Esthétique

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06 mars 2015

Francesco Careri, Walkscapes, la marche comme pratique esthétique, Éditions Jacqueline Chambon, Rayon Art, 2013

Francesco Careri, Walkscapes, la marche comme pratique esthétique, Éditions Jacqueline Chambon, Rayon Art, 2013, 221p., traduit de l’italien par Jérôme Orsoni.


Francesco Careri, architecte et chercheur (Université de Rome III), nous propose un essai dont l’objectif est de donner à l’architecture une ressource nouvelle, un moyen de s’ouvrir par la marche à ce qu’il nomme, en référence aux surréalistes, l’inconscient des villes. Sa démarche s’inscrit dans le cadre d’un travail initié en 1995 par la création du groupe « Stalker » avec d’autres chercheurs architectes, mais aussi des artistes, des urbanistes, etc. Pour autant, il ne s’agit pas d’un texte dont l’intérêt serait réservé aux spécialistes du genre. Ce dont il est question, c’est de la marche, chose que nous connaissons tous, mais que nous avons sans doute laissé s’enfermer dans les trajets convenus, habituels, balisés. La marche nous est ici présentée comme un outil critique, à la fois génératrice d’architecture et comme moyen d’explorer cet inconscient des villes, ce que notre monde, notre ville génère en sa périphérie, dans les « zones », là où la société se débarrasse de ses déchets, comme pour les refouler dans ce « vide » urbain qui, loin d’être aussi vide qu’on le pense, regorge de vie et de créativité libre. Ainsi, la société ignore encore que ces zones vivent, deviennent. S’aventurer dans la zone, par la marche, est donc un moyen de rencontrer cet autre qui est nôtre. C’est renouer avec un dialogue entre le plein (la ville), nous pourrions dire le saturé, et le vide, et découvrir par la rencontre la genèse d’une ville nouvelle. L’ouvrage s’inscrit donc dans une perspective qui touche autant l’esthétique que l’anthropologie.

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26 janvier 2015

Antonin Wiser : Vers une langue sans terre. Adorno et l’utopie de la littérature. Editions MSH, collection Philia, 2014 lu par Maryse Emel

Le danger est la lutte pour la domination idéologique des discours, qui se traduit par l’uniformisation, l’équivalence, et le règne des principes d’identité et de non-contradiction au sein du discours. Ainsi la langue est-elle bridée par la langue des maîtres. Procédé de désertification qui assèche la terre. Il faut donc déserter cette désertification que crée la domination. Aller vers une « langue sans terre », la libérer de ses racines : c’est cela le projet de l’utopie...

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23 janvier 2015

François Jullien, Vivre de paysage ou l’impensé de la raison, Éditions Gallimard, collection Bibliothèque des idées, 2014, 258 p., lu par Thierry de Toffoli

Tandis que se multiplient les ouvrages et les recherches sur le paysage, que l’on ouvre avec beaucoup de pertinence les questionnements sur l’origine et le devenir du paysage, de la pensée paysagère, que l’on comprend mieux le rapport du paysage à la peinture (Alain Roger) tout en cherchant ce que pouvait être un vécu du paysage avant son avènement par le nom (le mot « paysage » n’apparaît en Occident qu’au 15ème siècle), François Jullien, philosophe et sinologue, apporte un éclairage nouveau sur la question.

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17 novembre 2014

Misère et splendeur de la traduction, Ortega y Gasset, Belles Lettres, 2013. Lu par Hervé Bonnet

Le texte Misère et splendeur de la traduction de José Ortega y Gasset, écrit dans le milieu des années Trente, est présenté ici, dans la collection Traductologiques des Belles Lettres, pour la première fois au public français.

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03 octobre 2014

Roman Ingarden, Sur la peinture abstraite, traduit de l’allemand par Marc de Launay, lu par Sausen Mustafova

Roman Ingarden, Sur la peinture abstraite, traduit de l’allemand par Marc de Launay, Paris, Hermann, collection Le Bel aujourd’hui, 81 pages, lu par Sausen Mustafova.

Le livre est la reprise d’une conférence prononcée en 1958 à Cracovie devant la Société des historiens d’art,  publiée une première fois en polonais dans la revue Estetyka, 1re  année, 1960, p. 147-160. 


