L'apparition blanchâtre

Ce soir-là j'étais entouré de mes camarades de lycée, nous étions autour d’un feu de camp en nous racontant des histoires angoissantes. C’était maintenant à mon tour de raconter la mienne.

Cette histoire m’est arrivée plus jeune, à l’époque j’avais seulement dix ans, je vivais encore dans ma ville natale, Aix-en-Provence. Ce jour-là, mes parents étaient partis manger au restaurant. Ils avaient choisi de me laisser chez la voisine, Mme Roussel, pour la nuit. Cinq minutes après mon arrivée, elle décida de sortir marcher avec son chien, comme elle le faisait tous les soirs.

Entre temps, j'observais la maison, plutôt ancienne et délabrée. Le carrelage se détachait et grinçait quand on marchait dessus, la maison n’était pas très éclairée. Les meubles étaient recouverts de poussière, le papier peint se décollait et une odeur d’ancien manuscrit envahissait la pièce. Les fenêtres claquaient et les lumières s'allumaient et s'éteignaient répétitivement.

Les portes grinçaient et claquaient à chaque coup de vent, dehors c'était calme, la rue était sombre et vide, les lampadaires étaient éteints depuis un bon bout de temps. Les voisins d’en face étaient déjà couchés, comme pour tous les autres autour. Dans le jardin immense, le vent violent faisait voler les feuilles du chêne. Tout à coup, un corbeau se posa sur une branche et je sursautai bêtement. Ce corbeau semblait me fixer du regard. Je ne me sentais pas en sécurité dans cette maison.

Alors que je tentais de fuir son regard, je ressentis une douleur intense, si forte qu’elle rentra dans mon crâne comme un couteau qui me plante. La voisine ne rentrait toujours pas, alors je décidai de monter me coucher. Mme Roussel m’avait déjà préparé mon lit. Il était déjà minuit et j'étais épuisé. Quand je voulus poser mon pied sur la marche de l’escalier, je crus sentir un coup de vent, furtif et rapide, alors je me tournai mais je ne vis rien. Je n’y fis point attention et alla me coucher. Après m’être allongé, je crus entendre autre chose, mais cette fois ce fut un bruit très aigu, comme un grattement d’ongle sur la fenêtre. Je fus terrifié et commençai à transpirer, mon lit était trempé de sueur, le sommeil ne venait pas, l’insomnie me guettait et la solitude ne me rassurait pas.


Je vis sur la table de chevet un poignard, je trouvais cela absurde et je commençais à me poser des questions. Je perdais confiance en moi. 

Après un instant de réflexion, je crus entendre quelqu'un monter les escaliers d’un pas lourd et lent. Avais-je perçu cette chose se diriger peu à peu vers moi ? Par pur réflexe j’attrapai le poignard posé sur la table de nuit, je me levai couteau à la main en attendant son arrivée. J’avais le vertige, je tenais à peine debout. Les bruits de pas cessèrent. Je tremblai de peur et au même instant, la porte de la chambre s'ouvrit, mais il n’y avait personne, alors je me retournai et vis un homme le visage caché, vêtu de blanc de la tête au pied, allongé dans le lit ou j’étais couché deux secondes plus tôt. Je passai d’émotions en émotions. J'étais horrifié et terrorisé à la fois. Puis je m’écroulai sur le sol assommé par la peur. 

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