18 février 2016

Lectures analytiques sur le "Voyage autour du Monde" de Bougainville et la lettre de Commerson

Voici les axes que l'on pourrait développer pour commenter les descriptions de l'île de Tahiti.

Pour le commentaire de l'arrivée du navire de Bougainville sur les côtes de l'île de Tahiti (premier extrait du Voyage autour du monde de Bougainville) : Vous montrerez que Bougainville reprend les lieux communs du récit de voyage pour composer une scène d'action plaisante tout en respectant la bienséance, et que cette scène permet de donner des Tahitiens une image qui relève du mythe du Bon Sauvage, car il assimile la vie des habitants de l'île à un véritable âge d'or représentatif de l'état de nature.

Pour le commentaire de la première visite de Bougainville sur l'île de Tahiti (second extrait du Voyage autour du monde de Bougainville) : Vous montrerez  que Bougainville manifeste le souci didactique de faire des observation détaillées et méthodiques mais que son récit fait se succéder une série de scènes de genre (lieux communs de la description des sociétés primitives), et que son récit aboutit à une représentation mythique d'une société qui ressemble à un âge d'or, par rapport auquel l'arrivée des Européens représente une entrée dans l'âge de fer.

Pour le commentaire de la lettre de Commerson sur l'île de Tahiti : Vous montrerez que Commerson fait l'éloge de Tahiti en décrivant une société idéale, qui ressemble à un âge d'or et qui incarne l'état de Nature tel que le décrit Rousseau.


- Commencez par décomposer chaque consigne afin d'élaborer un plan pour le texte que vous souhaitez travailler. Proposez-moi votre plan en commentaire de ce billet.

- Vous pouvez ensuite rédiger les paragraphes de la lecture analytique un par un, et me les envoyer sous la forme de commentaires du billet.

Sujet d'invention : "le récit d'Aoutourou"

Travail d'écriture à réaliser à partir du Voyage autour du Monde de Bougainville (1771).

Le Voyage autour du Monde de Bougainville est le récit d'une circumnavigation (un tour du monde en bateau) accomplie par Louis-Antoine de Bougainville entre 1766 et 1769 : l'un de ses buts était de cartographier l'océan Pacifique, encore mal connu à cette date. Le passage qui a le plus retenu l'attention dans ce voyage est le récit de la découverte de l'île de Tahiti. Et pour cause : les Tahitiens pouvaient sembler aux Européens être l'incarnation même du mythe du "Bon Sauvage".

Lorsqu’il repart de Tahiti, Bougainville doit accepter à son bord un insulaire qui souhaite les accompagner, et qui s’appelle Aoutourou. Il l’emmène jusqu’à Paris, et, après un séjour de quelques mois en France, Aoutourou monte à bord d’un navire qui doit le ramener chez lui.

Imaginez le récit qu’Aoutourou fait à son peuple lors de son retour. Vous lui ferez décrire une coutume européenne à laquelle il a assisté (ou participé) sans en comprendre tous les mécanismes. Le but de votre travail sera d'utiliser le regard naïf du "Bon Sauvage" pour faire la satire de cet aspect de la société occidentale. Vous aurez donc soin de choisir une coutume qui pourra paraître surprenante aux Tahitiens, en vous appuyant sur ce que Bougainville dit de la société de Tahiti (texte en pièce jointe).

15 février 2016

Exercices d'écriture autour du mythe de l'Âge d'Or

Pour réaliser l'exercice proposé dans ce billet, vous devez d'abord lire le billet intitulé "Le Mythe de l'Âge d'Or".

Une fois ce billet lu, vous pouvez faire les exercices de rédaction suivants, au choix, et me les envoyer sous la forme d'un commentaire de ce billet (n'oubliez pas de rappeler la consigne choisie au début de votre commentaire) :

Consigne n°1 : En vous appuyant sur une comparaison entre les textes d'Hésiode et d'Ovide, dégagez les principales caractéristiques de l'Âge d'Or : qu'est-ce qui fait de cette société une société idéale ?

Consigne n°2 : Quels aspects du mythe de l'Âge d'Or sont illustrés par la gravure de Baur ?

Consigne n°3, pour les 1STMG : En quoi la société décrite par Montaigne dans l'Essai "Des Cannibales" que nous avons étudié en cours (pièce jointe n°1) peut-elle être assimilée à l'Âge d'Or ?

Consigne n°4, pour les 1STMG : En quoi l'île de Tahiti, telle qu'elle est décrite par Bougainville et Commerson (pièce jointe n°2), peut-elle paraître avoir préservé le mode de vie de l'Âge d'Or ?

Le Mythe de l'Âge d'Or

Ce billet vous présente un mythe : une fois que vous l'avez lu, vous pouvez vérifier que vous l'avez bien compris en réalisant les exercices d'écriture proposés dans le billet "Exercices d'écriture autour du mythe de l'Âge d'Or".

