Philosophie générale

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27 juin 2017

Marie de Marcillac, Ulysse chez les philosophes, Classiques GARNIER, lu par Flavie Garnier-Sacre.

Marie de Marcillac, Ulysse chez les philosophes, Classiques GARNIER, 2015, Collection « Perspectives comparatistes », 540 p.

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Cet ouvrage est la reprise d’une thèse de littérature comparée, écrite par Marie de Marcillac sous la direction de Tiphaine Samoyault et soutenue le 8 décembre 2011 à l’Université Paris 8 de Vincennes Saint-Denis. Contrairement à ce que son titre peut laisser supposer, l’objectif de l’auteure n’est pas de réfléchir à la récurrence du nom d’Ulysse dans l’ensemble de l’histoire de la philosophie mais uniquement dans un corpus de textes philosophiques écrits après la seconde guerre mondiale.

Le constat de départ est le suivant : il existe un engouement manifeste d’un certain nombre de philosophes européens et américains pour le personnage d’Ulysse. Horkheimer, Adorno, Jankélévitch, Arendt, Heidegger, Lévinas, Foucault, Derrida, Deleuze, Serres, Nancy, Lacoue-Labarthe, Gadamer, Conche, Castoriadis, Davidson, Diano, Bloch, ont pour point commun de se référer au personnage d’Ulysse à un moment donné de leur œuvre.

         Comment expliquer cette fréquence en cette période particulière de l’histoire?

1) Ulysse, nom intertextuel

Certes, l’usage et la finalité de cette référence varient considérablement en fonction des auteurs au point que la figure d’Ulysse subit une véritable métamorphose d’un texte philosophique à l’autre. Peut-on, malgré ces variations, identifier un fil conducteur interprétatif  au sein même du corpus et le nom d’Ulysse peut-il, grâce sa plasticité, relier tous ces fragments textuels ?

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09 mai 2017

Mériam Korichi, Traité des bons sentiments, Albin Michel, Bibliothèque Idées, 2016 Lu par Véronique Longatte

Mériam Korichi, Traité des bons sentiments, Albin Michel, Bibliothèque Idées, 2016 Lu par Véronique Longatte

                                                                               

Comment expliquer que l’expression « bons sentiments » ne soit plus utilisée de nos jours que de manière résolument péjorative ? Cet ouvrage révèle à quel point c’est au travers des mots que nous pensons. Plus qu’une évolution langagière, ce traité nous offre à examiner la pertinence des modifications idéologiques et des mœurs. Un glissement de sens n’est pas anodin, et si l’on accorde à Mériam Korichi qu’ « il est possible d’aller contre un usage général » alors par notre seule interrogation face au sens qu’il convient d’attribuer à cette expression « bons sentiments », n’est ce pas une authentique réflexion philosophique que nous nous permettrions d’entreprendre ? Au fond, qu’est ce que « penser » sinon d’interroger les mots eux-mêmes ?

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24 février 2017

Ghislain Deslandes, Critique de la condition managériale, PUF, 2016, lu par Eric Delassus

Dans ce livre, Ghislain Deslandes parvient à faire du management, qui est trop souvent réduit à sa dimension technoscientifique et comptable, un véritable thème de réflexion philosophique. S’opposant à la conception taylorienne qui reste aujourd’hui dominante dans de nombreuses organisations, il propose une phénoménologie managériale s’inspirant de la pensée de Michel Henry et élabore une conception plus humaine du management s’enracinant dans la subjectivité vivante des êtres humains au travail.

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31 janvier 2017

Myriam Revault d'Allonnes, La crise sans fin. Essai sur l'expérience moderne du temps, Seuil, 2012, lu par Nathalie Godefroid

http://media.paperblog.fr/i/586/5869312/livre-crise-sans-fin-essai-sur-lexperience-mo-L-qFz0qW.jpegMyriam Revault d'Allonnes, La crise sans fin. Essai sur l'expérience moderne du temps, Seuil, La couleur des idées, 2012.

Notre présent est envahi par la crise. Mais qu'entendre par « crise » ? On dit « la » crise, notion englobante qui rassemble des domaines très différents (économie, autorité, éducation…). La notion en est obscurcie. Car au sens originel la krisis, c'est le jugement, la séparation, la décision, autrement dit le moment décisif qui permet le diagnostic et la sortie de crise. Or aujourd'hui, la crise est marquée par l'indécidable, elle est permanente, c'est le milieu et la norme de notre existence, instaurant ainsi une nouvelle expérience du temps.

