01 novembre 2017

Xavier Roth, Georges Canguilhem et l'unité de l'expérience. Juger et agir 1926-1939, Vrin 2013, lu par Thibault Clément

Xavier Roth, Georges Canguilhem et l'unité de l'expérience, Juger et agir, 1926-1939, Librairie Philosophique J. Vrin, « L'Histoire des Sciences - Textes et Études », 2013. 250 p.

 

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Nous voudrions commencer par indiquer ce qui, pour un professeur de philosophie, pourrait être à l’initiative de la lecture de ce livre. Pour ce faire, nous tenons à citer l’ « avertissement » que Georges Canguilhem et son collègue Camille Planet donnent en 1939 à leur Traité de logique et de morale : « Un recueil de renseignements et d’opinions disparates peut former, s’il est habilement ordonné, un travail documentaire utile, et à ce titre prendre quelque valeur didactique ; mais il ne donnera qu’une idée lointaine de la réflexion philosophique.

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31 octobre 2017

Richard Dawkins, Le gène égoïste (1976, 1989), lu par Sylvain Bosselet

Richard Dawkins, Le gène égoïste (1976, 1989), Odile Jacob, 2013, lu par Sylvain Bosselet.

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Cet ouvrage de (philosophie de la) biologie a largement dépassé l’audience des spécialistes et étudiants, pour atteindre les « profanes », que son auteur vise en préface comme troisième type de public. Il s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires, traduit en 25 langues. Richard Dawkins, biologiste, éthologiste et théoricien de l’évolution, y présente trois de ses principales théories : 1/ la sélection naturelle interprétée du point de vue du gène (dit « égoïste »), qu’il appelle un « néodarwinisme orthodoxe » ; 2/ sa transposition sur le plan mental avec la notion de « mème » ; 3/ le concept de « phénotype étendu ».

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Cherlonneix (dir.), Nouvelles représentations de la vie en biologie et philosophie du vivant, lu par Cyril Gayet

Laurent Cherlonneix (dir.), Nouvelles représentations de la vie en biologie et philosophie du vivant. La sculpture du vivant à l’épreuve de l’interdisciplinarité, , avec la participation de Jean Claude Ameisen, éditions De Boeck, avril 2013. 

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Ce livre regroupe un ensemble de contributions écrites à l’occasion d’un séminaire interdisciplinaire sur le thème du vivant, dirigé par Laurent Cherlonneix. Son objet principal est d’évaluer la pertinence et la portée de l’idée de « mort cellulaire programmée » pour une nouvelle pensée de la vie. 

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30 octobre 2017

Huneman, Heams, Lecointre & Silberstein (dir.), Les mondes darwiniens, Éditions Matériologiques 2011, lu par Sylvain Bosselet

Philippe Huneman, Thomas Heams, Guillaume Lecointre, Marc Silberstein (dir.), Les mondes darwiniens, Paris, Éditions Matériologiques, 2011, lu par Sylvain Bosselet.

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Ce livre est une somme de près de 1600 pages sur le darwinisme contemporain, par cinquante des meilleurs spécialistes francophones. Nous proposons dans cette première recension de résumer l’introduction, la préface et la première partie intitulée « Les notions » (chapitres 1 à 9).

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Debru, Morange & Worms (dir.), Une nouvelle connaissance du vivant, lu par David Lebreton

Recueil d'articles établi sous la direction de Claude DEBRU, Michel MORANGE et Frédéric WORMS, Une nouvelle connaissance du vivant - François JACOB, André LWOFF et Jacques MONOD, avec un avant-propos de Pierre NORA, Éditions Rue d'Ulm (Les rencontres de Normale Sup'), 2012. 

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Ce recueil, assez bref (environ 110 pages), entend revenir sur un fait marquant de l'histoire intellectuelle et scientifique au XXème siècle : la publication, concentrée sur deux années (1969 et 1970), des ouvrages des trois biologistes récipiendaires du Prix Nobel de 1965 : L’Ordre biologique, d'André LWOFF, La Logique du vivant de François JACOB et Le Hasard et la nécessité de Jacques MONOD. Les huit articles réunis dressent le bilan de l'impact de ce qui est décrit comme un « moment biologique » en envisageant successivement les différents aspects de cette postérité (contexte scientifique, culturel, philosophique ou encore politique et idéologique).

