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La Framboise mortelle -2e9

Elle préparait de la confiture depuis le matin de la veille pour son cher mari. Ils étaient mariés depuis sept longues années d’amour et de tendresse parsemées de disputes réconciliées rapidement après. Elle s’était rendu compte qu’elle avait fait beaucoup trop de confitures pour son mari et elle, alors elle décida qu’elle en donnerait à ses voisins. Il y en avait à la myrtille, à l’orange et les préférés de son mari, à la framboise.

Quelques heures plus tard, elle finit son activité qu’elle n’avait pas arrêtée depuis la veille. Elle prit tous les pots de confiture et les mit dans un chariot pour courses. Elle en laissa quelques-uns à la framboise sur le plan de travail avec une note pour son mari qui était parti travailler le matin.

Elle remonta la rue et commença par la vieille dame qui habitait ce village depuis tellement longtemps que même elle ne s’en souvenait plus. Elle lui donna un pot et discuta avec elle un petit moment. Elle s’occupa à ça toute l’après-midi, à chaque fois qu’elle sonnait chez un voisin elle restait au moins un quart d’heure à parler en buvant du thé et en grignotant du pain avec la confiture qu’elle offrait.

Plus elle passait de maison en maison plus son chariot se vidait. Il ne restait plus que trois maisons, le vieux couple qui se disputait sans arrêt mais qui s’aimait depuis soixante-trois ans, un homme veuf depuis dix ans qui gérait ses deux enfants âgés de douze ans et quinze ans et une jeune femme qui venait d’emménager dans la maison à côté de la leur depuis six mois. Une femme qui avait fait tourner la tête de tous les hommes de la rue, même l’homme veuf qui disait à qui voulait l’entendre qu’il ne pourrait jamais se remarier. En voyant la femme elle eut peur, un sentiment qui ne voulait pas s’enlever.

 Elle avait surpris son mari avec une femme dans un restaurant à lui faire la cour et à l’embrasser comme quand on embrassait son premier amour, il y avait  de ça trois ans. Mais elle lui avait pardonné cette fois-ci et toutes les autres fois se disant qu’il l’aimait et que c’était un petit égarement, mais qui se répétait inlassablement.

En se rapprochant de la maison de cette jeune femme elle eut un mauvais pressentiment mais avança quand même avec une boule de malaise au ventre. Elle sonna mais ça ne répondit pas, elle recommença mais ça ne répondit toujours pas. Elle recommença, étonnée car la femme ne travaillait pas ce jour-là. Elle fit le tour de la maison en pensant qu’il lui  était arrivé quelque chose . Elle arriva dans le jardin et essaya de regarder par la fenêtre du salon et vit ce qu’elle redoutait le plus. Son mari, son homme depuis sept longues années, embrassait cette jeune femme, il souriait, il riait, il la touchait comme il ne l’avait touchait, sans scrupules, sans honte et sans regrets.

 Cette scène lui montra qu’elle n’aurait jamais dû pardonner ses précédentes infidélités depuis trois ans. Il ne l’aimait plus alors qu’elle s’était persuadée que son amour pour elle ne périrait jamais,  que c’étaient des égarements. La haine monta en elle. Elle l’aimait depuis si longtemps et se rendit compte qu’elle avait été aveuglée par son amour pour voir qu’elle était trompée depuis trois longues années et que ce n’était pas des écarts.

Elle courut avec son chariot chez elle avec une haine dévastatrice . Rentrant dans la maison elle prit le premier objet qu’elle avait sous la main et le jeta par terre et elle vit qu’elle avait cassé un pot de confiture à la framboise. Elle tourna la tête et vit sur le plan de travail une barquette de framboise…

Sur l’évier, elle prit quelques vieux pots à confiture vides. A quoi bon faire des confitures, elle en avait un plein buffet. Elle prit également quelques torchons, un paquet de mort-aux-rats au trois-quarts vides, et s’en alla mettre le tout aux ordures. Il avait bien vingt ans qu’on n’avait pas vu de rat dans la maison.

                                                                                                                                                                            M.C