s'exprimer, partager, créer, échanger...au lycée Marie Curie de Versailles

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10 novembre 2016

Prime - 2e9

Je me rends, assez tard le soir, dans un petit village au sud de l’Oregon. Mon haut grade de chasseur de primes , malgré mon jeune âge – 32 ans, ce qui est jeune pour un chasseur de prime – me lance à la recherche d’un des hommes les plus cherchés de l’ouest américain, surnommé «Georges le sourd » du fait qu’il était sourd.

Je suis avec mon ami John qui a besoin d’argent : c’est pour cela qu’on recherche cet individu tous les deux afin de partager la rançon de cent mille dollars.

Nous sommes un dimanche, et c’est le jour le plus favorable pour chasser : les brigades rôdent moins et le nombre de personnes à la recherche du brigand diminue.

Avant d’aller dormir dans un hôtel du coin, nous nous rendons discrètement dans un commissariat. Et là, qui voyons-nous ? Georges le sourd. Georges attaché à  un poteau. Je demande alors à John d’aller faire diversion à la brigade de façon à ce que personne ne me voit le détacher du poteau puis le sortir tout en le traînant par la gorge.

Dehors, je lui parle tout en pointant mon revolver sur son œil droit : « Tu as de la chance de t’en tirer comme ça. C’est vrai, échapper les chasseurs de prime pour qu’aucun ne soit payé est futé ». Et il se met à crier : « Blandin !! »

C’est ma manière à moi de lui dire dans sa langue : « aujourd’hui Georges , tu t’en es bien tiré, mais je recommencerai, à l’occasion d’un autre week-end. Je recommencerai Georges, et cette fois je ne raterai pas ! » Et Georges semble me comprendre, car il me regarde fixement, fait la moue et, toujours légèrement étranglé par mes grosses mains, se remet à hurler. Je détache ses poignets et je le laisse s’enfuir, en cette nuit sombre.

Le lendemain matin une nouvelle annonce se répand dans le village et je comprends alors que mon plan de libérer Georges pour que la prime pour son arrestation double : la récompense passe à deux cent mille dollars.

                                                                                                                                 Angelo

Le peintre aux doigts magiques - 2e9

Deux hommes se tenaient là, debout devant un chevalet surmonté d’une toile immaculée de blanc. Le plus âgé des deux se nommait Wang-Fô. C’est un peintre reconnu dans tout le pays pour ses talents « hors du commun ». D’un coup de pinceau sur sa toile, il peut faire naître un paysage aux couleurs magiques dans la réalité. Il donnait des conseils à son disciple Ling pour lui enseigner son savoir et sa maîtrise.

Tout à coup, des coups retentirent à la porte, suivis de plusieurs menaces de mort. La maison était encerclée et ils le savaient. Ils n’avaient qu’une seule chance de s’en sortir : c’était de fuir. Ils descendirent dans la cave et Wang-Fô peignit un long tunnel qui les mènerait loin des gardes qui les attendaient dehors. Au fur et à mesure qu’ils s’engouffraient dans le passage, le chemin parcouru derrière eux disparaissait. Après plusieurs minutes de marche, Ling créa un escalier pour remonter à la surface. Devant eux se trouvait une vaste plaine. Wang-Fô eut l’idée de créer une grande mer et une barque. Lui s’occupait de l’étendue d’eau pendant que son disciple faisait la petite embarcation. Ils avaient semé les gardes mais ils devaient à présent quitter le pays pour vivre en sécurité. Ils iraient certainement en Suisse car c’est un pays plus sûr que  la Chine et moins dangereux.

La mer était sublime. Elle était d’un bleu de jade magnifique et n’était pas du tout trouble.  D’autres hommes armés venaient de surgir de derrière une colline. Comment les avaient-ils retrouvés ? Il y avait des hommes postés un peu partout autour de la ville car ils avaient certainement connaissance du secret de Wang-Fô.  De loin, les fugitifs virent les canons scintillants sous le soleil se diriger vers eux.

