Aristote, Métaphysique (livres ΑαΓΕΖΗΘΛ), présentation, traduction et notes de Frédéric Gain, collection Ouverture philosophique, L'Harmattan, septembre 2023.
Frédéric Gain, spécialiste de philosophie antique, professeur en classes préparatoires littéraires, vient de faire paraître un document de travail remarquable par ses qualités de clarté sur un texte présentant souvent une obscurité redoutable et très justement redoutée par le lecteur moderne.
Frédérique Ildefonse, La Multiplicité dans l’âme. Sur l’intériorité comme problème, collection "Textes et traditions", Vrin, 2022, 881 p. avec bibliographie et appareil critique (table des termes grecs, indexlocorum, indexnominorum).
Rares sont les œuvres magistrales et, parmi elles, plus rares encore les œuvres majeures. La Multiplicité dans l’âme a sans conteste l’importance de ces dernières. Frédérique Ildefonse, directrice de recherche au C.N.R.S., traductrice d'Aristote et de Plutarque, auteure en 2012 du remarquable essai Il y a des dieux, nous donne dans ce livre passionnant le résultat d'un travail de dix ans.
"A propos d'Antigone tout est dit et l'on vient trop tard", écrivait Nicole Loraux en 1986.
Jean-Marc Narbonne, professeur de philosophie antique à l'Université Laval de Québec, a relevé le défi, et fait paraître ces jours-ci une relecture passionnante de l'Antigone de Sophocle. Il met l'accent, non sur l'opposition éthique entre les lois de Créon et d'Antigone, mais sur le conflit politique entre Créon et son fils Hémon, entre le pouvoir du tyran et la parole des démocrates.
Professeur de philosophie antique à l'Université Laval de Québec, titulaire de la Chaire Antiquité critique et Modernité émergente, Jean-Marc Narbonne publie une analyse de l'idéal démocratique chez Aristote.
On se souvient que c'est à l'occasion de la réflexion politique d'Aristote que Léon Robin avait autrefois reproché au Stagirite deux vices opposés, "un empirisme étroit et une abstraction trop ample", préférant à La Politique d'Aristote "la force et la richesse" des Lois de Platon. Jean-Marc Narbonne discerne au contraire dans la substance de la philosophie politique d'Aristote la semence de nos pratiques et de nos théories les plus actuelles de la démocratie.
Anne Merker, Une morale pour les mortels. L’éthique de Platon et d’Aristote, collection L’Âne d’or, Les Belles-Lettres, Paris, 2011 (407 pages). Lu par Baptiste Klockenbring.
Là où la philosophie scolaire nous avait habitués à voir sinon une opposition, du moins de profondes divergences entre Platon et Aristote, Anne Merker entreprend, dans une vaste et profonde étude de leur philosophie morale respective, de montrer la profonde unité des éthiques grecques, sous le motif central d’une éthique enracinée dans la nature même de l’homme écartelée entre désir et logos, c’est-à-dire une éthique pour les mortels.
Crystal Cordell Paris. La philosophie politique, collection Apprendre à philosopher, Ellipses, mai 2013 (224 pages). Lu par Jean-Pierre Delange.
La philosophie politique, longtemps enseignée à l’Université avec la philosophie morale, est parfois identifiée avec la science politique, laquelle souffre des inévitables maux consécutifs de l’inexorable spécialisation des sciences humaines, au premier rang desquelles la sociologie.
Sophie-Jan Arrien, L’inquiétude de la pensée. L’herméneutique de la vie du jeune Heidegger (1919-1923), Paris, 2014, PUF « Epiméthée », 400 p.
Ce qu’il est convenu d’appeler « la philosophie herméneutique de la vie facticielle » ou encore parfois « l’herméneutique de la facticité » - et qui, depuis le colloque de 1996 organisé par J.-F. Courtine et J.-F. Marquet, fait l’objet d’un intérêt croissant des études heideggériennes - joue un rôle déterminant sur le chemin qui conduit Heidegger au motif central de sa philosophie, la question de l’Être.Pour autant, il ne faudrait pas faire de cette philosophie une simple propédeutique ; il s’agit au contraire d’un chemin original, qui, dans l’esprit du jeune Heidegger, ne vise rien de moins qu’à « faire exploser les catégories traditionnelles de la philosophie ». Et c’est cette étape que Sophie-Jan Arrien nous propose, dans ce volumineux ouvrage qui résulte de sa thèse, d’approfondir pour elle-même, résistant à la tentation de lire cette philosophie naissante à la lumière de ce qu’elle est amenée à devenir.
