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04 mai 2017

Si La Fontaine m'était joué INSOUMIS (le loup et le chien)

Un jeune homme maquillé, gros, vêtu de chaîne et de vêtements noirs s'avance sur le plateau et s'arrête près d'un autre musclé, beau et portant  costume. Il l'admire.

LE PREMIER

Que vous êtes beau et imposant,

J'aimerais tant être comme vous,

Aussi musclé et grand,

Et avoir dans mes poches autant de sous.

LE DEUXIEME

Un pauvre homme ayant trois tissus comme vêtements,

le gras en dessous et les cernes voyants,

Qui ne rêve que de me ressembler,

N'aurait qu'à le demander.

LE PREMIER

Je le demande, je le souhaite, alors que faire ?

Mon seul vœu est d'enfin plaire,

Pourtant rien ne change, rien ne se passe,

Il n'y a plus que le temps qui alourdit ma carcasse.

LE DEUXIEME

Fixez-vous des objectifs, abandonnez ces tenues,

Construisez-vous un corps svelte, faites un peu de sport,

Cessez d'écouter votre musique de saugrenu,

En peu de temps vous serez devenu beau et fort.

LE PREMIER

Abandonner mes goûts musicaux pour vous ressembler ?

Je n'en ferai rien, veuillez m'excuser,

Je préfère ma liberté de penser à mon physique,

Plaire m'est beaucoup moins important,

Que m'amuser et profiter de la vie en écoutant,

La musique qui me correspond sans écouter les critiques.

H.H. (pour ceux qui écoutent du core, du trans, du psycho, du métal, du death,...les insoumis)

Si La Fontaine m'était joué le chien et le loup


SCENE 1 :

Un homme maigre et pauvre assis par terre dans le rue voit un bel homme riche quoique un peu dodu avec un sac de courses passer devant lui.

Homme Pauvre en aparté : Oh ! Comme j’aimerais être un homme comme ça !

(L’autre homme, en l’entendant, sourit et continue sa route.)

 Bonjour Monsieur, vous savez, vous avez de la chance d’être comme ça ?! J’aimerais tellement être comme vous.

Homme Riche : Merci beaucoup vous êtes très gentil.

Homme Pauvre : Vous pensez qu’un jour, je pourrais  être comme vous ? Oh ! S’il vous plaît, montrez-moi comment on fait pour être quelqu'un comme vous !

Homme Riche : Eh bien, si cela vous fait plaisir, je vous invite chez moi pour le reste du mois !

Homme Pauvre : Vous feriez cela ?

Homme Riche : Oui, pourquoi pas ?

Homme Pauvre : Ca alors ! Bon, ben accordez-moi dix minutes, je vais faire mes bagages !

Homme Riche : Bien, prenez tout le temps qu’il vous faudra.

Homme Pauvre : Oui, Oui et je me dépêche.

( L’homme pauvre plie bagages; tous deux partent vers la magnifique demeure de l’homme riche.)

SCENE 2 : les mêmes, la femme

Les deux individus arrivent chez l’homme riche.

Homme Pauvre :Oh ! Quelle magnifique demeure, quelle chance vous avez de vivre ici ! J’ai tellement hâte d’y habiter aussi.

Homme Riche embarrassé : Oui, heu… D’ailleurs, en parlant de votre hébergement… Il faut que je demande à ma femme.

Homme Pauvre : Pardon ? 

A ce moment-là, une femme de forte corpulence sort de la maison et, avance vers les deux hommes

Femme énervée : Henri ! C’est à cette heure-ci que tu rentres ? Je t’avais demandé d’acheter des œufs et de la laitue ! Et là, je vois que tu as de la laitue certes, mais tu as oublié les œufs ! Et par-dessus le marché tu as amené un inconnu à la   maison !

Homme Riche se faisant petit, avec une voix basse : Mais ma chérie…

Femme coupant son mari : Rentre à la maison et va faire la vaisselle ! 

Homme Riche se faisant petit, avec une voix très basse : Oui ma chérie…

Homme Pauvre embarrassé : Bon, ben moi je m’en vais, hein !

Femme toujours énervée : Ne m’appelle pas « chérie », tu n’es qu’un bon à rien, je ne sais d’ailleurs même pas pourquoi je t’ai épousé, tu me dégoûtes.

Homme Pauvre embarrassé : Au revoir ! Bonne continuation.

Femme agacée : C’est ça, toi va-t-en ! 

Homme Pauvre : Rien ne vaut la liberté

Alice J

 

 

Si La Fontaine m'était joué Le Loup et le Chien

Le Loup et le Chien

 

A l’orée de la forêt, près d’une ferme

Le Loup est assis sur scène

Le Loup : Cela fait trois jours au moins que je n’ai rien trouvé à me mettre sous la dent. Les chiens alentour mangent les gibiers de cette forêt et leurs enfants, ces voyous, viennent ravager les récoltes de mes maîtres. (Il soupire) Je ne pourrais pas survivre dans ces conditions encore longtemps…

(Au loin, un chien arrive. Le Loup se lève.)