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21 octobre 2017

Bonnes vacances à tous

L'équipe de l'Œil de Minerve vous souhaite à tous de bonnes vacances d'automne.

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12 octobre 2017

Thierry Ménissier, Machiavel. Ombres et lumières du politique, Ellipses 2017, lu par Éric Delassus

Thierry Ménissier, Machiavel. Ombres et lumières du politique, Éditions Ellipses 2017, lu par Éric Delassus.

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Si cet ouvrage de T. Ménissier peut apparaître comme une introduction à la lecture de Machiavel, il ne s’y réduit pas. Composé d’une analyse et d’une présentation des principales idées qui traversent cette œuvre, ainsi que d’un corpus de textes auxquels l’auteur renvoie régulièrement, puis d’un glossaire, son objectif principal, son titre l’indique, est d’interroger le paradoxe qui traverse l’œuvre de Machiavel et qui tient en ce que tout en éclairant les relations entre les hommes, elle les assombrit au point que leur intelligibilité semble parfois nous échapper.

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22 septembre 2017

Jean-Christophe Weber, La consultation, PUF 2017, lu par Alexandre Klein

Jean-Christophe Weber, La consultation, Paris, Presses universitaires de France, 2017, 164 p., lu par Alexandre Klein.

 

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Parmi ceux qui s’attardent à philosopher sur le sens de leur pratique, rares sont les médecins à opérer une critique réelle et profonde de la rationalité médicale. Trop souvent, ils se contentent de plaquer des concepts philosophiques sur des réalités de soin rapidement décrites et rarement analysées, ou d’en signaler les paradoxes et les limites, à l’aide de citations de grands penseurs. Il faut dire que fréquemment, le but est uniquement de pouvoir ajouter à la longue liste des réussites qui jalonnent leur carrière, un petit traité d’humanité. Mais parfois, heureusement, les choses se passent autrement, et des soignants, suivant les conseils des Anciens,1 se font réellement philosophes. Ils enrichissent alors, de la manière la plus positive qui soit, leur pratique comme le regard porté sur l’activité médicale. Jean-Christophe Weber est de ceux-là.

 

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19 septembre 2017

Mathieu Noury, La nanosanté. La médecine à l’heure des nanotechnologies, Liber 2017, lu par Alexandre Klein

Mathieu Noury, La nanosanté. La médecine à l’heure des nanotechnologies, Montréal, Liber, 2017, 162 p., lu par Alexandre Klein.

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Parmi les bouleversements majeurs que connaissent depuis plusieurs années maintenant la médecine et le monde de la santé, les nanotechnologies occupent une place de plus en plus importante. Promesses technologiques de soins non invasifs, de prise en charge précoce des maladies et de prévention de nombreuses affections, voire d’amélioration des capacités de l’organisme, elles dessinent un futur médical des plus riches où les interventions pourront se faire au niveau même des molécules.

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15 septembre 2017

Philippe Merlier, Normes et valeurs en travail social, Séli Arslan 2016, lu par Éric Delassus

Philippe Merlier, Normes et valeurs en travail social, Séli Arslan, 2016, lu par Éric Delassus.

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Comment normer sans normaliser ? Telle est la problématique que traite Ph. Merlier dans ce livre qui se veut une réflexion philosophique sur le travail social. En s’inspirant, entre autres, des travaux de G. Canguilhem dont il déplace les conclusions sur le champ social, Ph. Merlier s’efforce de penser l’accompagnement social comme la démarche par laquelle l’usager est soutenu dans un parcours au cours duquel il parvient à mieux s’intégrer socialement tout en définissant lui-même ses propres normes de vie.

