21 novembre 2016

Les fonctions de la poésie

fonctions de la poésie
fonctions de la poésie, nov. 2016

 

08 novembre 2016

les courants littéraires du XIXe siècle : schéma

Les courants littéraires du XIXe siècle
Les courants littéraires du XIXe siècle, oct. 2016

 

02 novembre 2016

le romantisme : schéma de synthèse

le romantisme : schéma de synthèse
le romantisme : schéma de synthèse, oct. 2016

 

29 octobre 2016

Présenter un texte

présenter un texte
présenter un texte, oct. 2016

Remarque : En application de ce cours, vous pouvez essayer de rédiger la présentation de n'importe quel texte donné sur le blog en exercice ! Laissez un commentaire, et je vous corrigerai volontiers ...

10 octobre 2016

Le romantisme et son contexte historique

Vous trouverez dans ce diaporama des informations sur l'influence de la Révolution française sur le romantisme : le romantisme et la révolution

Delacroix, "La liberté guidant le peuple" (1830).jpg
Delacroix, "La liberté guidant le peuple" (1830).jpg, oct. 2016

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Le romantisme : les artistes

Vous trouverez dans ce diaporama les noms des principaux artistes romantiques, avec les titres de leurs oeuvres : le romantisme : les artistes et leurs oeuvres

Victor Hugo
Victor Hugo, oct. 2016

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21 septembre 2016

Le lyrisme : définition

Vous trouverez dans ce diaporama un cours sur le lyrisme : Le lyrisme : cours

Il développe les idées suggérées par les deux schémas du blog (les composantes du lyrisme & les liens entre ces composantes).

A la fin du diaporama, figure un exercice que vous pouvez faire en laissant un commentaire sur le billet d'exercice sur le lyrisme (exercice bonus facultatif).

Eustache Lesueur, "Muses" (1652)
Eustache Lesueur, "Muses" (1652), sept. 2016

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Le lyrisme : schéma (2)

Le lyrisme se définit par l'union étroite de trois composantes : l'expression des émotions, la musicalité de la forme, et l'évocation de la nature.

Le schéma qui suit donne quelques pistes d'analyse pour le commentaire sur les textes lyriques : chaque branche indique des idées qui peuvent être développées à propos de chacun de ces aspects (mais elles ne serviront pas forcément toutes à la fois pour chaque texte : à vous de choisir les plus pertinentes). Il est complété par le schéma sur l'union de ces trois éléments.

Vous trouverez des éléments de commentaire autour de ce schéma dans le cours sur le lyrisme.

le lyrisme : pistes pour l'analyse des trois composantes
le lyrisme : pistes pour l'analyse des trois composantes, sept. 2016

 

Les thèmes poétiques les plus fréquents

Dans ce diaporama, on se demandera quels sont les thèmes de prédilection des poètes, et pourquoi les poètes privilégient ces thèmes : les thèmes poétiques les plus fréquents

Vincent Van Gogh, "Le Jardin du Poète" (1888)
Vincent Van Gogh, "Le Jardin du Poète" (1888), sept. 2016

Si vous n'arrivez pas à ouvrir le fichier, vous trouverez sa version PDF ici : les thèmes poétiques les plus fréquents : version PDF

Ce billet est une première approche : pour approfondir ce cours, vous pouvez vous reporter aux billets suivants (des liens seront ajoutés au fil des cours) :

Le lyrisme : schéma (1)

Le lyrisme se définit par l'union de trois composantes : la musique (la lyre), l'expression de ce que l'on ressent (émotions, sentiments), et l'évocation de la nature. (Ils sont détaillés dans un autre schéma)

La présence de l'un de ces éléments pris isolément ne suffit pas à définir le lyrisme  : ce sont les échanges de l'un à l'autre qui rendent un texte lyrique.

Vous trouverez des éléments de commentaire autour de ce schéma dans le cours sur le lyrisme.

le lyrisme : les liens entre les trois composantes
le lyrisme : les liens entre les trois composantes, sept. 2016

 

Formes de l'écrit (écrit scolaire)

les formes de l'écrit
les formes de l'écrit, sept. 2016

 

18 septembre 2016

Qu'est-ce qu'un livre ?

diaporama de cours sur le livre : Qu'est-ce qu'un livre ?