 Voilà un repas qui approche ! (Il se tourne vers le chien) Oh ! Le sort s’acharne sur moi. Je ne pourrais jamais le dévorer sans me battre mais il est de taille à me laisser encore plus mal en point…

 (Le Chien est arrivé au niveau du Loup)

 Bonjour Sire ! Vous semblez perdu ?

Le Chien : Oui manant, par mégarde je me suis fort éloigné de mon village mais je saurai aisément retourner dans mon hôtel.

Le Loup à part : Un hôtel ! Ce chien est donc riche, quelle chance ! (au Chien) Mon Seigneur, vous habitez dans un hôtel particulier ! Je comprends mieux votre beauté et votre santé rayonnante !

Le Chien : Mais mon pauvre ami, quittez cette mansarde, suivez-moi en ville ! En restant ici pour veiller sur vos poules dévorées par des chiens plus en chair que vous, jamais votre panse ne sera remplie.

Le Loup : Je ne peux pas laisser ici les paysans qui ont si gentiment accepté de m’accueillir !

Le Chien : Sauf votre respect très cher, une bouche de moins à nourrir leur faciliterait grandement le quotidien. Venez avec moi, mon ami, trouvez une famille riche qui vous accueillera avec joie !

Le Loup : Vous pensez, Sire, que c’est possible ?

Le Chien : Je ne suis point gentilhomme à mentir mon cher ! Bien d’autres sont partis du même point que vous et jouissent aujourd’hui des mêmes privilèges que moi !

Le Loup : Alors allons-y !

Le Chien et le Loup marche vers la ville  

Le Loup : Messire Chien ? Quelle est cette marque près de votre cou ?

Le Chien : Oh, cela ? Si peu de chose…

Le Loup : Mais qu’est-ce vraiment ?

Le Chien : Mon passeport pour la vie luxueuse, le collier que mes riches maîtres m’ont offert et auquel ils m’attachent souvent car leur peur de me perdre est grande!

Le Loup : Attaché ? Vous n’êtes pas libre de vos mouvements ?

Le Chien : Je le suis le plus souvent ! Après tout qu’importe, je vis tel un seigneur avec comme seule contrainte le port de ce collier !

Le Loup : Pour moi cela importe.

(Le Loup s’éloigne du Chien.)

Le Chien : Ce pauvre loup passe à côté de sa chance ! La fortune ne viendra sans doute pas frapper une seconde fois à sa porte !

(Il sort)

Le Loup : Peu importe de vivre chichement si je vis tel que je l’entends. Ma liberté est plus importante que tout ! Je veux la garder et la chérir chaque jour.

Lucile MEYER

 

Si La Fontaine m'était joué Le mendiant et l'homme

Scène 1 : dans la rue

(L’homme entre la clef dans la serrure de sa maison)

Le mendiant : Bonjour Sire !

L’homme : Est-ce moi que vous appelez Sire ?

Le mendiant : Bien sûr, vous êtes habillé comme un roi et vous possédez une maison de la taille d’un château ce qui doit vous donner le titre de Sire n’est-ce pas ? Je vous vois tous les jours sortir avec de nouvelles tenues, revenir avec beaucoup de nourriture du marché, accueillir de nouveaux invités tous les soirs, et vous avez un vocabulaire très soutenu, même quand vous parlez à un pauvre mendiant tel que moi alors permettez-moi de vous appeler Sire.

L’homme : Merci pour tous ces magnanimes compliments mais je ne pense pas qu’après cette vie je puisse gagner le titre de Sire. Si vous connaissiez mon passé vous n’oseriez pas m’appeler de ce nom. Maintenant je dois me hâter car des gens m’attendent à l’intérieur et je risque de les impatienter.

Le mendiant : Bonne journée Sire.

(L’homme sort)

Scène 2 : dans la rue

(L’homme sort de sa maison)

L’homme : Bonsoir !

(Le mendiant se lève)

Le mendiant : Bonjour Sire, puis-je vous poser une question ?    

L’homme : Bien sûr, n’importe laquelle mon ami !

Le mendiant : Comment avez-vous fait pour exceller dans ce monde si dur ?

L’homme : Je n’excelle en rien, je vis dans une maison que je n’aime guère avec des gens que je n’aime point et je suis loin de ma famille, donc je ne peux point dire que je suis bon dans ce que je fais car si c’était le cas, je ne pense pas que je resterais ici sans personne que j’aime…

(Le mendiant étonné de sa réponse)

Le mendiant : Mais vous mangez à votre faim, vous habitez dans un palace et vous n’avez point de problèmes d’argent, je ne recherche point votre pitié, mais je ne mange point à ma faim, j’habite dans cette rue en tant que sans abri, je n’ai point d’argent, et ma famille est morte de la peste.

L’homme : Vous avez raison mais tout cela a un prix, je ne suis libre d’aucune fantaisie, je mange ce qu’on me donne, la plupart du temps ce sont les restes et si je veux quitter mon travail, je me ferais fouetter ou pire, tuer ! Donc je vous le répète, je n’ai point réussi ma vie.

