Nouvelle

Vers l’année 2000, je marchai anxieusement vers la maison de mon enfance. La nuit tombait et, à la lumière d’un réverbère, je distinguai cette mystérieuse bâtisse qui renfermait tant de questions sans réponses. 

Je sortais harassé du travail. Chaque jour, je ne pensais qu’à ma mère, seule source d’espoir et de joie de ma vie. Même mourante, elle m'accueillait toujours les yeux pétillants, pleins de vie et bras ouverts pour m'embrasser. 

Je m’empressai donc de vider le pavillon, inoccupé, suite à sa demande. Sa sombre façade me menaçait et le portail imposant m’accueillait avec froideur.Je m'avançai silencieusement vers le perron, et sortis la clé rouillée de ma poche. Je l’insérai dans la serrure et la porte s’ouvrit dans un grincement. Un souffle de vent glacial me fit frissonner. 

L’obscurité et le silence assourdissant me convainquirent d’appuyer sur l’interrupteur le plus proche. Le couloir si familier me faisait face, et, tourmenté, j'accédai à la salle à manger. Tout le mobilier était resté à la même place, comme si le monde s’était arrêté. Un reflet scintillant attira mon attention dans une vitrine, près de la fenêtre. C’était une plaque oxydée et fissurée qui était à l’origine de cet éclat. Intrigué, je la pris en main et pus y discerner des inscriptions illisibles. 

Perdu dans mes pensées, j’en oubliai presque ma tâche. Je sortis de ma poche un papier et commençai à lister le mobilier présent. La pièce poussiéreuse m'oppressait, quand soudain j’eus l’étrange impression de percevoir une légère odeur de poudre. 

Je repris mon travail, cette fois-ci sur mes gardes. J’estimais le poids d’une armoire, quand il me sembla entendre un bruit lointain. Je tentai de définir la nature du son, en vain. Le volume devenait de plus en plus fort, et je fus effaré de découvrir que les bruits étaient en réalité des détonations. Avec l’intention de m’enfuir le plus rapidement possible, je tournai la poignée de la porte d’entrée. Elle resta dans ma main. Paniqué, mon cœur battait de plus en plus vite, tout comme les détonations étaient de plus en plus bruyantes, tout comme l’odeur de poudre devenait de plus en plus présente. 

Je me retournai et vis avec horreur une personne. Cette personne était gravement blessée, et au vue de l’état de son corps, il était surprenant qu’elle soit encore vivante. Je criai de toutes mes forces pour demander de l’aide à quiconque passerait par là. L’homme ne cessait de s’avancer vers moi, avec une expression singulière, un mélange de mélancolie et d’épouvante. Je remarquai que ses vêtements étaient semblables à ceux portés par les soldats de la guerre. Il portait autour du cou une plaque qui me semblait familière, de laquelle émanait une étrange lueur. Elle brillait et semblait neuve, et j’y vis inscrit avec stupeur mon nom, suivi du prénom de mon père, puis une date “1922-1945”. Ma vision devint trouble et je m’effondrai par terre. 

Je m’éveillai avec un mal de crâne insupportable et entendis non loin de moi un homme : “Vous pouvez contacter un centre psychiatrique, mais je doute qu’il y ait quelque chose à faire vu la gravité de son cas.”

Commentaires

1. Le 12 mars 2022, 09:57 par Manon

J ai bien aimé l histoire et le fait que le vocabulaire sois soutenu. De plus il n y a pas vraiment de fin ce qui nous laisse imaginer la suite de l histoire. Tu décris bien avec détail les actions par exemple: « et sortis la clé rouillée de ma poche. Je l’insérai dans la serrure » Les sentiments du personnage monte crescendo « paniqué » « mon cœur battait de plus en plus vite »
Néanmoins je trouve que tout ce déroule très vite sans laisser place au suspense.

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