21 septembre 2016

Le lyrisme : schéma (2)

Le lyrisme se définit par l'union étroite de trois composantes : l'expression des émotions, la musicalité de la forme, et l'évocation de la nature.

Le schéma qui suit donne quelques pistes d'analyse pour le commentaire sur les textes lyriques : chaque branche indique des idées qui peuvent être développées à propos de chacun de ces aspects (mais elles ne serviront pas forcément toutes à la fois pour chaque texte : à vous de choisir les plus pertinentes). Il est complété par le schéma sur l'union de ces trois éléments.

Vous trouverez des éléments de commentaire autour de ce schéma dans le cours sur le lyrisme.

le lyrisme : pistes pour l'analyse des trois composantes
le lyrisme : pistes pour l'analyse des trois composantes, sept. 2016

 

Les thèmes poétiques les plus fréquents

Dans ce diaporama, on se demandera quels sont les thèmes de prédilection des poètes, et pourquoi les poètes privilégient ces thèmes : les thèmes poétiques les plus fréquents

Vincent Van Gogh, "Le Jardin du Poète" (1888)
Vincent Van Gogh, "Le Jardin du Poète" (1888), sept. 2016

Si vous n'arrivez pas à ouvrir le fichier, vous trouverez sa version PDF ici : les thèmes poétiques les plus fréquents : version PDF

Ce billet est une première approche : pour approfondir ce cours, vous pouvez vous reporter aux billets suivants (des liens seront ajoutés au fil des cours) :

Le lyrisme : schéma (1)

Le lyrisme se définit par l'union de trois composantes : la musique (la lyre), l'expression de ce que l'on ressent (émotions, sentiments), et l'évocation de la nature. (Ils sont détaillés dans un autre schéma)

La présence de l'un de ces éléments pris isolément ne suffit pas à définir le lyrisme  : ce sont les échanges de l'un à l'autre qui rendent un texte lyrique.

Vous trouverez des éléments de commentaire autour de ce schéma dans le cours sur le lyrisme.

le lyrisme : les liens entre les trois composantes
le lyrisme : les liens entre les trois composantes, sept. 2016

 

Formes de l'écrit (écrit scolaire)

les formes de l'écrit
les formes de l'écrit, sept. 2016

 

18 septembre 2016

Qu'est-ce qu'un livre ?

diaporama de cours sur le livre : Qu'est-ce qu'un livre ?

→ Si vous avez une question, laissez un commentaire sur ce billet !

livres
livres, sept. 2016

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Formes de l'écrit : leurs caractéristiques

les caractéristiques des différentes formes de l'écrit
les caractéristiques des différentes formes de l'écrit, sept. 2016

 

exercice : lire la consigne d'un sujet d'invention

Consigne : Pour chacun des sujets d'invention suivants :

- identifiez la forme d'écriture (genre littéraire) qui vous est demandée, et soulignez les mots de la consigne qui vous l'ont indiqué.

- identifiez le type de sujet auquel vous avez affaire (la façon dont les textes du corpus sont utilisés par la consigne d'écriture) et surlignez les mots qui vous l'ont indiqué.

→ Le corrigé est en pièce-jointe. Mais si vous avez une question ou une hésitation, laissez un commentaire sur ce billet !

Liste des sujets en format PDF : sujets d'invention : exercice

1. A l’occasion d’une commémoration, vous prononcez un discours élogieux à propos d’un écrivain dont vous admirez l’œuvre. Ce discours pourra réutiliser les procédés, à vos yeux les plus efficaces, mis en œuvre par les auteurs du corpus.

2. Vous découvrez au concours Lépine une invention dont la nouveauté, l’utilité et l’ingéniosité vous séduisent. Désireux de partager votre découverte et de communiquer votre enthousiasme, vous écrivez un article dans le journal de votre commune. Votre texte comprendra au minimum une quarantaine de lignes.

3. Un metteur en scène réunit ses comédiens et les techniciens de son équipe. Il expose, en les justifiant, les choix de mise en scène qu’il envisage pour La Nuit Vénitienne de Musset (texte C).