Le mendiant : Vous n’êtes point un sire ?

L’homme : je pensais vous l’avoir déjà dit.

Le mendiant : Etes-vous un esclave ?

L’homme : Je préfère le terme de domestique, mais oui c’est le cas.

Le mendiant : Mais vous n’êtes point noir !

L’homme : Je suis un domestique blanc ! Mais cela ne change rien, je ne suis point libre.

Le mendiant : Je vous plains, car même si je dors sur du bitume, que je ne mange pas à ma faim, que je n’ai point de beaux habits, que je n’ai plus de famille, et que mon odeur attire les mouches, je suis libre et je ne donnerai cela pour rien au monde. Je suis de tout cœur avec vous et je vous souhaite de retrouver la liberté et de retrouver votre famille. Maintenant je vais vous laisser, je m’en vais pour parcourir toutes les terres possibles pour que la seule chose dont je suis détenteur ait finalement du sens.

Rémy Johnson

27 avril 2017

Si La Fontaine m'était joué La chattemite, La beurette et le petit crétin

La chattemite, la beurette et le petit crétin

Dans une salle de tribunal, le chœur, le crétin, la beurette et la chattemite débattent.

Le chœur : nous sommes  présents  ici en ce jour car, un beau matin, dame beurette s’est emparée du palais d’un jeune crétin. C’est une rusée. Ce jour-là, le maitre est absent. Il est parti faire ses tours. Cela a donc été chose aisée, elle porte chez lui son bazar. Ils expliquent actuellement  leur point de vue.

Le crétin en s’emportant : Moi, Jannot crétin, après avoir brouté, trotté et fait mes tours, je retourne à mon ter-ter. Oh my god ! Que vois-je ? Une beurette !             

En reprenant son calme avec arrogance                                                                        

  Je veux qu’elle soit virée de ma tanière.

La beurette en le narguant : Pour mon plus grand plaisir, tu es parti de cette demeure que je te prends avec honneur.

La chattemite les regarde avec un regard affamé

Le crétin s’adressant directement à la beurette : Si tu ne plies pas bagages, j’ramène mes cousins, ce trou m’appartient.

La beurette  de façon ironique : je voudrais bien savoir quelle loi t’en a pour toujours fait l’octroi.

Le crétin : Ce sont leurs lois qui m’ont de ce bercail rendu maitre et seigneur, de père en fils.

La beurette : Cher crétin laissons donc la chattemite, ce chat râblé, gros et gras, arbitrer de son choix : lequel de nous deux sera  privé de son domaine. Maintenant que c’est moi qui possède à la fois mes  biens et les tiens, je ne pense pas que ta peau pourra te sauver, au contraire.

La chattemite, un peu déconcertée mais se ressaisissant, lance un léger sourire

La chattemite : Approchez je suis sourd ! Approchez, approchez ! La chattemite s’approche

La beurette recule. Le crétin s’approche aussi.

La chattemite : Beurette, votre monnaie toute entière ne vaut rien comparerà mon estomac.

La chattemite jette deux griffes à l’un et à l’autre, met les plaideurs d’accord en les croquant l’un et l’autre.

Le chœur : Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois

                  Les petits souverains se rapportant aux Rois

 

 

E.A et Julie.D et Marguerite.C

Si La Fontaine m'était joué Le Savetier et le Financier.

Le Savetier et le Financier

 

Le savetier est au milieu de la scène. Il est habillé d'une toile de jute.  Il chante une mélodie très agréable. C’est un spectacle visuel et auditif.

Le voisin, le financier, assez mécontent entre sur scène les yeux plissés, en pyjama et en marchant à tâtons.

Financier En ronchonnant : Vous m’empêchez encore de dormir à force de chanter ! Cela suffit ! Même si on peut acheter des denrées, le sommeil lui, ne se récupère pas avec de l’argent.

Savetier Poli : Excusez-moi du dérangement, mais cette activité est mon métier.

Financier : Bien. Dans ce cas, que gagnez-vous par an ?

Savetier : Par an ? (Rit) Ce n’est pas mon habitude de compter de la sorte. De plus, je n’entasse pas les liasses, du moment que chaque jour amène son pain.

Financier : Eh bien que gagnez-vous par journée ?

Savetier Calme, en souriant : Tantôt plus, tantôt moins, selon les jours : au fil de l’année, les jours fériés, de congé et de fête s’entremêlent.

(Le financier soupire et tend une bourse pleine au savetier)

Financier : Prenez. Gardez ceci en cas de besoin.

Le financier sort de la scène, le savetier ouvre la bourse et y voit cent écus.

Savetier surpris : Jamais de ma vie je n’ai vu autant d’argent réuni !

Le savetier va sur le côté de la scène, où une table est posée, en chantonnant. Il pose la bourse sur la table. Il ne chante plus.

Là, elle sera bien… En sécurité…

 Il reste à côté, il tourne autour. Il s’assoit en la regardant, il la prend dans ses mains, la pose sur la table. Il ne chante pas.

