09 mars 2022

L'apparition blanchâtre

Ce soir-là j'étais entouré de mes camarades de lycée, nous étions autour d’un feu de camp en nous racontant des histoires angoissantes. C’était maintenant à mon tour de raconter la mienne.

Cette histoire m’est arrivée plus jeune, à l’époque j’avais seulement dix ans, je vivais encore dans ma ville natale, Aix-en-Provence. Ce jour-là, mes parents étaient partis manger au restaurant. Ils avaient choisi de me laisser chez la voisine, Mme Roussel, pour la nuit. Cinq minutes après mon arrivée, elle décida de sortir marcher avec son chien, comme elle le faisait tous les soirs.

Entre temps, j'observais la maison, plutôt ancienne et délabrée. Le carrelage se détachait et grinçait quand on marchait dessus, la maison n’était pas très éclairée. Les meubles étaient recouverts de poussière, le papier peint se décollait et une odeur d’ancien manuscrit envahissait la pièce. Les fenêtres claquaient et les lumières s'allumaient et s'éteignaient répétitivement.

Les portes grinçaient et claquaient à chaque coup de vent, dehors c'était calme, la rue était sombre et vide, les lampadaires étaient éteints depuis un bon bout de temps. Les voisins d’en face étaient déjà couchés, comme pour tous les autres autour. Dans le jardin immense, le vent violent faisait voler les feuilles du chêne. Tout à coup, un corbeau se posa sur une branche et je sursautai bêtement. Ce corbeau semblait me fixer du regard. Je ne me sentais pas en sécurité dans cette maison.

Alors que je tentais de fuir son regard, je ressentis une douleur intense, si forte qu’elle rentra dans mon crâne comme un couteau qui me plante. La voisine ne rentrait toujours pas, alors je décidai de monter me coucher. Mme Roussel m’avait déjà préparé mon lit. Il était déjà minuit et j'étais épuisé. Quand je voulus poser mon pied sur la marche de l’escalier, je crus sentir un coup de vent, furtif et rapide, alors je me tournai mais je ne vis rien. Je n’y fis point attention et alla me coucher. Après m’être allongé, je crus entendre autre chose, mais cette fois ce fut un bruit très aigu, comme un grattement d’ongle sur la fenêtre. Je fus terrifié et commençai à transpirer, mon lit était trempé de sueur, le sommeil ne venait pas, l’insomnie me guettait et la solitude ne me rassurait pas.


Je vis sur la table de chevet un poignard, je trouvais cela absurde et je commençais à me poser des questions. Je perdais confiance en moi. 

Après un instant de réflexion, je crus entendre quelqu'un monter les escaliers d’un pas lourd et lent. Avais-je perçu cette chose se diriger peu à peu vers moi ? Par pur réflexe j’attrapai le poignard posé sur la table de nuit, je me levai couteau à la main en attendant son arrivée. J’avais le vertige, je tenais à peine debout. Les bruits de pas cessèrent. Je tremblai de peur et au même instant, la porte de la chambre s'ouvrit, mais il n’y avait personne, alors je me retournai et vis un homme le visage caché, vêtu de blanc de la tête au pied, allongé dans le lit ou j’étais couché deux secondes plus tôt. Je passai d’émotions en émotions. J'étais horrifié et terrorisé à la fois. Puis je m’écroulai sur le sol assommé par la peur. 

Un soir d'automne

Le vent frais du soir me caressait les joues tandis que je m'enfuyais dans la forêt. Les arbres fuyaient à toute vitesse et en on entendait les quelques feuilles d'automne se plier sous mes pieds. Je traçais pendant environ dix minutes puis je fini par m'arrêter, le cœur haletant. Je n'avais jamais autant cavalé de ma vie. Je repris petit à petit mon souffle tout en regardant si l'on ne m'avait  pas suivie. Je m'apprêtai à reprendre ma course quand je cru voir une ombre passer rapidement entre le végétal. Je me rapprochai pour mieux voir mais quand je fus devant l’arbre l’ombre avait déjà disparu. Ça devait être mon imagination, j'avais attrapé un rhume récemment. Je continuais donc ma course, au rythme d'un piano endiablé. Le vent sifflait si fort que je pouvais le sentir jusque dans mes entrailles. Puis, d'un coup, le monde se mit à tourner, dans la nuit profonde, je senti mon corps vaciller, les arbres, les feuilles aux couleurs orangées comme l'enfer, les habitants, les chats errants qui se promenaient dans les rues à la recherche de proies à dévorer, tout, absolument tout se mit à tourner. Alors, le temps sembla s'arrêter, comme si le temps s'était figé, comme si le monde avait cessé d'exister, je vis quelqu'un, ou plutôt quelque chose, une ombre, elle avait l'allure d'une toile très fine,  noire, mais je n'eus pas le temps de m'enfuir.