4. Vous ferez l’éloge poétique, en vers (libres ou réguliers) ou en prose, d’un objet quotidien de votre choix. Vous devrez prendre appui sur des procédés d’écriture que vous aurez repérés dans le corpus. Votre poème comportera au moins vingt lignes.

5. Imaginez, sous la forme d’un monologue intérieur, les réflexions et la méditation d’un monument installé depuis longtemps dans un lieu de votre choix : il s’interroge par exemple sur sa raison d’être, le comportement des hommes, son devenir, etc.

6. Imaginez la suite du texte C. Après avoir été exhibé dans les rues de la ville par son nouveau maître, l’ours échappe à la surveillance de ce dernier et retrouve enfin sa forêt natale. Vous narrerez ces épisodes en ayant soin d’exprimer les émotions et les pensées du personnage. Vous veillerez à respecter les choix d’écriture du texte initial. Votre texte comprendra une quarantaine de lignes au minimum.

7. Vous rédigerez une scène de déclaration rendant compte des difficultés à dire(une faute, un sentiment, une décision …). Vous veillerez à tirer profit des caractéristiques du théâtre. Votre texte comportera une soixantaine de lignes environ.

8. Imaginez la lettre qu’aurait pu adresser Ionesco à un metteur en scène de sa pièce à propos du dénouement. Dans cette lettre, il explique comment, selon lui, l’actrice doit jouer le rôle de Marguerite et précise les éléments de mise en scène qui accompagnent la mort du roi. Rédigez cette lettre en vous fondant sur vos expériences personnelles de spectateur et vos lectures.

9. Un article paru dans une revue littéraire reproche aux poètes de privilégier des thèmes graves et sérieux. Vous répondez à cet article par une lettre destinée au courrier des lecteurs de cette revue. Votre réponse comportera des arguments qui s’appuieront sur les textes du corpus, sur ceux que vous avez étudiés en classe, et sur vos lectures personnelles.

10. Posté à une fenêtre, vous observez un lieu de votre choix. En vous inspirant, par exemple, des procédés employés dans les textes du corpus, rédigez la description détaillée de ce paysage, de façon à ce qu’elle reflète vos états d’âme.

11. A l’occasion de la réédition de Paul et Virginie, un critique littéraire propose une analyse moqueuse du paradis décrit par Bernardin de Saint-Pierre et lui oppose un jardin d’Eden plus conforme aux aspirations du XXe siècle. Vous rédigerez cet article, en un minimum de 50 lignes.

12. A votre tour, écrivez un poème en vers ou en prose, qui évoquera la chambre de Vincent Van Gogh (document D, tableau). Votre poème prendra notamment appui sur la lettre à Théo, mais devra refléter les sensations et les sentiments personnels que vous inspire ce lieu. Vous vous appliquerez à proposer des images poétiques qui permettront de dépasser la simple description réaliste. Votre texte comprendra au minimum une trentaine de lignes ou de vers.

13. Un metteur en scène désapprouve la conception trop directive des interventions de Ionesco dans la mise en scène des Chaises (textes C et D). Dans une lettre adressée à un collègue fidèle aux indications de Ionesco, il défend sa propre conception de la mise en scène et sa liberté par rapport aux auteurs. Il s’appuie sur des exemples précis d’autres représentations. Rédigez cette lettre.

14. Vous imaginerez la suite du dialogue, en prose, entre Alceste et Philinte (texte 1). Alceste persiste dans sa vision de la société. Philinte ne la partage pas et s’oppose à lui. Vous veillerez à utiliser des procédés propres à l’argumentation et respecterez le niveau de langue des personnages.

15. Le Prince de « La Belle au Bois rêvant » (texte B), déçu, s’efforce de détourner la Belle de son projet de rester endormie. Rédigez son discours.

16. A l’issue de la lecture du texte de Rostand, vous faites part à un professeur de votre désaccord avec la thèse défendue par le fameux biologiste. Ecrivez, après une rapide entrée en matière narrative, le dialogue avec ce professeur qui, lui, défendra la position de Rostand. Votre texte comportera au minimum une soixantaine de lignes.