→ Si vous avez une question, laissez un commentaire sur ce billet !

livres
livres, sept. 2016

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17 septembre 2016

le corpus

diaporama de cours sur la question de corpus : la question de corpus

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comparer.jpg
comparer.jpg, sept. 2016

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le commentaire de texte

diaporama de cours sur le commentaire de texte : le commentaire de texte

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enquêter
enquêter, sept. 2016

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la dissertation

diaporama de cours sur la dissertation : la dissertation

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débattre
débattre, sept. 2016

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l'invention

diaporama de cours sur l'écriture d'invention : l'écriture d'invention

→ Si vous avez une question, laissez un commentaire sur ce billet !

→ Une fois que vous avez visualisé le cours, entraînez-vous à identifier ce qui vous est demandé en faisant cet exercice.

imaginer
imaginer, sept. 2016

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05 septembre 2016

La Lettre

Vous trouverez dans ce diaporama un cours sur l'écriture des lettres : La Lettre

Si vous n'arrivez pas à ouvrir le diaporama, vous pouvez suivre ce lien pour récupérer le fichier au format PDF : La lettre PDF

un exemple de lettre
un exemple de lettre, sept. 2016

 

23 mars 2016

La Commedia dell'arte

La commedia dell'arte est une forme de comédie improvisée, qui se jouait dans la rue, sur des trétaux, avec des masques correspondant à chaque personnage. En Italie, elle s'oppose à la commedia erudita, qui est une comédie écrite, jouée en intérieur. Le tableau ci-dessous représente quelques-uns des principaux personnage de la commedia dell'arte : essayez donc de les identifier !

personnages de la Commedia dell'arte

personnages de la commedia dell'arte

Les personnages de la Commedia dell'arte se répartissent en trois catégories :

  • Les zanni sont des personnages de valets : souvent, ce sont des paysans venus travailler en ville. Il y a deux types de zanni : les valets intelligents et rusés, et les valets naïfs et ridicules, mais qui sont parfois capables de trouver des ruses habiles de manière totalement imprévisible. Plus le nez du masque est long, plus le personnage est ridicule. Les zanni se nomment Scapin, Brighella, Sganarelle, Arlequin, Polichinelle et Pedrolino (ancêtre de Pierrot).
  • Les vieillards (souvent avares et vicieux) : Tartaglia, Pantalone, Le Capitaine, Le Docteur, La Signora.
  • Les amoureux (ou les enfarinés) : Colombine, la servante ; Isabelle (ou Sylvia, ou Florinda) ; Lélio (ou Léandro, ou Flavio).

Pour plus d'informations sur ces personnages et sur la commedia dell'arte en général, vous pouvez vous rendre sur le site dramaction.

03 mars 2016

Le Mythe du Bon Sauvage

I. « Hommes tout fraîchement sortis de la main des dieux » : le Nouveau Monde et ses sociétés primitives, ou le rêve nostalgique d’un âge d’or préservé

Le « Nouveau Monde », un monde vierge

Le mythe du Bon Sauvage fait son apparition avec les Grandes Découvertes : pour les occidentaux du XVIe siècle, la découverte des Amériques apparaît comme la découverte d’un monde vierge et sauvage.

→ Les différents noms données aux terres découvertes à partir de 1492 témoignent bien de cette façon de voir, qui est à l’origine du mythe du « Bon Sauvage ».

  • Les Européens appelèrent d’abord ces terres « Indes occidentales », pour les distinguer des « Indes orientales », que Colomb espérait atteindre par l’ouest, pour ouvrir de nouvelles routes commerciales vers la Chine et l’Inde. Ce premier nom est resté aux populations qui peuplaient l’Amérique avant l’arrivée des Européens, que l’on appelle communément Indiens et parfois, pour les distinguer des Indiens d’Inde, Amérindiens. Dans ce nom se lit le rêve d’exotisme qui animait les explorateurs européens du XVIe siècle. Le « Bon Sauvage » est avant tout une figure de l’altérité.

