Cyril Morana, Éric Oudin et Marianne Perruche (dir.), La Parole, Ellipses 2016

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   La préparation des concours est souvent l'occasion de publications pleines d'intérêt. Cyril Morana, Éric Oudin et Marianne Perruche ont dirigé un ouvrage collectif sur la parole - notion sur laquelle les candidats au concours d'entrée aux grandes écoles de commerce seront amenés à disserter en 2017.

   Le livre présente la particularité d'être composé de cinquante fiches, de trois ou quatre pages chacune. Elles se répartissent en quatre catégories : les fiches consacrées à la présentation de références élémentaires dans le domaine littéraire (fiches 1 à 16), dans le domaine philosophique (17-33), dans le domaine cinématographique (34-46) - auxquelles s'ajoutent quatre fiches (47-50) proposant des traitements de sujets de dissertation sous la forme de plans détaillés.

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   La partie réservée aux références littéraires (p. 11-63) se limite au champ français, et remonte à l'épisode des « paroles gelées » du Quart Livre pour aller jusqu'à la pièce de Koltès, Dans la solitude des champs de coton - les œuvres des auteurs du XXème siècle (Beckett, Queneau, Malraux, Barthes, etc.) étant privilégiées.

   La deuxième partie (p. 67-122) a pour objet la présentation de références importantes dans l'histoire de la philosophie, depuis l'Éloge d'Hélène par Gorgias jusqu'à l'essai de Vladimir Jankélévitch sur La Musique et l'ineffable. Sont proposées des œuvres d'auteurs antiques (Platon, Aristote, Augustin) et modernes (Hobbes, Rousseau), ainsi que des œuvres illustrant les approches phénoménologique, herméneutique, linguistique, sociologique, etc., avec des auteurs aussi divers que Saussure, Merleau-Ponty, Arendt, Heidegger, Chomsky, Bourdieu.

   La troisième partie (p. 125-168) fait l'étude rapide de treize films, du Testament du Dr. Mabuse de Fritz Lang à Parle avec elle de Pedro Almodovar, en passant par des œuvres de Mankiewicz, de Godard, de Costa-Gavras, etc., et le Shoah de Lanzmann.

   Quatre exemples de dissertation (« Parole et dévoilement », « Peut-on parler pour ne rien dire ? », « Dire les choses », « Peut-on se fier à la parole ? ») montrent, pour finir, comment toutes ces références peuvent trouver leur emploi dans la réalité concrète de l'exercice.

   Ce livre est donc très recommandable aux candidats comme à leurs préparateurs : ne cherchant pas à se substituer à un cours, il ne peut, et de façon très commode, qu'aider l'étudiant à enrichir sa réflexion et sa culture par des analyses et des références tout à fait suggestives. - Saussure disait que la parole est à la langue ce que l'accident est à l'essence. C'est en tout cas, comme le montrent toutes ces fiches, un accident essentiel de notre monde.

 

 

 

Karim Oukaci.