Qu'est-ce que le mythe de l'Âge d'Or ?

Le mythe de l’Âge d’Or est un mythe grec où est décrite une époque idéale, placée aux origines de l’humanité, où les êtres humains vivait dans la paix, la justice et l’abondance, sans souffrir ni vieillir, et sans avoir besoin de travailler pour survivre. Le mythe de l'Âge d'Or est donc à la fois

  • un mythe d’origine, c’est-à-dire un récit sur les origines de l’humanité, comme le mythe de l'Eden, le paradis terrestre dont Adam et Eve ont été chassés dans le récit biblique de la Genèse.
  • une utopie, c’est-à-dire un univers imaginaire où les hommes vivent en harmonie dans une société idéale.

Un tel mythe est généralement décrit par opposition avec un présent négatif, qui est critiqué, et dont les difficultés sont vécues comme la perte d’une pureté ou d’une intégrité originelles, primitives. Le mythe de l’âge d’or va donc de pair avec une vision pessimiste de l’histoire, où l’avancée dans le temps est perçue comme une dégradation, une décadence de l’humanité : à l’âge d’or succèdent des âges toujours plus éloignés de l’idéal originel, marqués par la perte des vraies valeurs.

Ce mythe apparaît pour la première fois chez le poète grec Hésiode, dans Les Travaux et les Jours, dans un contexte politique et social très troublé, que les historiens ont baptisé « temps obscurs ». Il est repris par les poètes romains de l’époque augustéenne, une époque de crise et de guerres civiles qui voit le passage de la fin de la République aux débuts de l’Empire romain. La version qui aura le plus de succès aux siècles suivants est celle proposée par Ovide dans les Métamorphoses : Ovide, qui a été exilé par Auguste, conserve au mythe de l’Âge d’Or la dimension critique que lui avait donné Hésiode.

En revanche, pour d’autres poètes contemporains d’Ovide, comme Virgile, la fondation de l’Empire par Auguste, qui met fin à une longue période de crise et de guerre civile, apparaît comme la promesse d’un avenir radieux. Son règne est donc présenté comme la refondation d’un nouvel Âge d’Or pour Rome : cette idée montre que le mythe de l’âge d’or peut être instrumentalisé, et devenir un outil de propagande politique. Elle montre aussi que le mythe de l’âge d’or ne suppose pas forcément une vision linéaire du temps, marquée par une décadence irréversible, mais qu’il est compatible avec un temps cyclique, et avec l’espoir d’un retour à un nouvel Âge d’Or.

A la Renaissance, le mythe de l’Âge d’Or se trouve associé à celui du Bon Sauvage : en découvrant les sociétés amérindiennes du Nouveau Monde, les explorateurs européens ont l’impression de découvrir des sociétés qui auraient réussi à maintenir l’état de paix, de félicité et d’abondance qui caractérisait l’âge d’or.

 

 

Illustration des Métamorphoses d'Ovide : gravure de Johann Wilhem Baur (1600-1640) représentant l'Âge d'Or.

Le texte d'Hésiode

Les Travaux et les Jours est l’œuvre d’Hésiode, un poète qui aurait vécu en Grèce au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. Ce poème, consacré aux travaux de la terre, s’ouvre sur une invocation aux Muses, suivie d’un récit des origines de l’humanité. Il évoque la succession de cinq âges, ou cinq races, qui conduisent des origines de l’humanité au présent. L’âge d’or est le plus ancien de ces cinq âges : il est suivi de l’âge d’argent, de l’âge d’airain, ou de bronze, de l’âge des héros, et de l’âge de fer, qui coïncide avec le présent. Il décrit l’âge d’or en ces termes :

« D’or fut la première race d’hommes que créèrent les Immortels, habitants de l’Olympe. C’était au temps de Cronos, quand il régnait encore au ciel. Ils vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis, à l’écart et à l’abri des peines et des misères. : la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas ; mais, bras et jarret toujours jeunes, ils s’égayaient dans les festins, loin de tous les maux. Mourant, ils semblaient succomber au sommeil. Tous les biens étaient à eux : le sol fécond produisait de lui-même une abondante et généreuse récolte, et eux, dans la joie et la paix, vivaient de leurs champs, au milieu de biens sans nombre. Depuis que le sol a recouvert ceux de cette race, ils sont, par le vouloir de Zeus puissant, les bons génies de la terre, gardiens des mortels, [ l’œil ouvert aux sentences et aux crimes, vêtus de brume, partout répandus sur la terre ] dispensateurs de la richesse : c’est le royal honneur qui leur fut départi. Puis une race bien inférieure, une race d’argent, plus tard fut créée encore par les habitants de l’Olympe. Ceux-là ne ressemblaient ni pour la taille ni pour l’esprit à ceux de la race d’or. »

Hésiode, Les Travaux et les Jours, vers 109-201 (traduction).