L'odeur de bois mouillé entrais doucement dans me narines. J'ouvrit les yeux, surprise de constater que je m'étais endormie là, au beau milieu d'une allée d'aulnes qui était entourée d'un bois. On pouvait discerner les feuilles d'automne humides et aux couleurs variées, le soleil les distinguait, c'était la rosée du matin. Qu'Est-ce que je faisais là ? J'essayai de me remémorer la soirée d'hier. Je m'étais disputée avec Marie et je m'étais échappée. Et je fus alors prise d'un frisson en repensant a cette chose, ça ne pouvait pas être humain, ni animal, mais alors quoi ? J'avais halluciné ? Non, non je l'avais bien vue cette chose ! Je rentrai donc, encore confuse de cette dernière nuit.

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La voix de Marie résonnait dans la salle de classe, tandis que les autres élèves l'écoutaient attentivement. Ses cheveux noirs décollaient légèrement de ses épaules à cause de la fenêtre qui laissait passer le vent. Elle était habillée d'une longue robe en lin violette et d'un sers-tète. J'étais installée au fond de la salle, Et je faisais, du moins j'essayai de faire la punition que marie m'avait ordonné de faire. Mon esprit divaguait, et bientôt, je n'entendis même plus les voix autour de moi.

Mon regard se dirigeait peu à peu vers la fenêtre, là où l'on pouvait voir les monstrueux champs délabrées, dévorés par l'âge et l'église, effroyable, aussi terrifiante qu'un cimetière habité. Lentement, l'envie de sortir germa dans mon esprit et je commençai à manquer d'air. La salle commença a se mouvementer, tel un géant la prenant de ses mains colossales. Les remparts de la pièce se rapprochaient de plus en plus, comme s'ils allaient m'étreindre.

Et je ressentais le besoin pressent de sortir, m'évader, déguerpir de cet endroit asphyxiant, mais au moment où je me levai, un rayon m'aveugla, et un être, l'être que j'appréhendais le plus au monde apparut devant moi, horrifiée, je commençai à courir, mais la créature m'empoigna le cou, d'un bras sec comme une lame, et commença à m'étrangler. Je hurlai de toutes mes forces, enfin de ce qu'il en restait, mais l'individu ne flancha pas. Je remarquai cependant que les élèves, la classe, Marie, le monde, avaient disparus. J'étais dans une sorte de microcosme, et j'essayai de distinguer la face de l'esprit, qui gardait toujours sa main à mon cou et qui le serrait de plus belle, mais je ne vis rien qui voile noir. L'instant d'après, il prononça un mot, que je n'ai pas su déterminer, mais par la suite, je fus vidée de toute mon énergie, mes muscles, mes organes, mon cœur, je ne le sentais plus battre en moi, c'était comme si on l'aspirait. Mais c'était lui, Lui ! Lui qui avalait mon histoire, mon destin, mon identité, ma vie. Il la buvait, la savourait , l'inhalait, la pompait, il s'en nourrissait, et très vite, beaucoup plus vite que je ne l'avais calculé, il était régalé, satisfait d'avoir terminé son repas. Il a absorbé mon existence.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

 

La chose

C’était un jour de printemps, les arbres étaient en fleurs, les familles se promenaient.

J’étais chez moi, après la crise du Covid 19, les locaux de l’entreprise où je travaillais avaient fermé et, les salariés comme moi avaient été obligés de se mettre au télétravail.

12h30, je fermais mon Mac et j'entreprenais de regarder le nouveau “Thread horreur” de Squeezie…Ayant quelques symptômes, rester à l'intérieur me semblait plus prudent.

La vidéo se mit en route, mes écouteurs étaient enfoncés dans mes oreilles. Au bout de dix minutes, un chuchotement se fit entendre, cela ne m’inquieta pas plus que ça, l’influenceur avait l’habitude d'intégrer des bruitages pour créer une atmosphère angoissante, je profitai des dernière minutes de tranquillité qu’il me restait puis mon alarme sonna, ma pause était terminée.

Je me remis à mon bureau, mes rideaux étaient fermés, quelques rayons de soleil glissaient sur le parquet, faisant briller les cadres présents sur les murs. Les arbres se mouvaient au gré du vent, les oiseaux chantonnaient dehors, un chant quelquefois perturbé par le grincement de la fenêtre mais l'après- midi semblait parfait.