Personne ne doit me voler cet argent.

 Il surveille qu’il n’y ait aucun regard curieux… Il ne chante pas.

Ne t’en fais pas, ma belle petite bourse. Tu seras en sécurité avec moi.

Le savetier retourne au milieu de la scène, il paraît suspect par sa démarche et ses regards intempestifs. Il ne chante pas.

De toute façon, personne n’est au courant.

Il retourne au niveau de la table, il reste à côté de la bourse, il tourne autour. Il s’assoit en la regardant, il la prend dans ses mains, la pose sur la table. Il ne chante pas

En sécurité… Je ne dois pas me faire remarquer…

Il surveille qu’il n’y ait aucun regard curieux. Il ne chante pas. Il va au milieu de la scène. Tout le monde le regarde. Il ne chante pas.

Ma belle petite bourse… S’il le faut, j’arrêterai de chanter…

 Il retourne au niveau de la table, refait les mêmes actions.

Je ne laisserai personne t’approcher… Je serai aussi muet qu’une carpe…

Il ne chante toujours pas. Il sort une fois de plus, toujours la même attitude suspecte.

Il se tient la tête 

Cette paranoïa suffit !

Le savetier empoigne la bourse, va de l’autre côté de la scène, appelle le financier. Ce dernier entre.

Financier : Energique, plus amical qu’avant : Qu’est-ce qu’il se passe ? Vous avez besoin de moi ?

Le savetier rend la bourse au financier.

Savetier : Rendez-moi ma voix, rendez-moi mes chansons ! Reprenez vos cent écus.

Le savetier va au niveau de la table en sautillant et chantonnant.

 

Camille A.

29 mars 2017

Les étudiants de BTS 1ère année NRC parlent d'amour...

http://images.freeimages.com/images/thumbs/d4c/heart-on-the-sidewalk-1636530.jpgNous avons étudié des textes littéraires ou non s'interrogeant sur la spécificité de "La rencontre amoureuse". Puis, à deux, nous avons rédigé une scène de rencontre. Pour le groupe A, la contrainte imposait l'insertion des termes Tortue géante, Tartare de langoustines aux fines herbes, Tours, Tracteur, Thermomètre; pour le groupe B, Dordogne, Dindon, Doudoune, Diamant, Datte....

Une rencontre inattendue

  http://images.freeimages.com/images/previews/2b7/macro-moss-1636255.jpg                    

C’était un samedi comme tant d’autres, au speed-dating le plus en vue de  Tours. Mes amis me conseillent d’y aller arguant du bien-fondé de la démarche mais je savais ou plutôt pensais que je n’y trouverai pas l’amour. Pour moi, l’amour doit venir sans que l’on ne le cherche forcément.

En arrivant dans le bar je reconnus les visages familiers des habitués.

Néanmoins, je ne remarquai pas immédiatement une personne que je n’avais jamais vue auparavant. C’était une femme avec des beaux cheveux longs, des yeux en forme d’amande, son corps avait une plastique parfaite. Jamais je n’ai vu une telle créature. Très vite, elle vit que je la fixai, confus, je me mis à rougir et fis semblant de regarder le tableau représentant une tortue géante suspendu derrière elle.

Avant de commencer le speed-dating un repas fut servi. J’avais opté pour un tartare de langoustines aux fines herbes. Pendant le dîner je ne pouvais m’empêcher encore et encore de la regarder d’autant plus qu’elle avait choisi  le même plat que moi. La fin de soirée approchait, d’un coup, je vis la femme s’avancer vers moi, je sentis les battements de mon cœur s’accélérer. Dès la première seconde, la discussion fut naturelle, aisée, facile, comme si l’on se connaissait depuis toujours. J’admirai ce qu’elle me racontait, ses missions humanitaire, le fait qu’elle ne sortait jamais sans son thermomètre.

De mon côté, je lui expliquai que dans ma famille nous étions agriculteurs de père en fils, que dès mon plus jeune âge je m’amusais sur les genoux de mon père à faire des tours de tracteurs. Contrairement à ce qu’on pourrait croire je sentis que Sophie était réceptive et très séduite par l'univers agricole.

Quelques instants plus tard, nous nous quittions en nous promettant de nous revoir…

LF et KA

28 mars 2017

les étonnants voyageurs : de l'autre côté de la vitre

http://images.freeimages.com/images/thumbs/a63/journey-to-altay-mountains-3-1554104.jpgDe l’autre côté de la vitre

 

Lola reposa les ciseaux sur la table. Elle referma le journal et le plia en quatre. C’est à ce moment-là qu’elle perçut quelque chose d’anormal. Quoi ? Un détail. Juste un infime changement dans la qualité de la lumière, tel un nuage traversant le ciel. La jeune fille leva alors la tête vers la fenêtre et, de surprise, de frayeur, faillit pousser un cri.

Elle demeura bouche ouverte, figée, littéralement paralysée par le regard de l’homme qui la fixait à travers les carreaux.

