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24 juillet 2017

Patrick Boucheron, Ce que peut l'histoire, Fayard, 2016, lu par Pascal Chantier

Patrick Boucheron, Ce que peut l'histoire, Leçon inaugurale du Collège de France, n°259, éd. Fayard, 2016

 

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« Le bon historien n'est-t-il pas, au fond, sans cesse en train de contredire ?   

Nietzsche, Aurore, livre 1, 1.

Depuis le 4 janvier 2016, Patrick Boucheron, nommé professeur au Collège de France à la chaire d'Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle, dispense ses cours intitulés « Souvenirs, fictions, croyances. Le long Moyen Âge d'Ambroise de Milan ». Sous le titre « Les effets de la modernité, expériences historiographiques », ses séminaires ont débuté depuis le 16 avril. Ceux-ci ont été traditionnellement introduits par une leçon inaugurale. Prononcée le 17 décembre 2015, elle partage cette interrogation : « Que peut l'histoire aujourd'hui ? Que doit-elle tenter pour persister et rester fidèle à elle-même ?» Que lui est-il donc possible, mais aussi  qu'est-elle en puissance (au sens spinoziste de ce que peut un corps) ? Que peut l'histoire face à la violence du moment présent ? Face à l'effroi suscité par le terrorisme, quelles sont donc ses ressources ?

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10 juillet 2017

Jean-Baptiste HENNEQUIN, Machiavel pour mon fils, Actes Sud 2015, lu par Béatrice Allouche-Pourcel

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Dans ce premier essai de Jean-Baptiste HENNEQUIN, c'est en tant que père que l'auteur choisit Machiavel comme anti-modèle pour son fils. S'adressant à son enfant devenu imperceptiblement un jeune adulte, il lui montre comment un penseur florentin du seizième siècle peut l'aider à naviguer sans sombrer dans l'époque chaotique qui est la nôtre.

 

           

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22 novembre 2016

Nicolas Roussellier, La force de gouverner, Le pouvoir exécutif en France XIXe – XXIe siècles, Gallimard, 2015 lu par Bruno Hueber

Nicolas Roussellier, La force de gouverner, Le pouvoir exécutif en France XIXe – XXIe siècles, Gallimard, 2015  lu par Bruno Hueber

Parmi les nombreux ouvrages qui s'attachent à disserter sur les évolutions institutionnelles des sociétés démocratiques en général et de la nôtre en particulier, celui de Nicolas Roussellier mérite indubitablement de retenir l'attention. Fruit d'un travail patient, d'une érudition maîtrisée, bien loin de l'emballement en matière de publications d'auteurs « reconnus », cet ouvrage est un livre d'histoire au sens le plus précis et le plus respectable du terme : énoncer les faits que l'on aura établis en affrontant avec scrupule des collections d'archives et une vaste documentation parfois dispersée, les éclairer en les articulant en un récit, trouver la formulation adéquate pour nous aider à dépasser l'émiettement des événements, et cela tout en se défiant de l'esprit de parti ou de « système », bref nous délivrer les éléments nécessaires à un jugement éclairé, réfléchi et responsable. Un livre d'histoire, qui par son objet et sa qualité intrinsèque, devrait donc aussi bien intéresser le spécialiste que le citoyen et le philosophe. Le projet ou le fil conducteur de cet ouvrage d'histoire politique est en  fait triple.

