Chers lecteurs, chères lectrices,
Les recensions paraissent et disparaissent très
vite ; il est ainsi fort possible que certaines vous aient échappé en
dépit de l'intérêt qu'elles présentaient pour vous. Nous avons donc décidé de
leur donner, à elles comme à vous, une seconde chance. Nous avons réparti en
cinq champs philosophiques, les recensions : philosophie antique,
philosophie morale, philosophie esthétique, philosophie des sciences et
philosophique politiques. Pendant cinq semaines correspondant à ces champs,
nous publierons l'index thématique des recensions publiées cette année et
proposerons chaque jour une recension à la relecture. Au terme de ce temps de
reprise, nous reprendrons à notre rythme habituel la publication de nouvelles
recensions.
En vous souhaitant de bonnes lectures, recevez nos
très cordiales salutations,
L'équipe de l'Oeil de Minerve
Recensions de philosophie morale.
Index des recensions de philosophie antique.
Adrien Candiard,
En finir avec la tolérance ?
Différences religieuses et rêve andalou, PUF, Paris, 2014, 112 p., lu par
Dimitri Desurmon
L’actualité brûlante,
le discours des politiques, les questions sociétales ou encore les relations
interpersonnelles, tout cela converge aujourd’hui vers une seule question
fondamentale et décisive : notre concept de tolérance est-il encore
viable ? Il est assené à tours de bras dans les argumentaires les plus
divers, symptôme de son ambigüité, qui pourtant résonnent tous comme des
rengaines poussiéreuses et sans effet. Des écrits défendant l’esprit des
Lumières aux éditos invoquant « l’esprit andalou » pour tenter de
réconcilier l’Orient et l’Occident, le concept de tolérance est partout et
nulle part à la fois car toujours convoqué mais jamais interrogé. Comment
orienter l’action politique avec ce qui désormais, il faut bien le dire, n’est
plus qu’un mot ? Adrien Candiard est un jeune frère dominicain au Caire,
ancien élève de l’ENS et de Sciences Po Paris, il se propose dans En finir avec la tolérance ?
d’apporter quelques éléments de réponse aux questions formulées plus haut. En
toute modestie, ce qui n’enlève rien à la pertinence de la démarche, il analyse
les différents paradoxes que recèle le concept de tolérance en partant d’une
question à laquelle il a, dit-il, souvent été confronté : faut-il avoir
peur de l’Islam ? Premier constat : cette question n’est jamais
soulevée directement. Autre chose, cette « peur » est une peur au
second degré, « on ne sait même pas s’il faut avoir peur, et c’est
peut-être le plus inquiétant. » (p. 3)