 Dans notre époque « post-moderne », le temps n'est plus moteur d'une histoire à faire, c'est un temps sans promesse : le futur est incertain, tout s’accélère mais rien ne bouge, l'initiative en reste paralysée. C'est pourquoi il faut repenser la question de l'orientation vers le futur, car une société peut-elle se passer d'un sens de l'histoire ?

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13 décembre 2016

Paul Valéry, La crise de l’esprit, suivi de Note (ou l’Européen), Manucius, Le philosophe, Paris, 2016, lu par Florence Salvetti.

Paul Valéry, La crise de l’esprit, suivi de Note (ou l’Européen), Manucius, Le philosophe, Paris, 2016, lu par Florence Salvetti.

On connaît le fameux Fragment 53 d’Héraclite selon lequel « la guerre est le père de toute chose ». Il est une de ces choses dont, en tant qu’expérience capitale et douloureuse, elle est assurément le père, c’est de la pensée. La guerre détruit, mais il reste encore des hommes, dans la mêlée ou non, pour la penser. Nous ne pensons d’ailleurs jamais autant qu’en temps de guerre, à proprement parler ou métaphoriquement parlant, parce que notre monde est remis en question, que nous savons que demain sera ce que nous aurons choisi d’en faire aujourd’hui, et que nous ne nous contentons pas de vivre la douleur, nous l’intellectualisons pour lui donner sens. Nombreux sont à ce titre les écrivains (historiens, poètes, philosophes) auxquels la guerre a donné à penser. Paul Valéry, dont la vie (1871-1945) est rythmée par les guerres, est de ceux-là. Avec quelques autres, dont pour certains nous serons amenés à évoquer le nom, il pense la guerre, sans être de la mêlée, car il n’est pas mobilisé. Valéry demeure à Paris pendant les deux périodes d’affrontements mondiaux.

 

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11 novembre 2016

Laurence Devillairs, Les 100 citations de la philosophie, Que sais-je, 2015, lu par Alexandra Barral

http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRzeEEMkSzf2xO4qZe4AG7jlCbw9g16GHC4EDp3yhn2x9KW4kzhLaurence Devillairs, Les 100 citations de la philosophie, Que sais-je, 2015

Ce petit livre de 124 pages paraît aux éditions PUF dans la collection des « Que sais-je ».  Il a pour objectif de rassembler les citations les plus connues de l’histoire de la philosophie et de donner une explication concise à ces formules. Le format est strict : un page d’explication pour chacune des citations, ce qui a pour double conséquence la nécessité d’être très synthétique dans les explications et de ce fait relativement bref et clair d’une part ; et de l’autre de  passer sous silence des explications plus exhaustives et plus approfondies.

Après un bref avant propos, les citations sont déclinées par ordre chronologique, en commençant par Héraclite d’Éphèse, et en terminant par Sloterdijk. Dans l’avant propos, l’auteur rappelle que la philosophie, même si elle n’est pas littérature, peut être belle, et les formules de langage trouvées par les philosophes, riches, vibrantes, fécondes et heureuses. Les philosophes veulent aussi toucher la pensée par la formule et de se contentent pas simplement de concepts et de démonstrations

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11 octobre 2016

Alain Corbin Histoire du silence. De la Renaissance à nos jours, Albin Michel 2016 Lu par Alexandre Klein

Alain Corbin Histoire du silence. De la Renaissance à nos jours, Albin Michel 2016 Lu par Alexandre Klein

http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcT-06bjGk8nZJTKBszg5meKB6DSJiw0Cen10sGPdw3hFIdM0WKodHjEs1gNotre société connectée nous aurait fait perdre le sens du silence. Pire, le flot continu de paroles produit par l’hypermédiatisation nous le ferait désormais craindre. Pourtant, le silence est une source inestimable de vertus tant méditatives et réflexives que jouissives. C’est ce qu’entend nous rappeler l’historien français Alain Corbin dans son nouvel opus. Après avoir étudié les transformations de notre sensibilité aux odeurs, dans son célèbre Le Miasme et la Jonquille (1982), ou plus récemment notre rapport aux arbres ou au temps qu’il fait, ce spécialiste de l’histoire des sensibilités s’attache ici à écrire une histoire de notre relation au silence.