Une buée d’or s’éleva et se déploya sur la mer. Enfin, la barque vira autour d’un rocher qui fermait l’entrée du large ; l’ombre d’une falaise tomba sur elle ; le sillage s’effaça de la surface déserte, et le peintre Wang-Fô et son disciple Ling disparurent à jamais sur cette mer de jade bleu que Wang-Fô venait d’inventer.

 

Lisa D

Une affaire de confitures - 2e9

C’était un mardi, j’arrivai sur ce lieu sinistre. J’en ai vu tous les jours des biens plus horribles mais cette scène m’affecta plus particulièrement car je connaissais personnellement le défunt.  Je passais sous la bande de sécurité jaune en évitant  tous ces curieux du quartier bloqués derrière qui étaient venus voir l’horrible nouvelle de la  mort de ce vieil homme que tout le monde appréciait. Je vis sa femme  au loin qui n’avait  pas l’air si triste ce qui m’inquiéta. «  J’irai la voir après avoir examiné les lieux ».

J’entrai dans la maison. Une odeur de renfermé était présente vu l’ancienneté de cette demeure. Dans le salon le corps de cet homme était étendu sur le tapis. Autour de lui, un médecin légiste examinait  son corps, il n’y avait aucune trace de blessure, juste de la mousse dans sa bouche qui prouvait son empoisonnement. En attendant les résultats, sa femme me proposa un café dans la cuisine, ce que j’acceptais. Elle me raconta qu’en rentrant du marché, elle l’avait vu allongé dans son salon et qu’elle s’était effondrée. Mais après réflexions je me souvins que le marché était le mercredi. Je commençai à avoir des soupçons.

Après avoir fini son récit elle sembla d’un coup nerveuse, ce qui me mit la puce à l’oreille, elle se leva en s’excusant. Sur l’évier, elle prit quelques vieux pots à confiture, elle en avait un plein buffet. Elle prit également quelques torchons, un paquet de mort-aux-rats au trois-quarts vide, et s’en alla mettre le tout aux ordures. Il y avait bien vingt ans qu’on n’avait pas vu de rats dans cette maison.

Mélodie E.

La chambre -2e9

   Je m’installe tranquillement dans le canapé lorsque soudainement je l’aperçois à travers la fenêtre, dans la rue en face. Je dépose le livre que je tenais dans la main sur la table basse devant moi, me lève sans hâte et traverse la pièce sombre. J’ai laissé éteintes toutes les lumières et alors seule la luminosité de la lune pénètre dans le salon. Mes pas lents et calmes, résonnent en écho dans la grande pièce peu meublée. J’arrive dans le hall d’entrée où je regarde à travers le judas de la porte pour voir si l’homme est toujours présent. Je le vois alors fermer le coffre de sa voiture et se diriger vers la maison dans laquelle je me trouve. J’enfile alors mes chaussures et mon manteau noir et monte dans la chambre à coucher toujours aussi silencieusement. En passant, mes chaussures déposent de la terre du hall jusqu’à la chambre. J’entends alors les clés s’insérer dans la serrure. Il ouvre la porte doucement et le grincement des gonds résonne dans la maison. Il pénètre dans la maison perplexe et allume la lumière. Il remarque alors la terre dans le hall vers l’escalier. Il reste pétrifié dans la pièce ne sachant pas quoi faire. Il sait qu’elle est là. Il se décide donc enfin à monter l’escalier et suit les traces de terre mouillée jusqu’à la porte de la chambre. Il appuie sur la poignée hésitant et ouvre la porte. Il en a le cœur qui bat. Moi aussi, mon cœur palpite. Je le vois entrer dans la chambre et au moment où il allume la lumière, je me jette sur lui. Il hurle d’effroi et me repousse contre le mur. Blessée au nez, je ne tente rien de plus et je lui crie : « Ahora George, estás en buena salieron, pero voy a empezar con motivo de otro fin de semana. Voy a empezar de nuevo, y esta vez no voy a perder.  ».