Le motif central de cette philosophie est ainsi la vie, conçue comme la sphère originelle de l’expérience concrète (« facticielle »). L’enjeu d’une telle philosophie est ainsi de retrouver l’intimité du philosopher avec la vie, qui constitue l’un des enjeux structurants de la pensée du jeune Heidegger, et ce dès sa thèse d’Habilitation (1915). Reste que la vie se manifeste avant tout par une certaine labilité, qui la rend précisément inaccessible aux catégories traditionnelles de la philosophie. Or la philosophie prend naissance dans la vie, et y retourne comme à son télos ; la tâche du philosopher consiste ainsi à identifier un logos constitutif de l’origine, c’est-à-dire inhérent à l’expérience facticielle de la vie, et ouvert sur la conceptualité philosophique ; en somme, penser conjointement la vie en ses structures propres et la condition de possibilité de tout philosopher. Pour ce faire, l’effort de Heidegger consistera à passer sans rupture de l’expérience vécue préthéorique du sens au discours philosophique, et rechercher « l’unité vivante de la vie et de la philosophie ».
Delaurenti, La contagion des émotions. Compassio, une énigme médiévale, Paris, Classiques Garnier, 2016
Le livre de Béatrice Delaurenti propose une étude de la notion de compassion, envisagée non pas en termes d’ invariant culturel, mais comme concept pluriel et objet d’une double énigme, dans un champ encore peu exploré par les historiens, celui des émotions dans l’ Occident médiéval des XIIIe et XIVe siècles.
Le terme latin de « compassio » appelle en effet deux sens : le premier, courant, renvoie à ce que nous entendons aujourd’hui par empathie ou partage de la douleur d’autrui. Le second, plus technique, engage une compréhension plus large du concept où se trouvent en jeu des réactions psychiques ou corporelles d’ imitation involontaire d’un comportement. L’intérêt de ce second sens de la compassion réside dans sa diffusion énigmatique : produite par la culture savante à l’ occasion de la traduction en latin, en 1260, d’un texte attribué à Aristote, les Problemata physica , traduction que prolonge, 50 ans après, un commentaire de Pietro d’ Abano, cette notion est reconnue rapidement dans le monde universitaire européen (ce qui lui vaut de jouer le rôle de « moment fondateur » selon l’auteur), sans pourtant être reprise par la culture scientifique susceptible de relayer cette innovation : la médecine scolastique ou la philosophie naturelle.
Pour leur quatrième rencontre, un groupe de spécialistes internationaux
d’Aristote s’est proposé de réfléchir spécifiquement sur les problématiques
ouvertes par le De Anima et leur
retentissement dans l’histoire de la philosophie. Ce volume en est le produit, qui
rassemble leurs interventions lors du colloque tenu à Padoue en mars 2008. Il
s’agit d’enquêter sur la psychologie
d’Aristote selon quatre axes principaux, permettant de multiplier les points de
vue sur une question particulièrement délicate.
Aristote,
Œuvres complètes, publiées sous la
direction de Pierre Pellegrin, Flammarion, 2014, 79€
Aristote,
Œuvres complètes Tome 1, publiées
sous la direction de Richard Bodéüs, Gallimard, Bibliothèque de la pléiade,
2014, 69€
Flammarion
et Gallimard proposent conjointement, l’un, l’édition complète des œuvres
authentiques d’Aristote, comprenant la traduction inédite en français des Fragments, sous la direction de Pierre
Pellegrin, l’autre, un premier choix d’œuvres majeures du Stagirite (les Éthiques, la Politique, la Constitution d’Athènes,
la Rhétorique, la Poétique et la Métaphysique) dans une traduction nouvelle, sous la direction de
Richard Bodéüs.
« Pourquoi
s’inquiéter à l’idée que nous vivrons de plus en plus dans une société où tout
sera à vendre » ? M. Sandel invoque deux raisons. La première se
rapporte à l’inégalité des revenus et à la question de la justice, la seconde à
l’effet corrupteur du marché sur certains biens.
Peter Garnsey, Penser la propriété, Les Belles Lettres, Histoire, Traduction Alexandre Hasnaoui.