  • Mais bien vite, un autre nom fut donné à ces terres que l’on venait de découvrir, celui de « Nouveau Monde ». Nouveau, ce monde ne l’était pas seulement parce qu’on en ignorait l’existence jusqu’à ce jour. Il l’était aussi par opposition avec l’Ancien Monde, le monde européen, qui se pensait lui-même comme un monde vieillissant et proche de sa fin : nombreux sont ceux, au XVIe siècle, qui croient vivre la Fin du Monde, surtout dans la seconde moitié du siècle lorsque se développent les guerres de religion. Le « Nouveau Monde » représente donc un monde « neuf », qui n’a pas vieilli, mais qui est resté tel qu’il avait été créé, avec des habitants dont on imagine qu’ils continuent de vivre comme aux premiers temps de l’humanité.

« Ils vivent selon la nature ». Le Bon Sauvage, un homme resté proche de la Nature

Cette impression que les terres découvertes forment un monde « neuf » peut être liée à plusieurs facteurs, mais elle tient particulièrement au mode de vie des populations amérindiennes.

Bien entendu, il est difficile de faire des généralités, car les civilisations rencontrées par les Européens à partir de 1492 sont très diverses. Les cités des Incas ou des Aztèques, par exemple, ont tant impressionné les Espagnols et les Portugais, qu’elles ont donné naissance au mythe de l’El-Dorado. Mais les explorateurs ont aussi rencontré un grand nombre de peuples de chasseurs-cueilleurs, dont le mode de vie, très éloigné du leur, pouvait sembler plus « primitif » et plus « sauvage », car il était plus proche de la nature. De manière générale, d’ailleurs, les Occidentaux ont probablement dû être sensibles aux cultes rendus à certains éléments naturels par de nombreuses populations.

Commence alors à se développer l’image d’un monde qui serait « sauvage » et « primitif » d’une manière positive, car cela signifie qu’il est resté plus proche de la Nature. Or la Nature est souvent utilisée comme une norme, un modèle, par rapport auquel les différentes sociétés sont évaluées : plus une société est conforme à la nature humaine, moins elle est dénaturée ou contre-nature, meilleure elle est. Dans ce contexte, l’adjectif « sauvage » cesse d’avoir le sens négatif de « barbare » pour commencer à signifier « naturel » : on le voit en particulier chez Montaigne, qui consacre tout un développement de l’essai « Des Cannibales » à ce travail sur les mots. C’est le début du mythe du « Bon Sauvage ».

Le parallèle avec l’Âge d’Or : de l’harmonie avec la Nature à la proximité avec les origines de l’humanité

Montaigne et les explorateurs qui racontent leurs voyages (Jean de Léry, Jacques Cartier, etc.) vont plus loin : ils pensent qu’une société plus proche de la Nature est aussi une société qui a moins évolué, qui est restée plus proche des origines de l’humanité. Le mythe du Bon Sauvage tire donc une grande partie de sa séduction de la nostalgie des Européens, qui regrettent de n’être pas restés proches de leurs racines, de la nature, etc. Cette idée s’exprime à travers deux comparaisons :

  • D’une part, la culture des indiens est souvent comparée à la culture de l’Antiquité :

    • Premier exemple : Leur façon de rendre un culte aux éléments naturels est mise en parallèle avec le polythéisme des Grecs et des Romains, dont les dieux régissent souvent des éléments ou des passions (Vénus pour l’amour, Neptune pour les eaux, etc.)

    • Second exemple : Leurs arts sont souvent comparés à ceux de l’Antiquité. Leurs chants, en particulier, sont fréquemment qualifiés d’« anacréontiques » (Montaigne, Bougainville). Anacréon était un poète grec de l’Antiquité : il représente aux yeux des humanistes de la Renaissance l’une des formes les plus anciennes de poésie lyrique.

      • Qualifier les chants des Indiens d’anacréontiques revient donc à dire que ceux-ci ont préservé des formes très anciennes de poésie, qu’ils continuent de chanter comme on le faisait aux origines de l’humanité.