17. Un lecteur écrit à l’éditeur de Georges Perec, pour s’indigner que l’on puisse publier Les Choses, livre dont les personnages lui semblent sans morale et trop attachés à la possession de biens matériels. Vous rédigerez successivement la lettre du lecteur et la réponse de l’éditeur. Vos lettres auront un développement suffisant pour donner place à une argumentation structurée. Elles seront rédigées dans un langage correct. Vous ne signerez pas vos lettres.

Corrigé : sujets d'invention : corrigé

17 septembre 2016

le corpus

diaporama de cours sur la question de corpus : la question de corpus

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comparer.jpg
comparer.jpg, sept. 2016

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le commentaire de texte

diaporama de cours sur le commentaire de texte : le commentaire de texte

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enquêter
enquêter, sept. 2016

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la dissertation

diaporama de cours sur la dissertation : la dissertation

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débattre
débattre, sept. 2016

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l'invention

diaporama de cours sur l'écriture d'invention : l'écriture d'invention

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→ Une fois que vous avez visualisé le cours, entraînez-vous à identifier ce qui vous est demandé en faisant cet exercice.

imaginer
imaginer, sept. 2016

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05 septembre 2016

La Lettre

Vous trouverez dans ce diaporama un cours sur l'écriture des lettres : La Lettre

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un exemple de lettre
un exemple de lettre, sept. 2016

 

23 mars 2016

"Le Bourgeois-Gentilhomme" de Molière joué par la compagnie Colette Roumanoff

Dans la comédie-ballet de Molière, se rejoignent deux aspects de son époque :

  • D'un côté, elle répond aux désirs du roi : Louis XIV, le "Roi-Soleil", aimait la danse et la musique. Il était d'ailleurs lui-même un bon danseur, et dansait dans certains des ballets qu'il faisait organiser à la Cour.
  • D'autre part, l'ambition de l'époque classique était de recréer un théâtre "total", comme celui qui existait dans l'Antiquité, c'est-à-dire de créer un théâtre qui mêle tous les arts, en associant le texte dit à des passages chantés et dansés.

Le monologue de l'Avare joué par Louis de Funès

Comme tous les Classiques, Molière a écrit certaines de ses pièces en imitant des pièces de théâtre de l'Antiquité. Celle de ses pièces où cette démarche est la plus nette est L'Avare : il y reprend l'intrigue de l'Aulularia de Plaute. "Aulularia", en latin, signifie "marmite". La pièce raconte l'histoire d'un avare, qui se fait dérober la marmite d'or qui est tout son trésor ...

La Commedia dell'arte

La commedia dell'arte est une forme de comédie improvisée, qui se jouait dans la rue, sur des trétaux, avec des masques correspondant à chaque personnage. En Italie, elle s'oppose à la commedia erudita, qui est une comédie écrite, jouée en intérieur. Le tableau ci-dessous représente quelques-uns des principaux personnage de la commedia dell'arte : essayez donc de les identifier !

personnages de la Commedia dell'arte

personnages de la commedia dell'arte

Les personnages de la Commedia dell'arte se répartissent en trois catégories :

  • Les zanni sont des personnages de valets : souvent, ce sont des paysans venus travailler en ville. Il y a deux types de zanni : les valets intelligents et rusés, et les valets naïfs et ridicules, mais qui sont parfois capables de trouver des ruses habiles de manière totalement imprévisible. Plus le nez du masque est long, plus le personnage est ridicule. Les zanni se nomment Scapin, Brighella, Sganarelle, Arlequin, Polichinelle et Pedrolino (ancêtre de Pierrot).
  • Les vieillards (souvent avares et vicieux) : Tartaglia, Pantalone, Le Capitaine, Le Docteur, La Signora.
  • Les amoureux (ou les enfarinés) : Colombine, la servante ; Isabelle (ou Sylvia, ou Florinda) ; Lélio (ou Léandro, ou Flavio).

Pour plus d'informations sur ces personnages et sur la commedia dell'arte en général, vous pouvez vous rendre sur le site dramaction.

14 mars 2016

Une version cinématographique du "Tartuffe" de Molière

Voici une version cinématographique du Tartuffe. En commentaire, analysez les différences qui apparaissent entre la mise en scène de la pièce au théâtre et au cinéma.