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12 septembre 2017

Gregorio Kohon, Des tanières & des terriers, Ithaque 2016, lu par Guillaume Fohr

Gregorio Kohon, Des tanières & des terriers. Les refuges de la psyché chez Louise Bourgeois & Franz Kafka, Ithaque, 2016, traduit de l'anglais par Hélène Blaquière, lu par Guillaume Fohr.

 

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Gregorio Kohon

En reprenant la concept de « psychic retreat » du psychanalyste John Steiner, Gregorio Kohon cherche à explorer les recoins psychiques à l'œuvre dans le sujet lors d'un traumatisme, d'une détresse. La traduction du terme « retreat » par celui de refuge, implique non pas l'action de se retirer c'est-à-dire un mouvement, mais bien plutôt un lieu relatif à un espace psychique. Cet essai en trois parties s'appuie sur l'œuvre de certains artistes pour rendre compte des potentialités créatrices que recèle le Soi et cherche à déterminer les lieux de refuge de la pensée. Aussi, on peut y voir le lien sans cesse renouvelé entre art et psychanalyse, source de compréhension et d'interprétation des entrelacs de l'âme humaine.

 

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08 septembre 2017

Arnaud François, Éléments pour une philosophie de la santé, Belles-Lettres 2017, lu par Alexandre Klein

Arnaud François, Éléments pour une philosophie de la santé, Paris, 2017, Les Belles-Lettres, 275 p., lu par Alexandre Klein.

 

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Les travaux de philosophie de la médecine, qui se sont multipliés ces dernières années en France, se sont jusqu’alors concentrés sur deux objectifs principaux : d’une part le développement d’une réflexion épistémologique sur les sciences médicales, marquée notamment par l’importation des travaux anglo-saxons, et d’autre part la formation d’une philosophie du soin fondée sur une approche plus anthropologique de la question médicale.

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06 septembre 2017

Entretien avec Jean-Marc Rouvière : la morale comme événement

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   Jean-Marc Rouvière est philosophe, poète, et il est chrétien. Ses ouvrages posent une question qui engage le destin de l'homme dans sa dimension la plus concrète : y a-t-il une parole en nous qui soit autre que le langage de la raison, et qui permette de placer devant tout dispositif éthique ou juridique une expérience morale primordiale ? 

 

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31 juillet 2017

Guenancia, Perrot & Wunenburger, « Bachelard et Canguilhem », Dijon 2016, lu par Alexandre Klein

Pierre Guenancia, Maryvonne Perrot et Jean-Jacques Wunenburger, Cahiers Gaston Bachelard, n°14, « Bachelard et Canguilhem », Dijon, UB/ Centre Bachelard-Centre Georges Chevrier, 2016, 227 p., lu par Alexandre Klein.

 

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Les Cahiers Gaston Bachelard ont été créés en 1998 à l’initiative de l’Association des amis de Gaston Bachelard et du Centre Gaston Bachelard de recherches sur l’imaginaire et la rationalité de l’Université de Bourgogne. Leur objectif était, comme le signalait Jean-Jacques Wunenburger dans l’éditorial du premier numéro, de « renouer le dialogue » entre des universitaires qui avaient quelque peu délaissé l’œuvre du philosophe et un public qui y trouvait au contraire une source riche de réflexions et d’opportunités. Il s’agissait, autrement dit, « de soutenir et d’amplifier une approche universitaire de l’œuvre en transmettant aux chercheurs l’enthousiasme des bachelardiens non académiques et, en sens inverse, de lester ou de corriger les savoirs souvent intuitifs des fervents adeptes par des éclairages plus savants et érudits ». Dix-huit ans plus tard, nul doute que les Cahiers ont atteint leur ambition de s’imposer comme une « référence obligée pour toute étude du bachelardisme ».

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26 juillet 2017

Stephen Jay Gould, Ontogeny and phylogeny, Cambridge/London 1977, lu par Sylvain Bosselet

Stephen Jay Gould, Ontogeny and phylogeny, Cambridge, Massachusetts, London, 1977, The Belknap Press of Harvard University Press, lu par Sylvain Bosselet.

