Manifeste : Pour que la campagne revienne en ville.
Par École maternelle Paul Vaillant-couturier le 14 octobre 2016, 23:57 - Lien permanent
C'est lundi, il est 8h00 à l'école Paul Vaillant Couturier. C'est un début de semaine qui commence, pas de nuages à l'horizon. Il fait frais, signe de beau temps.
Un imposant camion et sa remorque stationne dans l'enceinte du groupe scolaire. Quelques familles et fratries déposent les plus petits à la garderie du matin. Une délicate odeur de foin flotte dans l'air.
Le calme apparent tranche avec le mugissement soudain qui provient de la cour maternelle.
« Maman il y a une vache dans la cour » !! crie l'enfant à sa mère en l'entrainant manu militari derrière elle.
Dans la cour , une multitude d'enclos redessine la fonction première de ce lieu. Pleins de petits groupes s'affairent déjà autour des animaux qui se sont installés dans la maternelle. Quel plaisir de voir ainsi les adultes, les grands frères/grandes sœurs venir partager ce moment . C'est une vraie ouverture sur le quartier. Par le biais de la ferme, l'école devient un vrai lieu d'échange.
Cécile et Daniel , les deux fermiers qui présentent la ferme connaissent bien Bagneux.
L'année dernière , ils se sont installés à l'école Wallon (cf billet du 14/03/16). Ils prennent d'autant plus plaisir à venir dans nos quartiers où la plupart des enfants n'ont jamais vu en vrai un âne, une chèvre, un veau, un cochon, un dindon etc... .
Enfin , nos contes traditionnels mettant en scène tous ces animaux prennent sens devant ce spectacle champêtre.
L'histoire des trois petits cochons, la poule rousse, la chèvre et les 7 biquets etc … s'ancrent dans une réalité tangible pour nos élèves .
Ils peuvent enfin toucher du doigt l'élément cochon, l'élément chèvre qu'ils nourrissent, et qui en retour nourrit les premiers imaginaires collectifs de nos jeunes élèves, cette première culture littéraire issue de nos campagnes.
Lors de l'interview de Cécile, la fermière, des questions très pertinentes des élèves de GS ont surgi mettant en lien les lois de Mendel sur les principes d'hérédité, et la couleur de l'agneau tout noir et de ses deux parents blancs ( à écouter sur la radio de l'école).
Toutes ces multiples expériences qui viennent enrichir nos élèves dépassent le cadre scolaire, elles enrichissent le vivre ensemble des adultes et par conséquent celui des enfants autour d'un même intérêt, d'une même préoccupation : celui du rapport au vivant .
C’est par là même un excellent moyen de construire la personne et le citoyen par l’apprentissage du respect d’autrui, de son travail, et par la responsabilisation de l’enfant face à l’environnement.
C'est vers les années 20 que M. Montessori, pédagogue de renom rappelle l'importance et les bénéfices de l'introduction de l'animal dans le cadre scolaire .
L'animal est un formidable support pour l'apprentissage de la biologie, il permet de mettre en perspective pour ces jeunes élèves l'évolution et les liens qui existent entre l'homme et l'animal. D'autre part, il participe à un sentiment de sécurité qui améliore l'adaptation au milieu scolaire.
Il apparaît comme un élément structurant, source d’apprentissage, facilitateur de maturation psycho affective,facteur de canalisation des pulsions agressives.
De plus, l’animal devient médiateur, en participant à l’apaisement et à la régulation des tensions et en étant une source de discussions pouvant débloquer des situations où le dialogue a disparu.
Enfin,l’animal apparaît comme un substitut affectif idéal s’opposant au repli sur soi.
Voilà pourquoi cette requête n'est pas un vain mot, il faut que la campagne revienne en ville, et dans les écoles pour qu'ensemble nous redéfinissions une citoyenneté active construite à partir d'un vivre ensemble qui prenne sens depuis le plus jeune âge.
Article rédigé par le directeur de l'école maternelle Paul Vaillant Couturier
