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Si La Fontaine m'était joué Le mendiant et l'homme

Scène 1 : dans la rue

(L’homme entre la clef dans la serrure de sa maison)

Le mendiant : Bonjour Sire !

L’homme : Est-ce moi que vous appelez Sire ?

Le mendiant : Bien sûr, vous êtes habillé comme un roi et vous possédez une maison de la taille d’un château ce qui doit vous donner le titre de Sire n’est-ce pas ? Je vous vois tous les jours sortir avec de nouvelles tenues, revenir avec beaucoup de nourriture du marché, accueillir de nouveaux invités tous les soirs, et vous avez un vocabulaire très soutenu, même quand vous parlez à un pauvre mendiant tel que moi alors permettez-moi de vous appeler Sire.

L’homme : Merci pour tous ces magnanimes compliments mais je ne pense pas qu’après cette vie je puisse gagner le titre de Sire. Si vous connaissiez mon passé vous n’oseriez pas m’appeler de ce nom. Maintenant je dois me hâter car des gens m’attendent à l’intérieur et je risque de les impatienter.

Le mendiant : Bonne journée Sire.

(L’homme sort)

Scène 2 : dans la rue

(L’homme sort de sa maison)

L’homme : Bonsoir !

(Le mendiant se lève)

Le mendiant : Bonjour Sire, puis-je vous poser une question ?    

L’homme : Bien sûr, n’importe laquelle mon ami !

Le mendiant : Comment avez-vous fait pour exceller dans ce monde si dur ?

L’homme : Je n’excelle en rien, je vis dans une maison que je n’aime guère avec des gens que je n’aime point et je suis loin de ma famille, donc je ne peux point dire que je suis bon dans ce que je fais car si c’était le cas, je ne pense pas que je resterais ici sans personne que j’aime…

(Le mendiant étonné de sa réponse)

Le mendiant : Mais vous mangez à votre faim, vous habitez dans un palace et vous n’avez point de problèmes d’argent, je ne recherche point votre pitié, mais je ne mange point à ma faim, j’habite dans cette rue en tant que sans abri, je n’ai point d’argent, et ma famille est morte de la peste.

L’homme : Vous avez raison mais tout cela a un prix, je ne suis libre d’aucune fantaisie, je mange ce qu’on me donne, la plupart du temps ce sont les restes et si je veux quitter mon travail, je me ferais fouetter ou pire, tuer ! Donc je vous le répète, je n’ai point réussi ma vie.

Le mendiant : Vous n’êtes point un sire ?

L’homme : je pensais vous l’avoir déjà dit.

Le mendiant : Etes-vous un esclave ?

L’homme : Je préfère le terme de domestique, mais oui c’est le cas.

Le mendiant : Mais vous n’êtes point noir !

L’homme : Je suis un domestique blanc ! Mais cela ne change rien, je ne suis point libre.

Le mendiant : Je vous plains, car même si je dors sur du bitume, que je ne mange pas à ma faim, que je n’ai point de beaux habits, que je n’ai plus de famille, et que mon odeur attire les mouches, je suis libre et je ne donnerai cela pour rien au monde. Je suis de tout cœur avec vous et je vous souhaite de retrouver la liberté et de retrouver votre famille. Maintenant je vais vous laisser, je m’en vais pour parcourir toutes les terres possibles pour que la seule chose dont je suis détenteur ait finalement du sens.

Rémy Johnson