Par Baptiste Klockenbring le 27 septembre 2018, 06:00 - Psychanalyse
Sandor Ferenczy, Réflexions sur le masochisme, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 2018, lu par Baptiste Calmejane.
Les textes sont introduits par Anne-Marie Saunal. Évoquant à plusieurs reprises sa propre pratique d’analyste, l’auteure de la préface aborde le motif du mal psychique sous sa double forme sadique et masochiste. Le masochisme doit être conçu, chez Freud et Ferenczi, dans sa relation au traumatisme, à l’identification à l’agresseur et à la pulsion de mort. La préface revient sur la différenciation des trois types de masochisme — moral, féminin, érogène — dans les textes de Freud, ainsi que sur la distinction ferenczienne entre orgasme normal, résultat d’un amour mutuel, et orgasme masochiste, résultat de l’identification à l’agresseur sadique. De ce point de vue, il convient de rappeler l’importance qu’il faut accorder, selon Ferenczi, à la réalité du traumatisme vécu comme source et origine de la compulsion masochiste. À l’égard des tendances masochistes, et de la souffrance en général, Anne-Marie Saunal rappelle à quel point la pratique clinique de Ferenczi reposait sur la compassion, l’humilité et l’humanité. Elle revient aussi sur la question de l’origine de l’affirmation (bejahung) de déplaisir, et sur le processus qui mène le sujet du déplaisir à la jouissance de ce déplaisir libidinalement investi. La préface s’achève enfin par une réflexion sur l’idée défendue par Ferenczi d’un épuisement de la douleur par acceptation de son existence, plus apte selon lui à en libérer le patient que la révolte, la lutte et le cramponnement hypocondriaque, ainsi que sur la place du pardon dans l’analyse.