Mise en scène du "Tartuffe" de Molière par la compagnie Colette Roumanoff

Voici une mise en scène du Tartuffe de Molière par la Compagnie Colette Roumanoff. Montrez-moi que vous avez vu la vidéo en me disant en commentaire ce que vous avez pensé de cette mise en scène.

03 mars 2016

Le Mythe du Bon Sauvage

I. « Hommes tout fraîchement sortis de la main des dieux » : le Nouveau Monde et ses sociétés primitives, ou le rêve nostalgique d’un âge d’or préservé

Le « Nouveau Monde », un monde vierge

Le mythe du Bon Sauvage fait son apparition avec les Grandes Découvertes : pour les occidentaux du XVIe siècle, la découverte des Amériques apparaît comme la découverte d’un monde vierge et sauvage.

→ Les différents noms données aux terres découvertes à partir de 1492 témoignent bien de cette façon de voir, qui est à l’origine du mythe du « Bon Sauvage ».

  • Les Européens appelèrent d’abord ces terres « Indes occidentales », pour les distinguer des « Indes orientales », que Colomb espérait atteindre par l’ouest, pour ouvrir de nouvelles routes commerciales vers la Chine et l’Inde. Ce premier nom est resté aux populations qui peuplaient l’Amérique avant l’arrivée des Européens, que l’on appelle communément Indiens et parfois, pour les distinguer des Indiens d’Inde, Amérindiens. Dans ce nom se lit le rêve d’exotisme qui animait les explorateurs européens du XVIe siècle. Le « Bon Sauvage » est avant tout une figure de l’altérité.

  • Mais bien vite, un autre nom fut donné à ces terres que l’on venait de découvrir, celui de « Nouveau Monde ». Nouveau, ce monde ne l’était pas seulement parce qu’on en ignorait l’existence jusqu’à ce jour. Il l’était aussi par opposition avec l’Ancien Monde, le monde européen, qui se pensait lui-même comme un monde vieillissant et proche de sa fin : nombreux sont ceux, au XVIe siècle, qui croient vivre la Fin du Monde, surtout dans la seconde moitié du siècle lorsque se développent les guerres de religion. Le « Nouveau Monde » représente donc un monde « neuf », qui n’a pas vieilli, mais qui est resté tel qu’il avait été créé, avec des habitants dont on imagine qu’ils continuent de vivre comme aux premiers temps de l’humanité.

« Ils vivent selon la nature ». Le Bon Sauvage, un homme resté proche de la Nature

Cette impression que les terres découvertes forment un monde « neuf » peut être liée à plusieurs facteurs, mais elle tient particulièrement au mode de vie des populations amérindiennes.

Bien entendu, il est difficile de faire des généralités, car les civilisations rencontrées par les Européens à partir de 1492 sont très diverses. Les cités des Incas ou des Aztèques, par exemple, ont tant impressionné les Espagnols et les Portugais, qu’elles ont donné naissance au mythe de l’El-Dorado. Mais les explorateurs ont aussi rencontré un grand nombre de peuples de chasseurs-cueilleurs, dont le mode de vie, très éloigné du leur, pouvait sembler plus « primitif » et plus « sauvage », car il était plus proche de la nature. De manière générale, d’ailleurs, les Occidentaux ont probablement dû être sensibles aux cultes rendus à certains éléments naturels par de nombreuses populations.

Commence alors à se développer l’image d’un monde qui serait « sauvage » et « primitif » d’une manière positive, car cela signifie qu’il est resté plus proche de la Nature. Or la Nature est souvent utilisée comme une norme, un modèle, par rapport auquel les différentes sociétés sont évaluées : plus une société est conforme à la nature humaine, moins elle est dénaturée ou contre-nature, meilleure elle est. Dans ce contexte, l’adjectif « sauvage » cesse d’avoir le sens négatif de « barbare » pour commencer à signifier « naturel » : on le voit en particulier chez Montaigne, qui consacre tout un développement de l’essai « Des Cannibales » à ce travail sur les mots. C’est le début du mythe du « Bon Sauvage ».

