Une « Brigade d’Intervention Poétique et Musicale » dans les écoles.
Par asenhadji le 19 avril 2019, 17:08 - Lien permanent
Une « Brigade d’Intervention Poétique et Musicale » composée de François Lamotte, comédien, et de Sylvain Frydman, musicien (clarinette et objets sonores) a été mise en place dans le cadre de la manifestation nationale « Le Printemps des Poètes ».
Les deux artistes ont fait le tour des écoles élémentaires Paul Eluard, Marcel Cachin et Albert Petit du CE2 au CM2. Les élèves n’étaient pas avertis de la visite de ces deux « muses-ambassadeurs ». Ils ont été surpris mais ont accueilli avec enthousiasme cette interruption du quotidien. Ils se sont laissés emporter par un tourbillon d’émotions, de surprise, de sensations et d’écoute.
Nos deux brigadiers avaient la mission de revisiter le thème de la beauté à l’honneur cette année. Après avoir écouté une définition possible de celle-ci au préalable, ils ont pu modifier leur représentation de ce thème grâce à divers poèmes de Francis Ponge extraits du Parti Pris des Choses (1942). Ce poète décrit dans son œuvre la beauté des objets du quotidien qui sortent alors de la banalité dans laquelle nous les plongeons. Son parti pris était de poser sur le réel le regard neuf et émerveillé que possèdent les enfants.
Ainsi, les élèves ont pu se faire un film de la description de la pluie, de la bougie, de la mûre et des sensations de la fin de l’automne au rythme d’un accompagnement sonore adapté aux mots. Cela a amplifié et mis en valeur la musicalité des textes. Les détails donnés par ce poète font également appel aux souvenirs de sensations elles aussi banalisées. Cela faisait également parti de son projet. Le rappel de ces sensations mêlées à la mise en valeur de la banalité apparente des choses a touché nos petits auditeurs qui ont longtemps applaudi, échangé et demandé parfois à entendre de nouveau certains passages comme pour faire durer ce moment.
Ils ont pu entendre un extrait de Ballade à la Lune de Alfred de Musset pour clôturer cet interlude.
Leur regard sur les « choses » sera certainement changé… Il est sûr que ce beau partage leur a permis de se rendre compte qu’ils sont entourés de beautés s’ils regardent bien autour d’eux.
La parole est à François Lamotte (comédien) qui nous fait partager son expérience auprès des élèves :
« Ce qui est plaisant est de découvrir que les enfants sont ouverts à l’inattendu et qu’ils acceptent la convention des Brigades d’Intervention Poétiques et Musicales. En effet les artistes rentrent à l’improviste, déclament les textes, jouent de la musique et les élèves adhèrent sans résistance à cet imprévu. »
« Chaque passage est différent d’une classe à l’autre. Ce qui est étonnant est qu’ils peuvent rentrer dans des textes très « écrits » comme ceux de Francis Ponge. La musique permet de voyager avec le texte plus rapidement, plus facilement et avec plus de texture. »
« C’est un spectacle pour les deux artistes. J’improvise avec les mots, lui avec la musique. On s’adapte à l’instant, à la classe, à ce qui est en train de se passer, rien n’est figé. »
« Notre commande de départ est d’amener les élèves à écouter. Qu’est-ce que l’écoute des mots provoque : sonorité, musicalité. Le sens peut être là. Il peut renvoyer à des images. »
« Il s’agit d’amener les enfants à des questionnements :
- A travers les textes, sur ce qu’est la beauté.
- Sur leur regard comme celui de Francis Ponge.
- Sur leurs sensations qui sont des passerelles vers le propre sens de la beauté. »
« L’intervention s’achève par une discussion sur le sensoriel. Le texte sur La Pluie de Alfred de Musset est souvent revenu dans les échanges avec les élèves. A travers cette sensation connue, ils plongeaient dans cet univers. »
Des mots des élèves :
« On sentait bien la pluie. »
« Je vois la lune. » (à travers La Pluie de Alfred de Musset)
« Je vois les étoiles. »
« Je sens quand on est mouillé. »
Le parcours Langue au sein du REP Romain Rolland : point de vue de Mme Delorme professeure d’allemand en collège
Quels sont les objectifs pour vous de l’éveil aux langues en quelques mots ?
L’accent est mis sur la communication. Les élèves de primaire apprennent à écouter, à communiquer, tout le monde participe. Il n’y a pas de notes.
Ils peuvent avoir des premiers éléments plus culturels, géographiques, de civilisation avant l’entrée au collège.
En tant qu’enseignante en langue, que pensez-vous de cette offre de formation en langues vivantes ?
J’ai été très contente d’arriver sur Bagneux dans un réseau qui offre une telle diversité et la possibilité d’enseigner à des élèves de primaire.
La bilangue est une offre qui, je le pense, devrait être étendue aux autres langues. Je pense à l’espagnol notamment.
On a tout à y gagner car les élèves feront un choix réfléchi si l’offre est diversifiée et égalitaire dès le primaire dans le parcours langue.
En région parisienne, les enfants auront toujours besoin d’être bilingue ou trilingue. Cela est calqué sur les opportunités qui vont se présenter à eux en périphérie d’une capitale.
Qu’est-ce que cette expérience vous apporte ?
Cela m’a permis de développer d’autres pratiques professionnelles, de réfléchir à d’autres supports, d’échanger avec les enseignants du premier degré.
J’ai suivi deux stages au sein de l’institut Goethe afin de réinterroger ma pratique en vue d’enseigner en primaire.
Mon enseignement s’inscrit dans une continuité car je m’adresse à des élèves du Cm2 à la troisième à Bagneux.
A Romain Rolland, je dispense mes cours de la sixième à la troisième dans le cadre des classes bilangues. Egalement, l’offre en LV2 est proposée de la cinquième à la troisième dans les deux collèges.
Quel serait votre ambition pour pérenniser ces actions autour des langues ?
Je dirais qu’il faudrait plus de professeurs de langues pour rayonner autour de chaque établissement afin d’assurer cette continuité du premier au second degré.