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07 octobre 2016

Hélène Péquignat, Platon et Descartes passent le bac. Carnet de bord d’une prof de philo. Editions Le Pommier, Collection : Essais - Les défis de l'éducation, mars 2016, 172 p., lu par Jean-Baptiste Chaumié

http://www.editions-belin.com/e_img/boutique/full/74651087.jpgLe titre de l’ouvrage d’Hélène Péquignat, Platon et Descartes passent le bac peut prêter à confusion, car il y est très peu question de Platon et de Descartes. Il s’agit pour l’auteure, professeur en terminale, de partager différentes expérimentations pédagogiques originales faites avec ses élèves en vue de les mettre en situation de philosophes.

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04 juillet 2016

Cyril Morana, Éric Oudin et Marianne Perruche (dir.), La Parole, Ellipses 2016

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   La préparation des concours est souvent l'occasion de publications pleines d'intérêt. Cyril Morana, Éric Oudin et Marianne Perruche ont dirigé un ouvrage collectif sur la parole - notion sur laquelle les candidats au concours d'entrée aux grandes écoles de commerce seront amenés à disserter en 2017.

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01 juillet 2016

Frédéric Laupies, La vérité, Leçon philosophique, Paris, Presses Universitaires de France, 2014, lu par Anthony Dekhil

http://static.fnac-static.com/multimedia/Images/FR/NR/f1/1b/59/5839857/1507-1.jpgFrédéric Laupies, La vérité, Leçon philosophique, Paris, Presses Universitaires de France, 2014

 

L'ouvrage de M. Laupies, Professeur de philosophie au lycée Notre-Dame du Grandchamp à Versailles, est un cours à destination des élèves de classes préparatoires économiques et commerciales. Il s'intéresse au statut de la vérité en tant qu'elle est objet de connaissance et principe de la grandeur morale.

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24 juin 2016

Francis Hutcheson, Système de philosophie morale, présenté et traduit par J. Szpirglas, Vrin 2016

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   Il aura fallu attendre deux cent quarante-six ans pour lire dans une nouvelle traduction A System of Moral Philosophy, l'un des chefs-d'œuvre de l'enseignement de Hutcheson. L'attente fut excessivement longue pour ce qui reste l'un des textes essentiels des Lumières écossaises, un livre qui fut admiré tout aussi bien par Lessing que par Diderot, et dont la postérité, pour être discrète, n'en fut pas moins considérable.

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22 juin 2016

Jean-Frédéric Schaub Pour une histoire politique de la race , Seuil Collection Librairie du XXIe siècle, mars 2015, Lu par Nawal El Yadari

Jean-Frédéric Schaub Pour une histoire politique de la race ,  Seuil Collection Librairie du XXIe siècle, mars 2015, Lu par Nawal El Yadari

Dans cet ouvrage, J.-F. Schaub propose une histoire des constructions des catégories raciales : il s'agit  d'exhumer des catégories qui fonctionnent parfois sans dire leur nom, et de dépasser le paradigme simpliste qui réduit le racisme à la seule idéologie raciste biologique. Des catégories imprègnent nos cadres de pensée et les cadres de l'action politique, et  il s'agit d'en comprendre les racines. L'ouvrage est donc polémique, puisqu'il se propose de déceler la politique de la race et ses continuités sous différentes idéologies universalistes. Il convient de se rappeler des apports fondamentaux des pensées de Fanon et de De Beauvoir :  la construction sociale de l'altérité, qu'elle soit raciale ou genrée, va de pair avec un processus de définition de soi. Assigner autrui à une place, c'est se définir soi-même. Ainsi on ne peut pas comprendre la racialisation sans y saisir en creux la construction de la blanchité. De même que le sexisme permet de construire une certaine masculinité.

L'ouvrage part d'un constat, à savoir celui d'une tension propre à nos sociétés contemporaines : la tension entre, d'une part la « plasticité individuelle des appartenances », autrement dit la possibilité pour tout un chacun d'échapper aux assignations identitaires, et d'autre part, la permanence du racisme dans les sociétés contemporaines – le racisme biologique fût-il disqualifié.
« Le triomphe de la plasticité des appartenances devrait favoriser une extinction des positions racistes dans les sociétés contemporaines. » (p. 18

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13 juin 2016

Jeanne Larghero, Quand la philosophie se mêle de sexe, Desclée de Brouwer, Paris, Septembre 2014, 170 pages, lu par Laurence Bur

C'est de la question de l'identité sexuelle que « se mêle » la philosophe Jeanne Larghero dans cet ouvrage animé d'un grand souci pédagogique. Dans un parcours en six chapitres, écrits avec humour, puisant dans des sources aussi variées que la physique aristotélicienne ou la phénoménologie d'un Merleau-Ponty, l'auteur, rompue aux « gender studies » et à l'histoire de la pensée féministe, se donne pour but de « poser un regard neuf sur l'identité sexuelle  ».

