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28 mars 2017

les étonnants voyageurs : deux inconnus au bout du monde

http://images.freeimages.com/images/thumbs/69f/water-drop-1636691.jpgDeux inconnus au bout du monde

À quelle tribu appartenait celle-ci ? Jason arracha ses semelles à la terre gluante et se dirigea vers elle.

Elle restait là, ses pieds dans la boue Elle le regardait. Il la regardait. Qui était l’étranger ? Jason allait lui parler, mais à la place des mots, sortit un bruit assourdissant, venant de l’entrée du campement. Il se retourna alors par réflexe. Une nuée d’oiseaux apeurés dans le ciel, et la fillette avait disparu. Tel un animal fuyant son prédateur. Le bruit s’approchait de plus en plus. Jason était maintenant seul, perdu à travers cette jungle de tentes. Des bulldozers et des pelles mécaniques étaient les perturbateurs venus pour détruire ce camp.

C’était fini, les proies avaient vaincu les prédateurs pour certains calaisiens et pour les migrants, les prédateurs avaient vaincu les proies. Les machines arrachaient les racines de milliers de personnes. Des vies entières, cherchant à se bâtir un chez soi qui réconfortait lors des jours difficiles, étaient brisées en quelques secondes. Certains migrants avaient mis beaucoup de temps à se construire un abri décent. Les engins de guerre les démolissaient en deux mouvements. « Les conducteurs n’avaient donc aucune pitié pour ces hommes, femmes et enfants, se demanda Jason. » Ils en avaient sûrement mais c’était leur métier et les ordres étaient les ordres. Au loin, le jeune homme entendit des cris et prit peur. Des CRS étaient venus épauler les associations humanitaires pour évacuer les migrants du campement. Il était angoissé à l’idée qu’ils le prennent pour une de ces personnes qui fuient leur pays en proie à la guerre et sont livrées à elles-mêmes dans l’espoir de trouver une nouvelle vie ailleurs. Ce mot, justement, était la destination finale de ces populations. Ailleurs, ailleurs qu’à Calais, de nouveau en route, partir parce qu’ils étaient obligés. « De grands oiseaux en quête d’une prairie où ils pourraient, un jour, manger en paix », lui avait dit une fois une amie de la famille, bénévole pour aider ces migrateurs. Ces derniers embarquaient dans des cars et partaient pour d’autres campements. Cette action était mécanique, ils devaient se réunir en plusieurs groupes puis ils attendaient le départ d’un premier bus avant de s’installer dans le véhicule suivant : des objets attendant le bon camion avant d’être exportés. Jason ne voulait pas avoir le même sort. D’autant plus que ses parents lui avait interdit de rentrer dans le campement. Sa gorge se noua, « que faisait-il là ? » Le garçon commença à courir, c’en était trop. Il voulait quitter cet endroit où l’âme et la biodiversité étaient détruites. Sa course était ralentie par la boue et des obstacles jonchaient même le sol. Il songea alors à la vraie jungle, à ces racines et à ces feuillages tombés sur l’humus de la forêt équatoriale. Pendant sa fuite, il prenait des semblants de rues. Elles rétrécissaient ou augmentaient de façon irrégulière, suivant la taille des abris de fortune. Le jeune homme pensa alors à ses anciennes vacances : celles passées au Maroc, à se promener dans le souk de Marrakech. De toutes petites ruelles où les commerçants étaient constamment en conflit pour vendre un maximum de bibelots. Mais là, aucune personne ne voulait que Jason achète de produits. Pas de marchands de tapis, d’encens, de souvenirs de ce pays, de vaisselle. Personne, si ce n’est des migrants déterminés à rester dans leurs tentes, avec l’espoir de  vivre convenablement. Ils étaient arrivés ici, ils resteraient là. Jason se réfugia sur un amas de terre à l’extrémité sud du campement. C’était par cet endroit qu’il était venu sur les recommandations d’un de ses amis. Il s’arrêta et regarda un instant la zone industrielle. Les bus arrivaient, se chargeaient de migrants et repartaient. Trois mouvements et ces voyageurs repartaient en vol. À l’entrée, des résistants venus empêcher leur départ, affrontaient  les forces de l’ordre. Pour le garçon, c’était un spectacle difficile à regarder. Il se retourna et vit alors un autre paysage. Celui que l’on voulait protéger des prédateurs alors que ceux-ci voulaient  s’intégrer à ce dernier. Jason habitait ici, à Calais, sa ville qui était divisée. Mais ça, il n’aurait jamais pu le croire.

*

Jason était un collégien comme les autres. Il était né à Calais et ne connaissait que cette ville. Son père était ouvrier et sa mère, femme au foyer

Un soir, en revenant du travail, son père fut étonné de trouver près du port, un groupe important de migrants. On voyait ces derniers dans le journal local, prêts à tout pour rejoindre l’Angleterre. Il expliqua à sa petite famille sa découverte. C’était la première fois qu’il en voyait autant. « Ils avaient, en plus, planté plein de petites tentes », ajouta-t-il avec excitation. Il faut dire que Jason et sa mère ne lui prêtaient  pas beaucoup d’attention. Il était en train de faire ses devoirs. Elle, en train de recoudre des chaussettes trouées. « Peut-être qu’ils en parlent à la télévision », continua le père mais  à sa  grande déception, il réalisa que ce sujet n’était même pas passé au journal régional. « Pas de quoi s’exciter ni s’inquiéter », avait répondu sa femme en lui donnant une légère claque amicale sur l’épaule.

La mère de Jason était logique et savait surtout répondre à son mari. Cependant, elle était réservée quand elle ne connaissait pas la personne avec qui elle dialoguait. Son père, lui, par contre était tout l’inverse. Une remarque quand ça n’allait pas et cela à n’importe qui. Parfois, Jason aurait aimé être comme ce dernier mais rien à faire, il avait hérité du caractère de sa mère.

