LES JEUX SYMBOLIQUES

Ces jeux se retrouvent souvent dans «les coins»: poupées, marchande, dinette... et proposent aux enfants des situations de fiction ou d'imitation qui leur permettent d'accéder au monde des adultes.

Ces endroits sont encore trop souvent utilisés seulement à l'accueil, ou comme endroits de «délestage» accessibles lorsque l'enfant a fini «son travail». Parfois même, ils ont complètement disparus de la classe, surtout en grande section. Maintenant, les nouveaux programmes nous demandent de repenser ces coins jeux comme des lieux d'apprentissage à part entière. L'enseignant-e doit aménager les endroits, les transformer, les faire vivre tout au long de l'année, proposer des scénarios de jeux aux enfants, pour entretenir ou relancer leur intérêt tout en visant des apprentissages ciblés.

Pour l'enfant, ce jeu est «gratuit», c’est lui qui le choisit et choisit la manière d’y jouer, qui décide d'y mettre fin ou de le transformer.

Voici un coin jeu dans une classe de Petite section: «chez le docteur»

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L'enseignante propose par une organisation matérielle réfléchie, un scénario aux enfants. Une situation bien connue d'eux: la visite chez le docteur dont ils gardent souvent de mauvais souvenirs!

Le coin jeu est transformé en salle d'attente avec banquette, revues posées sur une table, bureau avec un téléphone et affichage que les enfants ont déjà pu voir en réalité. L'enfant qui a la blouse blanche devient le docteur, les autres: les patients. Chaque enfant, librement choisi le personnage qu'il veut jouer. Cette situation va forcément «orienter» le langage des enfants et développer des interactions langagières.

En effet, le constat a été fait que le jeu «libre» est propice au langage, et souvent les enfants dans ce contexte s'autorisent à parler et laissent apparaître un niveau de langue plus élevé que dans des situations classiques, comme lors d'un atelier langage.

Par ailleurs, sans critères de réussite, ces jeux sont pour les enfants «des moments de respiration psychique, de détente, où des acquisitions effectuées à d'autres moments de la classe peuvent s'exercer en situation».

Les enfants deviennent également les instigateurs de leur propres apprentissages car, comme le souligne Madame Lafontan : «avec leur façon de jouer, ils provoquent des manques, des besoins, des situations problèmes qu’ils vont ensuite essayer de résoudre avec l'aide de l'enseignante.»

Ici, la mallette du docteur, achetée à Noël suite au travail mené sur l’album de Frédéric Stehr: L’infirmière du docteur Souris (étudié lors de la randonnée littéraire) n’a pas suffit aux enfants.

Pour réguler les problèmes d'organisation du jeu (qui fait quoi?), l’idée de la blouse a été émise par les enfants, l’enseignante l'a apportée. Les enfants ont aussi été confrontés aux problèmes d'agencement de l'espace: une salle d'attente a été installée. La trousse s’est enrichie de pansements, bandes et boîtes de cachets fictifs au fur et à mesure de leurs demandes.

C'est donc un espace qui évolue pour et avec les enfants et les accompagne dans leur appropriation de ce jeu de fiction.

Un dernier point et non des moindres pour que ces endroits réapparaissent et revivent dans toutes les sections de l'école maternelle, c'est qu'ils favorisent le langage et le «jouer ensemble».

Ils sont donc un levier puissant pour permettre la concrétisation d'un des objectifs majeurs de l'école : «le vivre ensemble».

 

LES JEUX DE CONSTRUCTION

«Ils aident l’enfant à se construire lui-même et à prendre sa juste place dans son environnement» (éduscol).

Ces jeux ont plusieurs atouts: ce sont des supports de langage, des problèmes de technologie, de mathématiques et de logique.

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Cette action s'inscrit dans notre projet d'école. Nous débutons cette année. Nous souhaitons le faire vivre sur plusieurs années.

Nous avons créé un fond important pour ces trois jeux de construction ( avec assez de pièces pour un atelier de 6 enfants environ). Ces jeux sont d'ailleurs mutualisés avec le périscolaire sur le temps des TAP.

