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14 juillet 2017

Pierre Rosanvallon, Le bon gouvernement, Seuil 2015, lu par Bruno Hueber

Pierre Rosanvallon, Le Bon gouvernement, Seuil, collection Les Livres du nouveau monde, 2015. Lu par Bruno Hueber.

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Le terme de démocratie, on le sait, est un de ces signifiants flottants ou de ces termes qui donnent lieu depuis longtemps à une véritable guerre des mots. Un mot, donc, pour un idéal de société émancipatrice s'il en est, qui saurait conjoindre de façon satisfaisante les libertés publiques et individuelles, une certaine justice économique et sociale ainsi qu'une prospérité raisonnable, un mot aussi malheureusement trop souvent alibi, masque ou slogan de toutes les déclarations politiciennes les plus creuses ou les plus prudentes voire des décisions les plus cyniques, un mot enfin affirmant un principe, pour ne pas dire un paradigme, celui de la souveraineté du peuple, entérinant ainsi la même égalité de dignité et de droits fondamentaux pour tous ; la démocratie est bien un mot-valise, qui ne prend son sens véritable que par la connaissance de l'histoire dans laquelle il se déploie, et de celle qu'il contribue à construire en retour par sa valeur d'idéal régulateur, ou d'horizon de normalité des sociétés modernes.

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15 avril 2016

Pierre Rosanvallon, Le bon gouvernement, Seuil, 2015 lu par Bruno Hueber

Pierre Rosanvallon, Le bon gouvernement, Seuil, 2015 lu par Bruno Hueber

Le terme de démocratie, on le sait, est un de ces signifiants flottants ou de ces termes qui donnent lieu depuis longtemps à une véritable guerre des mots. Un mot, donc, pour un idéal de société émancipatrice s'il en est, qui saurait conjoindre de façon satisfaisante les libertés publiques et individuelles, une certaine justice économique et sociale ainsi qu'une prospérité raisonnable, un mot aussi malheureusement trop souvent alibi, masque ou slogan de toutes les déclarations politiciennes les plus creuses ou les plus prudentes voire des décisions les plus cyniques, un mot enfin affirmant un principe, pour ne pas dire un paradigme, celui de la souveraineté du peuple, entérinant ainsi la même égalité de dignité et de droits fondamentaux pour tous ; la démocratie est bien un mot-valise, qui ne prend son sens véritable que par la connaissance de l'histoire dans laquelle il se déploie, et de celle qu'il contribue à construire en retour par sa valeur d'idéal régulateur, ou d'horizon de normalité des sociétés modernes.

Or, il se trouve que le terme lui-même, sinon la réalité incertaine qu'il peut prétendre désigner, semble faire désormais l'objet d'un inquiétant désenchantement, entérinant ou renforçant au demeurant ce qui semble bien être objectivement une véritable asphyxie ou asthénie de l'espace public.

Reste alors à savoir comment interpréter cette désaffection ou désillusion : soit comme conséquence de la nature nécessairement déceptive de la démocratie, s'expliquant par l'écart inévitable entre le rêve (activé par les campagnes électorales) et la réalité (des lendemains d'élection), soit par un étiage civique trop bas du citoyen ou du peuple démocratique rongé par l'envie, comme le pensait Tocqueville, cédant trop souvent uniquement à ses emportements, ses peurs ou préjugés, ses intérêts matériels ou ses projets à trop court-terme, soit enfin par des institutions insuffisantes, inadéquates, renforçant un sentiment de frustration ou d'un « inachèvement démocratique », sanctuarisant un statu quo qui n'ose s'avouer, au profit d'élites, d'oligarchies arguant, a contrario, de leurs vertus, de leurs compétences et de leur désintéressement pour imposer en fait à la société, la tyrannie de certaines minorités repliées sur leur quant-à-soi.

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