Le texte d'Ovide

Ovide est un poète latin qui a vécu à Rome au Ier siècle avant Jésus-Christ, sous le règne d’Auguste. Dans le premier livre des Métamorphoses, où il décrit les origines du monde et de l’humanité, il distingue quatre âges successifs : l’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge du bronze, et l’âge du fer. Voici sa description de l’âge d’or, qu’il place sous le règne de Saturne, père de Jupiter :

« L’âge d’or commença. Alors les hommes agissaient suivant la justice et la droiture spontanément, sans lois ni répression. Punition et crainte n’existaient pas ; point de menaces à lire, gravées dans le bronze ; point de foule suppliante, tremblante devant les juges ; nul besoin de défenseurs pour être en sécurité. On n’abattait pas encore les pins, dans leurs montagnes, pour les faire descendre vers l’eau, les faire aborder à des terres étrangères, les mortels ne connaissaient pas d’autres rivages que les leurs. Les villes n’étaient pas encore entourées de fossés abrupts ; il n’y avait ni trompettes droites ni cors en cuivre recourbé, ni casques, ni épées. N’ayant nul besoin d’armées, les populations vivaient dans la tranquillité et les loisirs. La terre, fertile, donnait tout d’elle-même, sans être sollicitée par le fer, travaillée par la bêche, maltraitée par le soc. L’homme, satisfait des aliments que la nature lui offrait sans efforts, cueillait les fruits de l’arbousier et du cornouiller, la fraise des montagnes, la mûre sauvage, et les glands qui tombaient de l’arbre majestueux de Jupiter. Le printemps était éternel et, de leur souffle tiède, les doux zéphyrs caressaient les fleurs écloses sans semailles. La terre, sans avoir été labourée, se couvrait à nouveau de moissons, et les champs, sans aucun entretien, blondissait de lourds épis. C’était l’âge où coulaient à flots le lait et le nectar, où le miel doré tombait de l’écorce des chênes en une bienfaisante rosée. Lorsque Jupiter eût précipité Saturne dans le sombre Tartare, et qu’il eût pris possession du monde, vint l’âge d’argent, âge inférieur à celui qui l’avait précédé, mais préférable à l’âge du bronze jaunâtre qui le suivit. »

Ovide, Les Métamorphoses, Livre I, vers 89-115 (traduction).

14 février 2016

L'Essai

Un essai est un texte argumentatif en prose dans lequel un auteur regroupe ses réflexions et ses idées sur un sujet donné.

L'essai est donc un discours écrit à la première personne et au présent, et relève de l'argumentation directe.

Cependant, contrairement au discours rhétorique, l'essai n'a pas de plan fixe et ne prétend pas traiter la totalité du sujet. Il se caractérise au contraire par une grande liberté formelle. De ce point de vue, il faut toujours se rappeler que le mot "essai", avant de désigner un genre littéraire, désigne une tentative, une ébauche : le genre littéraire de l'essai conserve cette dimension à travers la souplesse de sa forme, qui permet à l'auteur de "faire l'essai" de différentes idées.

Enfin, un essai comporte également de nombreuses marques de subjectivité, qui montrent que l'auteur donne son opinion personnelle. En effet, l'essai prend appui sur l'expérience personnelle de l'auteur et sur ses observations.

Lettres de motivation

Billet à l'attention des élèves qui souhaitent participer activement au site.

Travail d'écriture. Pour participer au blog, je vous invite à écrire une lettre de motivation, dont l'objet doit être le suivant :

"Participation au blog pédagogique."

Pour savoir comment écrire une lettre, vous pouvez vous reporter au billet "La Lettre".

13 février 2016

La Lettre

Une lettre est un texte en prose écrit à la première personne du singulier et au présent pour s’adresser à quelqu’un qui n’est pas présent au moment où l’on écrit.

  • La personne qui envoie la lettre est son expéditeur. On peut aussi parler de mandataire, d’auteur ou de rédacteur de la lettre. Celui qui écrit une lettre peut également être appelé un épistolier.

    • Dans certains cas (très rares aujourd’hui), la personne au nom de laquelle la lettre est écrite et la personne qui tient la plume pour écrire la lettre peuvent être différentes. Le mot auteur devient alors ambigu : il vaut mieux parler

      • d’expéditeur ou de mandataire, pour la personne au nom de laquelle la lettre est écrite et envoyée.

      • de rédacteur pour la personne qui écrit la lettre.

  • La personne à qui la lettre est envoyée et qui reçoit cette lettre est son destinataire.

  • Pour un ensemble de lettres qui forment un échange suivi entre deux ou plusieurs personnes, on parle de correspondance. Les personnes qui échangent des lettres sont des correspondants.