Les mois passaient, la chaleur des vacances d’été avait fait place à la froideur des vacances d’hiver. Avant la joie d’ouvrir ses cadeaux, Jason devait d’abord montrer son bulletin scolaire à son père. Ce dernier était en train de regarder la télévision. Il baissa le son puis commença à le lire. Une petite musique sortit du téléviseur. Journal de 20 H. Il arrêta net sa lecture et augmenta le son. Calais était en une : « 2000, c’est le nombre de migrants retenus dans la zone portuaire calaisienne. La préfecture va ouvrir, au début de l’année prochaine, un centre d’accueil pour les réfugiés ». Son père écoutait avec attention la voix du journaliste. Il appela quand même sa femme : « Chérie, il parle de Calais aux infos ». Elle vint. En voyant les images, elle dit à son mari et à son fils que la situation allait s’accélérer, que beaucoup d’autres migrants allaient venir. « Si un passe, d’autres tenteront aussi leur chance. Pour Jason, c’était un sujet comme les autres, mais il n’aurait jamais pensé qu’il allait changer la vie de sa commune.

À la rentrée, il retrouva ses amis au collège. « Tu as vu Calais le soir à la télé, ils en parlent systématiquement ? », lui demanda un copain. Oui ! Jason avait regardé mais il ne dit rien.  « Il y en avait plein dans l’ancien centre aéré pour réclamer à manger », répliqua un autre garçon. Oui !  Jason avait vu cela mais ne dit rien. Un autre collégien s’exclama : « Ça grouille de migrants, comme dit mon père : « Calais n’est plus Calais, on devrait tous les renvoyer dans leur pays ! » ». Il l’imitait, tout le groupe a ri, Jason lui, avait esquissé un sourire forcé pour être du même avis que sa bande. La sonnerie du début des cours, puis après, celle de  fin de journée. Il remarqua à la sortie du collège que certains parents étaient venus chercher leurs enfants. Pour le jeune homme, il n’y avait pas de doute, la peur avait fait son entrée dans la ville.

2000,4000,6000, la population de migrants augmentait tous les 4 mois. La raison de cela était la sécurisation du tunnel et de la rocade qui avait rendu impossible les tentatives d’évasion vers le Royaume-Uni. Mais les migrants étaient de plus en plus nombreux et n’avaient pas perdu espoir.  « La force du nombre pensa alors Jason ». En remontant la rue pour rentrer chez-lui, il vit son père parler avec un voisin :

« C’est super dangereux de passer à côté du camp, t’as vu ce qui s’est passé hier.

-Oui bien sûr, la bagarre opposant plusieurs communautés.

-Entre 200 et 300 migrants, ça craint pour nos enfants, il faut nous méfier et faire attention. »

« Ils nous envahissent Jason, ils nous envahissent, rentre vite chez toi ! », s’esclaffa le voisin au garçon qui traversait le jardin de la maison. Quand il rentra, sa mère lui dit qu’il ne fallait pas les écouter, et qu’au contraire, il fallait aider les migrants à mieux s’intégrer à notre culture. Ils avaient dû quitter  leur pays en guerre, nous devions les accueillir en humains ouverts et respectueux des droits de l’homme. Elle rajouta qu’elle avait invité le week-end suivant, une amie qui travaillait bénévolement au camp de la lande (elle détestait le mot « jungle » car cela « rabaissait la dignité de ces hommes, femmes et enfants qui voulaient juste trouver du réconfort.)et qu’elle calmerait un peu son père sur le sort des migrants.

« Tu sais, ils veulent juste rejoindre l’Angleterre. La France pour eux, n’est qu’une étape et n’est pas franchement un lieu d’asile. Il y a beaucoup trop de difficultés liées à la langue, à l’emploi, aux mentalités ; c’est rare qu’ils aient une famille », expliqua la bénévole au père de Jason qui faisait, sans doute, semblant d’écouter.  Elle continua mais cette fois-ci regarda la mère, plus sensible : « Quand ils arrivent, certains portent leurs bébés ou leurs enfants dans les bras. Ils sont fatigués, exténués. Pour la plupart, ils ne comprennent pas, les parents leur disent alors : « Nous faisons un grand voyage, quand nous arriverons en Angleterre, nous aurons une vie mille fois meilleure, mais là, nous faisons une halte qui peut prendre beaucoup de temps. Vous vous reposerez comme cela ». Les gamins sourient et sont plus rassurés. C’est extrêmement touchant, cela contraste avec les conditions de vie qu’ils vont connaître quelque temps après… » Au fur et à mesure qu’elle parlait, ses yeux s’humidifiaient et se remplissaient de larmes. La mère de Jason, voyant cela, lui fit un signe de tête en direction de la cuisine. Elles se levèrent et se précipitèrent dans la pièce, la bénévole tenant un mouchoir pour essuyer ses larmes. La femme de la maison, avait poussé la porte mais elle n’était pas complétement fermée. « Voilà ce que font les migrants, ils nous changent, nous divisent et nous traumatisent plus qu’autre chose !», s’énerva le père de Jason qui sortit de la bâtisse pour aller fumer. Claquement de porte. Jason était désormais seul dans le salon. Que faire ? Ses parents avaient deux visions de ce campement. L’une fondée sur la peur que les migrants détruisent la vie des Français et l’autre fondée sur l’intégration de ces personnes en France. Le garçon ne voulait pas choisir. C’étaient ses parents, unis par l’amour et non pas divisés par la haine. Cependant, Jason se rapprocha de la cuisine. Il voulait en savoir plus sur ce campement qui apparemment bouleversait la vie des bénévoles mais aussi celle des migrants. Peut-être était-ce le seul point commun, se souvenir que dans ce lieu, la misère et l’émotion étaient ressenties par tous. Il se cacha derrière la porte et entendit :

« Les conditions de vie sont misérables, ils luttent pour survivre ! Une vraie jungle, ça oui, avec la loi du plus fort. Parfois, nous subissons des remarques de certains migrants mais je les comprends. Ils veulent survivre. Ils doivent survivre ! sanglota l’amie de la famille, sais-tu que c’est comme en 2002, avec le « Sangatte », mais en pire !