 

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10 juin 2016

Laurent de Sutter, Théorie du kamikaze, PUF, 2016, lu par Ugo Batini

Au milieu du chaos des détonations des attentats du 13 novembre 2015, une seule certitude semblait pouvoir s’imposer : nous avions affaire à des « kamikazes ». C’est cette étrange notion que Laurent de Sutter prend comme point de départ de son nouvel essai paru aux PUF, Théorie du kamikaze, afin de mieux mettre au jour la façon dont elle dit quelque chose de notre présent en éclairant de manière crue ce qui tend pourtant à se dérober.

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13 mai 2016

Claire Pagès, Qu'est-ce que la dialectique ?, Vrin, 2015

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   L'encyclopédie des  "Chemins Philosophiques" s'est enrichie d'un article d'une centaine de pages sur la dialectique, l'un de ces concepts qui ont pu traverser la longue histoire de la philosophie grâce à la force de toutes leurs équivoques.

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31 mars 2016

Luc Ferry, L’Innovation destructrice, Flammarion - 112 pages, lu par Alexandra Barral

Paru chez Plon en 2014 et chez Flammarion en 2015, Luc Ferry publie un essai court d’une centaine de pages sur la question de l’innovation. Son titre reprend en miroir celui d’un ouvrage de Schumpeter (1883-1950), économiste autrichien dont le titre est la Destruction créatrice, non pour s’opposer à lui mais pour appuyer au contraire sa pensée. Il tente ainsi de montrer, en substituant un oxymore à un autre, que détruire un objet n’en crée pas un autre, mais que créer un objet nouveau rend obsolète l’ancien.

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28 mars 2016

Giorgio Agamben, L'Usage des corps, Seuil, 2015. Lu par Baptiste Calmejane

L’usage des corps, Homo Sacer, IV, 2 (Éditions du Seuil, L’ordre philosophique, septembre 2015 pour la traduction française, 393 pages) poursuit le projet Homo Sacer inauguré en 1995. Il s’agit du neuvième volume d’une série de livres ayant ouvert des voies nouvelles et originales pour la philosophie occidentale contemporaine.

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28 février 2016

Penser au cinéma, textes réunis et présentés par Marc Goldschmit et Eric Marty, Paris, Hermann, 2015 Lu par Julien Meresse

Chers lecteurs, chères lectrices, 

 

Les recensions paraissent et disparaissent très vite ; il est ainsi fort possible que certaines vous aient échappé en dépit de l'intérêt qu'elles présentaient pour vous. Nous avons donc décidé de leur donner, à elles comme à vous, une seconde chance. Nous avons réparti en cinq champs philosophiques, les recensions : philosophie antique, philosophie morale, philosophie esthétique, philosophie des sciences et philosophique politiques. Pendant cinq semaines correspondant à ces champs, nous publierons l'index thématique des recensions publiées cette année et proposerons chaque jour une recension à la relecture. Au terme de ce temps de reprise, nous reprendrons à notre rythme habituel la publication de nouvelles recensions. 

Recensions d'esthétique 

Recensions de philosophie politique

Recensions de philosophie antique

Recensions de philosophie morale

Recensions d'épistémologie

Penser au cinéma, textes réunis et présentés par Marc Goldschmit et Eric Marty, Paris, Hermann, 2015 Lu par Julien Meresse

 L’ouvrage Penser au cinéma vise à placer le cinéma au cœur de la réflexion philosophique. Le cinéma est prédominant dans notre rapport au réel. Nos vies, nos désirs et nos pensées sont hantés par des images cinématographiques. Le cinéma en sait plus sur nous et sur notre époque que nous-mêmes. Il est un puissant révélateur. Marc Goldschmit et Eric Marty réunissent dans l’ouvrage des interventions qui explorent le mouvement de la pensée dans le cinéma. Cette approche réflexive ou réfléchissante devient alors un moteur pour la pensée

 

 

 

 


 

 

 

 