  • Les lettres qui sont écrites en vers sont appelées des épîtres. L’épître est la forme poétique de la lettre.

  • L’adjectif qu’on utilise pour parler de ce qui est lié à la lettre est épistolaire (exemple : le genre épistolaire).

Une lettre comporte traditionnellement huit éléments : la date et le lieu d’envoi, les salutations d’ouverture, la notification de l’objet de la lettre, le développement, les remerciements par anticipation, le souhait final concernant l’avenir, les salutations de clôture, et la signature.

En outre, on ajoute souvent dans les lettres administratives un en-tête et un objet. Ceux deux parties ne figurent pas dans une lettre personnelle.

I. L’en-tête et l’objet (lettres administratives)

La fonction de l’en-tête est de rappeler toutes les informations sur l’expéditeur et le destinataire qui sont nécessaires au suivi administratif du dossier dont relève la lettre : nom et prénom, coordonnées (adresse postale, numéro de téléphone, adresse mail), numéro de dossier. On met en premier les informations qui concernent l’expéditeur, suivies de celles qui concernent le destinataire. Les informations sur l’expéditeur sont précédées de la mention « De : », et celles qui concernent le destinataire de la mention « A : ».

L’objet indique le sujet sur lequel porte la lettre, sous la forme d’un titre.

II. La date et le lieu d’envoi

La date et le lieu d’envoi doivent toujours figurer dans une lettre. On peut les faire apparaître

  • soit au début de la lettre, avant les salutations d’ouvertures, sous la forme « Le …. à …. ». On les place alors en haut, à droite de la page (dans une lettre administrative, après l’en-tête et avant l’objet).

  • soit à la fin de la lettre, juste avant la signature, sous la forme « (Fait) à …, le … ». On les place alors en bas, à droite de la page.

III. Les salutations d’ouverture : une apostrophe qui ouvre le dialogue avec le destinataire

Les salutations d’ouverture sont une apostrophe qui ouvre le dialogue avec le destinataire. Elles se placent un peu à gauche du centre de la ligne. Leur formulation doit être modulée en fonction du statut du destinataire, de la relation que l’expéditeur entretient avec lui, et de la situation d’énonciation : on ne s’adresse pas de la même façon à un ami, à une administration ou à son supérieur hiérarchique, de même qu’on n’écrit pas de la même façon une lettre officielle et une lettre personnelle. Les variations possibles sont de deux ordres :

  • Tout d’abord, on peut nommer le destinataire de différentes façons :

    • de manière impersonnelle (Madame ou Monsieur)

    • par son nom dans une lettre administrative (Madame Durand ou Monsieur Dupont), ou son prénom dans une lettre personnelle (Pierre, Martin, Marie, Emma, etc.)

    • par son titre, c’est-à-dire le mot qui désigne son statut dans la structure sociale à laquelle il appartient (Madame la Directrice, Monsieur le Directeur, etc.)

    • par un mot qui désigne la relation qu’on entretient avec le destinataire (ami, cousin, frère, sœur, etc.). Noter que ce type de désignation n’est en principe valable que dans une lettre personnelle.

  • Par ailleurs, on peut chercher ou non à mettre en place une relation plus personnelle avec le destinataire, en ajoutant à la façon dont on nomme le destinataire des adjectifs qui introduisent une forme d’affectivité dans la formulation : Cher Monsieur, Chère Madame ; Cher Directeur, Cher Client ; Chère Madame Durant, Cher Paul ; Cher ami, Chère maman, etc.

    • On remarquera que le mot « cher » fait partie du style épistolaire : il est simplement une façon de renforcer les liens avec le destinataire, et ne suppose pas forcément que l’on soit extrêmement proche de la personne à qui l’on écrit. Il vaut mieux, toutefois, éviter d’en abuser dans une lettre purement officielle, adressée à quelqu’un qu’on ne connaît pas personnellement et dont, souvent, on ne sait rien.

IV. La notification de l’objet de la lettre : le paragraphe d’introduction

Une fois le dialogue avec le destinataire mis en place à l’aide de l’apostrophe, il faut lui présenter l’objet de la lettre, lui dire pourquoi on lui écrit (et pourquoi in doit prendre la peine de nous lire!). Ce paragraphe d’introduction doit être concis : pas plus de deux ou trois phrases. Deux cas de figures sont possibles, selon que la lettre est le premier envoi d’un échange, ou qu’elle répond à une lettre précédente.

  • Si la lettre est la première de l’échange, il faut présenter les faits qui sont à l’origine du courrier de manière succincte, en allant à l’essentiel et en respectant la chronologie. Les temps utilisés dans cette partie sont le présent et le passé composé.