   C’est ma manière à moi de lui dire dans sa langue : « Aujourd'hui Georges, tu t'en es bien tiré, mais je recommencerai à l'occasion d'un autre week-end. Je recommencerai et cette fois, je ne te raterai pas ! ».

   Et Georges semble me comprendre, car il me regarde fixement, fait la moue et se remet à hurler.

 

Julie D.

La révolution - 2e9

Nous étions, en avril 1945, les troupes françaises et l’Armée Rouge, encerclaient Berlin. Dans la ville, les Berlinois, se révoltaient.  Les voitures étaient au milieu de la rue, tout était bouché. J’étais dans la mienne en attendant que les gens dégagent la route.  Je ne pouvais même pas rentrer chez moi. Le peuple hurlait, brisait les vitrines des magasins et les vitres des voitures.

 Nous avions l’impression qu’Hitler nous abandonnait, qu’il nous laissait seuls face à cette  Armée Rouge, alors que ça faisait plus de dix ans qu’il nous gouvernait et que nous l’avions suivi toutes ces années. Nous avions peur pour notre vie car nous avions l’impression que les armées allaient nous tuer. Mais que faisait Hitler ? Ça faisait plus de deux semaines que nous l’avions pas vu sortir de la Villa Aurore. Qu’attendait-il pour renvoyer son armée à leur rencontre ? Les gens se dirigeaient vers la Villa pour demander qu’il sorte. Même les hommes de main de la ville manifestaient. Le Général  Müller était sorti pour calmer le peuple et lui dire que tout allait s’arranger. La foule commençait à se calmer, jusqu’à l’arrivée d’un certain Krüger qui provoqua une nouvelle fois sa rage. Des hommes commencèrent à casser les voitures. Je fus obligé de sortir de la mienne.

Tandis que je rentrais dans la foule de voitures et de camions, entre les hauts murs des immeubles, il me semblait que j’entendais très loin les cris sauvages des hommes de main de la ville, qui étaient en train de faire tomber l’une après l’autre les portes de la villa Aurore.  

 

 

M.G

La vengeance - 2e9

Sa voix n’avait pas changé  depuis tout ce temps. Il parlait toujours de la même façon, toujours la même langue. Il parlait la violence…          

 

J’avais commencé à préparer ma vengeance depuis mes seize ans. Une vengeance machiavélique, tordue. Je voulais qu’elle soit parfaite. Aussi parfaite que la façon dont ma mère cachait mes bleus sous mon pullover rouge et les siens derrière ses longs cheveux bouclés. Mon père,  Georges avait commencé son penchant pour l’alcool quand j’avais dix ans. Un soir il était rentré chez nous le cœur plein de haine et de noirceur sans aucune raison dont je ne fus informé. Pas à pas, les dettes s’accumulaient. Nous avions dû vendre la maison et déménager dans un studio pitoyable infesté de rats. Un soir de décembre Georges a commencé à devenir violent et à hurler après nous, ma mère et moi, à nous rouer de coups, nous humilier. Tout ce carnage que mon père avait installé dans nos vies avait duré en tout sept ans, huit mois et 23 jours. J’avais compté. Puis un jour tout a changé, ma mère est morte, les coups de Georges ont eu raison d’elle, et lui, disparut dans l’immensité de la nature.

Mais j’ai réussi, j’ai fini par le retrouver, et je lui ai fait subir la violence qu’il nous avait fait endurer, qu’il avait fait endurer à ma mère. C’était ma manière à moi de lui dire dans sa langue : «  Aujourd’hui Georges, tu t’en es bien tiré, mais je recommencerai, à l’occasion d’un autre weekend. Je recommencerai  Georges, et cette fois, je ne me raterai pas ! » Et Georges sans me comprendre, car il me regardait fixement, fait la moue et se remet à hurler.

