L'équipe de l'Œil de Minerve se joint à l'hommage rendu à la mémoire de Ruwen Ogien, disparu le 4 mai dernier.
Ruwen Ogien, Mes mille et une nuits. La maladie comme drame et comme comédie, Paris, Albin Michel, 2017, 254 p.
À l’origine de la philosophie, de l’acte de philosopher, il y a un étonnement, une surprise, le surgissement d’une nouveauté qui déplace les repères, transforme les représentations et suscite l’interrogation. Celle-ci peut-être un bruissement infime, un évènement anodin ou encore une rencontre décisive. Parce qu’elle bouleverse le cours de l’existence, tant dans son quotidien que dans son devenir, la maladie est de ces éléments qui engendrent le questionnement, engagent la réflexion et conduisent à la remise en question. C’est ce qu’a découvert le philosophe français Ruwen Ogien lorsqu’il a été diagnostiqué, en 2013, d’un cancer du pancréas. Ce spécialiste de philosophie morale, directeur de recherche au CNRS, s’est trouvé plongé dans un monde nouveau : celui des rendez-vous médicaux, des diagnostics difficiles à annoncer (et à entendre), des traitements de chimiothérapie épuisants, des opérations lourdes, des séjours à l’hôpital qui s’éternisent. Un monde fait de peur, de tristesse, d’inquiétude, d’angoisse et parfois d’espoir. Un monde où le temps change de rythme et où les autres changent d’attitude à mesure que l’on change d’apparence. De cette expérience singulière, le philosophe a tiré une réflexion nouvelle et un livre particulièrement intime.