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Stephen Jay Gould était un biologiste évolutionniste, paléontologue et historien des sciences américain (1941-2002). Son livre Ontogeny and phylogeny (1977) est technique et en anglais, mais pas insurmontable pour un lecteur français formé à la philosophie. Son style est fluide, direct, avec des pointes humoristiques appréciables. Dans la première partie, il fait un historique critique de la théorie de la récapitulation de la phylogenèse (développement des espèces) par l’ontogenèse (développement d’un organisme). Dans la seconde partie, il présente les différentes hétérochronies (déplacement temporel de l’ordre d’apparition phylogénétique des traits dans le développement ontogénétique), qui comprennent les différentes pédomorphoses (rétention d’un trait juvénile d’un ancêtre par un descendant à l’âge adulte), qu’il clarifie, prolonge lui-même et applique à l’homme pour le caractériser.

 

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24 juillet 2017

Patrick Boucheron, Ce que peut l'histoire, Fayard, 2016, lu par Pascal Chantier

Patrick Boucheron, Ce que peut l'histoire, Leçon inaugurale du Collège de France, n°259, éd. Fayard, 2016

 

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« Le bon historien n'est-t-il pas, au fond, sans cesse en train de contredire ?   

Nietzsche, Aurore, livre 1, 1.

Depuis le 4 janvier 2016, Patrick Boucheron, nommé professeur au Collège de France à la chaire d'Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle, dispense ses cours intitulés « Souvenirs, fictions, croyances. Le long Moyen Âge d'Ambroise de Milan ». Sous le titre « Les effets de la modernité, expériences historiographiques », ses séminaires ont débuté depuis le 16 avril. Ceux-ci ont été traditionnellement introduits par une leçon inaugurale. Prononcée le 17 décembre 2015, elle partage cette interrogation : « Que peut l'histoire aujourd'hui ? Que doit-elle tenter pour persister et rester fidèle à elle-même ?» Que lui est-il donc possible, mais aussi  qu'est-elle en puissance (au sens spinoziste de ce que peut un corps) ? Que peut l'histoire face à la violence du moment présent ? Face à l'effroi suscité par le terrorisme, quelles sont donc ses ressources ?

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21 juillet 2017

Gilles Châtelet, L’Enchantement du virtuel, Mathématique, Physique, Philosophie, Rue d’Ulm 2015, lu par Dimitri Desurmon

Gilles Châtelet, L’Enchantement du virtuel, Mathématique, Physique, Philosophie, Editions ENS Rue d’Ulm, 2015. Lu par Dimitri Desurmon.

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L’Enchantement du virtuel, Mathématique, Physique, Philosophie est un recueil posthume de textes inédits ou introuvables de Gilles Châtelet, il se compose de deux parties : dans la première, nous trouvons un condensé de ses thèses, dans la seconde, intitulée « Figures », c’est le dialogue entre Châtelet et ses contemporains qui est donné à comprendre à travers ses réflexions sur leurs œuvres.

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20 juillet 2017

Michel Malherbe, Alzheimer. La vie, la mort, la reconnaissance, Vrin 2015, lu par François Godeluck

Michel Malherbe, Alzheimer. La vie, la mort, la reconnaissance, sept. 2015, Vrin (300 p.). Lu par François Godeluck.

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La philosophie impose de questionner et de prendre son temps. Un temps qui va bien au-delà de l’événement et au-delà de l’existence individuelle d’un homme. Elle sert la vie en la rendant moins étrange. Mais la vie est parfois si singulière qu’elle heurte la philosophie et la laisse sans voix ni raison. En particulier face au mal et à la violence. La maladie d’Alzheimer est dans notre société contemporaine une des manifestations du mal. Elle nous impose le devoir d’assister notre prochain. Mais il s’avère que nous sommes impuissants à aider, à enrayer le déclin ou à remédier à la décomposition de l’autre. Annie, l’épouse de Michel Malherbe, fut atteinte de la maladie d’Alzheimer à l’âge de soixante ans passés.