-Je sais, je sais, répondit sa mère avec beaucoup de compréhension

-Mais non tu ne sais pas ! lâcha la bénévole, Quand il pleut, des torrents de boue se forment et dégradent nos installations. Tout doit être reconstruit, tout ! La nuit, des rixes se forment entre plusieurs communautés. Il y a parfois des morts ! Cela provoque des tensions et le climat est de plus en plus tendu. J’ai l’impression que des migrants ne soucient même pas de nous alors que nous les aidons à manger, à s’intégrer dans la société et à rendre leur vie plus agréable dans le campement !

-Calme-toi, ne t’énerve pas…, lui répondit ma mère en la prenant dans ses bras, cela ne sert à rien. Maintenant que tu as dit ce que tu avais en toi, ça va aller mieux… »

Pour Jason, c’en était trop. Que faire, que penser ? Il voyait son père fumer sa cigarette et qui rigolait avec les voisins alors que sa mère réconfortait une amie qui pleurait presque de désespoir. L’innocence de son père contrastait avec la volonté, pour sa mère, d’aider les migrants

Pour Jason ce fut aussi compliqué. Ses parents s’étaient divisés à cause des populations du campement. Il voulait voir de ses propres yeux l’origine du problème. « Méfie-toi de la télévision, on ne raconte parfois pas toute la vérité », lui avait -on dit. Il voulait comprendre le sujet de toutes les lèvres, de ses proches, de ses amis, de ses voisins, de la commune entière. Il irait, tant pis même si ses parents lui avaient fermement interdit. Il demanderait à l’un de ses copains, l’« entrée secrète » contre un paquet de bonbon par semaine. Il y allait par nécessité. Il devait voir cette « jungle » impénétrable, protégée et détestée. Peut-être apercevrait-il des animaux dangereux et des arbres millénaires majestueux ? Rencontrerait-il, enfin, les « migrants », membres de la communauté dont on avait tant parlé ?

*

Il se retourna encore une fois pour regarder le campement. Il se remémora les paroles de la bénévole : « Quand tout sera terminé, les migrants auront une vie mille fois meilleure ». Cela s’appliquait à la fille, mais aussi à ses parents, à ses amis, à ses voisins, à Calais tout entier…et sans doute à lui. Jason se rappela une dernière fois de la leçon sur la forêt amazonienne : « la biodiversité est menacée par l’Homme, mais seul ce dernier peut l’aider à prospérer. » Il pensa à la fillette aperçue tout à l’heure. Peut-être aurait-il dû lui parler ? Peut-être aurait-il dû lui crier quand le son de la démolition s’était fait  entendre ? Jason regrettait. Soudain, ce dernier sentit sur son épaule, une main. Était-ce la fille ? Il se retourna vivement espérant la voir. Mais à sa grande déception, il réalisa que c’était une camarade de classe venue le chercher pour rentrer en ville. La compétition de football était terminée. Jason n’avait pas suivi la partie. Qu’importe… Pendant, un court instant, il s’était mis à songer à tous ces migrants obligés de quitter la zone portuaire. Zone, qui fut le temps d’un match, la bataille de deux quartiers.

les étonnants voyageurs : La Boue

http://images.freeimages.com/images/thumbs/c24/free-swoosh-background-1636600.jpg   La Boue

 Lola  reposa les ciseaux sur la table. Elle referma le journal et le plia en quatre. C’est à ce moment-là qu’elle perçut quelque chose d’anormal. Quoi ? Un détail. Juste un infime changement dans la qualité de la lumière, tel un nuage traversant le ciel. La jeune fille leva alors la tête vers la fenêtre et, surprise, de frayeur, faillit pousser un cri. Elle demeura bouche ouverte, figée, littéralement paralysée par le regard de l’homme qui la fixait à travers les carreaux.

Un homme, vraiment ?... L’inconnu avait la carrure d’un ogre. Sa large face ronde était collée à la vitre. Insensible à la pluie qui lui plaquait les cheveux sur le front et ruisselait en gouttes épaisses le long de ses joues, il la scrutait avec  des yeux de loup.

Lola fut secouée d’un frisson. Ce qu’il fallait avant tout, c’était  échapper à ce regard. Elle esquissa un pas à reculons, puis fit une brusque volte-face et s’éloigna en s’efforçant de ne pas courir.

Elle sortit de sa chambre et se mit à marcher plus vite, jusqu’à ce qu’elle atteigne la cuisine. Elle  s’assit tout en repensant à ce qui venait de se passer. La… chose, n’avait pas bougé d’un cil quand elle était partie. Peut-être était-ce un fou, échappé de l’asile ? Non, il n’en portait pas les vêtements. Ou alors était-ce un voyeur, auquel cas elle devait prévenir les gendarmes.

