Henri BAUCHAU, dans son Antigone, nous conte le combat que se livrent les deux frères, Etéocle et Polynice. Nous avons, nous aussi, imaginé cette lutte à mort , en variant les époques et les points de vue.
Le combat d'Étéocle et Polynice
Partout c'est la guerre, les combat, la mort. Partout, on meurt, on s'entre-tue. Les cris de guerre se mêlent aux hurlements de douleur, eux-mêmes masqués par les détonations de dizaines de canons gigantesques, d'énormes obus assassins. Il est impossible de faire un pas sans devoir passer sur un corps inerte, défiguré et démembré.
Mais Étéocle et Polynice ne se soucient plus de l'apparence du monde extérieur. Autour d'eux, c'est le chaos, la fin de tout, or ,la terre pourrait s'écrouler sous leurs pieds qu'ils ne détourneraient pas le regard. Pourtant, aucun n'avance, ils sont retenus comme par une ligne imaginaire. Aucun n'attaque : ils attendent de voir qui fera le premier pas. Ils se livrent alors à un drôle de combat : pas d'attaque physique, mais l'un n'a d'yeux que pour l'autre, l'autre n'entend que les mouvements du premier. Ils se foudroient du regards, froids, durs, une haine grandissante et inexplicable envahit peu à peu leur coeur, l'empêchant de réagir autrement que par la violence.
Étéocle est grand, plus grand que Polynice. Il monte toujours le menton et n'accepte jamais les ordres. Plus malin que Polynice, il sait comment rester populaire tout en faisant des coups bas, pires que ceux que pourrait imaginer Polynice. Il est discret et puissant, c'est pourquoi jamais personne n'a pensé à l'arrêter. Il essaie donc de prendre le pouvoir de façon forcée et illégale. Plus violent, plus dangereux et pourtant considéré comme le « bon roi », le peuple le prend pour celui qui lui rend service.
Polynice, lui, représente le criminel, dangereux pour le fonctionnement de la société. Il a, lui aussi, tout tenté pour prendre possession du pouvoir, mais n'a pas pris soin de masquer ses complots. Ainsi, dans les rues, on ne parle plus que du danger qu'il apporte avec lui. Pas assez fin pour contrer son frère avec ses propres méthodes, il privilégie la force. C'est le « mauvais roi », celui dont on ne veut pas, alors qu'Étéocle ne vaut finalement pas mieux.
Et dire qu'ils ont été frères à une époque ! Bien lointaine maintenant, en tout cas ils semblent l'avoir oubliée. Frères de sang, ils viennent de la même famille, frères tout simplement parce qu'ils sont les mêmes : les mêmes jeunes hommes violents, ils ont fait les mêmes erreurs, feront les mêmes. Mais ils n'ont plus l'un pour l'autre aucun sentiment de compassion ou de familiarité, ni même de compréhension. Le combat est inévitable et pourtant inutile : ils veulent se battre, se trancher à coups d'épée, mais ne savent plus vraiment pourquoi ! Ils ressente juste une furie et une envie de tuer terrifiantes. Comme s'ils ne se reconnaissaient pas, de frères, ils sont passés à ennemis.
Soudain Étéocle se met à courir vers Polynice, hurlant de rage. Polynice ne réagit d'abord pas, trop défensif pour changer de position – puis sort son arme, mais trop tard... Étéocle l'a déjà transpercé au flanc droit. Polynice ne bronche pas, il porte seulement son bras gauche à la blessure pour en voir l'étendue. La vue du sang l'horrifie soudain : il contre-attaque sans tarder. Il se lance sur Étéocle et lui enfonce fermement son glaive dans l'épaule. Mais cela ne suffit pas : les deux gladiateurs se relèvent encore et encore, continuant l'affrontement à coups tranchants.
Seul un miracle les garde encore en vie. Ils sont ensanglantés, à demi-morts, et pourtant, toujours debout, Étéocle prend la parole :
Gredin, lache ton arme et viens me demander pardon avant que je ne t'assène le dernier coup !