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05 février 2016

Michel Foucault, L'origine de l'herméneutique de soi, 1980, Vrin lu par Catherine Rezaei

Chers lecteurs, chères lectrices, 

Les recensions paraissent et disparaissent très vite ; il est ainsi fort possible que certaines vous aient échappé en dépit de l'intérêt qu'elles présentaient pour vous. Nous avons donc décidé de leur donner, à elles comme à vous, une seconde chance. Nous avons réparti en cinq champs philosophiques, les recensions : philosophie antique, philosophie morale, philosophie esthétique, philosophie des sciences et philosophique politiques. Pendant cinq semaines correspondant à ces champs, nous publierons l'index thématique des recensions publiées cette année et proposerons chaque jour une recension à la relecture. Au terme de ce temps de reprise, nous reprendrons à notre rythme habituel la publication de nouvelles recensions. 

 

En vous souhaitant de bonnes lectures, recevez nos très cordiales salutations, 

L'équipe de l'Oeil de Minerve

 Recensions de philosophie morale.

Index des recensions de philosophie antique.


Michel Foucault, L'origine de l'herméneutique de soi, Conférences prononcées à Dartmouth College, 1980 collection "philosophie du présent" Vrin.

Ce court volume réunit les textes de deux conférences et deux interventions prononcées par Foucault en 1980. Il propose une entrée synthétique à l'entreprise de Foucault, structurée autour de la généalogie du sujet moderne. 

Les deux conférences, se concentrant sur les cas exemplaires de l'examen de soi et de l'aveu, visent à montrer que l'herméneutique de soi moderne s'ancre dans les technologies de soi chrétiennes de direction de l'âme. Elles révèlent ainsi le contresens qui consiste à établir une continuité du gnôthi seauton socratique à la subjectivité moderne. Au delà de la permanence des formes de l'examen de conscience et de l'aveu, Foucault s'attache à mettre en évidence la distance qui sépare le souci de soi antique de l'herméneutique du sujet mise en place par la spiritualité chrétienne au IVe et Ve siècle. L'examen de conscience et l'aveu apparaissent à ce titre comme deux témoins de la généalogie du sujet moderne.

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20 janvier 2016

Lequel suis-je ? Variations sur l’identité, Marlène Zarader, éd. Les Belles Lettres, 2015, collection « encre marine », 130 p., lu par Agathe Arnold

Lequel suis-je ? Variations sur l’identité, Marlène Zarader, éd. Les Belles Lettres, 2015, collection « encre marine », 130 p.

Cet essai de Martine Zarader s’appuie à la fois sur des témoignages et sur des œuvres de fictions, nouvelles, romans, films, pour envisager la notion d’identité dans ce qu’elle peut avoir de problématique. Tous les cas ici exposés sont plus ou moins des « personnages », puisque ce qui les caractérise tous, qu’ils soient fictifs ou réels, est leur difficulté à être un moi. Martine Zarader met des œuvres de Cortazar, Borges, Dostoïevski, Stevenson, ou encore Hitchcock à l’épreuve de divers modèles philosophiques et psychanalytiques d’herméneutique de la subjectivité, pour avancer l’hypothèse phénoménologique d’une appartenance du conflit et de la division de la subjectivité aux structures fondamentales de l’existence. 

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04 janvier 2016

Arianna Sforzini, Michel Foucault. Une pensée du corps, Paris, PUF, 2014, lu par Alexandre Klein

Michel Foucault. Une pensée du corps, Arianna Sforzini,Paris, PUF, Collection « Philosophies », 153 p.,  2014.

L’œuvre du philosophe Michel Foucault est traversée, habitée, voire même hantée par la question du corps. Celui qui envisageait son travail comme celui d’un chirurgien (« J’imagine qu’il y a dans mon porte-plume une vieille hérédité du bistouri. Peut-être, après tout : est-ce que je trace sur la blancheur du papier ces mêmes signes agressifs que mon père dans le corps des autres lorsqu’il opérait ? […] La feuille de papier pour moi c’est peut-être le corps des autres », Foucault, M., 1968, Le beau danger. Entretien avec Claude Bonnefoy, Paris, éditions EHESS, 2011, p. 35-36) y a en effet, directement ou plus subrepticement, consacré nombre de ses analyses. Il a ainsi contribué à offrir à cet objet une légitimité philosophique jusqu’alors inédite, et s’est dès lors imposé comme une figure incontournable des études sur le corps.