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     Il s’agit tout d'abord de montrer combien la culture républicaine de la France doit être appréhendée comme étant en fait double, mais non pas tant d'une dualité jouant sur l'opposition entre tradition libérale et tradition socialiste que reposant sur deux visions du fonctionnement des institutions. La première se réclame avant tout du parlement : une pensée républicaine première qui se construit donc comme rejet explicite de la tradition monarchique, c'est-à-dire par une défiance profonde à l'endroit de l'exécutif, et cela au nom de la souveraineté nationale qu'incarne ce parlement donc, que représentent les élus, ce collectif qui peut se targuer d'être sans « visage », dépersonnalisé, fier de ses débats libres, fier de la confiance de ses mandants, refusant tout ce qui pourrait s'apparenter à un quelconque césarisme. La seconde est la pensée républicaine de gouvernement et aussi bien de la Présidence : un exécutif qui, décomplexé quant à sa légitimité, prétend pouvoir au nom de l'intérêt général qu'il « connaît », comprend et incarne, agir avec force, réactivité, continuité, et le plus possible indépendamment des atermoiements des législateurs ou bien au-dessus des clabauderies et des tractations « sordides » des partis.
        Le second fil conducteur de l'ouvrage est que le basculement de la première façon d'entendre l’idée de République vers la seconde s'est jouée sans aucun doute entre 1870 et 1920, peut-être les années 30 aussi, sous le coup de différentes dynamiques, circonstances, impératifs historiques ou du moins considérés comme tels et sur lesquels nous allons revenir. Et ce qui s'ensuivit ne fit en quelque sorte, avec les deux autres constitutions, qu'entériner, exploiter, perfectionner et porter à son point le plus haut cette période de bascule. L'exécutif peu à peu, inexorablement, aura cessé de n'être qu'un simple exécutant. Au terme de cette évolution, avec la Ve République, et surtout le point d'orgue de 1962, nous voici donc ainsi rendus à une « démocratie exécutive », le moment où l'Etat semble l'emporter définitivement sur la nation « assemblée », où le pouvoir exécutif, « présidentialisé », a constitutionnellement jugulé, neutralisé et réduit le législatif, si ce n'est parfois le judiciaire, au maximum de ce que semble pouvoir admettre une constitution qui prétend se dire républicaine, si ce n'est véritablement démocratique.
    Le troisième et dernier fil est que ce basculement n'aurait jamais été, selon l'auteur, en dépit de la conscience ou des infléchissements de la pratique de certains, véritablement intellectuellement, culturellement, anticipé par les républicains attachés à la première idée de la République. C'est que ceux-ci attestent non seulement d'une identité forgée par-delà les querelles ou les sensibilités autour d'un refus, parfois chèrement payé, du modèle de l'Ancien régime ou de l'Empire, mais aussi bien du partage d'un idéal qu'ils veulent prioritaire : celui, avant toute problématique constitutionnelle, d'un progrès social, certes selon eux « raisonnable » ou «  de bon sens » mais qui serait à même d'accomplir les promesses d'un principe initial d'égalité hérité des Révolutions.
    Pour restituer sommairement et clarifier quelque peu le déroulé proposé par l'auteur de la montée en puissance de l'exécutif au détriment d'une première culture républicaine beaucoup plus « parlementariste », il peut être utile de distinguer dans l'avénement de cette redistribution des cartes institutionnelles, d'une part les nécessités, d 'autre part, les modèles, et enfin les acteurs de cette dramaturgie.

 

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22 février 2016

Edouard Delruelle, De l’homme et du citoyen, introduction à la philosophie politique, Bruxelles, De Boeck, 2014, lu par Paul Sereni


Chers lecteurs, chères lectrices, 

 

Les recensions paraissent et disparaissent très vite ; il est ainsi fort possible que certaines vous aient échappé en dépit de l'intérêt qu'elles présentaient pour vous. Nous avons donc décidé de leur donner, à elles comme à vous, une seconde chance. Nous avons réparti en cinq champs philosophiques, les recensions : philosophie antique, philosophie morale, philosophie esthétique, philosophie des sciences et philosophique politiques. Pendant cinq semaines correspondant à ces champs, nous publierons l'index thématique des recensions publiées cette année et proposerons chaque jour une recension à la relecture. Au terme de ce temps de reprise, nous reprendrons à notre rythme habituel la publication de nouvelles recensions. 

