Il y a un an, pour fêter notre diplôme, un camarade nous avait invité un autre ami et moi pour séjourner dans le manoir qui appartient à sa famille depuis fort longtemps. Nous partîmes donc de Paris, d'où nous prîmes la voiture jusqu’à un manoir situé au fin fond de la Bretagne.
Lorsque je l’aperçus au loin dans la brume, ou aurait dit que la façade était une tête dont l’entrée sinistre était une bouche qui voulait nous engloutir et enfin les fenêtres nous lançait des regards haineux. En arrivant, on me présenta ma chambre que j'allai partager avec un ami. En entrant à l'intérieur, j’eus la terrible impression d'être observé, étrangement mon camarade ne ressentait pas la même chose. Sur une étagère, au fond de la chambre, demeurait une douzaine de vieilles statues en bois d'ébène me fixant d’une façon singulière. J’appris par la suite que cette chambre était celle où vivaient les aïeux de mon ami depuis des siècles.
Puisque il était tard, mes deux camarades et moi allâmes souper dans la salle à manger qui se trouvait au rez-de-chaussée. Arrivé en bas, sur le rebord de la cuisine, je pus distingué une bougie, sénile et blessée que mon ami saisit pour éclairer le buffet. L’atmosphère était pesante car nous étions seulement trois dans une si grande demeure qui nous cachait tant de surprises. Le temps s’écoulait au rythme du battement de l’horloge. Je commençais à peine ma tasse de thé quand tout à coup, j’eu l'impression d'entendre de légers pas au première étage. Mes amis ne me crurent pas mais lorsque je remontai bientôt dans ma chambre, les statues n’étaient plus à leur emplacement, pourtant nous étions à ma connaissance les seuls dans ce manoir.
Je descendis au pas de course alerter mes amis en leur expliquant que les statues auraient disparu. Étant terrorisés, nous ne prîmes pas le risque de chercher dans les chambres inhabitées.
Puis, après avoir fini notre souper, fatigués, nous nous dirigeâmes, Pierre et moi, en haut et notre hôte au rez-de-chaussée.
En entrant, l’odeur de la cheminée régnait dans la chambre, mais celle-ci était comme à notre arrivée, inutilisable. Nous nous endormîmes en n’ayant point résolu le mystère.
Pourtant, moi, je n’arrivais pas à me plonger dans le sommeil, et cela commençait à m’agacer fortement, quand tout à coup, pour s’ajouter à mon insomnie, je distinguai depuis la fenêtre une lueur chaude venant d’une des chambres désertes. Je n’allais pas réveiller mon camarade pour si peu, malgré l’angoisse que je ressentais. Cela continua car pour accompagner la lueur qui semblait bouger et danser, un rythme de pas et de frottements se firent entendre. C’était trop pour moi, alors je sautai sur Pierre pour le réveiller mais il ne me répondait pas. J’eus beau crier, aucune réponse. Je ne pouvais pas rester comme ça sans rien faire, et plus je m'approchai de la chambre où il semblait se passer tant de choses, plus des paroles incompréhensibles se faisaient entendre.
Je n’osais pas ouvrir la porte qui semblait être pour moi la porte des enfers. Je pris mon courage à deux mains et lorsque je l’ouvris, je faillis m’évanouir, mais, personne ne s’en rendit compte. Je criai pour ma vie or personne ne m’accorda un regard. Une douzaine de personnes que je ne pourrais décrire demeuraient et qui, je l'assure, ne provenaient pas de mon époque. Quelques instants après, la porte se referma violemment derrière moi. Soudain, j’entendis sonner les douze coups de minuit. Je tressaillais à chaque mouvement des silhouettes qui ne semblaient pas posséder la même morphologie que moi.
Soudain, à ma plus grande surprise, arriva la bougie qui, il y a quelques heures, prospérait dans la cuisine. Lorsqu’elle eut franchi la porte, je crus halluciner, mais elle s’était bel et bien transformé en un vieil homme sénile qui rejoignait bientôt ses camarades.
Le lendemain matin, je me réveillai dans ma chambre, j’accourus dans la fameuse salle et bizarrement, la douzaine de statuettes et la bougie prospérait.
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