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28 septembre 2014

Roman Ingarden, L’œuvre architecturale, 1945, Vrin, 2013, Collection Essais d’art et de philosophie, lu par Ugo Batini

Chers lecteurs, chères lectrices, 

 

Les recensions paraissent et disparaissent très vite ; il est ainsi fort possible que certaines vous aient échappé en dépit de l'intérêt qu'elles présentaient pour vous. Nous avons donc décidé de leur donner, à elles comme à vous, une seconde chance. Nous avons réparti en cinq champs philosophiques, les recensions : philosophie antique, philosophie morale, philosophie esthétique, philosophie des sciences et philosophique politiques. Pendant cinq semaines correspondant à ces champs, nous publierons l'index thématique des recensions publiées cette année et proposerons chaque jour une recension à la relecture. Au terme de ce temps de reprise, nous reprendrons à notre rythme habituel la publication de nouvelles recensions. 

Recensions d'esthétique 


Cet essai de Roman Ingarden (1893-1970) est l’un des premiers textes issus de l’école phénoménologique husserlienne à s’interroger sur le sens du rapport du sujet à l’objet d’art. Il approche cette question par une réflexion sur l’architecture qu’il ouvre sur une pensée de la musique et de l’œuvre littéraire. Il en tire l’idée d’une ontologie des œuvres d’art.

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09 juillet 2014

Richard Wagner, Écrits sur la musique, Gallimard, 2013, lu par E. Chelzen

Ecrits sur la musique de Richard Wagner

Trad. de l'allemand par Jean-Louis Crémieux-Brilhac et Jean Launay.

Préface de Richard Millet

Annotations des traducteurs

Hors série Connaissance, Gallimard, 2013


Ces Ecrits sur la musique regroupent des textes de Richard Wagner devenus introuvables en France. Sont d’abord présentés l’ensemble des textes consacrés au maître de Bonn, l’illustre devancier, et en particulier le très passionnant Beethoven (1870). La Communication à mes amis (1851) leur succède, qui porte sur la conception wagnérienne du drame musical à travers la présentation des opéras composés à cette date. Enfin, dans la Lettre sur la musique (1860), Wagner reprend les thèses développées dans ses principaux ouvrages théoriques[1][1].



 

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07 juillet 2014

Luc Vancheri, Psycho. Une leçon d'iconologie par Alfred Hitchcock, Vrin, 2013, lu par François Odam

Psycho. Une leçon d'iconologie par Alfred Hitchcock, Luc Vancheri, Vrin, 2013

Psychose, le film d’Alfred Hitchcock, relève-t-il seulement du film de genre en tant qu’il se réfère explicitement à une histoire criminelle – ce qui conditionnerait son interprétation à l’élucidation psychiatrique du cas clinique qu’il met en scène (Norman Bates) ? Ou ne renvoie-t-il pas plus essentiellement à l’Histoire de l’art, à travers la figuration du désir sexuel suscité par le corps féminin, qui agirait comme un révélateur «des transformations [morales et sociales] qui affectent la société américaine au début des années 1960»? En effet la mise en scène ne cesse de tisser des liens avec des images antérieures appartenant à l'Histoire de l'art, à commencer par le tableau de Willem van Mieris, Suzanne et les vieillards, qui cache l'ouverture dans la cloison par lequel le voyeur-criminel surprend sa future proie dans sa nudité. Ne faut-il pas alors revisiter la célèbre scène de meurtre de Marion Crane sous la douche en l’inscrivant dans une Histoire des formes qui élèverait les pulsions humaines dans l’ordre de la signification et engagerait la réflexion sur l’historicité des codes de représentation du désir sexuel?

Tel est l’enjeu du texte que propose Luc Vancheri, Professeur en Etudes cinématographiques à l’Université Lyon 2. 

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04 juillet 2014

Formalisme esthétique. Prague et Vienne au xixe siècle, dirigé par Carole Maigné, Vrin, lu par Jean Colrat

Formalisme esthétique. Prague et Vienne au xixe siècle, dirigé par Carole Maigné, Vrin, coll. « essais d’art et de philosophie », 2013


Formalisme esthétique. Prague et Vienne au xixe siècle est le principal résultat du projet FORMESTH, consacré à l'analyse du formalisme esthétique issu de Herbart et de Bolzano, qui s’est développé en Europe centrale durant la deuxième moitié du xixe siècle. Cette anthologie sélectionne, présente et traduit quelques pages essentielles des auteurs majeurs de ce courant esthétique aussi méconnu aujourd’hui que vivace en son temps. L’ouvrage, dirigé par Carole Maigné, est l’œuvre collective et interdisciplinaire de jeunes chercheurs. Il est publié chez Vrin dans la collection « Essais d’art et de philosophie » dirigée par Jacqueline Lichtenstein.

