C’est l’histoire d’une petite maîtresse de Bagneux. Elle est en CE2 et a, non des princes, mais des élèves charmants. Un matin, ces derniers découvrent que cette petite maîtresse a un secret. Elle écrit ! Ne pouvant cacher son bonheur, elle leur annonce que plusieurs petites histoires vont être publiées dans une toute petite maison d’édition.

— Mais… Tu ne peux pas être auteur ! s’écrie un enfant. Tu es maîtresse !

— Je croyais que les auteurs n’existaient plus ! Il y en a encore ? s’interroge un deuxième élève.

A son plus grand étonnement, ses petits CE2 n’en croient pas leurs oreilles. Ils découvrent que les auteurs existent encore de nos jours, qu’ils écrivent des livres et qu’il y en a un devant eux.
— Mais c’est toi qui as inventé l’histoire ? Ou tu as corrigé les fautes ? questionne un troisième, perplexe.

— Tu peux nous la lire ?

Brouhaha infernal ! La petite maîtresse ne s’attendait pas à une telle effervescence. Elle s’assoit, sort son manuscrit et leur raconte l’histoire d’un petit dragon parti en quête du faiseur de neige.
— Mais comment as-tu fait pour l’écrire ?

Une petite lumière s’allume dans l’esprit de la petite maîtresse. Hé oui, ne l’oublions pas ! Elle écrit mais elle est aussi enseignante. Elle leur retourne alors la question.

— A votre avis, comment peut-on faire pour écrire une histoire ?

Les élèves ont tous la main en l’air, les yeux écarquillés.

— On invente des personnages !

— Des gentils comme Fuyu !

— Des méchants !

— Des princesses !

— Des animaux magiques ? Comme dans ton histoire, maîtresse…

— On trouve un lieu.

Du grand château de roi à la petite cabane de chasseur, les élèves ont de quoi remplir un tableau tout entier. La petite maîtresse les relance. Cela ne suffit pas d’avoir des personnages.

— Il faut un danger !

— Des aventures ! Mais les gentils doivent toutes les réussir !

— Pas forcément !

Au fil de la séance improvisée, les élèves confectionnent une fiche pour inventer une histoire.
Enfin, la question est posée à nouveau à la petite maîtresse. Comment fait-elle pour inventer une histoire ?
Elle leur raconte alors :

— Je ferme les yeux avant de me coucher et les images apparaissent. Je laisse les images défiler et agir toutes seules dans ma tête. L’histoire arrive et je l’aide à grandir !

Le lendemain, j’écris ce que j’ai vu !

— Waaah ! C’est comme un pouvoir magique !

— En effet, on peut le voir comme un pouvoir magique. On pourrait l’appeler « le pouvoir des mots ».

— Moi aussi, j’aimerais bien l’avoir, s’exclame un élève.

— Vous pouvez tous l’avoir. Il suffit de l’utiliser, répond la petite maîtresse.

— C’est pour ça qu’on va à l’école, maîtresse ? Pour apprendre à utiliser ce pouvoir ?
— Pour apprendre à utiliser tous les pouvoirs de notre tête.

— Ha le pouvoir des nombres aussi ??

De nouveau une grande agitation. Les élèves découvrent l’école autrement. La petite maîtresse sent qu’un peu de magie s’est déversé dans la classe.

— On peut écrire une histoire, maîtresse ? Comme toi !

— Donne-nous une consigne pour faire comme toi !

Les petits élèves font référence aux consignes d’écriture données par les appels à texte. La petite maitresse leur donne alors les mêmes consignes et leur montre sur le site de la maison d’édition. Ils se mettent par groupe et aucun élève ne souffle. Ils sont tous emportés par le pouvoir des mots.

— Tu es une maîtresse/auteur. On sera des élèves /auteurs.

La magie dure encore. Certains rêvent de devenir des auteurs et d’être publiés. D’autres écrivent pour rêver et pour rire. Quelques-uns ne mettent plus les mots sur papier, mais ont soufflé à l’oreille de la petite maîtresse que ce secret les a aidés à mieux trouver le sommeil.