Recensions de philosophie politique

`Recensions de philosophie antique

Recensions de philosophie morale

Recensions d'épistémologie


Edouard Delruelle, De l’homme et du citoyen, introduction à la philosophie politique, Bruxelles, De Boeck, 2014

En 294 pages de texte courant (si l’on y inclut le « Lexique » final de noms propres et communs), l’ouvrage traite la question suivante : comment faire comprendre le sens et l’intérêt des principaux problèmes de philosophie politique, alors qu’on s’adresse à des lecteurs néophytes et, plus largement, à des non-spécialistes du domaine? Pour y répondre, le texte prend la forme d’un long dialogue fictif entre un auditeur ignorant ces questions et l’auteur, découpé en vingt chapitres nommés « séances ». On a choisi ici de retenir d’abord celles jugées les plus utiles, pour revenir ensuite sur les autres, en explicitant les raisons pour lesquelles elles ont paru plus discutables ou moins utilisables.

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17 février 2016

J.C. Monod Qu’est –ce qu’un chef en démocratie ? éditions de Seuil 2012 Lu par Baptiste Calmejane


Chers lecteurs, chères lectrices, 

 

Les recensions paraissent et disparaissent très vite ; il est ainsi fort possible que certaines vous aient échappé en dépit de l'intérêt qu'elles présentaient pour vous. Nous avons donc décidé de leur donner, à elles comme à vous, une seconde chance. Nous avons réparti en cinq champs philosophiques, les recensions : philosophie antique, philosophie morale, philosophie esthétique, philosophie des sciences et philosophique politiques. Pendant cinq semaines correspondant à ces champs, nous publierons l'index thématique des recensions publiées cette année et proposerons chaque jour une recension à la relecture. Au terme de ce temps de reprise, nous reprendrons à notre rythme habituel la publication de nouvelles recensions. 

Recensions de philosophie politique

`Recensions de philosophie antique

Recensions de philosophie morale

Recensions d'épistémologie

J.C. Monod, Qu’est–ce qu’un chef en démocratie ? éditions de Seuil 2012. 

Dans l’avertissement, Jean-Claude Monod réfléchit sur les ambiguïtés du terme de chef et en justifie l’usage dans le titre de l’ouvrage par la nécessité même de questionner les critères et les conditions d’un charisme favorable à la justice et à la souveraineté populaire. L’introduction de Qu’est-ce qu’un chef en démocratie ? présente une contextualisation historique et une problématisation philosophique de la question du charisme en politique. Jean-Claude Monod y rappelle que le XXème siècle a d’abord été celui des « pathologies du charisme politique ». Il expose la manière dont le marxisme-léninisme, le fascisme et le nazisme mais aussi le libéralisme se sont situés par rapport à la question du chef.

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04 janvier 2016

Arianna Sforzini, Michel Foucault. Une pensée du corps, Paris, PUF, 2014, lu par Alexandre Klein

Michel Foucault. Une pensée du corps, Arianna Sforzini,Paris, PUF, Collection « Philosophies », 153 p.,  2014.

L’œuvre du philosophe Michel Foucault est traversée, habitée, voire même hantée par la question du corps. Celui qui envisageait son travail comme celui d’un chirurgien (« J’imagine qu’il y a dans mon porte-plume une vieille hérédité du bistouri. Peut-être, après tout : est-ce que je trace sur la blancheur du papier ces mêmes signes agressifs que mon père dans le corps des autres lorsqu’il opérait ? […] La feuille de papier pour moi c’est peut-être le corps des autres », Foucault, M., 1968, Le beau danger. Entretien avec Claude Bonnefoy, Paris, éditions EHESS, 2011, p. 35-36) y a en effet, directement ou plus subrepticement, consacré nombre de ses analyses. Il a ainsi contribué à offrir à cet objet une légitimité philosophique jusqu’alors inédite, et s’est dès lors imposé comme une figure incontournable des études sur le corps.

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03 mars 2014

Paul-Henri Thiry d'Holbach, Essai sur l'art de ramper à l'usage des courtisans, 1764, Librio, Philosophie, 2014, lu par Maryse Emel

Paul-Henri Thiry d'Holbach, Essai sur l’art de ramper à l’usage des courtisans, 1764, Librio, Philosophie, 2014.

Le Baron d’Holbach entreprend de faire le portrait des Courtisans et de leur enseigner l’art de ramper. Au renard de Machiavel il va substituer l’image du serpent, qui a pour caractéristique de glisser, et d’être de ce fait insaisissable. 

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