      • En outre, la comparaison avec l’Antiquité est, pour les humanistes de la Renaissance, le plus beau compliment qui puisse se faire, puisqu’ils admiraient l’Antiquité, regrettaient d’avoir perdu les façons d’écrire de cette époque, et s’efforçaient de les restaurer. Cette comparaison contribue donc à valoriser les civilisation indienne, en les mettant sur le même plan que ce qui constitue le summum de la civilisation aux yeux des humanistes.

  • D’autre part, et c’est le plus important, les civilisations du Nouveau Monde sont souvent assimilées au mythe antique de l’âge d’or :

    • Il faut prendre en compte le cadre temporel dans lequel vient s’insérer cette idée : pour le XVIe siècle, l’évolution historique n’est pas un progrès, une évolution vers des temps meilleurs, mais une dégradation, une chute progressive de l’homme qui s’éloigne de plus en plus de sa nature originelle. Dans un tel contexte, une société plus proche des origines de l’humanité est nécessairement meilleure que les sociétés qui ont subi cette évolution. Les sociétés amérindiennes semblent alors aux Européens avoir préservé l’âge d’or dont parlent les mythes antiques.

    • C’est ainsi que, sur la base des observations de certaines coutumes amérindiennes, commence à s’élaborer une image idéalisée de ces sociétés : elles ne sont plus seulement décrites pour elles-mêmes, mais analysées à travers une grille qui vise à en faire des modèles de sociétés idéales, dépourvues de tous les défauts des sociétés européennes.

II. « Nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie » : le Sauvage Ingénu et la critique de la société occidentale

L’absence de tous les maux de la société occidentale

En effet, la définition de la société idéale des Bons Sauvages se fait toujours à travers la négation de certains aspects critiqués de la société occidentale :

  • Du point de vue économique, les Européens imaginent souvent que les Bons Sauvages ignorent tout de la propriété, du commerce et des rapports d’argents.

    • Cette croyance se fonde sans doute sur le fait que les échanges, dans ces sociétés ne reposaient pas forcément, comme en Europe, sur le recours à la monnaie, et sur le fait que la propriété pouvait prendre des formes très différentes, qui n’étaient pas nécessairement reconnaissables.

    • En règle générale, les philosophes et les voyageurs, du XVIe au XVIIIe siècle, considèrent que le Bon Sauvage n’a besoin ni de contrats, ni de monnaie pour ses échanges, et qu’il ne connaît pas la propriété et les frontières, sources de querelles entre les hommes. C’est ce qui contribue, à leurs yeux, à rendre ces sociétés pacifiques et heureuses : elles reposent sur un partage communautaire des richesses, sans hiérarchies ni mainmises.

  • Du point de vue politique, cette absence de contrats économiques va de pair, de manière générale, avec une absence de lois : les Bons Sauvages ne sont pas des peuples procéduriers, mais sont au contraire des peuples libres, qui ne suivent que la loi et la vertu naturelles, et n’ont donc pas besoin de magistrats pour juger des problèmes.

  • Du point de vue social, les Européens ont surtout été frappés par la différence des mœurs sexuelles des Indiens par rapport aux leurs. Ils ont donc imaginé que le Bon Sauvage vivat dans des sociétés où les rapports sexuels étaient totalement libres, sans mariages ni liens définitifs, sans couvents non plus.

  • La religion que les Européens attribuent aux Bons Sauvages est une forme de déisme qui reflète elle aussi un idéal de simplicité défini par opposition avec la complexité des dogmes et des rites des religions de l’Ancien Monde : elle est présentée comme une forme naturelle de croyance en un créateur, qui serait dépourvue de toutes les superstitions qui entourent le culte dans les religions orientales et occidentales. Le Bon Sauvage apparaît ainsi comme un personnage qui se contente de rendre honneur au monde qui l’entoure (culte des puissances naturelles) et à ses morts, sans s’embarrasser de coutumes artificielles qui dénaturent ce culte naturel.

→ Cette description des Amérindiens est évidemment très éloignée de la réalité, comme le reconnaissent parfois les auteurs eux-mêmes. Bougainville, par exemple, signale dans son voyage qu’il existe à Tahiti une hiérarchie sociale stricte, contrairement à ce qu’il avait d’abord cru. Faute d’avoir reconnu chez les Tahitiens les mêmes signes de hiérarchie qu’en Europe, il avait cru à l’existence d’une société égalitaire sur l’île : c’est en se renseignant auprès de l’un des Tahitiens, embarqué à son bord, qu’il a pu mieux comprendre le fonctionnement de la société tahitienne.