Le parallèle avec l’Âge d’Or : de l’harmonie avec la Nature à la proximité avec les origines de l’humanité

Montaigne et les explorateurs qui racontent leurs voyages (Jean de Léry, Jacques Cartier, etc.) vont plus loin : ils pensent qu’une société plus proche de la Nature est aussi une société qui a moins évolué, qui est restée plus proche des origines de l’humanité. Le mythe du Bon Sauvage tire donc une grande partie de sa séduction de la nostalgie des Européens, qui regrettent de n’être pas restés proches de leurs racines, de la nature, etc. Cette idée s’exprime à travers deux comparaisons :

  • D’une part, la culture des indiens est souvent comparée à la culture de l’Antiquité :

    • Premier exemple : Leur façon de rendre un culte aux éléments naturels est mise en parallèle avec le polythéisme des Grecs et des Romains, dont les dieux régissent souvent des éléments ou des passions (Vénus pour l’amour, Neptune pour les eaux, etc.)

    • Second exemple : Leurs arts sont souvent comparés à ceux de l’Antiquité. Leurs chants, en particulier, sont fréquemment qualifiés d’« anacréontiques » (Montaigne, Bougainville). Anacréon était un poète grec de l’Antiquité : il représente aux yeux des humanistes de la Renaissance l’une des formes les plus anciennes de poésie lyrique.

      • Qualifier les chants des Indiens d’anacréontiques revient donc à dire que ceux-ci ont préservé des formes très anciennes de poésie, qu’ils continuent de chanter comme on le faisait aux origines de l’humanité.

      • En outre, la comparaison avec l’Antiquité est, pour les humanistes de la Renaissance, le plus beau compliment qui puisse se faire, puisqu’ils admiraient l’Antiquité, regrettaient d’avoir perdu les façons d’écrire de cette époque, et s’efforçaient de les restaurer. Cette comparaison contribue donc à valoriser les civilisation indienne, en les mettant sur le même plan que ce qui constitue le summum de la civilisation aux yeux des humanistes.

  • D’autre part, et c’est le plus important, les civilisations du Nouveau Monde sont souvent assimilées au mythe antique de l’âge d’or :

    • Il faut prendre en compte le cadre temporel dans lequel vient s’insérer cette idée : pour le XVIe siècle, l’évolution historique n’est pas un progrès, une évolution vers des temps meilleurs, mais une dégradation, une chute progressive de l’homme qui s’éloigne de plus en plus de sa nature originelle. Dans un tel contexte, une société plus proche des origines de l’humanité est nécessairement meilleure que les sociétés qui ont subi cette évolution. Les sociétés amérindiennes semblent alors aux Européens avoir préservé l’âge d’or dont parlent les mythes antiques.

    • C’est ainsi que, sur la base des observations de certaines coutumes amérindiennes, commence à s’élaborer une image idéalisée de ces sociétés : elles ne sont plus seulement décrites pour elles-mêmes, mais analysées à travers une grille qui vise à en faire des modèles de sociétés idéales, dépourvues de tous les défauts des sociétés européennes.

II. « Nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie » : le Sauvage Ingénu et la critique de la société occidentale

L’absence de tous les maux de la société occidentale

En effet, la définition de la société idéale des Bons Sauvages se fait toujours à travers la négation de certains aspects critiqués de la société occidentale :

  • Du point de vue économique, les Européens imaginent souvent que les Bons Sauvages ignorent tout de la propriété, du commerce et des rapports d’argents.

    • Cette croyance se fonde sans doute sur le fait que les échanges, dans ces sociétés ne reposaient pas forcément, comme en Europe, sur le recours à la monnaie, et sur le fait que la propriété pouvait prendre des formes très différentes, qui n’étaient pas nécessairement reconnaissables.

    • En règle générale, les philosophes et les voyageurs, du XVIe au XVIIIe siècle, considèrent que le Bon Sauvage n’a besoin ni de contrats, ni de monnaie pour ses échanges, et qu’il ne connaît pas la propriété et les frontières, sources de querelles entre les hommes. C’est ce qui contribue, à leurs yeux, à rendre ces sociétés pacifiques et heureuses : elles reposent sur un partage communautaire des richesses, sans hiérarchies ni mainmises.