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06 juin 2014

Bertrand Marchal et Jean-Luc Steinmetz (dir.), Mallarmé ou l’obscurité lumineuse, Paris, Hermann, 2014, lu par Paul Sereni

Bertrand Marchal et Jean-Luc Steinmetz (dir.), Mallarmé ou l’obscurité lumineuse, Paris, Hermann, 2014. 

Ce texte est issu du colloque sur l’auteur tenu à Cerisy en 1997, publié en 1999 aux éditions Hermann ; devenu indisponible, l’éditeur l’a republié sans changement en 2014. Afin d’en rendre compte, on ne peut présumer un public qui connait déjà Mallarmé. On a donc choisi un point de vue sélectif, celui d’un lecteur d’abord soucieux d’explication, la difficulté des textes (aussi bien en poésie qu’en prose) étant notoire. Ce parti conduit nécessairement à ne pas retenir un certain nombre de contributions qui ne répondent pas principalement à cette fonction; de même, pour faciliter la lecture on a choisi un groupement thématique des contributions retenues, en fonction des questions traitées.

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04 juin 2014

Bachelard, Le Droit de rêver, PUF, 2013. Lu par Maryse Emel

Cette réédition aux PUF Quadrige du Droit de rêver est un ensemble de textes écrits entre 1942 et 1962, jamais réunis du vivant de Bachelard, et dont le titre et l’ordre, nullement « chronologique  », ont été choisis par l’éditeur.

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26 mai 2014

François Jullien, Vivre de paysage ou l'Impensé de la raison, Gallimard, 2014. Lu par Maryse Emel

Comme dans ses autres ouvrages, François Jullien nous offre dans ce livre, Vivre de paysage ou L’Impensé de la raison, une « variation » sur cet autre de la philosophie, la sagesse, dont Héraclite, selon lui,  aurait ouvert la voie, chemin que la philosophie aurait tout aussitôt refermé.

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11 avril 2014

Sébastien Labrusse, Au cœur des Apparences, Poésie et peinture selon Philippe Jaccottet, Les Editions de la Transparence, 2012, lu par Céline Lautredou

Sébastien Labrusse, Au cœur des Apparences, Poésie et peinture selon Philippe Jaccottet, précédé de En compagnie des peintres, Entretien avec Philippe Jaccottet, Les Editions de la Transparence, collection Essais d’esthétique, mai 2012.

Le livre de Sébastien Labrusse interroge l’œuvre de Philippe  Jaccottet à partir de son expérience de la peinture et de la poétique du paysage. Il est composé de deux parties et est illustré par des reproductions de tableaux (huiles ou aquarelles) de Nasser Assar, Claude Garache, Alexandre Hollan, Anne-Marie Jaccottet, Gérard de Palézieux et Jean-Claude Hesselbarth.  Une bibliographie très précise achève l’ouvrage et recense l’ensemble des œuvres de Philippe Jaccottet, les critiques littéraires-monographies et revues sur la poésie de Philippe Jaccottet - ainsi que les livres des artistes cités.

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02 avril 2014

Henri Maldiney, Le vouloir dire de Francis Ponge, Encre marine, 2014, lu par Maryse Emel

Henri Maldiney, Le vouloir dire de Francis Ponge, Encre marine, 2014. 

Un poème parfait est « celui qui porte son évidence en lui » écrivait Francis Ponge dans My Creativ Method. Nul besoin de l’expliquer : « Une œuvre s’expose dans la surprise de soi » écrit Henri Maldiney, philosophe, auteur de Le vouloir dire de Francis Ponge, réédité en février 2014, vingt ans après sa première édition, en 1994. Affirmation paradoxale, puisqu’il s’agit de présenter l’œuvre sans expliquer…. Mais le paradoxe est constitutif de l’œuvre de Francis Ponge…et de la philosophie. 

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16 octobre 2013

Bernard Sève, L’Instrument de musique, lu par Olivier Chelzen

Bernard Sève, L’Instrument de musique. Une étude philosophique, Paris, Seuil, « L’ordre philosophique », 2013. 