Alors qu’elle réfléchissait, elle entendit un bruit lointain, comme une explosion. Le bruit se rapprochait de plus en plus. Sans prendre le temps de mettre ses chaussures, elle sortit dans le jardin pour voir ce qu’il se passait. Quelque chose passa au-dessus d’elle. C’était très rapide, cela ressemblait à un grand oiseau. Il survola  la maison qui explosa. Lola fut projetée à terre, sa chemise de nuit tachée par la boue. Quand elle se releva, sa maison n’était plus qu’une ruine en flammes. Elle entendit des cris. Des hommes couraient dans sa direction. Tous grands et hirsutes, avec un habit vert qui les rendait difficiles à discerner du reste du paysage. Quand ils arrivèrent à sa hauteur, elle put lire la peur dans leurs yeux. Ils criaient des choses incompréhensibles. Ils couraient, la folie au ventre, ils couraient, comme des brebis fuyant les loups, ils couraient, ils s’écrasaient, se marchaient dessus, n’ayant en tête que leur propre survie, tout en sachant que tout était déjà fini.

Lola, elle, regardait tout cela, sans voix, les loups qui étaient autour d’elle fuyaient comme des moutons et se comportaient en hyènes. Elle avançait. A l’inverse des hommes en vert, elle, avançait. Elle voulut reculer, mais ses membres ne répondaient plus.

Devant elle, s'étendait un champ de boue et de cadavres. A l'horizon, la boue, les cadavres et une douce lumière annonçant la venue des loups, les vrais.

Elle avançait entre les arbres morts, sautait par dessus les fossés et arriva enfin devant l'océan, un océan rouge. Elle décida de le traverser. Parfois, elle trébuchait sur les vagues ou marchait sur un tas d'algues spongieuses. L'odeur salée de cette mer lui piquait le nez et les yeux.

Les yeux ? Une odeur ne pique pas les yeux. Elle reprit soudainement conscience de la réalité qui l'entourait. La fumée et l'odeur du sang. C'était cela qui la dérangeait. Ses pieds pataugeaient dans la boue et elle était trempée à cause de la pluie, elle avait froid et la fascination avait fait place à la peur.

Des hommes en bleu avançaient. Ils avaient un regard de prédateur, comme ces animaux qui n'ont pas mangé depuis des jours. Ils avançaient, maigres, mais triomphants. Ils virent Lola, seule au milieu de l'horreur. Elle les regardait sans comprendre ce qu'ils faisaient là. Et eux, ils la regardaient en se disant qu'ils n'auraient plus cette chance le lendemain. Lola remarqua que la pluie avait rendu sa chemise de nuit transparente et que les hommes en bleu l'observaient avec des sourires obscènes.

Elle comprit trop tard que ces animaux- là étaient emplis d'une cruauté trop humaine pour qu'ils soient appelés « loups ». Elle s'évanouit, l'un des hommes la rattrapa en riant d'un rire terrible, les autres riaient avec lui. Ils l'emmenèrent avec eux pour célébrer leur victoire comme il se doit.

A l'ouest, rien de nouveau...

Bilal

22 mars 2017

Matin d'hiver

Matin d'hiver

Ce matin d'hiver, en Dordogne, je me promenais dans la campagne, équipée d'une doudoune, d'une écharpe et de gants car il faisait froid. Mon chien, fidèle compagnon, m'accompagnait dans la contemplation de ce beau paysage.

http://images.freeimages.com/images/thumbs/853/snow-landscape-paysage-de-neige-1578329.jpgEn marchant, je vis, à ma grande surprise,  une ferme où se trouvaient étonnamment des dindons, mon chien, tout excité, partit en courant. Prise par cet élan, je fis tomber mon sac à main de l'autre coté de la clôture tout en m'étalant piteusement de tout mon long dans une marre boueuse. Au loin, j'aperçus un charmant jeune homme accourir, il était grand, brun aux yeux verts. Arrivé à ma hauteur, il interrompit sa course pour me secourir, quand, fascinée,  je l'ai regardé dans les yeux, les miens se sont mis à briller comme des diamants. Mon chien est revenu aussitôt quand il a senti l'odeur des dattes qu'avait cet homme dans sa sacoche, nous avons ri. Je ne cessais de le regarder, je souriais bêtement. Je ne savais pas trop ce que cela signifiait, pourquoi est-ce-que mon coeur s'emballait quand il me parlait, sa voix me donnait des frissons. J'étais comme attirée, sa façon de penser me transportait dans un voyage fabuleux, j'étais subjuguée par sa musculature. Face à lui, j'avais perdu toute perception du monde extérieur, lui seul occupait mon esprit.

5 ans après notre rencontre, il s'agenouilla devant moi. Il me demanda de devenir sa femme, je répondis affirmativement dans un élan d'amour et d'admiration et il  passa cette bague si magnifique à mon annulaire....

EG&CR

Un samedi de printemps

http://images.freeimages.com/images/thumbs/0b9/bevel-2-1636414.jpgC'était un samedi de printemps. Le ciel était bleu, les oiseaux chantaient, les fleurs coloraient la nature. Comme tous les matins, assis sur le même banc, je lisais mon livre en mangeant des dattes. J'avais cette habitude de me retrouver seul dans ce magnifique parc.

Quand tout à coup, je l'aperçus. Cette femme me semblait irréelle. Elle était habillée d'une robe à fleurs jaunes et vertes et d'une doudoune en plumes de dindon blanc. Elle portait un béret violet et des chaussures rouges vernies. Je n'avais jamais vu autant de couleurs sur une même personne en même temps. Mais elles se mariaient parfaitement avec le  paysage.

Elle tenait dans sa main un guide et une carte de la ville. Je compris immédiatement qu'elle était perdue. Je ne puis m'empêcher de m'approcher d'elle. Après quelques échanges elle m'expliqua que cela faisait des heures qu'elle recherchait le parc national de Dordogne. Je lui expliquai alors que cela faisait des heures qu'elle était entrée dans ce fameux parc. Confuse et gênée elle ne put s'empêcher de rire nerveusement. Son sourire était tellement rayonnant, ses yeux vert diamant et son visage rond étaient d'une telle beauté que j'en étais bouleversé. Je n'avais jamais vu une femme aussi belle.

