Versailles