  • Du point de vue politique, cette absence de contrats économiques va de pair, de manière générale, avec une absence de lois : les Bons Sauvages ne sont pas des peuples procéduriers, mais sont au contraire des peuples libres, qui ne suivent que la loi et la vertu naturelles, et n’ont donc pas besoin de magistrats pour juger des problèmes.

  • Du point de vue social, les Européens ont surtout été frappés par la différence des mœurs sexuelles des Indiens par rapport aux leurs. Ils ont donc imaginé que le Bon Sauvage vivat dans des sociétés où les rapports sexuels étaient totalement libres, sans mariages ni liens définitifs, sans couvents non plus.

  • La religion que les Européens attribuent aux Bons Sauvages est une forme de déisme qui reflète elle aussi un idéal de simplicité défini par opposition avec la complexité des dogmes et des rites des religions de l’Ancien Monde : elle est présentée comme une forme naturelle de croyance en un créateur, qui serait dépourvue de toutes les superstitions qui entourent le culte dans les religions orientales et occidentales. Le Bon Sauvage apparaît ainsi comme un personnage qui se contente de rendre honneur au monde qui l’entoure (culte des puissances naturelles) et à ses morts, sans s’embarrasser de coutumes artificielles qui dénaturent ce culte naturel.

→ Cette description des Amérindiens est évidemment très éloignée de la réalité, comme le reconnaissent parfois les auteurs eux-mêmes. Bougainville, par exemple, signale dans son voyage qu’il existe à Tahiti une hiérarchie sociale stricte, contrairement à ce qu’il avait d’abord cru. Faute d’avoir reconnu chez les Tahitiens les mêmes signes de hiérarchie qu’en Europe, il avait cru à l’existence d’une société égalitaire sur l’île : c’est en se renseignant auprès de l’un des Tahitiens, embarqué à son bord, qu’il a pu mieux comprendre le fonctionnement de la société tahitienne.

→ De même, tous les traits attribués au « bon sauvage » par les Européens sont généralement le fruit d’une construction idéale : à partir d’observations superficielles, les penseurs imaginent une société qui est à l’opposé de tout ce qu’ils trouvent critiquable dans leur propre société.

La raison naturelle du Sauvage : un homme sans préjugés … dont la « naïveté » et l’ingénuité peuvent être mises au service d’un regard distancié sur la société occidentale

Le portrait du Bon Sauvage en homme naturel, qui n’a contracté aucun des défauts caractéristiques des sociétés européennes en font un instrument privilégié de la satire :

  • Non seulement, en tant qu’étranger, il est naturellement amené à s’étonner de tout ce qui ne lui semble familier, et peut ainsi mettre en lumière certains ridicules de la société européenne.

  • Mais en plus, en tant qu’homme naturel, il est aussi dépourvu de préjugés : s’il est resté proche de l’état naturel de l’homme, il fait aussi usage de sa raison d’une manière naturelle, qui n’a été déformée par aucune éducation. Ses remarques sont alors supposées être inspirées par la raison naturelle elle-même, ce qui leur donne plus de poids. Le Bon Sauvage est donc un porte-parole rêvé pour dénoncer toutes les pratiques déraisonnables ou irrationnelles des Européens.

→ Cette faculté permet au Bon Sauvage de s’inviter même chez des auteurs qui se montrent par ailleurs critiques à l’égard de ce mythe, comme Voltaire : ils utilisent le regard « naïf » et rationnel du sauvage pour dénoncer les dysfonctionnements de leur propre société.

III. « La pure nature est bonne » ? Le mythe du Bon Sauvage et les débats du XVIIIe siècle sur la définition de la nature humaine

Le mythe du Bon Sauvage connaît un regain d’intérêt au XVIIIe siècle, dans le cadre des débats sur l’état de Nature. En effet, les philosophes du siècle des Lumières se passionnent pour la question des fondements de l’état social et politique : ils cherchent à définir un état social idéal, qui serait le plus conforme possible à la nature humaine. Il leur faut donc définir la nature humaine.