Un homme, vraiment ?... L’inconnu avait la carrure d’un ogre. Sa large face ronde était collée à la vitre. Insensible à la pluie qui lui plaquait les cheveux sur le front et ruisselait en gouttes épaisses le long de ses joues, il la scrutait avec des yeux de loup. Lola fut secouée d’un frisson. Ce qu’il fallait avant tout, c’était échapper à ce regard.

Elle esquissa un pas à reculons, puis fit une brusque volte-face et s’éloigna en s’efforçant de ne pas courir. Mais peu  importait  où elle regardait, dans son tout petit appartement, il lui était impossible d’échapper à ce regard. Alors qu’elle cherchait une cachette, l’autre appela d’un signe de main et un groupe se tint alors devant sa vitre.  Les enfants que l’être avait appelés la pointaient du doigt en riant et tapaient contre sa vitre. Certains cherchaient à la prendre en photo… Le groupe était chaque fois plus nombreux, plus effrayant…

Lola avait peur et se sentait souillée par ces regards, ces photos, ces moqueries… Elle aurait aimé se réfugier dans les bras de sa mère mais cela faisait longtemps qu’elles ne se voyaient plus… Elles avaient été séparées un an après la naissance de Lola…. apparemment c’était pour son bien.

Lola essaya d’avoir moins peur, de prendre sur elle… Un autre venait de passer devant sa vitre pour chasser l’attroupement bruyant et effrayant. Mais il y en avait toujours qui revenaient. Tous aussi terrifiants et laids, ils passaient devant sa vitre, s’arrêtaient un instant… Ils ne ressemblaient à rien de ce que Lola connaissait, ils étaient inhumains … Leur présence oppressait Lola. Chaque fois qu’un de ces êtres s’arrêtaient devant sa fenêtre, une peur panique lui bloquait la poitrine, elle suffoquait, cherchait un soutien sans jamais en trouver…

Elle décida de reprendre une activité pour calmer sa respiration saccadée. Elle déplaça le fauteuil pour ne pas rester dans le centre de la pièce et commença à dessiner. Elle se calma peu à peu en se coupant du monde grâce à son crayon. Elle dessinait des traits féminins, peut-être ceux de sa mère que son inconscient aurait conservés…

Elle n’avait plus aucun souvenir de sa mère. Cela faisait quinze ans qu’elle ne l’avait pas vue… Le souvenir de son absence était douloureux pour Lola. Machinalement, elle essuya une larme qui lui coulait le long de la joue. Elle entendit, comme un lointain murmure, les rires des passants redoubler devant sa tristesse mais cela ne lui importait plus… Elle aurait voulu qu’on la laisse quelque  temps, mais elle commençait à comprendre qu’elle ne serait plus jamais tranquille. Elle alla donc s’asseoir dans un coin de la pièce, le plus loin possible de la vitre, elle se replia sur elle-même et pleura en repensant aux différents moments de sa vie. Elle ne se rappelait pas de l’année passée avec sa mère, elle se rappelait des années après. Depuis leur séparation et jusqu’à ses dix ans, elle était dans une pièce bien plus grande que celle d’aujourd’hui avec d’autres enfants de son âge.  A cette époque elle était heureuse, riait beaucoup… Elle était l’une des plus douces et consolait souvent les plus jeunes qui venaient d’être séparés de leur mère.  A cette époque, Lola avait rencontré la seule de ces êtres qui fût gentille et pas trop effrayante : elle les soignait et les nourrissait. Lola voyait partir les plus âgés sans penser que son tour arriverait un jour, mais ce jour était arrivé. A  dix ans, elle était partie ailleurs, dans un appartement qui faisait à peu près la même taille mais seulement avec des adultes et quelques enfants de plus de dix ans. Elle avait espéré de toutes ses forces que sa mère serait de ces adultes. C’était peut être la première douleur dont elle se souvenait… Ces années avec eux avaient été supportables pour Lola car il y avait une autre enfant de son âge parmi eux ! Flora et elle  avaient forgé, pendant ces cinq ans passées ensemble une amitié belle et forte. D’ailleurs Flora lui manquait horriblement. Certes ces cinq années n’étaient pas aussi joyeuses que les dix premières de sa vie, certes  il y avait déjà des êtres qui les observaient mais elle pouvait échapper à leurs regards grâce à un petit jardin.  Elle passait tout son temps dehors ou presque et avec Flora. A l’époque, ces regards la dérangeaient déjà, mais le soutien de Flora et le jardinet lui permettaient de se détendre et de ne plus y faire attention.

Lola avait faim, elle se leva pour aller manger quelque chose. Elle passa devant la fenêtre comme un fantôme, s’efforçant de ne pas tourner le visage vers la vitre, s’efforçant de ne pas faire attention aux regards qui la transperçaient. Ses jambes tremblaient alors qu’elle traversait la petite pièce, elles semblaient être incapables de porter le poids de la frêle jeune fille. Le bruit qui provenait de l’extérieur semblait amplifié, chaque seconde il doublait et bourdonnait encore davantage dans ses oreilles. La peur de l’adolescente s’accentua encore et encore, elle lui rongeait le ventre. Lola sentait ses poumons brûler en elle comme un feu de forêt qui ravageait tout. L’appel de la vitre fut plus fort que la résistance de  Lola, elle tourna la tête vers la fenêtre…

Les êtres étaient encore plus nombreux, plus laids, plus effrayants, plus bruyants, plus oppressants. Lola crut tomber sous le poids de leurs regards et de leurs moqueries.