Le chuchotement recommença, un bruissement léger, lointain, comme des pieds qu’on traînait au loin sur le sol. Je remuai la tête et cliquai sur mon lien Skype, ce devait surement être  un enfant qui jouait au ballon dans le parc voisin. La conférence commença, mon collègue présenta les dossiers du moment je clignais des yeux..

Il me sembla alors qu’une ombre se glissa sous mon bureau. Décidément, le mélange de la fièvre et de la vidéo me donnait des visions. Les rideaux claquaient contre le mur, de plus en plus fort…Le vent devait se lever.

Quand ce fut mon tour de parler, je fus pris d’un étrange mal de tête, j’avais l’impression qu’une petite voix me parlait, je me focalisais sur ses paroles “je te voooooooooiiiiisss…” lançait-elle doucement. Je saisis mon verre d’eau, je devais surement rêvé. Les ombres  branches se transformaient peu à peu en longs serpents aux yeux rouges. La lumière clignota, je repris une gorgée d’eau..

Je sursautai, quelque chose me touchait, quelque chose qui ressemblait à des mains, à des doigts. Un gros nuage noir cacha le Soleil, et une fine pluie, semblable à milles larmes, fendit le ciel. Je retins mon souffle “je te vooooois…je te seeeeens…je t’ennnnteeeeends”. Dehors le vent soufflait de plus en plus fort, des formes humanoïdes s’introduisirent, des ombres, des ombres perdues, oubliées.

Je fermais les yeux, j’étais fou, complètement fou, les symptômes du Covid étaient plus graves que ce que je ne pensais;

La Chose laissa glissé ses longues mains autour de mon cou, sa poigne se refermait sur ma gorge, elle fut bientot rejoint par les êtres qui continuaient à entré par la fenêtre, il reserra ses doigts, ma peau se déchira, l’air ne passait plus dans ma gorge, je me sentis aspiré…puis d’un coup…

Plus rien, je rouvris les yeux, il n’y avait que moi, mon ordinateur qui tournait encore.

Je lançai un regard dehors, le temps était de nouveau radieux.  Je passai ma main dans mon cou, il était couvert de sang….



 

La tombe mystérieuse

Je me baladais sur les quais de cette merveilleuse Seine, à quelques mètres de ma demeure. J’avais toujours vécu dans cette maison entourée de nature mais depuis quelques temps, des personnes avaient emménagé à côté de chez moi. Ils avaient une cinquantaine d’années. Ils venaient de la Creuse et semblaient solitaires mais ils m’avaient toutefois adressé la parole peu de temps après leur arrivée. La femme s’appelait Béatrice Gouzien et son mari se nommait Nicolas Gouzien.

Après ma promenade, je partis me recueillir sur la tombe de mes parents. Dans l’allée du cimetière, une tombe retint mon attention. Je ne l’avais jamais remarquée mais je m’approchai d’elle. Je vis inscrit sur la tombe “Ici reposent en paix Béatrice Gouzien et Nicolas Gouzien”. Je me posai des questions et après m’être recueilli, je rentrai chez moi. Il se passa plusieurs jours sans aucun fait étrange et je me dis que cela devait être une illusion d’optique car il faisait très sombre et j’étais fatigué.

Deux semaines après cette hallucination, je vis un groupe de personnes à l’air triste devant la maison de mes voisins. C’étaient des personnes âgées et ils pleuraient tous. Je sortis alors pour demander ce qui se passait mais personne ne répondit car ils en étaient incapables tant ils pleuraient. Mais en rentrant chez moi, j’aperçus Béatrice et Nicolas tranquillement assis sur leur canapé en train de lire. Ils ne paraissaient pas alertés par les gémissements qui provenaient de leur cour. Je me rappelai alors de cette tombe et je décidai d’y retourner.

Quand j’arrivai au cimetière, une tempête se préparait. Les arbres ressemblaient à des géants enragés et la pluie était tellement forte que cela faisait comme un rideau et je n’arrivais pas à me repérer. Je faillis me faire emporter à plusieurs reprises. Après une dizaine de minutes, j’arrivai devant la tombe mais celle-ci changea. Elle était très ancienne et abandonnée, pas comme celle que j’avais vue quelques semaines plus tôt. Cela me glaça le sang et je rentrai chez moi. Je voulais consulter un médecin mais avec mes antécédents psychiatriques, on m’avait diagnostiqué schizophrène alors si je racontais cette mésaventure au médecin, c’était certain qu’il m’enfermerait dans un hôpital psychiatrique pendant un bon moment de ma vie.