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19 juillet 2017

John Stuart Mill, Sur le Socialisme, Belles Lettres 2016, lu par Jean-Baptiste Bertin

John Stuart Mill, Sur le Socialisme, trad. Michel Lemosse, bibliothèque classique de la liberté, Les Belles Lettres, Paris, 2016.

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En début d’année, les éditions Les Belles Lettres ont publié la première traduction française d’On Socialism, bref texte posthume paru en 1879, 6 ans après la mort de John Stuart Mill, qui regroupe les notes rédigées à partir de 1869 par le philosophe anglais en vue d’un ouvrage de fond sur le sujet, qu’il n’aura pas le temps de terminer. Entre notes de lecture et ébauches de chapitres, qu’il aurait sans doute éditées, cet « essai » n’en constitue pas moins une lecture consistante et profitable encore aujourd’hui, grâce à la clarté stylistique et conceptuelle et à la probité intellectuelle de Mill. Il analyse avec lucidité les méfaits de la société capitaliste tout en parvenant à prévoir les risques politiques et économiques associés au socialisme.

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18 juillet 2017

Simone Weil, Amitié. L’art du bien aimer, Rivages Poche 2016, lu par Florence Salvetti

Simone Weil, Amitié. L’art du bien aimer, Rivages Poche, Petite Bibliothèque, Paris, 2016. Lu par Florence Salvetti.

           

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   Le petit ouvrage intitulé Amitié. L’art de bien aimer, édité chez Payot & Rivages en Poche, Petite Bibliothèque, et précédé de la préface de Valérie Gérard, est un extrait des Formes de l’amour implicite de Dieu. Cet écrit rédigé par Simone Weil en 1942 fait lui-même partie du recueil Attente de Dieu, paru à titre posthume en 1950. Tous les travaux de l’auteur ont été publiés sous son nom après sa mort, excepté les Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale (1934) datant de la période durant laquelle elle suspend son métier de professeur de philosophie pour défendre la cause ouvrière. Amitié est le titre de l’avant dernier point traité dans les Formes.

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17 juillet 2017

Catherine Kintzler, Penser la laïcité, Minerve 2014, lu par Anne Beilin

Catherine Kintzler, Penser la laïcité, Minerve, 2014 (220 p.). Lu par Anne Beilin.

index.jpgSignataire en 1989 de la Lettre ouverte à Lionel Jospin qui demandait l'interdiction des signes religieux au sein de l'école publique, Catherine Kintzler n'a cessé depuis de prendre la laïcité comme objet philosophique. Elle approfondit ici bien des points développés dans son précédent ouvrage, Qu'est-ce-que la laïcité?, publié en 2007.  Le positionnement de l'auteur est bien connu : il n'est ni nécessaire ni souhaitable de « toiletter » la laïcité et d'y apposer un adjectif  – « ouverte », « apaisée », « raisonnable », «positive ». La laïcité se suffit à elle-même, à condition toutefois d'en penser le concept de manière à ce qu'il livre toutes ses propriétés et ses effets. L'ambition de Catherine Kintzler est de poursuivre ici une saisie philosophique du concept, qui permette d'éclairer les problèmes contemporains dans leurs aspects concrets.

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14 juillet 2017

Pierre Rosanvallon, Le bon gouvernement, Seuil 2015, lu par Bruno Hueber

Pierre Rosanvallon, Le Bon gouvernement, Seuil, collection Les Livres du nouveau monde, 2015. Lu par Bruno Hueber.