Directeur de recherche à la Faculté d’Histoire de l’Université de Cambridge, Peter Garnsey retrace dans cet ouvrage l’histoire des grandes conceptions de la propriété, de l’Antiquité jusqu’au XIXème siècle. Croisant les grandes problématiques inhérentes à ce concept, telle la question de la légitimité de la propriété privée ou celle de l’opposition entre propriété et partage, il confronte entre eux des textes d’origines diverses, ainsi que leur réception au cours des siècles, afin d’expliquer l’émergence et les transformations de la notion de propriété.
Balaudé,
J.-F. et Wotling, P. (sous la dir.), «L’art de bien
lire», Nietzsche et la philologie, Vrin, Tradition de la pensée classique, 2013.
La
citation de Nietzsche est souvent répétée, selon plusieurs formulations. La
lecture (et l’écriture) constitue un souci constant dans la philosophie de
Nietzsche et pourrait bien constituer une «unité» de sa pensée, ou un fil
directeur, si tant est que ces termes puissent avoir une validité pour une
pensée par nature multiple et intempestive.
Michel Ferrandi, Introduction à la philosophie réaliste, Publibook, 2012 (lu par
Le
titre de l'ouvrage de M. Ferrandi peut tromper. Il ne s'agit pas d'une
discussion sur la nature et la valeur du réalisme ici opposé à l'idéalisme,
mais d'une analyse des différents niveaux d'être qui structurent la réalité de
manière hiérarchique, à partir de la pensée d'Aristote telle qu'elle a été
interprétée par St Thomas et par le néothomisme, en particulier celui de J.
Maritain.
Cyrille Bégorre-Bret et Cyril Morana, La Justice de Platon à Rawls (préface d'André Comte-Sponville), Eyrolles, 2012.
L'ouvrage
de Cyrille Bégorre-Bret et Cyril Morana, LA JUSTICE de Platon à
Rawls, présente de façon chronologique, l’histoire de l’idée
de justice de l’Antiquité à nos jours. Dans une visée
pédagogique sont exposées ici diverses réflexions sur
l’essence même de la justice avant de s’interroger sur les
conditions concrètes de sa réalisation.
Agir avec Aristote de Damien Clerget-Gurnaud, Paris, Eyrolles, coll. « Vivre en philosophie », 2012, 186 p.
Sixième volume d’une collection destinée aux enseignants du secondaire et à leurs élèves, mais aussi au grand public, cet ouvrage paraît sous un titre qui peut être trompeur : il y est peu question, en effet, des dilemmes de la décision ou des incertitudes de l’action dans le champ moral ou politique mais bien plutôt du bonheur de l’individu, ce que se propose l’auteur étant de nous aider à atteindre à plus de bonheur en prenant conseil auprès de la pensée d’Aristote. Le titre retenu se justifie néanmoins dans la mesure où une des idées les plus saillantes de l’ouvrage est que le bonheur réside avant tout dans le plaisir d’exercer une activité, d’agir donc, mais dans un sens très large, qui n’implique nullement de changer le monde.
The book by Damien Clerget-Gurnaud explores
Aristotle’s ethical works in order to understand the domain of contingent and
relative human action. The essay falls into four parts: it first expounds the diagnostic
factors preventing human beings from finding happiness in their lives; it then
exposes that virtue (excellence of character) consists in performing moral
actions according to everyone’s skills. In the last two parts it shows how
ethical virtue operates as an intermediate activity between excessive passions
and vicious deficiency, enabling us to develop proper moral habits.
L’Œil de Minerve se diversifie. Notre veille philosophique emprunte désormais deux voies : celle des recensions et celle des entretiens. Nous donnerons la parole à des chercheurs en philosophie, et mettrons en lumière la genèse de leur démarche, de leurs concepts, l’évolution de leur travail, la façon dont les recherches philosophiques au plus près des textes éclairent notre commune réalité.
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« oeil de minerve ISSN 2267-9243 » Responsable éditorial : Jeanne Szpirglas (Versailles), avec la collaboration de: Cyril Morana, Evelyne Bechthold-Rognon, Florence Benamou, Michel Cardin, Romain Couderc, Francis Foreaux, Jérôme Jardry. Mentions légales - Signaler un abus - Dane de l'académie de Versailles