Les larmes saccageaient les joues de Lola, ravageant sa beauté au passage. Elle continua tant bien que mal à avancer jusqu’au bout de la pièce. Cet appartement qui avait semblé si petit à Lola, lui semblait pendant ce court instant absolument immense et insurmontable. Elle prit des gâteaux et croisa son propre reflet dans une petite fenêtre. Ses longs cheveux bruns n’étaient plus coiffés depuis son arrivée ici. Ses yeux noisette étaient devenus rouges et étaient gonflés par les larmes. Elle se reconnaissait à peine.

Elle se replongea dans ses souvenirs. Ses années à Sigean était plutôt joyeuses. Mais quel déchirement ce départ ! Elle n’avait pas pu dire au revoir à Flora et aux autres. Un être horrible était venu la chercher comme presque tous les jours pour vérifier sa santé. Pourtant Lola était en pleine forme. Après avoir rapidement vérifié, il l’entraîna vers une salle qu’elle n’avait jamais vue. Là, trois autres êtres avaient observé Lola sous tous les angles.  Le simple souvenir de cette rencontre mettait Lola très mal à l’aise. Suite à ça, elle était partie avec eux. Ils l’avaient mise dans une camionnette entièrement fermée. Elle avait voyagé durant des heures ballotée dans un noir complet. Elle en avait perdu la notion du temps, elle s’était souvent demandé depuis combien de temps ils étaient partis. Chaque virage lui meurtrissait les côtes.

Lola les frotta machinalement, elles n'étaient pas encore toute à fait remises.

Lola se rappelait de la peur qui la quittait peu à peu au fil des heures de trajet. C’était comme si son cerveau s’était peu à peu mis sur pause pour protéger le peu d’innocence qu’il restait à une jeune fille qui n’était pas encore tout  à fait sortie de l’enfance. Puis la camionnette s’était arrêtée, ils avaient mis Lola dans ce petit appartement. Pendant deux jours, à en croire l’horloge de la cuisine, elle était restée ici, sans voir la lumière du jour mais elle n’avait pas pensé un seul instant qu’on recommencerait à l’observer... Ce matin, le jour avait percé par la fenêtre et depuis on venait la voir.

Pendant les deux derniers jours, elle avait vu peu à peu son monde partir en lambeaux. Elle ne savait pas si c’était la dureté de ce qu’elle vivait ou si c’était le simple fait de devenir adulte qui avait détruit son univers. Tout ce qu'elle avait créé avait pour seul but de lui permettre de s'évader, alors l'effondrement de ce monde lui avait soudainement montré l'horreur, la tristesse et le drame de sa vie. Elle avait passé beaucoup de temps à pleurer. Des larmes pour sa mère, des larmes pour son premier logement, des larmes pour Flora, des larmes pour Sigean, et des larmes pour elle aussi. Elle savait bien que ces sanglots ne changeraient rien. Elle en avait soudain pris conscience. Elle comprenait maintenant pourquoi Martin, le plus vieux de Sigean qui radotait un peu, parlait souvent de la douleur de devenir adulte.

Martin… Lui aussi lui manquait maintenant qu’elle y pensait. La phrase fétiche de Martin lui vint à l’esprit. Elle traversa son appartement, revint s’asseoir sur le fauteuil du centre et, comme si Martin était un poète, déclama :

« Parait qu’on a la vie belle, rien à penser, rien à prévoir, juste vivre… Ça fait des années que je suis là, je n’ai  jamais compris pourquoi ils aimaient venir nous regarder. »

Elle fit une pause pour se lever. Elle reprit :

« Hier encore, je les ai entendus, ils se moquaient de nous. Mais toi tu sais la vie qu’on a, moi je sais qu’ils ne la supporteraient pas. A leurs yeux nous sommes  horribles, aux nôtres c’est eux qui sont horribles. Ils ne nous trouvent pas civilisés mais quand je pense à ce qu’ils nous font subir, je ne suis plus sûre qu’ils le soient vraiment plus que nous. »

Lola se rassit, le cœur plus léger. Elle n’était pas sûre qu’ils l’aient entendue mais au moins elle l’avait dit.

les étonnants voyageurs : les chasseurs de l'île

http://images.freeimages.com/images/previews/db3/where-land-meets-sea-1470284.jpgLes Chasseurs de l’Ile

Elle esquissa un pas à reculons, puis fit une brusque volte-face et s’éloigna en s’efforçant de ne pas courir. Elle s’enferma dans la petite chambre, les jambes tremblantes, et s’écroula, dos à la porte. Elle ne s’habituerait jamais à ces nuits de pleine lune, où les créatures rôdaient dans les rues, ombres immenses et hérissées de poils, qui détruisaient  tout être vivant sur leur passage. Le couvre-feu était en place tous les 29 jours depuis des générations.