Johanna.G-V

La Framboise mortelle -2e9

Elle préparait de la confiture depuis le matin de la veille pour son cher mari. Ils étaient mariés depuis sept longues années d’amour et de tendresse parsemées de disputes réconciliées rapidement après. Elle s’était rendu compte qu’elle avait fait beaucoup trop de confitures pour son mari et elle, alors elle décida qu’elle en donnerait à ses voisins. Il y en avait à la myrtille, à l’orange et les préférés de son mari, à la framboise.

Quelques heures plus tard, elle finit son activité qu’elle n’avait pas arrêtée depuis la veille. Elle prit tous les pots de confiture et les mit dans un chariot pour courses. Elle en laissa quelques-uns à la framboise sur le plan de travail avec une note pour son mari qui était parti travailler le matin.

Elle remonta la rue et commença par la vieille dame qui habitait ce village depuis tellement longtemps que même elle ne s’en souvenait plus. Elle lui donna un pot et discuta avec elle un petit moment. Elle s’occupa à ça toute l’après-midi, à chaque fois qu’elle sonnait chez un voisin elle restait au moins un quart d’heure à parler en buvant du thé et en grignotant du pain avec la confiture qu’elle offrait.

Plus elle passait de maison en maison plus son chariot se vidait. Il ne restait plus que trois maisons, le vieux couple qui se disputait sans arrêt mais qui s’aimait depuis soixante-trois ans, un homme veuf depuis dix ans qui gérait ses deux enfants âgés de douze ans et quinze ans et une jeune femme qui venait d’emménager dans la maison à côté de la leur depuis six mois. Une femme qui avait fait tourner la tête de tous les hommes de la rue, même l’homme veuf qui disait à qui voulait l’entendre qu’il ne pourrait jamais se remarier. En voyant la femme elle eut peur, un sentiment qui ne voulait pas s’enlever.

 Elle avait surpris son mari avec une femme dans un restaurant à lui faire la cour et à l’embrasser comme quand on embrassait son premier amour, il y avait  de ça trois ans. Mais elle lui avait pardonné cette fois-ci et toutes les autres fois se disant qu’il l’aimait et que c’était un petit égarement, mais qui se répétait inlassablement.

En se rapprochant de la maison de cette jeune femme elle eut un mauvais pressentiment mais avança quand même avec une boule de malaise au ventre. Elle sonna mais ça ne répondit pas, elle recommença mais ça ne répondit toujours pas. Elle recommença, étonnée car la femme ne travaillait pas ce jour-là. Elle fit le tour de la maison en pensant qu’il lui  était arrivé quelque chose . Elle arriva dans le jardin et essaya de regarder par la fenêtre du salon et vit ce qu’elle redoutait le plus. Son mari, son homme depuis sept longues années, embrassait cette jeune femme, il souriait, il riait, il la touchait comme il ne l’avait touchait, sans scrupules, sans honte et sans regrets.

 Cette scène lui montra qu’elle n’aurait jamais dû pardonner ses précédentes infidélités depuis trois ans. Il ne l’aimait plus alors qu’elle s’était persuadée que son amour pour elle ne périrait jamais,  que c’étaient des égarements. La haine monta en elle. Elle l’aimait depuis si longtemps et se rendit compte qu’elle avait été aveuglée par son amour pour voir qu’elle était trompée depuis trois longues années et que ce n’était pas des écarts.

Elle courut avec son chariot chez elle avec une haine dévastatrice . Rentrant dans la maison elle prit le premier objet qu’elle avait sous la main et le jeta par terre et elle vit qu’elle avait cassé un pot de confiture à la framboise. Elle tourna la tête et vit sur le plan de travail une barquette de framboise…

Sur l’évier, elle prit quelques vieux pots à confiture vides. A quoi bon faire des confitures, elle en avait un plein buffet. Elle prit également quelques torchons, un paquet de mort-aux-rats au trois-quarts vides, et s’en alla mettre le tout aux ordures. Il avait bien vingt ans qu’on n’avait pas vu de rat dans la maison.

