Le street art dans la rue mais pas seulement
Par École primaire Paul Éluard le 18 juin 2018, 19:06 - Lien permanent
Cette année, la classe de CM1/CM2 de M. Greco de l’école Paul Éluard a effectué un projet autour du street art. Le projet a réuni les élèves mais aussi les parents, un agent territorial à la culture et un artiste Balnéolais.
Ce projet pluridisciplinaire avec une forte dimension artistique a été un moyen de travailler un axe fort, à savoir les relations école familles en plus de l’acquisition des compétences du socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
En début d’année, le projet a été présenté à la classe par l’enseignant. Les élèves ont tout de suite adhéré et avec leur maître ont élaboré les contours de ce projet.
Dans un premier temps, cela ne concernait que la classe, mais très rapidement, le projet a pris une toute autre envergure.
Afin de réaliser le projet, il a fallu aller chercher des financements. Pour ce faire, la classe a participé à un concours organisé par la Caisse des Allocations Familiales des Hauts-de-Seine : « Récréa’caf ».
Les élèves, accompagnés de leur enseignant et de plusieurs parents, se sont rendus à Nanterre le mercredi 29 novembre pour présenter les grandes lignes du projet à un jury composé de personnes de la CAF et d’une Inspectrice de l’Éducation Nationale.
L’après midi a été fructueuse puisque 2000 € ont été récoltés pour la mise en œuvre du projet.
L’étape suivante a été de se rapprocher d’artistes afin de bénéficier de leur expertise et de leur aide. Le maître de la classe a rencontré Tony Tchadjeu (agent territorial à la culture de la mairie de Bagneux) et Estève, EAJ de son nom de street artiste
Lors de cette rencontre, le projet a évolué encore pour définir des actions qui permettraient à tous les acteurs de réaliser leurs objectifs.
La convergence des objectifs ayant eu lieu, cela s’est traduit par trois types d’actions :
- Le travail en classe
- Des ateliers à l’école avec les parents
- Des ateliers à l’espace Marc Lanvin.
En classe, l’enseignant s’est inscrit dans une démarche de pédagogie de projet pour proposer aux élèves des situations d’apprentissages et les enrôler.
La pédagogie de projet (ou Pédagogie du Projet Elèves, PPE) est une forme très aboutie de pédagogie dite active. La PPE repose sur un projet qui débouche sur une production concrète qui sera communiquée à l’extérieur. Elle permet l’apprentissage de nouveaux savoirs, savoir-faire et savoir-être, en se confrontant au groupe et aux objets problèmes rencontrés. Elle offre une image valorisée de l’élève et permet à ce dernier de trouver davantage de sens à la fréquentation de l’école.
Le cadre théorique dans lequel s’inscrit la pédagogie de projet est celui de l’auto-socio-construction des savoirs, ou socio-constructivisme. Selon Alain Dalongeville, le constructivisme correspond à l’idée que les connaissances ne se transmettent pas, mais se construisent. Le socio-constructivisme maintient l’idée constructiviste mais intègre en plus le fait que les personnes apprennent dans l’interaction, dans la confrontation avec d’autres.
L’enseignant : « Une fois le projet acté et partagé par les élèves, j’ai tenté de trouver des supports sur le thème du street art, mais également des supports totalement détachés afin qu’ils puissent éprouver les compétences récemment acquises ou renforcées. Cela a permis qu’ils reprennent confiance en eux et qu’ils aient encore plus envie de prolonger leurs efforts. »
Ainsi, de nombreuses compétences ont été travaillées dans de nombreux domaines du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. En effet, le projet a dépassé le seul cadre des arts plastiques, de la rencontre avec des œuvres, des artistes, de l’apport de connaissances et de la création. De la lecture (roman, documentaires, poèmes, interviews), à l’écriture en passant par la géographie, l’histoire, l’histoire des arts, les mathématiques et l’éducation morale et civique, tous les domaines ont été abordés dans ce projet pluridisciplinaire.
En parallèle, deux ateliers de création et pratiques artistiques ont été organisés à l’école des vendredis après midi après la classe.
De nombreux outils et supports utilisés par les street artistes ont été mis à disposition des familles (une quinzaine présentes ce jour là).