La nuit passa si lentement que quand le soleil se leva, Lola crut l’avoir attendu des jours. Elle se leva, enfila ses habits militaires, et prit son arme dans le coffre-fort du salon.

Elle dut courir pour avoir son train, et quand elle trouva enfin un wagon pour s’asseoir, elle s’installa et sortit son ordinateur portable. Elle navigua quelque temps sur le site internet de l’Ile. Un couple de randonneurs pensant avoir trouvé une île déserte s’était aventuré au-delà  des Montagnes Teigneuses, et avait  passé la nuit dans la forêt. L’information venait de tomber : les créatures les avaient contaminés. Deux êtres de plus, condamnés à errer dans les rues de l’Ile pendant les nuits de pleine lune, à l’affut d’un morceau de viande fraîche à se mettre sous la dent. Parfois, Lola se demandait si c’était mieux d’être contaminé ou tout simplement  de mourir dévoré par ces bêtes sauvages.

Le train s’arrêta près du quartier de Gus, son meilleur ami. Il la rejoignit dans le wagon quelques minutes plus tard, vêtu du même uniforme qu’elle. Gus était un grand gaillard de 24 ans, à la carrure imposante. Il était physiquement très impressionnant, et renfermait une personnalité calme et réfléchie. Lola, au contraire, était plutôt frêle, mais était une personne extravagante assez sanguine, et terriblement habile au combat (excepté les nuits de pleine lune, où elle était dépourvue de tout sang-froid). D’ailleurs, tous les militaires de sa section craignaient de devoir se battre contre elle lors des entraînements au combat.

La compagnie militaire dont sa section faisait partie avait un but bien précis : s’entraîner, jour après jour, jusqu’à être parfaitement au point pour accomplir leur ultime mission. Ultime mission qui déterminerait l’avenir de l’Ile : exterminer toutes les créatures, les tuer une par une, jusqu’à la dernière. Le jour où toutes les bêtes auront disparu, les habitants liés aux terres de l’Ile par la Malédiction pourront enfin partir d’ici, commencer une nouvelle vie en laissant ce cauchemar derrière eux.

Gus était, comme toujours, en train de programmer ses applications pour smartphones. Le jeune homme avait un réel don pour la création et la programmation de logiciels pour téléphones et ordinateurs, et avait, par le passé, aidé à la création d’un serveur utilisé exclusivement par l’armée. Il l’avait presque entièrement programmé à lui tout seul, et ce, du haut de ses 16 ans à peine. Il leva les yeux vers la jeune fille.

          «  Salut, tu vas bien ? Tu me parais soucieuse.

-Je le suis. J’ai encore été épiée par cette bête aux yeux bleus et vitreux dont je t’avais déjà parlé. Elle semble déterminée à me déchiqueter à la moindre occasion qui se présenterait.

-Tu es sûre que c’est la même que d’habitude ?

-Sûre et certaine. Ce même regard envieux, affamé. Et son visage, ou plutôt sa face aplatie, est assez reconnaissable : l’être a une espèce de tache blonde au- dessus de son œil droit.

-Pourquoi ne fermes- tu pas les rideaux comme je te l’ai recommandé ? Au moins, tu ne la verrais plus. »

La jeune fille haussa  la voix.

« Je t’ai déjà répondu ! Je préfère encore savoir qu’elle m’épie plutôt que de ne pas savoir ce qu’elle fait de l’autre côté de ma fenêtre ! Ecoute quand je te parle !

-Alors cherche une autre solution, mais ne t’en prends pas à moi ! Ce n’est pas moi l’être psychopathe qui reste à ta fenêtre à te scruter pendant toute une nuit, et ce au moins une fois par mois ! »

Gus s’en voulut  immédiatement de s’être emporté. Il était le premier à compatir pour son amie, qui avait très souvent été seule dans la vie. Lola prit un air renfrogné, plissa son nez, et replia ses genoux contre elle. Elle était très jolie : un visage arrondi, aux traits fins, une peau claire et fine, des pommettes saillantes recouvertes de taches de rousseur. Mais ce qui faisait l’essentiel  de  sa beauté était sans aucun doute sa paire d’yeux couleur émeraude, qui scintillaient presque tellement leur couleur était pure. Des yeux reconnaissables entre tous.

«  Excuse-moi.

-Ça va, ne t’inquiète pas. Pardon de m’être énervée contre toi. Ce n’est pas de ta faute, mais cette situation me fruste énormément. Dire que nous sommes entraînés pour ça depuis nos 15 ans, mais que nous ne pouvons rien faire quand ils sont à notre porte, ça fait plus que m’agacer.