    • Si, en plus de cela, vous écrivez pour la première fois une lettre à quelqu’un qui ne vous connaît pas, il ne faut pas oublier de commencer par se présenter. Cette présentation doit tenir en quelques mots : il ne s’agit pas de raconter sa vie ou de faire son autoportrait, mais d’indiquer à quel titre on se permet d’écrire au destinataire, et de mettre en avant les qualités qui légitiment la mise en place d’un échange (et seulement celles-là).

  • Si la lettre est une réponse

    • Il faut tout d’abord indiquer à quelle lettre on répond. Pour plus de précision, en particulier dans un courrier administratif, il peut être bon de rappeler la date à laquelle le courrier a été envoyé, et la date à laquelle on l’a reçu.

    • Si l’on répond avec du retard, que la lettre soit officielle ou personnelle, il est bon de s’excuser d’avoir tardé à écrire, c’est-à-dire à la fois de demander au destinataire de bien vouloir nous pardonner, et de donner une raison (si possible valable, et sinon, au moins humoristique!) qui explique ce retard …

    • Il faut également reformuler le contenu de la lettre précédente de manière courtoise et concise, en identifiant bien l’idée essentielle et sans la déformer.

V. Le développement : informer, argumenter … toujours communiquer

On dit souvent que la lettre est un écrit personnel, où s’expriment les idées de l’auteur. Cependant, la lettre n’a rien d’un journal intime, comme on s’en rend compte lorsqu’on ne regarde pas seulement les lettres familières mais aussi les lettres administratives : le principe fondamental lorsqu’on rédige une lettre est de toujours écrire en ayant à l’esprit le destinataire, et ce qu’on veut lui transmettre.

La recherche des idées

Lorsqu’on cherche les idées que l’on veut faire passer dans la lettre, il faut toujours analyser le point de vue du destinataire. Une méthode efficace pour préparer la lettre est de faire un tableau à trois colonnes :

  • dans la première colonne, on se met à la place du destinataire, en faisant la liste de ses intérêts (ce qu’il veut savoir), ses opinions, ses points de vue, ses connaissances. On se demande aussi quelles sont les attentes du destinataire par rapport au courrier : pour bien faire passer ses idées, il est nécessaire de prendre en compte ces attentes.

  • dans la seconde colonne, on se demande quels sont les buts de la lettre : quels intérêts veut-on défendre, quelles idées veut-on transmettre ?

  • dans la troisième colonne, on fait la liste des faits qu’il est nécessaire d’évoquer pour parvenir à son but, et on ajoute les faits qui peuvent servir à ce but en fonction de ce qu’on sait du destinataire.

→ On écrit des lettres principalement dans trois buts :

    • transmettre des nouvelles au destinataire, c’est-à-dire l’informer.

    • demander quelque chose au destinataire. Dans ce cas, la lettre est un texte argumentatif, où il faut convaincre le destinataire, le persuader de faire quelque chose.

    • échanger des idées. Là encore, la lettre est un texte argumentatif, où l’on cherche à convaincre et persuader le lecteur de la justesse de ses idées. Souvent, ce but est associé à des lettres dont le ton est plus personnel, plus proche de celui de la conversation.

Le plan

La plupart du temps, information et argumentation sont associées dans une lettre. En effet, l’échange d’idées ou la demande s’appuient le plus souvent sur le récit d’un événement. Il faut donc commencer par le récit de ce qui s’est passé, puis ensuite seulement, formuler son opinion ou sa demande, et argumenter.

  • Pour plus de clarté, le récit doit être mené de manière chronologique, en commençant par le début, et en suivant l’ordre des faits. Ce récit se conclut sur  un bilan de la situation actuelle qui résulte de cet enchaînement de faits.

    • Le temps utilisé pour évoquer les événements passés est le passé composé ; le temps utilisé pour le bilan est le présent.

    • Le récit débouche généralement sur l’évocation des situations à venir qui pourraient résulter de cette situation. Celle-ci se fait au futur ou au conditionnel, en fonction du degré de certitude de l’expéditeur par rapport à ses hypothèses.

  • La partie argumentative de la lettre doit être attentive à la logique du destinataire : il ne faut pas confondre :

    • « organiser ses idées » selon une logique qu’on est seul à comprendre.

    • élaborer un plan d’action pour élaborer un écrit (dans quel ordre vais-je procéder pour arriver à écrire mon texte ?) : cela correspond aux étapes à suivre au brouillon.

    • élaborer le plan du texte : le plan du texte est élaboré dans le but de communiquer, qui suppose d’adopter la logique du destinataire.

La rédaction et les relectures

  • Il faut écrire en imaginant qu’on parle à son destinataire comme s’il était en face de soi. Cependant, il faut tout de même faire attention : le niveau de langue qu’on utilise est un peu moins familier à l’écrit qu’à l’oral. Il faut donc utiliser un niveau de langue courant, sans vulgarité.