C’est dans cette perspective que toutes les découvertes de civilisations qui semblent plus proches de la nature que la civilisation occidentale les passionnent : les civilisations d’Amérique et des îles du Pacifique, comme celle de Tahiti, semblent offrir une image de ce que serait une société qui suivrait la « loi de Nature ». Elles sont abordées comme une sorte de modèle idéal de civilisation en harmonie avec les lois dictées par la nature de l’homme. On tourne alors un peu en rond : on cherche à définir à partir de ces sociétés ce qu’est l’état de nature, mais elles-mêmes sont décrites comme l’incarnation d’un état de nature défini a priori à partir de réflexions philosophiques …

→ Pour simplifier, deux façons de voir l’état de Nature s’opposent :

  • Pour certains, la violence et les inégalités sont dans la nature humaine, qui est dominée par la « loi du plus fort ». Dans cette perspective, la nature est un état sauvage, où les hommes luttent pour survivre, et où les plus forts s’imposent. Les inégalités sociales actuelles sont donc la conséquence directe de la loi de nature : les lois sociales établies par convention ont juste donné une valeur légale à des rapports de force déjà existants dans la nature, et rendu plus complexe le jeu des rapports de force. Dans cette perspective, l’état social n’est pas pire que l’état de Nature : il le prolonge. En revanche, l’état social, dans la mesure où il repose sur des lois, peut tempérer ce jeu naturel des inégalités, en établissant des règles. La vie en société est donc « meilleure » que la loi de nature, d’autant plus qu’elle apporte aussi les avantages des progrès techniques et de la culture.

  • Pour d’autres, au contraire, l’état de nature est pacifique et égalitaire. C’est évidemment cette seconde conception de l’état de Nature qui se retrouve dans le mythe du Bon Sauvage, où la nature est idéalisée. Cette seconde définition de l’Etat de Nature a été théorisée principalement par Rousseau, qui met en avant deux idées :

    • Les hommes font naturellement preuve d’empathie les uns pour les autres : ils sont naturellement portés à compatir aux malheurs des membres de leur espèce et à éprouver de l’horreur pour les actes de violence. L’état de nature n’est donc pas un état de violence, où l’homme est un loup pour l’homme, mais un état d’entente naturelle. C’est la vie en société, avec la propriété et la concurrence qu’elle implique, qui est à l’origine des rapports de force et de leur violence.

    • Les hommes naissent égaux en droits : les hiérarchies sociales ne sont pas dans la nature, elles sont un produit de la société. Cette idée se retrouvera, à partir de la révolution française, dans des textes comme la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui partent eux aussi du principe que l’existence d’une nature humaine commune à tous les hommes suppose l’exercice de droits et de devoirs également communs à tous les hommes.

20 février 2016

Lecture analytique : Voltaire, "L'Ingénu", chapitre 5 (L'Ingénu amoureux)

Voici les axes que l'on pourrait développer pour commenter le début du chapitre 5 de L'Ingénu, "L'Ingénu amoureux."

Vous montrerez que cet extrait associe la parodie des scènes de rencontre amoureuse et une satire qui n'épargne ni les sociétés occidentales, ni le Bon Sauvage lui-même.

- Commencez par décomposer la consigne afin d'élaborer un plan. Proposez-moi votre plan en commentaire de ce billet.

- Vous pouvez ensuite rédiger les paragraphes de la lecture analytique un par un, et me les envoyer sous la forme de commentaires du billet.

Lecture analytique : Voltaire, "Candide", début du chapitre 16 (Les Oreillons)

Voici les axes que l'on pourrait développer pour commenter le début du chapitre 16 de Candide ou l'Optimisme, "Ce qui advint aux deux voyageurs avec deux filles, deux singes, et les sauvages nommés Oreillons."

Vous montrerez que ce début de chapitre est conçu comme une comédie pleine de rebondissements, et que cette comédie est au service de la parodie et de la satire.

- Commencez par décomposer la consigne afin d'élaborer un plan. Proposez-moi votre plan en commentaire de ce billet.

- Vous pouvez ensuite rédiger les paragraphes de la lecture analytique un par un, et me les envoyer sous la forme de commentaires du billet.

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