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27 novembre 2015

Byung-Chul Han, Le Désir ou l’enfer de l’identique, Editions Autrement, lu par Dimitri Desurmon.

Byung-Chul Han, Le Désir ou l’enfer de l’identique, Editions Autrement, Paris, 2015, 125 p., 14€.

Quelle place pour le désir dans nos vies ? Dans un monde régi par les logiques de consommation et de performance, où réalisation du désir et liberté sont devenus synonymes, nous ne pouvons éviter la question de savoir si cette dépense de soi en guise d’affirmation de soi est susceptible de faire sens, de donner corps à notre existence. L’extrême disponibilité des choses, tant en termes de distance que de choix, et le rythme frénétique de nos envies ne conduisent-ils pas à la dispersion de ce que nous sommes plutôt qu’à notre libération ? Le désir, personnel, invitant à l’effort, moteur de l’objectivation de soi, n’est-il pas mort dans l’absence d’écart avec sa réalisation ? Ce sont autant de questions qui sont soulevées par Byung-Chul Han, ancien ouvrier en métallurgie en Corée et professeur de philosophie à Berlin depuis 2012, dans son opuscule intitulé Le Désir ou l’enfer de l’identique.  Construit comme un pamphlet, créatif à souhait et à mesure dans ses concepts, cet ouvrage offre une lecture acérée de ce qu’il reste de l’être désirant dans la société contemporaine.

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09 novembre 2015

Charles Larmore, Les pratiques du moi, 2004, PUF, lu par Raphaël Villien.

Charles Larmore, Les pratiques du moi, 2004, PUF, lu par Raphaël Villien.

 

Cet ouvrage propose une définition du moi (« une ontologie du moi », p. 93) susceptible de rendre compte de l’autorité de la première personne sans postuler un moi substantiel et  une forme de perception intuitive (un mystérieux sens interne) nous donnant à connaître notre moi. Pourquoi, sauf comportement contraire à mes déclarations, ne puis-je être détrompé par les autres lorsque je m’attribue des croyances, des désirs, des opinions, des intentions ? Pourquoi suis-je immunisé contre l’erreur lorsque je parle de mes intentions, et non lorsque je parle de celles des autres ? D’où vient cette asymétrie entre la première et la troisième personne ? La thèse centrale du livre est que cette autorité s’explique par le fait que le rapport fondamental à soi n’est pas cognitif, mais pratique. Ce sont nos engagements, spontanés ou réfléchis, qui nous rapportent à notre existence propre, à ce moi que nous avons à être. Les formulations de nos croyances, désirs, intentions, opinions sont des énoncés performatifs et normatifs, et non des énoncés cognitifs (des constats ou des inductions).

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12 octobre 2015

Stéphane Vial, L’être et l’écran. Comment le numérique change la perception, PUF, 2013, lu par Guillaume Lillet

Stéphane Vial, L’être et l’écran. Comment le numérique change la perception, PUF, 2013, lu par Guillaume Lillet.

Préface de Pierre Lévy – Critique et visionnaire : le double regards des sciences humaines.
Pierre Lévy montre dans cette préface que l’Internet n’est ni un acteur, car il n’agit pas, ni une source d’informations, car il est dépendant de ceux qui le nourrissent, ni un modèle, car rien ne nous oblige à nous y conformer. L’œil critique a pour fonction de dissoudre les idoles, explique Lévy, quand l’œil visionnaire s’attache à montrer en quoi ce nouvel univers de communication augmente notre capacité de manipulation symbolique. L’ouvrage de S. Vial présente la révolution numérique comme produisant un système organisateur de nos perceptions, de nos pensées et de nos relations. Nous devons nous emparer de ce changement et y voir se dessiner, selon Pierre Lévy, « un saut de réflexivité de l’intelligence collective ». Par la création du médium algorithmique, nous devrions d’abord viser une « révélation dans les sujets ».

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30 septembre 2015

Gilles Vervisch, Puis-je vraiment rire de tout ? Les Éditions de l’Opportun, collection « Les philosopheurs », 2013, lu par Caroline Forgit

Gilles Vervisch, Puis-je vraiment rire de tout ? Les Éditions de l’Opportun, collection « Les philosopheurs », 2013

Gilles Vervisch est professeur agrégé de philosophie, écrivain et animateur radio. Il se propose d’aborder dans cet ouvrage une question fort débattue ces derniers mois : peut-on rire de tout ?

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