Très curieusement, l'instrument de musique apparaît comme le parent pauvre au sein de la littérature philosophique portant sur la musique. Bernard Sève répare cette lacune en lui consacrant un livre extrêmement stimulant.

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02 octobre 2013

Isabel Matos Dias, Merleau-Ponty une poïétique du sensible, lu par Jean-Yves Mercury

Isabel Matos Dias, Merleau-Ponty une poïétique du sensible, Presses Universitaires du Mirail.

Si l’on se réfère au retour sur la scène des préoccupations philosophiques de l’œuvre de Merleau-Ponty (après un assez long purgatoire) et des études merleau-pontiennes, qui eut lieu dans les années 1990, l’on peut dire que le travail de madame Isabel Matos Dias s’inscrit au sein d’une telle mouvance. 

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10 juillet 2013

La Beauté, éd. le Philosophoire, lu par Marie-Christine Ibgui

La Beauté, Entretien avec Marc Jimenez, Inédit de Jules Lequier: Fragments sur le beau, éd. le Philosophoire.

Dans son éditorial, Frédéric Dupin explique que la beauté lance un triple défi —à la raison qui ne peut la prouver, mais à qui elle donne à penser, —à la technique qui ne peut la produire même si l’art lui a longtemps été associé, —à la sensibilité enfin, subjective et cependant capable de fonder une communauté de goût. Pour toutes ces raisons, la question de la beauté interroge le philosophe qu’elle inspire, tout en suscitant sa méfiance à l’égard de son pouvoir de séduction.


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14 mai 2013

Célia Sauvage, Critiquer Quentin Tarantino est-il raisonnable ?, Vrin, 2013, lu par Nazim Siblot

Célia Sauvage, Critiquer Quentin Tarantino est-il raisonnable ?, Vrin, « Philosophie et cinéma », 2013.          


C’est non seulement les films, mais encore l’ensemble discursif constitué des propos de Tarantino et de leur réception, qu’interroge Célia Sauvage, afin de de dégager les clés d’interprétation d’une démarche marquée par sa profonde ambiguïté. Au lieu de se cantonner au niveau esthétique, Critiquer Quentin Tarantino est-il raisonnable ? prend ainsi le parti d’une analyse globale de la « stratégie réflexive » du cinéaste.

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21 janvier 2013

Hart Nibbrig, Esthétique des fins dernières, Klincksieck 2012, lu par Karim Oukaci

Hart Nibbrig, Christiaan Lucas, Esthétique des fins dernières, Ästhetik der letzten Dinge (1989), traduit par Françoise L'Homer-Lebleu, Klincksieck, Paris, 2012.

   Dans l'Esthétique des fins dernières, il est rarement question de fins dernières. C'est que l'expression allemande, die letzte Dinge, que la traductrice a choisi de restituer de façon conventionnelle, peut aussi avoir une acception bien plus banale (« les derniers moments ») et tout à fait extérieure au sens eschatologique ordinairement associé aux novissima depuis le Siracide et le Deutéronome.

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16 janvier 2013

Paul Audi, Discours sur la légitimation actuelle de l’artiste (lu par Sausen Mustafova)

Paul Audi, Discours sur la légitimation actuelle de l’artiste, édition Encre marine, 2012.


Ce discours a été rédigé sur la base d’une communication faite le 12 novembre 2010 au colloque « la vie d’artiste », rencontres organisées par Télérama, la Région Bretagne, Rennes-Métropole et le Théâtre national de Bretagne, dans le cadre du festival Mettre en scène, au TNB de Rennes.

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05 janvier 2013

Rock'n philo, par Francis Métivier, Editions Bréal, 2012 (lu par Michel Cardin)

Rock'n philo, par Francis Métivier, Editions Bréal, 2012

La caverne des apparences et l’Idée de Rock

En commençant à lire, je me dis immédiatement : « Ressors ton Teppaz, Papy, et va à la cave chercher tes anciens vinyles ! » Il fallait que je vérifie par moi-même ! Jamais je n’aurais pensé à penser en écoutant The Pixies, Jimi Hendrix, Patti Smith, Elvis Presley, et les autres bruyants accompagnateurs de ma jeunesse. Ce livre montre le contraire : ne vous trémoussez plus sur les rythmes, ne répétez plus en « yaourt » des phrases dont vous ne comprenez pas le sens, ne cherchez plus à vous identifier à Jagger, mais écoutez enfin comment des mots, des sons et des rythmes se fondent ensemble pour vous faire philosopher.

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