Mais regarde-toi, tu n'es pas en meilleure forme que moi, renchérit Polynice, le sourire moqueur. Je t'aurai, je n'abandonnerai pas !
Alors, je t'achèverai !
Et le combat reprend : Étéocle prend le dessus, plus grand, plus puissant, mieux préparé, bien sûr, c'est inégal. Son casque le protège, son épée est plus solide. Plus fûté, il sait où frapper pour désarçonner l'adversaire. Il ne cesse de cribler Polynice de frappes précises, rapides. Ce dernier ne fait plus un mouvement, il ne pousse que des cris de douleur mais arrive tout de même à toucher Étéocle sous son casque, provoquant une brèche géante dans le crâne de celui-ci avant de dire dans son dernier souffle :
Tu m'as eu, mais par surprise, pas par courage ! Le combat n'était pas égal. Mais tu ne profiteras pas bien longtemps de cette victoire, termine le mourant avec un dernier sourire insolent.
En effet, Étéocle ne tarde pas à rendre l'âme des suites de ses blessures.
On pourrait conclure que Polynice a perdu : il est mort le premier et n'a fait que subir. Or, Étéocle aussi est mort, en raison des blessures infligées par Polynice.
Il faut donc l'avouer, les deux camps sont perdants.
Monica 3°2
Le combat d'Étéocle et Polynice
Polynice et Étéocle sont dans le gymnase. Il est vide. Ils se regardent, couteaux dans la poche. Ismène et moi courons vers la station de métro la plus proche.
Nous y voilà, dit Étéocle.
Oui, nous y voilà, répond Polynice, et ce n'est pas de gaité de coeur que je le fais.
Le métro arrive, Ismène et moi sautons dedans. Bizarrement, le métro est vide aussi.
Polynice et Étéocle plongent lentement leur main dans leur poche et en sortent le couteau.
Le métro démarre, je prie pour que nous arrivions à temps.
Allons-y, dit Polynice.
Les deux frères s'avancent d'un pas lent l'un vers l'autre, ils se regardent droit dans les yeux.
Tu es prêt ? demande Étéocle.
Oui, répond Polynice.
Le métro arrive à destination. Nous sortons en courant, suivant les panneaux pour nous diriger vers le gymnase.
Polynice tente un coup de couteau vers la joue d'Étéocle, mais ce dernier esquive l'attaque et réplique par un coup de poing dans le nez de son frère. Celui-ci fait un pas en arrière et une goutte de sang s'écoule de sa narine. Polynice retente son attaque qui cette fois réussit et entaille la joue gauche d'Étéocle. Ce dernier réplique en plantant son couteau dans la cuisse de Polynice qui hurle et tombe au sol.
Ismène et moi arrivons au gymnase. Nous atteignons une estrade et voyons le carnage d'en haut.
Rapidement, Polynice se relève et tranche la gorge de son adversaire d'un coup très rapide. Ce dernier titube et, en tombant, pénêtre de sa lame le coeur de son frère. Les deux frères s'écroulent en même temps et rendent l'âme au même moment.
Nous hurlons, courant le plus vite possible vers les corps de nos frères.
Andréa
Le combat d'Étéocle et Polynice
L'esprit ailleurs, Étéocle termina de feuilleter son journal tout en buvant son café, puis il rangea ses affaires. Comme tout les après-midis, à dix-sept heures, il sortit de son bureau, mais ce jour-là, un étrange sentiment d'inquiétude le perturba.
Il se dirigeait vers sa voiture lorsque soudain il reçut un coup dans les côtes, d'une puissance inimaginable. Tentant de se redresser, il en reçut un autre, mais cette fois à la tête. Étéocle sentait son sang se déverser, tout lui paraissait flou, l'obscurité du parking n'arrangeant pas les choses, il vit une silhouette masculine devant lui.
Alors, tu fais moins le malin, frérot ? Je te jure, aujourd'hui, tu es fait comme un rat.
Le visage de l'agresseur semblait plus clair, il reconnut la voix de Polynice. L'aîné voulut répondre mais n'en eut pas le temps, une pluie de violence s'abattit sur lui.