                                                                                                                                                                            M.C                                                                                                                                                                                  

la douce balade -2e9

Dans l’immensité de la mer Wang-Fô et Ling ramaient. Tout était calme, tout était paisible. Pas un bruit ne vint les gêner ; seul le doux son des oiseaux qui virevoltaient au-dessus de la mer résonnait. Le bleu si clair, si pur de la mer la rendait intouchable. Le ciel orange grâce au soleil tombant, reflétait sur leur visage une douce lumière claire et éblouissante. Alors le soleil était comme posé sur la mer.

Dans l’eau, des formes un peu étranges, de petites tailles, d’un gris pâle peu remarquable, quelques poissons virevoltaient dans l’eau.

Le paysage se composait au fur et à mesure que la barque avançait 

Malgré la grande falaise, le paysage paraissait vide peut-être grâce au calme ou alors à l’immensité du lagon bleu.

En haut de la falaise seules quelques maisons à petits toits pointus avaient été construites entre les arbres ornés de délicates fleurs roses et blanches. Les habitants étaient isolés de la grande ville.

Dans le décor, quelques touches de couleur s’ajoutaient, de plus en plus ardente, de plus en plus flamboyante.

Dans la barque seuls les deux hommes, chapeau sur la tête et habillés de longs draps orange et bleu, se regardaient. Ils ne parlaient point. Ils contemplaient le paysage avec des yeux d’un air ébloui.

Une buée d’or s’éleva et se déploya sur la mer. Enfin la barque vira autour d’un rocher qui fermait l’entrée du large ; l’ombre d’une falaise tomba sur elle ; le sillage s’effaça de la surface déserte et le peintre Wang-Fô et son disciple Ling disparurent à jamais sur cette mer de jade bleu que Wang-Fô venait d’inventer.

         Élisa

Aurore - 2e9

Dans la petite ville perdue de Nottingham, coincée entre terre et mer, l'arrivée d'une jeune fille avait fait émoi, elle s'appelait Aurore, peu importe son nom de famille. Sa beauté faisait ravage, elle était venue en tant qu'infirmière. Veuve d'un vieux médecin riche elle s'était fait bâtir sur le flanc le plus élevé de la colline, une villa, une villa blanche décoe de pierres rouges à qui elle avait donné son nom, villa qui se voyait même à l'opposé du bourg, dominant de son ombre la ville. Elle avait attiré les regards des hommes de la ville, et elle avait jeté son dévolu sur un incapable portant le nom d'Hector Snicket, qui avait fait fortune dans les tondeuses à gazon. Il venait de gagner les élections municipales. Avare et rancunier, il ne semblait pas avoir une personnalité qui pouvait l'intéresser. A cette époque, je pensais qu'en raison de mon simple statut d'employé, dans une entreprise électronique, elle ne me remarquerait pas. Je n'avais pas tort.Deux fois j'étais passé chez elle pour un problème électrique. Jamais elle n'avait posé les yeux sur moi, ne serait-ce avec une note dans les yeux qui pourraient me dire que ses sentiments étaient aussi réciproques. Elle me regardait tel un moins que rien. Au fur et à mesure j'avais fini par m'y habituer, nourrissant une haine profonde envers elle, mélange de colère et d'admiration. Je rentrais dans ma maison perdue dans le côté nord de la ville, où les bâtisses et leurs habitants étaient tous aussi pauvres. Je vivais dans une maison décrépie, où ma mère et moi habitions depuis mon enfance. Elle était morte à force de trop boire au goulot de la bouteille. Une mauvaise habitude qu'elle avait prise depuis que mon père nous avait quitté pour une autre. Depuis maintenant vingt-deux ans.

