Solange Gonzalez, Nicolas Malebranche, La
science de l’homme, CNDP-CRDP, collection « Philosophie en cours »,
avril 2013 lu par Guy Renotte.
Le mystère de l’homme cartésien, être par
soi mais composé de deux substances hétérogènes et actives, est, on le sait à
l’origine des philosophies occasionnalistes qui, au nom de leur fidélité à la
distinction cartésienne des substances, refusent l’explication cartésienne de
l’âme et du corps et l’hypothèse d’une interaction réelle. L’ouvrage de Simone
Gonzalez se présente comme une courte synthèse de la philosophie de Nicolas
Malebranche, le plus radical, mais peut-être le plus conséquent des
occasionnalistes qui condense les enjeux de la solution occasionnaliste à la
question de l’action réciproque de l’âme et du corps et ceux de la vision
apologétique dans laquelle la philosophie doit s’inscrire, selon lui, sans s’y
réduire.
A cet égard la notion de « science de
l’homme » qu’il faut comprendre comme « science de l’esprit en tant
qu’il est uni à un corps », précipite la crise du concept de causalité
efficiente et atteint directement l’anthropologie cartésienne et le concept
central de passion, phénomène spécifique et révélateur de l’union de l’âme et
du corps. Comment peut-on encore, dans ces conditions, parler d’anthropologie dans une philosophie
qui, par son orientation occasionnaliste achevée, dénie à l’étant créé toute
efficience réelle et refuse au corps le
pouvoir de produire immédiatement et directement des effets dans l’âme ?