Ne voulant pas l'effrayer je lui demandai si elle ne voyait pas d'inconvénient à faire une partie du chemin avec moi. Un peu timide elle accepta cette proposition d'un hochement de la tête.

Au début je trouvai ça assez agréable de marcher aux côtés d'une inconnue sans avoir besoin de parler. Une fois la glace brisée, nous ne marchâmes plus en silence très longtemps. Après un moment je ne pouvais plus l'arrêter. C'était tellement intéressant de l'entendre parler de tous ses grands projets que je fus émerveillé. Je ne saisis absolument rien de ce qu'elle disait, incapable de me concentrer sur ses propos,  mais je ne pouvais m'empêcher d'aimer sa façon de s'exprimer.

C'est à cet instant, lorsque je ressentis un frisson me parcourant des orteils au sommet du crâne, que je compris que j'étais tombé amoureux d'elle. La vie telle que je la connaissais avait désormais changé. Lorsque nous nous quittâmes, j'avais cet étrange certitude que nos chemins allaient se recroiser...

 

M-L.S-G

Rencontre à la campagne

              http://cache4.asset-cache.net/xt/618448752.jpg?v=1&g=fs1|0|SKP532|48|752&s=1&b=NENE  Il était 16 heures. Eric, jeune fermier, homme aux cheveux crépus, yeux marron, nouvellement installé dans la région, , devait effectuer sa livraison de produits laitiers chez une noble famille à Tours. Ce fut en tracteur qu'il se déplaça.

Quand il arriva à destination, il toqua à la porte et soudain, une sublime jeune femme apparut devant lui. Elle était magnifique, avait les yeux bleus, les cheveux bruns, ressemblant trait pour trait à la fille dont il rêvait depuis toujours.

Eric raconta plus tard ce qu'il ressentit:

"J'étais sous le charme, une bouffée de chaleur m'envahit dès que je l'avais vue. J'étais tellement séduit, que je ne savais plus quoi dire, j'oubliais même le motif de ma venue. Je lui dit "il fait chaud, le thermomètre est à son plus haut niveau". Elle rit et me dit " vous êtes le nouveau fermier?" A la suite de cette question plutôt simple, je n'eu plus de voix, je ne savais plus parler comme si l'on m'avait coupé les cordes vocales. C'était la première fois de ma vie que cela m'arrivait, cette femme à qui j'avais tant rêvé était enfin là, devant moi. Le temps passa, sans aucun échange, hormis des jeux de regards. Soudain, elle me dit " Bon, je vais vous prendre 2 bouteilles de lait pour aujourd'hui" puis cette belle brune retourna à son occupation qui était de finir son tartare de langoustines aux fines herbes dont j'avais humé le fumet dès l'ouverture de la porte...

 Malheureusement, lors de cet échange je sentis qu'elle était indifférente.

Déçu, je continuais ma ronde et passai à la maison suivante. Je toquai à la porte quand soudain, une tortue géante m'ouvrit ! Etonné, j'eus un sursaut et me réveillai..."

Ceci n'était qu'un rêve.....

JG&AB

16 mars 2017

Le travail nous permet de survivre

Le travail nous permet de survivre, de subvenir aux besoins de notre entourage, de nos enfants. Le travail est malsain : certes il nous permet de nous sentir plus autonomes, plus utiles à la société, mais en réalité, il nous submerge. Comme tout individu, le travail a une face cachée. Derrière ses airs de réussite et de famille parfaite en banlieue, on  voit la pénombre. On  voit de jeunes enfants innocents confrontés à la cruauté du monde extérieur, menacés par les plus grandes entreprises elles-mêmes noyées par un voile de billets qui a réussi à leur faire oublier leurs vraies valeurs.

Mais malgré tout, le travail a une part de bonheur inépuisable quand il est aimé et souhaité à chaque lever de soleil, avant même que la sonnerie assourdissante du réveil ne retentisse. C’est ce travail-là que tout le monde souhaite, celui pour lequel les enfants prient tard dans la nuit. Ce travail, celui qui nous comble, est vital : le travail fait partie intégrante de notre vie, c’est plus ou moins sur lui que notre vie se construit, nos amis, nos amours…

Carnet de famille

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Mardi 14 mars 2017

C’est la première fois que j’écris dans ce petit carnet…. Je sens pourtant son odeur particulière depuis des mois, en me disant qu’il me serait utile pour y inscrire mes pensées et mes tourments.

Et c’est ce soir, le mardi 14 mars, que j’ai enfin décidé de m’y mettre. En même temps le destin m’y a un peu aidé…Mais je parlerai de ceci dans peu de temps.

Il paraît qu’écrire dans un carnet ses pensées positives ou néfastes fait énormément  de bien car cela permet de vider la tête de ce qui la tourmente, de ce qui l’empêche de travailler sereinement.

La journée d’aujourd’hui a vraiment été désastreuse…Elle a commencé par un cours de biologie suivi d’un cours de biochimie. Je suis en première année de médecine, et, depuis quelques temps je rencontre beaucoup de difficultés à comprendre les cours, bien que je travaille énormément. J’accumulais de plus en plus d’incompréhensions et tous les jours je perdais confiance en moi et mon moral diminuait à vue d’œil. J’ai donc décidé d’aller voir un de mes formateurs pour discuter avec lui de la situation. Et la catastrophe ! Il me dit avec mépris que je ne risquais pas de passer le cap du concours de la fin de l’année, à moins que je redouble de motivation et de persévérance.

A ce moment-là, tout s’est effondré autour de moi : mes envies, mes projets, mes rêves, ma vie, tout simplement…. La vie que je m’étais imaginée…En étant médecin…Je souhaite…enfin, je souhaitais, vu que c’est très mal parti…être pédiatre.