→ De même, tous les traits attribués au « bon sauvage » par les Européens sont généralement le fruit d’une construction idéale : à partir d’observations superficielles, les penseurs imaginent une société qui est à l’opposé de tout ce qu’ils trouvent critiquable dans leur propre société.

La raison naturelle du Sauvage : un homme sans préjugés … dont la « naïveté » et l’ingénuité peuvent être mises au service d’un regard distancié sur la société occidentale

Le portrait du Bon Sauvage en homme naturel, qui n’a contracté aucun des défauts caractéristiques des sociétés européennes en font un instrument privilégié de la satire :

  • Non seulement, en tant qu’étranger, il est naturellement amené à s’étonner de tout ce qui ne lui semble familier, et peut ainsi mettre en lumière certains ridicules de la société européenne.

  • Mais en plus, en tant qu’homme naturel, il est aussi dépourvu de préjugés : s’il est resté proche de l’état naturel de l’homme, il fait aussi usage de sa raison d’une manière naturelle, qui n’a été déformée par aucune éducation. Ses remarques sont alors supposées être inspirées par la raison naturelle elle-même, ce qui leur donne plus de poids. Le Bon Sauvage est donc un porte-parole rêvé pour dénoncer toutes les pratiques déraisonnables ou irrationnelles des Européens.

→ Cette faculté permet au Bon Sauvage de s’inviter même chez des auteurs qui se montrent par ailleurs critiques à l’égard de ce mythe, comme Voltaire : ils utilisent le regard « naïf » et rationnel du sauvage pour dénoncer les dysfonctionnements de leur propre société.

III. « La pure nature est bonne » ? Le mythe du Bon Sauvage et les débats du XVIIIe siècle sur la définition de la nature humaine

Le mythe du Bon Sauvage connaît un regain d’intérêt au XVIIIe siècle, dans le cadre des débats sur l’état de Nature. En effet, les philosophes du siècle des Lumières se passionnent pour la question des fondements de l’état social et politique : ils cherchent à définir un état social idéal, qui serait le plus conforme possible à la nature humaine. Il leur faut donc définir la nature humaine.

C’est dans cette perspective que toutes les découvertes de civilisations qui semblent plus proches de la nature que la civilisation occidentale les passionnent : les civilisations d’Amérique et des îles du Pacifique, comme celle de Tahiti, semblent offrir une image de ce que serait une société qui suivrait la « loi de Nature ». Elles sont abordées comme une sorte de modèle idéal de civilisation en harmonie avec les lois dictées par la nature de l’homme. On tourne alors un peu en rond : on cherche à définir à partir de ces sociétés ce qu’est l’état de nature, mais elles-mêmes sont décrites comme l’incarnation d’un état de nature défini a priori à partir de réflexions philosophiques …

→ Pour simplifier, deux façons de voir l’état de Nature s’opposent :

  • Pour certains, la violence et les inégalités sont dans la nature humaine, qui est dominée par la « loi du plus fort ». Dans cette perspective, la nature est un état sauvage, où les hommes luttent pour survivre, et où les plus forts s’imposent. Les inégalités sociales actuelles sont donc la conséquence directe de la loi de nature : les lois sociales établies par convention ont juste donné une valeur légale à des rapports de force déjà existants dans la nature, et rendu plus complexe le jeu des rapports de force. Dans cette perspective, l’état social n’est pas pire que l’état de Nature : il le prolonge. En revanche, l’état social, dans la mesure où il repose sur des lois, peut tempérer ce jeu naturel des inégalités, en établissant des règles. La vie en société est donc « meilleure » que la loi de nature, d’autant plus qu’elle apporte aussi les avantages des progrès techniques et de la culture.