  • Il est bon de relire sa lettre avec le regard du lecteur, en se demandant si elle lui paraîtra claire, si elle comporte toutes les informations qu’il attend, et si elle produira sur lui l’effet attendu. Et, comme pour tout autre type de texte, il faut prendre garde à relier les idées du texte entre elles et à respecter les codes syntaxiques et grammaticaux.

VI. Les formules de clôture

La lettre comporte également de nombreuses formules de clôtures. Celles-ci ont un double but : elles doivent à la fois mettre fin à la lettre, et ouvrir vers la poursuite de l’échange : on n’écrit jamais simplement pour écrire, mais toujours pour recevoir une réponse !

La fin de la lettre doit donc à la fois servir à conclure, à prendre congé, et à appeler le destinataire à répondre. Pour cela, on fait se succéder plusieurs formules, qui ont toutes pour but d’évoquer de façon positive un futur proche.

Les remerciements

Il est de bon ton de remercier le destinataire d’avoir pris la peine de nous lire, surtout si la lettre est longue (et dans ce cas, il faut accompagner ces remerciements d’excuses, car la lettre est censée être un texte bref) : « En vous remerciant de votre attention, … ».

On peut aussi faire d’une pierre deux coups, et orienter ces remerciements vers la future réponse : ce sont alors des remerciements par anticipation : « Je vous remercie par avance pour votre réponse à ce courrier … ». L’avantage d’une telle formule est de condenser les souhaits et les remerciements.

Les souhaits

Les souhaits servent plus particulièrement à ouvrir vers le futur échange avec le destinataire. La nature de ces souhaits peut être très variable en fonction du type de lettre :

  • Dans tous les cas, on souhaite recevoir une réponse : « Dans l’attente de votre prochaine réponse ... », « En espérant te lire très prochainement … », « J’espère avoir bientôt de tes nouvelles … », « Réponds-moi vite ! », etc.

  • Parfois, on ne souhaite pas seulement recevoir une réponse, mais aussi pouvoir bientôt rencontrer son interlocuteur en personne : « J’espère avoir bientôt l’occasion de vous rencontrer », « J’espère qu’on se reverra bientôt », etc.

  • Dans une lettre personnelle, ce souhait s’accompagne généralement de vœux de bonne santé (et autres) : « J’espère que cette lettre te trouvera en bonne santé », « Porte-toi bien », etc.

Les salutations finales

Les salutations finales servent elles à mettre fin à la lettre, à prendre congé du destinataire. Leur ton et leur longueur peuvent être très variables, en fonction de la relation qu’entretiennent l’expéditeur et le destinataire.

  • Des formules à la fois très brèves et très familières, comme « A bientôt » ou « A très vite » ne s’utilisent que pour des proches, des amis, ou des personnes que l’on côtoie quotidiennement, et que l’on reverra le lendemain (dans le cas d’un mail, par exemple).

  • A l’opposé, dans une lettre officielle adressée à une personne que l’on ne connaît pas ou qui est placée au-dessus de nous (recruteur, supérieur hiérarchique, etc.), il est d’usage de recourir à des salutations assez développées telles que « Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations respectueuses », « Veuillez agréer, Madame, l’expression de mes salutations distinguées », « Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations les plus cordiales ».

  • Il faut cependant faire attention à ne pas avoir l’air d’en rajouter, et d’être trop cérémonieux. C’est pourquoi, la plupart du temps, on recourt à des formulations qui ont le même sens mais qui tiennent en quelques mots : « Cordialement », « Bien cordialement », « Bien à vous », « Respectueusement », « Très respectueusement ». Toutes ces formules n’ont pas la même valeur :

    • « Cordialement » et « Bien cordialement » ne s’utilisent en principe que d’égal à égal, ou lorsque l’expéditeur occupe un rang supérieur à celui du destinataire. Utiliser « Cordialement » revient donc à se placer en position de force.

    • Au contraire, lorsque le destinataire occupe un rang supérieur à celui de l’expéditeur, ou même simplement lorsque l’expéditeur formule une demande un peu délicate, il faut utiliser « Respectueusement » ou « Très respectueusement ».

    • « Bien à vous » est plus neutre : il peut s’utiliser dans toutes les situations où les rangs respectifs des deux interlocuteurs ne sont pas nettement définis l’un par rapport à l’autre. Il existe d’ailleurs une variante plus familière, pour s’adresser à quelqu’un que l’on côtoie quotidiennement sans en être proche, « Bien à toi ».

La signature

La plupart du temps, la signature se compose uniquement du prénom et du nom de l’expéditeur. Dans certains cas, ceux-ci peuvent être accompagnés :

  • Du titre de l’expéditeur, qui justifie que ce soit lui qui ait écrit, et qui indique à quel titre il écrit : Paul Durand, directeur marketing ; Ta cousine, Emma.