C’est mon rêve depuis que je suis toute petite et cela me tient vraiment à cœur.

Cela m’attriste profondément, vous imaginez, renoncer à son rêve d’enfant à 19 ans ? « Que c’est triste ! » diraient mes grands-parents s’ils étaient présents dans cette pièce

Mes grands-parents…je pense que je vais les appeler ! Cela m’apportera du réconfort et qui sait, cela me redonnera certainement le moral et la motivation pour redoubler d’efforts.

Mercredi 15 mars 2017

Je reviens vers mon petit carnet après avoir appelé mes grands-parents hier. Ils m’ont rassurée avec bienveillance en me disant qu’ils étaient persuadés que j’allais y arriver et que si j’y mettais toutes mes forces et ma motivation, j’étais sûre d’arriver à réaliser mon rêve. Ils m’ont également rappelé une mauvaise passe qu’a vécue un de mes amis, Estéban.

Mon meilleur ami, Estéban, pratique l’athlétisme depuis 11 ans et l’an dernier, il s’est fait une entorse au genou 5 mois avant les championnats de France. Il a dû arrêter ses nombreux entrainements durant 3 mois et, lorsque cet arrêt a pris fin, ainsi que ses séances de kinésithérapie, il  a repris l’athlétisme, bien décidé à rattraper les 3 mois d’entraînements perdus. Le problème a été qu’après cette blessure assez grave, son arrêt des entrainements et la rééducation chez le kinésithérapeute, il n’arrivait pas à récupérer son niveau d’avant l’accident. Les entrainements étaient pour lui très douloureux, tant physiquement que moralement. En effet, son genou le faisait beaucoup souffrir et son moral lui, s’en allait petit à petit ainsi que son enthousiasme, son esprit de compétition et surtout son mental d’acier, un vrai mental de sportif dont il me parlait souvent auparavant. Cette période a vraiment été une période très difficile pour lui. Je ne l’avais jamais vu autant découragé et cela m’a fait beaucoup de peine. J’essayais constamment de lui remonter le moral car je croyais fortement en sa réussite, mais lui n’y croyait plus…Lui qui avant avait un moral d’acier, toujours à chercher la réussite, cet accident lui avait faire perdre toute son opiniâtreté et il ne croyait plus du tout en ses capacités. Et puis, un jour, son entraîneur, sentant son mal-être, décida d’aller lui parler.

Je suis épuisée, je reprendrai cette histoire demain soir, après mes cours.

Jeudi 16 mars 2017

L’entraineur d’Estéban décida donc d’aller lui parler. Et le temps d’un chocolat chaud, mon meilleur ami apprit que son entraineur avait lui aussi été victime d’un accident. Lui aussi s’était fait une entorse mais contrairement à Estéban, à la cheville. Il apprit que son entraineur, qu’il admirait pour ses performances, avait lui aussi dû faire face à des difficultés dans sa progression. A partir de ce moment-là, Estéban s’est métamorphosé : il a continué les entrainements, mais cette fois avec motivation, persévérance et foi en ses capacités. Ces amis et moi étions tous avec lui, car depuis que nous le connaissions, nous étions persuadés qu’il arriverait à devenir un grand sportif, malgré les hauts et les bas de sa vie. Bien qu’il souffrît beaucoup de sa blessure, il s’entraînait avec rigueur et détermination trois fois par semaine, comme auparavant.

Et toute sa détermination a payé : il a remonté la pente grâce à la passion qu’il avait pour cette discipline. Lors du championnat de France, il a été sur la troisième marche du podium à son grand étonnement.

Toute cette histoire me redonne le moral et me prouve qu’avec de la persévérance, de l’opiniâtreté et motivation, on peut réussir à réaliser ses rêves, même les plus fous quand celui-ci reflète une passion que l’on a au plus profond de nous.

Je me couche donc avec le souhait de reprendre confiance en moi et de me remettre à croire en mon rêve et de travailler avec persévérance et motivation.

Vendredi 17 mars 2017

Aujourd’hui, je me suis sentie mieux, beaucoup mieux. Ma confiance en moi est revenue et en arrivant dans l’amphithéâtre, je me suis dit qu’il fallait que j’y arrive, que mon avenir soit celui que j’avais décidé et pas celui qui s’est imposé sous le poids de mes difficultés.

A la sortie des cours, je me suis sentie légère comme je ne l’avais pas été depuis longtemps. Ce soir j’allais réviser avec une amie, en deuxième année de médecine. Elle avait accepté de m’aider car elle est passée par la même phase de découragement que moi…

Samedi 18 mars 2017

Après les révisons d’hier soir, j’étais confiante ; je pouvais comprendre les cours ! Il fallait juste que je fasse des liens avec mes autres cours, que je regarde dans mon livre et bien sûr que je révise et que je m’entraîne pour toujours garder ses connaissances.

Je pense que la fin d’année va être très remplie et c’est pour cela que je n’aurai certainement pas le temps d’écrire dans mon carnet…. La suite sera donc après ce concours tellement redouté par tous les étudiants en médecine.