Je décidai d’inviter mes voisins pour en savoir plus sur cette histoire. Nous étions un samedi soir et mes voisins arrivèrent vers dix-neuf heures. Ils avaient l’air normal mais ils étaient habillés de vêtements d’une autre époque. Comme c’étaient des personnes rustiques, cela ne m’inquiéta pas plus que ça. Mais au-dessus de ma porte d’entrée, il y avait un crucifix et je vis que cela les dérangea. Ils me demandèrent alors de changer de pièce. Pour le repas, il y avait une soupe à l’oignon et cela les dégoûta.

Tous ces événements me troublèrent et après cette soirée je décidai de m’enfermer chez moi. Cependant, après quelques temps de réflexion, je me dis que si je restais dans la maison, j’allais devenir fou et je me résignai donc à quitter ma chère demeure car tous ces événements m’avaient profondément perturbé : je faisais une crise de schizophrénie. Je ne revins plus jamais en ce lieu et je ne connus jamais la vérité à propos de mes voisins.                                

 

L'ombre d'Annecy

                                                                     Journal de Jean Dumas
 

               Annecy 2 juin : Me levant de bon matin, je décidai d’aller me promener autour du lac d’Annecy, m’asseyant sur un banc au bord du lac, j’observai les cygnes. C’est alors que sans explication un signe se débattit dans l’eau, comme si quelque chose le tirait. Ne comprenant pas ce qu’il se passait, me levant de mon banc, je m’avançai vers le bord du lac pour observer ce qu’il s’était passé, mais rien, plus un signe de vie de ce signe. Je ne portai pas plus d’attention à ce qu’il s'était passé, j’en déduis que le cygne avait dû se blesser et qu’il ne pouvait donc plus nager. Ah, qu’il était beau ce lac d’un bleu aussi beau que le ciel ces jours d’été et clair de manière à ce qu’on pouvait se voir dedans. Je regardais mon reflet dans le lac quand je remarquais que mon ombre avait disparu. Comment était-ce possible ? Je cherchai autour de moi, mais rien, l’obscurité qui devait être produite par mon corps en interceptant les rayons du soleil n’était pas là, c’est là qu’une sorte de frayeur traversait mon corps. Je continuai à regarder autour de moi cherchant une explication à cet événement. Sans explication, je fis quelque pas vers l’avant et l'arrière en observant là où était censé être placé mon ombre, sans résultat, je m’assis sur l’herbe verte au bord du lac. Etais-je le jouet d’une hallucination ? Après quelque minute de réflexion, je me rappelait que je n’avais rien mangé et rien bu avant d’aller me balader, j’en conclus que ce n’était qu’une illusion dû au manque d’eau durant ces temps chaud et je décidai de rentrer chez moi me reposer.

  

                5 juin : Ce matin, je reçus une lettre, c’était ma femme partie voir sa mère à Paris depuis plusieurs semaine qui annonçait qu’elle revenait dans un mois au maximum. 

                                   Cette nuit, je fis un horrible cauchemar, je me réveillais au milieu de la nuit, dans ma chambre sombre, la fenêtre fermée allongé sur le dos, seul dans mon lit quand au fond de ma chambre près de ma porte, sur une chaise, semblait être assis une sorte d’ombre noire à forme humaine, plutôt grande environ ma taille avec des yeux blancs globuleux et une bouche dépourvue d’expression. Cette ombre observait ma chambre, elle regardait autour d’elle comme cherchant quelque chose. Elle se leva de la chaise puis s'avança vers la fenêtre , tout en gardant son regard fixé sur moi, l’ombre ouvrit la fenêtre, dehors, la nuit était noire et le silence régnait. Effrayé par cet événement, j’essayais de bouger de mon lit ou d'émettre un son, mais, tétanisé par la peur, mon corps ne répondait pas et pas un son ne sortait de ma bouche, j'étais paralysé. L’ombre, toujours en me regardant, marcher d’un pas lent vers moi, terrorisé, je tentais de crier, sans résultat, l’ombre, toujours d’un geste lent me toucha et disparut. Je me réveillai haletant, en sueur dans mon lit, paniqué j’allumai une bougie sur ma table de nuit. J'étais seul au milieu de ma chambre et après avoir repris mes esprits, je regardais au fond de ma chambre, dans cette même fenêtre où cette sorte d’ombre regardait et je réalisai qu’elle était encore ouverte. Qui était cette ombre ? Comment était-ce possible ? Que s'était-il passé dans ce cauchemar ? Était- ce un cauchemar ou une réalité ? Suis-je fou ?

Plusieurs questions inexplicables me traversaient l’esprit. Je sortis de ma chambre et la fermai à double tour puis partis dans le salon, là où je restais éveillé jusqu’au matin.

  À suivre…