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Le terme de démocratie, on le sait, est un de ces signifiants flottants ou de ces termes qui donnent lieu depuis longtemps à une véritable guerre des mots. Un mot, donc, pour un idéal de société émancipatrice s'il en est, qui saurait conjoindre de façon satisfaisante les libertés publiques et individuelles, une certaine justice économique et sociale ainsi qu'une prospérité raisonnable, un mot aussi malheureusement trop souvent alibi, masque ou slogan de toutes les déclarations politiciennes les plus creuses ou les plus prudentes voire des décisions les plus cyniques, un mot enfin affirmant un principe, pour ne pas dire un paradigme, celui de la souveraineté du peuple, entérinant ainsi la même égalité de dignité et de droits fondamentaux pour tous ; la démocratie est bien un mot-valise, qui ne prend son sens véritable que par la connaissance de l'histoire dans laquelle il se déploie, et de celle qu'il contribue à construire en retour par sa valeur d'idéal régulateur, ou d'horizon de normalité des sociétés modernes.

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13 juillet 2017

Michael J. Sandel, Contre la perfection. L’éthique à l’âge du génie génétique, Vrin 2016, lu par Guillaume Lillet

Michael J. Sandel, Contre la perfection. L’éthique à l’âge du génie génétique, éd. VRIN, Matière étrangère. Lu par Guillaume Lillet.

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Dans ce court essai truffé d’exemples, qui servent de point de départ à la réflexion, Sandel oppose une éthique du don à une éthique de l’augmentation et de la perfection encouragée par le génie génétique. Il n’est pas question d’écarter ce dernier d’un revers de la main, mais bien de comprendre dans quelle démarche éthique il doit s’inscrire : une éthique qui prenne en considération le respect de la vie comme don. Ainsi, le génie génétique n’est pas mauvais en soi et n’a pas le monopole de l’augmentation ; tant s’en faut, certains de ses usages sont extrêmement bénéfiques à l’humanité quand d’autres pratiques courantes, loués sur un malentendu, ne seraient pourtant pas moins condamnables qu’une forme d’eugénisme.

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12 juillet 2017

Michel Villey, La Nature et la Loi. Une philosophie du droit, éditions du Cerf, lu par Laurent Gryn

Michel Villey, La Nature et la Loi. Une philosophie du droit, éditions du Cerf, coll. La nuit surveillée. Lu par Laurent Gryn.

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Le volume intitulé La nature et la loi rassemble une série d’études qui donne une bonne perception  de la pensée de M. Villey. Nous trouvons dans ces études les deux pôles autour desquels tourne la philosophie du droit de l’auteur. Une critique de la pensée et de la pratique du droit contemporain, incluant une critique des  droits de l’homme, et une réflexion sur le droit naturel classique que l’on retrouve, selon l’auteur, chez Aristote et Thomas d’Aquin. Il ne s’agit évidemment pas pour l’auteur de revenir purement et simplement à Aristote, Thomas d’Aquin ou au droit romain, mais d’extraire de la lecture des classiques et de la pratique des jurisconsultes romains une méthode destinée à éviter les apories auxquelles mènent les droits de l’homme.

   

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11 juillet 2017

Monique CASTILLO, Faire renaissance. Une éthique publique pour demain, Vrin 2016, lu par Béatrice Allouche-Pourcel

Monique CASTILLO, Faire renaissance. Une éthique publique pour demain, VRIN, Collection «Moments philosophiques», janvier 2016 (253 pages). Préface de Philippe HERZOG. Lu par Béatrice Allouche-Pourcel.

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Monique CASTILLO, Professeur émérite de l’Université Paris-Est Créteil, questionne depuis longtemps la philosophie morale et politique à travers le prisme de l’éthique appliquée. Son dernier opus ne fait pas exception à la règle, qui est né du constat du «désarroi moral» des réactions «moralisatrices ou démoralisées de l’opinion». Partant de ce constat, elle en cherche l’origine dans les nombreuses contradictions de notre héritage culturel et en particulier dans le travers paradoxal consistant à faire s’opposer la morale à elle-même. En effet, l’héritage des Lumières poussait la condition humaine à la responsabilité : tout individu pouvait prendre conscience d’être la cause de son ignorance, de sa bêtise ou de sa lâcheté. Mais un second héritage critique apparaît avec les philosophies du soupçon et détruit l’élan du premier avec la mise en doute de «la liberté de la subjectivité», de la «neutralité de la raison» et de la «moralité de l’humanisme».

 

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