Samedi 24 juin 2017

Aujourd’hui, j’écris dans ce carnet avec le sourire aux lèvres ! Je viens de passer une journée fantastique. Le matin j’ai appris ma réussite au concours, billet d’entrée pour la deuxième année de médecine. J’ai été tellement surprise et heureuse que les larmes se sont mis à ruisseler le long de mon visage. Un de mes formateurs est venu me voir en me disant qu’il ne fallait pas pleurer pour une aussi bonne nouvelle. Mais je ne m’y attendais absolument pas. Une erreur de nom ? Ou de note ? Non non j’avais bien réussi le concours de la première année de médecine. Dans le même temps, j’appris qu’Estéban était sur la première marche du podium du championnat de France, son deuxième championnat de France. Le soir, nous nous sommes réunis avec ses amis et les miens et nous avons fait une grande fête, bien méritée…

Samedi 10 juin 2023

Je sais maintenant pourquoi ma grande sœur chérie m’a fait lire toutes ces lignes…

J’ai retrouvé ce carnet dans sa chambre après que l’on a déménagé ses affaires pour son départ dans son nouvel appartement. Quand je lui ai dit l’avoir trouvé, elle m’a dit de le lire à partir du marque-page violet.  Etrange ai-je pensé sur le moment…Et puis j’ai tout compris : elle se fait du souci pour moi car en ce moment, je prépare un concours de piano très difficile pour entrer au conservatoire de Versailles et ma professeure  m’a aujourd’hui dit sèchement qu’il faut que je sorte de ma torpeur, que je me réveille car ce concours n’est pas un rêve facile à atteindre mais qu’il faut aller le chercher loin, à coups de détermination et de motivation grandissante. C’est pour cela que ma sœur a décidé de me faire lire ce carnet…Ce carnet qui témoigne d’un moment de sa vie où elle allait mal…Je me rappelle que c’est toute cette histoire qui lui avait redonné la force de se remotiver, de regagner l’opiniâtreté qu’elle avait toujours eu, depuis toute petite.

Alors merci car tout cela me montre l’importance des mots : MOTIVATION-DETERMINATION-PERSEVERANCE et surtout PASSION.

Je vais donc me remettre à travailler avec rigueur et en faisant de tous ces mots mon cri de guerre quotidien car le piano est ma passion et je le sais pertinemment.

Merci beaucoup ma soeurette chérie ! Je pense fort à toi !

Samedi 27 juin 2023

Ma soeurette chérie a décidé de me laisser ce carnet. Elle me dit qu’il a été pour elle une grande source de réflexion et que cela lui avait permis de comprendre le sens du mot travail, le vrai sens. Nous en avons donc discuté toute deux et sans nous être concertées auparavant, nous sommes tombées d’accord ! Nous avons donc décidé d’écrire à deux le sens de ce mot dans ce carnet. Qui sait peut-être qu’un jour nos enfants et petits-enfants le liront…

Le travail découle de la motivation à réaliser un rêve qui provient d’une passion au plus profond de nous-mêmes et c’est pour cela que l’on arrive à y mettre autant de persévérance, d’énergie et d’opiniâtreté car c’est pour la réalisation de ce rêve. Nos proches, amis et familles, lorsqu’ils nous montrent qu’ils nous estiment, nous permettent de nous remotiver et de croire en nos capacités et donc de permettre à ces dernières de pleinement se développer.

Mardi 27 novembre 2023 :

Je reviens vers ce petit carnet après un mois sans avoir écrit tout ce qui me tourmentait, me faisait réfléchir. En effet, entre la préparation du concours d’entrée au conservatoire de Versailles et mes études, je n’ai pas eu de moment de calme pour continuer le fil de ce carnet. Ce soir, je me penche pour rédiger des lignes rayonnantes de bonheur, avec un sourire de fierté et de satisfaction ; cet après-midi j’avais passé le concours d’entrée au conservatoire et je l’avais réussi : j’étais acceptée !! J’allais donc continuer à apprendre le piano au conservatoire de Versailles, mon rêve depuis que je suis toute jeune. Après cette heureuse et fantastique journée, je referme ce carnet et je vais me coucher avec une grande satisfaction.

Floriane

Le Garçon

        https://visualhunt.com/photos/t/1/black-and-white-abstract-architectural-detail.jpg    Il y a très longtemps, vraiment très longtemps, au début de l’Humanité où il a fallu apprendre pour survivre, un garçon est né. Ce garçon est mondialement connu depuis sa naissance. Il a une particularité peu commune, il a le don d’ubiquité. Cela lui permet d’accompagner plusieurs personnes en même temps. A côté du bébé qui essaye en vain de marcher, d’un lycéen en train de faire une rédaction, ou encore derrière l’homme en haut d’un building, dans son bureau qui crie au téléphone.

            Ce garçon peut aussi avoir plusieurs visages. Celui du père qui répète inlassablement le mot gâteau pour que sa fille de deux ans et demi puisse le dire. Ou alors être le cahier de géographie sur lequel le collégien révise pour le contrôle du lendemain.  

            Le garçon depuis son plus jeune âge a un gros défaut, il est infidèle. Il peut être marié à l’Epanouissement et vivre le grand amour et être source de plaisir ou de bonheur. Mais peut le tromper avec l’Ennui ou encore le Calvaire, après une mauvaise passe. Il n’a plus de sentiment aussi passionnel qu’au début de leur relation. Ces maîtresses sont redoutables, elles peuvent mener le garçon à abandonner l’Epanouissement pour elles. Et nous nous pouvons plonger avec elle !

            Il est là sur le pas de la porte de la classe, du bureau, de la salle de réunion, de la salle d’examen. Il reste auprès de nous tout la journée collé à nous sans nous lâcher, même pendant l’heure de la pause pendant que nous mangeons. Et quand nous rentrons chez nous, nous penserions qu’il resterait devant la porte à nous dire au revoir, à demain ou à lundi, mais non il s’immisce dans nos pensées et reste avec nous pendant la soirée, le weekend, les vacances. Il a comme deuxième don de nous étouffer et de nous oppresser. Nous ne pouvons pas nous détacher de lui. Il est notre drogue, sans lui nous ne pouvons vivre. Il est notre ancrage pour avoir une vie paisible jusqu’à la fin. Le garçon peut être un bon compagnon ou alors ton bourreau.