  • D’une formule qui introduit une dimension affective dans l’échange : Votre dévoué, Paul Durand, directeur marketing ; Ta cousine qui pense bien à toi, Emma.

Dans le cas d’une lettre qui doit avoir une valeur légale, la signature est précédée d’une mention légale, le plus souvent accompagnée de la date et du lieu : Fait pour valoir ce que de droit, à Paris, le 17 février 2016.

12 février 2016

Le résumé d'un récit

Le résumé d’une œuvre narrative est un texte à but informatif. C’est un type d’écrit qui relève de la catégorie des comptes-rendus. Le résumé n’a rien à voir avec la quatrième de couverture, qui est une présentation destinée à donner envie de lire le livre.

→ Cela implique qu’avant de préparer un résumé, il faut toujours se demander ce qu’on attend de ce compte-rendu, pour savoir quelles informations il est important d’y faire apparaître. En effet, tous les résumés n’ont pas forcément le même but : on peut s’y intéresser aux qualités stylistiques de l’œuvre, aux idées de l’auteur, à l’évolution du personnage, ou encore à la représentation de la société et du contexte historique, etc. Il importe donc de savoir pourquoi on écrit ce résumé, et ce que notre lecteur en attend.

Le début du résumé : la présentation générale de l’œuvre

On commence un résumé par une présentation générale de l’œuvre :

  1. Une première phrase présente l’œuvre, en donnant son titre, son auteur, son thème principal et le contexte historique et géographique de l’action : de quoi parle le livre ? où et quand se situe-t-il ?

  2. On identifie ensuite le ou les personnages principaux de l’œuvre, en indiquant qui est le héros, que l’on suit tout au long du récit.

  3. On indique enfin l’orientation générale du récit, en identifiant les grandes lignes de sa construction, et la durée globale de l’action :

    • s’inscrit-il dans un temps court ou long (toute une vie, voire plusieurs générations) ?

    • met-il plutôt en scène une lutte, un conflit, une crise ; ou une évolution ? s’agit-il d’une progression, d’une ascension ou au contraire d’une déchéance, d’une chute progressive ?

Les principes de rédaction du résumé

Une fois placé ce cadre général, on peut entreprendre de raconter les principaux événements en prenant garde à ce que le récit reste clair. Pour cela, il ne faut pas oublier quelques principes.

La chronologie

Il est important de suivre la chronologie, et de toujours donner des repères temporels précis. Lorsqu’un chapitre ou un passage est un récit rétrospectif de la part du narrateur, il ne faut pas oublier de signaler ce retour en arrière, et de donner les dates de l’épisode en question, en le situant par rapport à l’intrigue principale.

UN RÉSUMÉ S’ÉCRIT AU PRÉSENT. En effet, un résumé est un compte-rendu du livre qu’on a sous les yeux maintenant. Son objectif n’est pas de faire le récit de ce qui s’est passé à un moment donné, mais de présenter le contenu du livre : résumer n’est pas la même chose que raconter. En tant que compte-rendu, le résumé relève du discours, et s’écrit au présent.

La présentation des personnages

Il faut aussi penser à présenter les différents personnages : cela ne veut pas dire faire leur portrait, mais BIEN IDENTIFIER LEUR RÔLE DANS LE RÉCIT. Pour cela, il faut les classer :

  1. Dans un premier temps, on identifie le (ou les) point(s) commun(s) qui permettent de faire entrer les personnages dans un même groupe.

    1. Ce point commun peut-être

      • leur fonction : opposant, adjuvant, objet de quête, etc.

      • le type qu’ils représentent, c’est-à-dire un trait de caractère commun : les victimes innocentes, les ambitieux, les lâches, les misérables, etc.

      • leur milieu social : les femmes du monde, les fonctionnaires, les petits commerçants, les parvenus, le peuple, etc.

    2. Lors de la rédaction, on a deux possibilités :

      • Si les personnages sont présents tout au long du récit, on les présente dès le début. Dans ce cas, on présente d’abord le groupe, puis on donne la liste des noms des personnages qui appartiennent à ce groupe.

      • Si les personnages n’apparaissent que dans un épisode, on les présente au fil de l’intrigue. Dans ce cas, on donne toujours le groupe auquel le personnage appartient à la suite de son nom.

  2. Dans un second temps, on peut aussi, au moment où on donne le nom de chaque personnage, identifier ce qui le particularise au sein de son groupe, et signaler s’il forme une paire avec un autre personnage.

→ De ce point de vue, il peut être bon, lors de la préparation du résumé au brouillon, de faire un tableau de tous les personnages qui permette de visualiser les relations et les effets de symétrie ou d’opposition entre eux.