  • Pour d’autres, au contraire, l’état de nature est pacifique et égalitaire. C’est évidemment cette seconde conception de l’état de Nature qui se retrouve dans le mythe du Bon Sauvage, où la nature est idéalisée. Cette seconde définition de l’Etat de Nature a été théorisée principalement par Rousseau, qui met en avant deux idées :

    • Les hommes font naturellement preuve d’empathie les uns pour les autres : ils sont naturellement portés à compatir aux malheurs des membres de leur espèce et à éprouver de l’horreur pour les actes de violence. L’état de nature n’est donc pas un état de violence, où l’homme est un loup pour l’homme, mais un état d’entente naturelle. C’est la vie en société, avec la propriété et la concurrence qu’elle implique, qui est à l’origine des rapports de force et de leur violence.

    • Les hommes naissent égaux en droits : les hiérarchies sociales ne sont pas dans la nature, elles sont un produit de la société. Cette idée se retrouvera, à partir de la révolution française, dans des textes comme la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui partent eux aussi du principe que l’existence d’une nature humaine commune à tous les hommes suppose l’exercice de droits et de devoirs également communs à tous les hommes.

15 février 2016

Le Mythe de l'Âge d'Or

Ce billet vous présente un mythe : une fois que vous l'avez lu, vous pouvez vérifier que vous l'avez bien compris en réalisant les exercices d'écriture proposés dans le billet "Exercices d'écriture autour du mythe de l'Âge d'Or".

Qu'est-ce que le mythe de l'Âge d'Or ?

Le mythe de l’Âge d’Or est un mythe grec où est décrite une époque idéale, placée aux origines de l’humanité, où les êtres humains vivait dans la paix, la justice et l’abondance, sans souffrir ni vieillir, et sans avoir besoin de travailler pour survivre. Le mythe de l'Âge d'Or est donc à la fois

  • un mythe d’origine, c’est-à-dire un récit sur les origines de l’humanité, comme le mythe de l'Eden, le paradis terrestre dont Adam et Eve ont été chassés dans le récit biblique de la Genèse.
  • une utopie, c’est-à-dire un univers imaginaire où les hommes vivent en harmonie dans une société idéale.

Un tel mythe est généralement décrit par opposition avec un présent négatif, qui est critiqué, et dont les difficultés sont vécues comme la perte d’une pureté ou d’une intégrité originelles, primitives. Le mythe de l’âge d’or va donc de pair avec une vision pessimiste de l’histoire, où l’avancée dans le temps est perçue comme une dégradation, une décadence de l’humanité : à l’âge d’or succèdent des âges toujours plus éloignés de l’idéal originel, marqués par la perte des vraies valeurs.

Ce mythe apparaît pour la première fois chez le poète grec Hésiode, dans Les Travaux et les Jours, dans un contexte politique et social très troublé, que les historiens ont baptisé « temps obscurs ». Il est repris par les poètes romains de l’époque augustéenne, une époque de crise et de guerres civiles qui voit le passage de la fin de la République aux débuts de l’Empire romain. La version qui aura le plus de succès aux siècles suivants est celle proposée par Ovide dans les Métamorphoses : Ovide, qui a été exilé par Auguste, conserve au mythe de l’Âge d’Or la dimension critique que lui avait donné Hésiode.

En revanche, pour d’autres poètes contemporains d’Ovide, comme Virgile, la fondation de l’Empire par Auguste, qui met fin à une longue période de crise et de guerre civile, apparaît comme la promesse d’un avenir radieux. Son règne est donc présenté comme la refondation d’un nouvel Âge d’Or pour Rome : cette idée montre que le mythe de l’âge d’or peut être instrumentalisé, et devenir un outil de propagande politique. Elle montre aussi que le mythe de l’âge d’or ne suppose pas forcément une vision linéaire du temps, marquée par une décadence irréversible, mais qu’il est compatible avec un temps cyclique, et avec l’espoir d’un retour à un nouvel Âge d’Or.

A la Renaissance, le mythe de l’Âge d’Or se trouve associé à celui du Bon Sauvage : en découvrant les sociétés amérindiennes du Nouveau Monde, les explorateurs européens ont l’impression de découvrir des sociétés qui auraient réussi à maintenir l’état de paix, de félicité et d’abondance qui caractérisait l’âge d’or.

 

 

Illustration des Métamorphoses d'Ovide : gravure de Johann Wilhem Baur (1600-1640) représentant l'Âge d'Or.