 

Je déposai mes vêtements imprimés avec le logo de mon entreprise, enfilai une veste et partis au magasin de bricolage le plus proche. J'hésitai pendant un instant au rayon des marteaux, puis me dirigeai vers les cordes, cordes de pèches, cordes plus ou moins grosses,. Je sélectionnai une corde assez grosse, difficile à couper, j'en achetai trois mètres. En sortant du magasin avec mon achat sous le bras je décidai de passer en vitesse à la pharmacie avant de prendre une pizza chez le traiteur du coin. Je déposai mes sacs dans l'entrée, allumai la télé et descendis au sous-sol, mon espace. Je vidai les plans de travail et m'activai à allumer les lumières. Je remontai récupérer ce que j'avais acheté plus tôt dans la journée. Ces imbéciles de voisins me croyaient assez mou pour regarder la télé jusqu'à vingt-trois heures. Non, je préparais quelque chose de bien mieux. Cette idée me trottait dans la tête depuis plusieurs mois déjà. Lorsque j'eus tout terminé, je montai à la cuisine, éteignis la télé et pris une douche avant de m'endormir comme une masse. Le lendemain je me réveillai doucement, m'habillai et pris la voiture de location que j'avais louée en début de semaine auprès de l'entreprise et me rendis en ville. Il me fallut plusieurs minutes avant de me rendre à la villa, je sonnai au-devant des grilles, puis me présentai à la voix grésillante de l'interphone, annonçant qu'on m'avait appelé plus tôt dans la matinée pour un problème électrique. Quand le problème fut réglé je ressortis avec mon énorme sac qui contenait mes objets de bricolage, un  plus lourd que d'habitude ; je le balançai dans le coffre, et partis laissant derrière moi une villa, moins imposante que ce qu'il me semblait dans mon imagination. Je mis un morceau de jazz à fond couvrant les bruits du coffre, ouvrant la fenêtre, et profitant du soleil radieux de cette journée, en sortant de la ville je pris la route nationale.

 

Tandis que j'entrais dans la foule des voitures et des camions, entre les hauts murs des immeubles, il me semblait que j'entendais très loin les cris sauvage des hommes de mains de la ville, qui étaient en train de faire tomber l'une après l'autre les portes de la villa Aurore.

 

Rime Flegeau

03 novembre 2016

Le george - 2e9

Depuis plusieurs mois maintenant, Jeanne et Pierre ont introduit chez nous une toute petite chose qui fait beaucoup de bruit. La petite chose a vite grandi et prend toujours plus d’importance dans la vie de Jeanne et Pierre.

Beaucoup de choses ont changé depuis son arrivée : ils n’ont presque plus de temps pour jouer avec moi, ils s’occupent constamment de leur chose…

Mais maintenant que la petite chose a grandi, je comprends que je peux jouer avec elle. Elle est moins drôle que mes autres jeux mais bon, elle m’occupe car mes proches n’ont plus le temps de s’occuper de moi. Mais lorsqu’on joue, elle se met souvent à faire un drôle de  bruit  qui fait accourir Jeanne et Pierre. 

Avec elle, je joue à cache-cache, à la course…                                                                                                                Mais on ne sait jamais qui gagne car juste avant que je gagne, elle fait son bruit horrible…

Aujourd’hui, j’ai appris que la petite chose était un georges mais je ne sais pas ce que c’est un georges.

Jeanne et Pierre ne sont pas là ce soir. Pour la première fois, ils ont demandé à quelqu’un de rester pour me tenir compagnie. Elle s’appelle Anne-Marie. Elle est plutôt gentille. Elle m’a laissé jouer avec le georges toute la soirée puis le georges a refait son bruit.

Elle l’a pris dans ses bras et a dit :                                                                                                                                                                     « Oh Georges, tu dois avoir faim ! »

Alors, comme à chaque fois que georges ne veut pas finir la partie, j’ai aboyé deux fois.                                                                                           C’est ma manière à moi de lui dire dans sa langue : « Aujourd’hui Georges, tu t’en es bien tiré, mais je recommencerai, Georges, je recommencerai George et cette fois, je ne te raterai pas ».                                           Et Georges semble comprendre, car il me regarde fixement, fait la moue et se met à hurler.

 

Lucile Meyer

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