Byung-Chul Han, Le Désir ou l’enfer de l’identique, Editions Autrement, Paris, 2015, 125 p., 14€.
Quelle place pour le désir dans nos vies ? Dans un monde régi par les logiques de consommation et de performance, où réalisation du désir et liberté sont devenus synonymes, nous ne pouvons éviter la question de savoir si cette dépense de soi en guise d’affirmation de soi est susceptible de faire sens, de donner corps à notre existence. L’extrême disponibilité des choses, tant en termes de distance que de choix, et le rythme frénétique de nos envies ne conduisent-ils pas à la dispersion de ce que nous sommes plutôt qu’à notre libération ? Le désir, personnel, invitant à l’effort, moteur de l’objectivation de soi, n’est-il pas mort dans l’absence d’écart avec sa réalisation ? Ce sont autant de questions qui sont soulevées par Byung-Chul Han, ancien ouvrier en métallurgie en Corée et professeur de philosophie à Berlin depuis 2012, dans son opuscule intitulé Le Désir ou l’enfer de l’identique. Construit comme un pamphlet, créatif à souhait et à mesure dans ses concepts, cet ouvrage offre une lecture acérée de ce qu’il reste de l’être désirant dans la société contemporaine.