            Ce garçon connu de toutes les générations et tout âge a pour nom Travail.

14 mars 2017

Nouveau départ Elisa

https://visualhunt.com/photos/s/7/vespa-vehicle-wheel-motoring.jpgLe jour de notre départ était arrivé, tout était prêt, valises, papiers.

Ma mère était terrifiée à l’idée de nous voir partir travailler dans un autre pays. Elle disait toujours que c’était insensé et risqué. Mon cousin et moi, nous étions sûrs de notre coup, lui allait faire le pain et les pâtisseries et moi j’allais servir les clients.  

On avait trouvé un  local depuis la France, il était situé dans le centre de Manhattan, dans une petite rue commerçante. Le monsieur nous l’avait vendu vraiment peu.

A l’aéroport nous quittâmes notre famille, attristée et apeurée, pour construire notre rêve. Quelques heures plus tard nous le touchions du doigt.

Nous nous installâmes le plus vite possible dans notre appartement, trop pressés de voir notre nouvelle boulangerie.

Enfin devant notre rêve, l’émotion était énorme. Les larmes nous montaient aux yeux, de voir enfin notre projet commencé depuis si longtemps.

Si le local était prêt, il ne restait plus que la marchandise à acheter. Dès le départ de l’homme qui nous avait donné les clefs, nous commençâmes à nous installer. Par chance nous avions trouvé un local où tout était prêt, aucuns travaux n’étaient à prévoir. Nous rajoutions quelques éléments de décoration.

Quelques jours plus tard, le moment de l’ouverture était arrivé, toutes les viennoiseries et pâtisseries étaient bien rangées sur les présentoirs, les baguettes alignées derrière le comptoir et notre employé et moi habillés d’un tablier doré.

Ce jour-là, la boutique n’a pas désempli. Tout le monde achetait nos pâtisseries qui venaient du bout du monde. Les américains nous félicitaient pour cette remarquable idée, nous disant qu'auparavant la boulangerie la plus proche était à 50km.

Notre boulangerie était une ambition depuis très jeune, et voila que cela faisait maintenant un an que nous l'avions ouverte. Même si nous pouvions dire que les premiers mois étaient parfaits, les suivants n'étaient pas comme nous l'avions espéré.

Les dettes et les problèmes se sont peu à peu accumulés, mon cousin sombrait dans une nouvelle dépression et les clients se faisaient de moins en moins nombreux. Alors que faire, poursuivre mon destin ou rentrer en France ?

E.C 

 

Le travail (Tiffany)

http://cache2.asset-cache.net/xt/459958883.jpg?v=1&g=fs1|0|SKP176|58|883&s=1&b=NTE2Ce jour-là, nous étions le 7octobre 2001, et c’était mon premier jour de travail dans une grande entreprise américaine . J’étais très excitée à l’idée de découvrir, enfin, le monde du travail. J’avais 25ans, j’étais sortie de mon école il y a tout juste un an mais il m’avait été difficile de trouver un emploi depuis. Le patron de l’entreprise m’avait finalement rappelée en me disant qu’il avait aimé mon ambition et ma motivation mais également afin de m’annoncer que je commençais dans une semaine. Depuis cet appel, sept jours étaient passés, nous étions lundi et il était sept heures et demie. J’enfilai un chemisier blanc, une jupe crayon noir, un blazer foncé, je mis ma plus belle paire d’escarpins noirs, remontai mes cheveux, pris mon sac à main et je partis prendre un taxi. Sur le chemin je m’arrêtai au café. Je voulais ressembler à une vraie femme d’affaire, une femme des films américains.

En arrivant devant le gratte-ciel de l’entreprise, je fus accueillie par Catherine, mon assistante. Elle allait m’aider pour les appels, la paperasse ... Catherine me fit visiter l’entreprise et me présenta tous mes nouveaux collègues. Avant de commencer à travailler, M. Charles, le directeur voulait s’entretenir avec moi. Il me parla sévèrement, m’expliqua qu’il n’accepterait aucune erreur et que le travail devait être fait selon ses règles. M. Charles paraissait beaucoup plus dur que lors des premiers entretiens. J’angoissais. Allais-je réussir le travail demandé ? Je ne le savais pas. Je suivis mon assistante vers mon bureau. En ouvrant, la porte je découvris un grand bureau lumineux et une magnifique vue sur Paris et la Tour Eiffel. Je me sentais bien et j’étais heureuse d’être là.

Au bout d’un an de travail en entreprise, je fis le constat que cet emploi me plaisait vraiment, j’étais épanouie. Je commençais à avoir beaucoup de travail afin de préparer les publicités des fêtes de fin d’année. M. Charles m’avait proposé de travailler sur un gros projet : une affiche publicitaire numérique sur Time Square. J’étais  enchantée que le directeur me fasse confiance, mais cette proposition n’enchanta pas mes collègues qui attendaient cette proposition depuis plusieurs années. Je travaillais sans cesse, je ne sortais plus, je ne vis plus personne durant des semaines. Mon projet avait finalement été approuvé, je ne regrettais pas d’avoir mis ma vie privée entre parenthèses le temps de finaliser le projet.

Au bout de sept ans je n’étais plus épanouie. J’avais de plus en plus de travail. Ni mon assistante, ni mes collègues ne voulaient m’aider. M. Charles était de plus en plus sévère avec moi malgré tous les efforts que je fournissais. Je tombai en dépression. Je ne voulais plus travailler, plus sortir… Je fus mise en congé maladie pendant dix mois, je prenais différentes sortes de médicaments… Je ne savais pas si je reviendrais dans cette entreprise où l’enfer était roi. Je ne savais pas si j’aurais la force de recommencer…

TB

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