Le texte d'Hésiode

Les Travaux et les Jours est l’œuvre d’Hésiode, un poète qui aurait vécu en Grèce au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. Ce poème, consacré aux travaux de la terre, s’ouvre sur une invocation aux Muses, suivie d’un récit des origines de l’humanité. Il évoque la succession de cinq âges, ou cinq races, qui conduisent des origines de l’humanité au présent. L’âge d’or est le plus ancien de ces cinq âges : il est suivi de l’âge d’argent, de l’âge d’airain, ou de bronze, de l’âge des héros, et de l’âge de fer, qui coïncide avec le présent. Il décrit l’âge d’or en ces termes :

« D’or fut la première race d’hommes que créèrent les Immortels, habitants de l’Olympe. C’était au temps de Cronos, quand il régnait encore au ciel. Ils vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis, à l’écart et à l’abri des peines et des misères. : la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas ; mais, bras et jarret toujours jeunes, ils s’égayaient dans les festins, loin de tous les maux. Mourant, ils semblaient succomber au sommeil. Tous les biens étaient à eux : le sol fécond produisait de lui-même une abondante et généreuse récolte, et eux, dans la joie et la paix, vivaient de leurs champs, au milieu de biens sans nombre. Depuis que le sol a recouvert ceux de cette race, ils sont, par le vouloir de Zeus puissant, les bons génies de la terre, gardiens des mortels, [ l’œil ouvert aux sentences et aux crimes, vêtus de brume, partout répandus sur la terre ] dispensateurs de la richesse : c’est le royal honneur qui leur fut départi. Puis une race bien inférieure, une race d’argent, plus tard fut créée encore par les habitants de l’Olympe. Ceux-là ne ressemblaient ni pour la taille ni pour l’esprit à ceux de la race d’or. »

Hésiode, Les Travaux et les Jours, vers 109-201 (traduction).

Le texte d'Ovide

Ovide est un poète latin qui a vécu à Rome au Ier siècle avant Jésus-Christ, sous le règne d’Auguste. Dans le premier livre des Métamorphoses, où il décrit les origines du monde et de l’humanité, il distingue quatre âges successifs : l’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge du bronze, et l’âge du fer. Voici sa description de l’âge d’or, qu’il place sous le règne de Saturne, père de Jupiter :

« L’âge d’or commença. Alors les hommes agissaient suivant la justice et la droiture spontanément, sans lois ni répression. Punition et crainte n’existaient pas ; point de menaces à lire, gravées dans le bronze ; point de foule suppliante, tremblante devant les juges ; nul besoin de défenseurs pour être en sécurité. On n’abattait pas encore les pins, dans leurs montagnes, pour les faire descendre vers l’eau, les faire aborder à des terres étrangères, les mortels ne connaissaient pas d’autres rivages que les leurs. Les villes n’étaient pas encore entourées de fossés abrupts ; il n’y avait ni trompettes droites ni cors en cuivre recourbé, ni casques, ni épées. N’ayant nul besoin d’armées, les populations vivaient dans la tranquillité et les loisirs. La terre, fertile, donnait tout d’elle-même, sans être sollicitée par le fer, travaillée par la bêche, maltraitée par le soc. L’homme, satisfait des aliments que la nature lui offrait sans efforts, cueillait les fruits de l’arbousier et du cornouiller, la fraise des montagnes, la mûre sauvage, et les glands qui tombaient de l’arbre majestueux de Jupiter. Le printemps était éternel et, de leur souffle tiède, les doux zéphyrs caressaient les fleurs écloses sans semailles. La terre, sans avoir été labourée, se couvrait à nouveau de moissons, et les champs, sans aucun entretien, blondissait de lourds épis. C’était l’âge où coulaient à flots le lait et le nectar, où le miel doré tombait de l’écorce des chênes en une bienfaisante rosée. Lorsque Jupiter eût précipité Saturne dans le sombre Tartare, et qu’il eût pris possession du monde, vint l’âge d’argent, âge inférieur à celui qui l’avait précédé, mais préférable à l’âge du bronze jaunâtre qui le suivit. »

Ovide, Les Métamorphoses, Livre I, vers 89-115 (traduction).

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