La mise en valeur du plan du récit

Comme le résumé n’est pas un récit en bref mais un compte-rendu, il est essentiel de souligner les articulations du récit en se référant au schéma global mis en place au début du résumé. Autrement dit, LE RÉSUMÉ A POUR BUT DE FAIRE APPARAÎTRE LE PLAN DU RÉCIT.

Quand on rédige, il faut utiliser des liens logiques pour souligner le rapport entre les actions :

  • Une action est-elle la conséquence d’une autre ? s’agit-il d’un enchaînement logique de faits ?

  • Ou au contraire, y-a-t-il entre deux séries d’actions une réorientation radicale, une opposition ?

Faire apparaître le plan du récit dans le résumé nécessité surtout de grouper les événements en séries, et d’identifier les étapes clés, les pivots de l’action (= les moments où elle se réoriente). Pour y arriver, on peut suivre les phases de préparation suivantes au brouillon :

  1. Dans un premier temps, lors de la lecture, il n’est pas forcément nécessaire de prendre de notes : il suffit, à chaque fois que l’on fait une pause dans la lecture (quand on arrête de lire, quand on sent qu’on est arrivé à la fin d’une étape importante, ou tout simplement à la fin d’un chapitre), de prendre le temps de se remémorer les principaux événements de la séquence de lecture passée : qu’a-t-on appris d’important dans ce chapitre ? Que s’est-il passé d’essentiel dans ce chapitre ?

    → Ce travail mental de remémoration régulière favorise la compréhension du livre, car faire des points réguliers évite de se perdre dans l’intrigue, quand il y a beaucoup d’événements, ou dans les personnages, lorsqu’ils sont nombreux.

  2. Dans un second temps, par écrit, on fait la liste des principaux événements de l’intrigue, chapitre par chapitre. En principe, le travail de remémoration mentale fait au fil de la lecture permet de se rappeler les principaux événements de chaque chapitre en feuilletant simplement le livre, sans avoir besoin de tout relire.

    1. Une fois ce schéma établi, on peut d’abord le préciser en y introduisant des repères temporels (dates qui correspondent à chaque événement, ou laps de temps écoulé entre deux événements), car ceux-ci seront nécessaires pour la clarté du résumé. Le plus souvent, ces indications temporelles se trouvent en début de chapitre.

    2. Il peut être bon aussi de noter les lieux correspondant à chaque événement, car les déplacements du personnage ont souvent une valeur symbolique forte. Les repères spatiaux peuvent donc aider à dégager la structure du récit, à identifier les ensembles d’actions et la progression de l’intrigue.

  3. Dans un troisième temps, on cherche comment regrouper les événements de la liste en ensembles. Ce sont ces ensembles qui structureront le résumé, car ils forment le plan du récit.

    1. Pour arriver à dégager ces ensembles, on peut :

      • Utiliser le vocabulaire de description de l’action : exposition et situation initiale, nœud de l’intrigue, péripéties, crise, résolution, dénouement, situation finale.

      • Repérer l’orientation des actions : sont-elles orientées vers une dégradation ou une amélioration de la situation des personnages ? Les récits font souvent alterner les deux. Par ailleurs, s’il y a plusieurs personnages importants, ces phases peuvent être parallèles, ou au contraire opposées (l’ascension d’un personnage s’accompagne de la chute d’un autre ou contraste avec elle).

      • Repérer les phases de crise, où l’action se précipite, et les phases de pause, d’accalmie.

      • Repérer les éléments qui reviennent plusieurs fois et se font écho (la description d’un lieu, le portrait d’un personnage, un type d’événement, etc). Leurs différences permettent d’identifier l’orientation de l’action (amélioration ou dégradation) et de définir des ensembles.

    2. Lorsqu’on rédige, il est très important de consacrer une place à peu près équivalente à chacun de ces ensembles, ou du moins à respecter les proportions qui sont celles du livre lui-même.

      • Un défaut de nombreux résumés est d’être très détaillés sur le début du livre, et de plus en plus brefs au fer et à mesure qu’on avance. Or, si un début un peu plus long peut être toléré dans la mesure où c’est au début que se mettent en place les éléments qui permettent de comprendre la suite, le résumé doit tout de même rester équilibré.

      • L’avantage de procéder en se forçant à considérer des ensembles est de favoriser l’élimination des détails inutiles. En effet, un résumé ne doit mentionner que deux types d’informations : celles qui sont nécessaires à la compréhension, et celles sur lesquelles il était demandé d’attirer l’attention dans le compte-rendu. S’obliger à former des groupes de chapitres permet donc de supprimer de la liste d’événements tous ceux qui sont secondaires.

Il peut être bon de finir le résumé sur une phrase de conclusion, qui livre un rapide commentaire sur le mouvement général de l’intrigue.

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