Nous souhaitons mettre en place une progression spiralaire (reprise des jeux à chaque nouvelle année) pour favoriser la cohérence des apprentissages, créer une culture commune à tous les enfants de l'école et parce que nous savons que «les enfants apprennent en s'exerçant». En effet, les apprentissages de ces derniers s’inscrivent dans un temps long et leurs progrès sont rarement linéaires. La stabilisation des acquis nécessitent de nombreuses répétitions dans des conditions variées.

Cette organisation nous permet donc d'installer une réelle progression sur les 3 niveaux de l'école maternelle qui va de la liberté de découverte en petite section, à la consigne semi-fermée en moyenne section, à la consigne fermée en grande section.

À terme, nous proposerons une fois par trimestre aux parents volontaires de venir jouer avec leur enfant sur un temps de classe.

L'élève manipule, observe, s'interroge. Dans le jeu de construction libre, l’enfant puise dans ses savoir-faire pour atteindre le but qu’il s’est fixé.

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Au cours d'une réalisation effectuée à plusieurs, l’enfant peut observer comment procède un pair.

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Lorsque la construction est achevée, une présentation donne lieu à des échanges.

 

Ainsi, dans la classe de moyenne section de Sylvie Lorier, l’utilisation des jeux de construction par les élèves a donné lieu à de nombreux échanges entre pairs avec comme principaux objectifs:

- de manipuler seul ou à plusieurs des objets pour organiser un système cohérent,

de développer l’imaginaire en inventant, ensemble, une histoire à partir des observations, des descriptions et des questionnements communs autour des constructions réalisées (notamment des histoires de châteaux-forts attaqués par des dragons, des histoires d’incendies…),

- d’enrichir le vocabulaire des enfants dans la thématique retenue par eux,- d’améliorer la syntaxe des enfants, par exemple au niveau de la maîtrise de différents types de phrases (Qu’as-tu voulu faire en…?...) et des connecteurs logiques (Es-tu sûr qu’il y a le feu parce qu’il y a les pompiers ou que les pompiers sont là car il y a le feu?)

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En grande section, construire une maison pour les poupées, un garage pour les voitures, un pont pour traverser la voie ferrée, offre des perspectives propices à engager l'enfant dans l’action, seul ou avec des camarades. Ces opportunités ne sont pas fortuites, elles sont provoquées par un aménagement préalable pensé par l’enseignant

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Tout comme pour les jeux symboliques, l'enseignant par son organisation pédagogique favorise des situations d’entraide et de coopération, qui sont particulièrement bénéfiques au climat scolaire.

 

LES JEUX À RÈGLES

(pour les plus grands)

Dans la découverte par le jeu, il y a toujours «un enjeu pour l’enfant».

 

Les jeux encadrés (plus «pédagogisés») sont l’occasion pour l’enseignant d’exploiter le goût naturel de jouer des enfants. il organise ces jeux avec des intentions éducatives énoncées clairement aux enfants.  Il transmet ainsi des attitudes plus ritualisées en installant des règles apprises, qui renvoient à des normes sociales, comme dans les jeux de société.

L'enseignant recourt au jeu pour « didactiser» des savoirs en aiguisant la curiosité naturelle de l’enfant. En voici quelques exemples.

La marelle en colimaçon : deux enfants jouent ici à un jeu qui mobilise leurs compétences sur la discrimination syllabique

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Ceux-ci jouent à la bataille des nombres jusqu'à 20.

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Pour pouvoir y jouer ils doivent connaître entre autre: l'ordre des nombres et savoir si un nombre est avant ou après un autre dans la chaine numérique.

Et ces derniers jouent à un jeu de loto, sur les nombres avec la présence d'un chef de jeu pour réguler et rappeler les règles.

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Jeux symboliques, jeux dramatiques, jeux traditionnels, jeux moteurs, jeux à règles, jeux coopératifs, jeux dansés et chantés, jeux de manipulation... jeux de société, jeux de rôles... c'est parce que l’enfant approche le monde en jouant qu'il le comprend mieux.

 

Article rédigé par H. Guervenou, directrice de l'école Wallon maternelle