-Je le sais bien. Bientôt, on sera prêt, et on partira en mission. »

Gus ne croyait pas si bien dire. Quand les deux jeunes gens arrivèrent au camp d’entraînement, on leur dit de rejoindre immédiatement la salle de Conférence. Ils s’assirent avec leur section, et écoutèrent leur capitaine :

« Merci d’être venus. J’ai une nouvelle à vous annoncer, qui peut être vue pour une bonne nouvelle pour certains, et comme une mauvaise pour d’autres, une minorité j’espère. Nous avons enfin, après des années de recherches, repéré l’un des refuges qui abritent les bêtes. Ces refuges sont si bien dissimulés qu’il nous était impossible de les trouver. Nous avons toujours supposé que cela faisait partie de la malédiction. Mais grâce à nos regrettés Ann et Steven Parker, les contaminés de la nuit dernière, nous avons enfin trouvé le repère de ces animaux sans pitié. Des traces d’ADN ont été trouvées près d’un passage sur une partie de la montagne dont nous ignorions l’existence. Un de nos drones miniatures a suivi les traces, et a débouché directement dans une partie de la forêt cachée au sein même de la montagne. »

Un silence de mort se fait dans la salle, suivi très vite de regards interrogateurs et de chuchotements.

« Deuxième grande nouvelle, plus  importante encore que la première. J’ai débattu toute la nuit avec vos lieutenants. Soldats, vous êtes enfin prêts. Vous êtes la Génération avec un grand G. Celle qui libèrera nos terres de la malédiction. Toutes les sections ici présentes, j’ai nommé les sections 7, 8, 9, et 10, partent dès demain sur le terrain. Veuillez chacun vous rendre dans vos quartiers, afin d’être informés sur le plan de combat.  Vous aurez ensuite la nuit pour dire au revoir à vos familles, et préparer vos affaires. Nous partons vers les Montagnes Teigneuses demain matin à quatre heures précises. »

Le capitaine quitta l’estrade la tête haute et le torse bombé. Lola et Gus étaient choqués par cette nouvelle, tout comme les autres. Ils regagnèrent leur salle d’entraînement où leur lieutenant expliquait déjà le déroulement des opérations du lendemain.  Ils reprirent le train pour rentrer chez eux, conscients que c’était peut-être la dernière fois qu’ils le faisaient.

Lola n’avait pas de famille à qui dire au revoir. Ses parents avaient disparu depuis de longues années dans les Montagnes Teigneuses. La police avait supposé qu’ils avaient été dévorés par les bêtes.

Elle finit de faire ses préparatifs et partit vers la gare. Elle était absente, complètement dans ses pensées.  Aussi elle ne répondit pas quand Gus la rejoignit et lui demanda si elle allait bien. Il comprit qu’il ne fallait pas insister, et le trajet se fit en silence. A leur arrivée, tout se passa très vite : leur lieutenant leur donna les sacs et les armes dont ils allaient avoir besoin, leur fit dire au revoir aux habitants de l’Ile par le biais des caméras et des journalistes, et ils prirent tous place dans le van qui les emmena en bas des montagnes rocheuses.

Ils vécurent plusieurs jours dans la jungle avant de trouver la caverne des créatures.

Tous se mirent en position de combat, camouflés derrière des buissons. Lola sentait son cœur battre tellement fort qu’elle crut qu’il allait sortir de sa poitrine. Ce fut vers vingt-trois heures, le deuxième jour de garde, qu’une des créatures sortit  du repère.

L’attaque fut un vrai carnage. Les bêtes prirent vite le dessus sur les humains dont les armes n’entaillaient qu’à peine les carrures imposantes de ces êtres sanguinaires.

***

Gus était encerclé par les créatures. Il les regardait, l’une après l’autre, regardait ses amis, morts, étendus sur le sol. Il avait réussi à survivre quelques jours, traqué par les bêtes. Mais elles avaient fini par le retrouver. Elles l’avaient traqué, comme eux, les militaires, les avaient traquées. Gus se demandait, si, au final, il était si différent de ces bêtes. Peut-être que si les humains ne les avaient jamais traquées, elles ne se seraient pas attaquées  à eux. L’heure n’était sûrement pas à la réflexion, mais c’était le domaine dans lequel Gus était le plus fort. Il n’allait pas s’en sortir, et il le savait. Il était là, avec son couteau, menaçant des animaux qui pouvaient le déchiqueter en un seul coup de griffe. Une des créatures qui le fixaient attira son attention. Il se figea, et s’écroula au sol, s’agenouillant, comme s’il acceptait son destin. Il fixa les yeux de la bête : des yeux couleur émeraude, qui scintillaient presque tellement leur couleur était pure. Des yeux reconnaissables entre tous. Les yeux de Lola. Il ferma les yeux, pour garder cette image en mémoire. Le coup de griffe partit, il s’écroula.

Durant la nuit de pleine lune qui suivit cet évènement, on put voir, dans les rues de l’Ile, trois bêtes : l’une, regardant paternellement la bête à sa gauche, qui regardait elle-même avec compassion la dernière créature. La première, avait des yeux bleus et vitreux, la seconde, des yeux couleur émeraude, et la dernière, des yeux doux couleur noisette. Elles chassaient et traquaient, déambulant dans les rues, à l’affut d’un morceau de viande fraiche à se mettre sous la dent.

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