Après avoir expliqué la démarche et fait un bref rappel concernant la naissance du street art, l’enseignant a proposé aux familles de réaliser des œuvres avec pour seule consigne « réaliser des œuvres ensemble ».
Dans un silence olympien et une atmosphère calme et paisible, tous se sont mis à créer et ont laissé libre cours à leur imagination, les œuvres prenant vie sous les coup de crayons, de feutres et autres pinceaux et aérosols. Outre ce moment créatif, ce fut l’occasion de partager entre familles, avec l’enseignant dans un cadre différent d’une réunion ou d’une remise de livret, d’échanger entre acteurs participant à la construction des enfants, des élèves.
De l’avis de tous, cette initiative fût bienvenue au sein de l’école, un moment riche en partage.
Enfin, durant trois samedis après midi, parents, élèves et enseignants se sont rendu à l’espace Marc Lanvin (structure municipale de Bagneux) afin de réaliser une œuvre collective autour du thème de la parentalité.
La parentalité étant un objectif conjoint pour la municipalité et l’Éducation Nationale.
Accueillis par Tony et Estève, tous ont été initiés à l’art du graffiti.
Cette fois encore, dans une atmosphère très agréable et studieuse, les échanges ont été riches.
Après la séance, tous se sont retrouvés autour d’un goûter offert par l’hôte de ces lieux. Et lors de ce moment de convivialité, chacun a pu connaître un peu plus l’autre et échanger autour de ce qui rassemblait tous les acteurs : le partage, l’éducation,…
En plus de ces moments passés ensemble à réaliser une œuvre qui sera présentée à l’école mais également dans différents endroits de la commune, les familles ont pu découvrir une structure de leur quartier. Cette structure accueille les jeunes balnéolais dès 11 ans, âge qu’auront les élèves l’an prochain quand ils seront collégiens.
Ce projet a permis de réunir différents acteurs qui évoluent autour des enfants, mais qu’en pensent les principaux intéressés ?
« Nous avons aimé le projet street art car nous avons découvert beaucoup de nouvelles choses avec nos parents parfois. Partager ce moment en famille et avec d’autres familles était enrichissant et agréable.
Découvrir de nouvelles choses en même temps que nos parents a permis de partager et de communiquer plus avec eux.
Nous avons pu réaliser des œuvres sur des toiles et préparer le vernissage.
Grâce à Tony et Estève qui ont partagé leurs connaissances, nous avons appris des nouvelles techniques.
Nous remercions notre enseignant, M. Greco, d’avoir monté ce projet et d’avoir donné de son temps personnel. »
Pour les parents : « cela nous a permis de passer du temps avec nos enfants, à l’école où il passent beaucoup de temps. Nous avons pu faire des activités nouvelles avec eux.
Cela nous a donné envie de continuer, nous avons acheté du matériel pour la maison et sommes allés voir des œuvres dans Paris avec eux.
Pendant ces rencontres, nous avons discuté avec l’enseignant de la scolarité de nos enfants et du fonctionnement de l’école et du collège pour l’an prochain, ce qui nous a rassurés. C’est agréable et plus facile de parler dans ce contexte.
Nous avons aussi rencontré d’autres familles et pu échanger sur leurs façons de faire avec leurs enfants.
La découverte de l’espace Marc Lanvin nous a donné envie de les inscrire et même de faire des activités pour adultes s’il y en a d’organisées. »
Pour Estève et Tony : « je trouve intéressant de partager avec les familles et surtout les enfants. Quand j’étais enfant à Bagneux, j’ai découvert l’art du graff seul. Grâce à ces ateliers, la pratique est encadrée et je peux leur transmettre des connaissances que j’ai acquises seul et grâce aux autres graffeurs que j’ai rencontré à travers le monde. Et puis tout le gris des murs de notre environnement urbain a besoin qu’on y mette de la couleur ! »
« Ce projet entrait en résonnance directe avec le projet Kolorz que nous avons mis en place sur la commune. Plusieurs actions ont déjà eu lieu avec des artistes, dont des balnéolais, dans plusieurs sites de la ville. L’accès à la culture, ces moments de partage avec les familles et le travail autour de la parentalité sont des enjeux auxquels nous tentons de répondre. Le travail engagé avec l’école Paul Éluard depuis deux ans a été très enrichissant et les œuvres réalisées ont été valorisées. »
Article co-rédigé par les acteurs du projet.