Baignant dans le sang, dans son propre sang, sous les yeux des passants impuissants et apeurés, il essaya de mettre fin à cette torture en s'enfuyant. Poursuivi par son frère qui le rattrapa rapidement, il courut vers la lumière, qui lui semblait être la sortie. Des personnes filmaient la scène, d'autres riaient, certains encore tentaient d'appeler la police, mais rien à faire ! Un bruit assourdissant venait de résonner dans tout le parking, un cri fracassant. Étéocle était allongé sur le sol, une voiture venait de le renverser, ne laissant de lui qu'un corps sans vie.
Polynice prit alors la fuite. Ce lâche venait de tuer son propre frère.
Les gens se rapprochaient autour de la dépouille, ils parlaient, tentaient de trouver la raison de sa mort, inventaient des histoires, des rumeurs prenaient vie. « Polynice...Polynice... » furent ses dernières paroles, une larme avait coulé le long de sa joue, de douleur et de tristesse.
Krishma 3°2
Le combat d'Étéocle et Polynice
Les deux frères sont face à face lors du combat. Ils se regardent, s'observent, se voient... Mais pourtant, ils se détestent !
Les fiers sont prêts à brandir leurs armes, le fusil qui blessera forcément l'un des deux. Ils entendent une voiture klaxonner au loin, mais rien ne peut les distraire. Chacun observe la main de l'autre, tous deux ont peur, tout comme durant cette guerre.
Étéocle parle et essaie de convaincre Polynice de ne pas s'entretuer, mais rien ne fait changer d'avis ce dernier. Étéocle réfléchit et dit :
Laisse-moi tranquille ou je tue Antigone aussi.
De peur, Polynice promet. Le chantage a bien marché. Ils se serrent la main.
S'éloignant de plus en plus l'un de l'autre, un bruit sec se fait entendre. L'un des corps tombe à terre, touché d'une balle en pleine poitrine. Le cœur s'arrête de battre, les yeux toujours ouverts mais la vue absente.
Ce corps, allongé là, comme ceux des soldats de la guerre, c'est celui de Polynice, sans vie !
Kévin 3°2
Le combat d'Étéocle et Polynice
Je n'ai rien senti. Le couteau de Polynice m'a juste effleuré le bras. Je ne conçois pas l'idée de vouloir tuer son père, je ne le laisserai pas faire.
Tu veux me défier ? Continue, mais sache que jamais je n'aurai l'audace de m'attaquer à toi.
Mes blessures me faisaient ressentir une douleur atroce, mais le regard glacial que me jeta Polynice me fit bien plus mal.
Il avait perdu son couteau mais ses poings lui servaient aussi. Il s'approcha de plus en plus près, mais de peur de devoir continuer à me battre avec lui, je me retournai et sautai par dessus une barrière puis m'enfuis en faisant le tour du quartier.
Arrivée dans une ruelle, je respirais à pleins poumons en continuant de marcher pur reprendre mon souffle.
Je n'avais aucune envie de lui faire du mal, bien qu'ilfut plus fort que moi, donc ma seule solution : la fuite.
Je marchais sans répit quand j'aperçus à nouveau la rue dans laquelle nous nous battions. J'entendis « Il est là ! » , me retournant, je vis Polynice courir à toute allure vers moi, Antigone et Ismène le suivaient, criant nos noms.
Je repris ma course, mais au beau milieu du chemin, des gardes se trouvaient là, ceux qui étaient du côté de mon frère.
Polynice, arrivé derrière moi, prit un air simple et fit un signe de tête, comme pour dire : « Abattez-le ! ».
Clara 3°2
Étéocle et Polynice
Ismène et moi avons entendu la nouvelle. Nous courons pour retrouver le terrain où le combat doit se dérouler.
Étéocle court mitraillette à la main, il mitraille partout en direction de Polynice. Polynice court en se baissant derrière les voitures pour éviter les balles. Il se relève brusquement et tire sur Étéocle qui se jette au sol pour esquiver l'attaque. Polynice recommence à courir et entre dans une petite boutique pour s'y barricader. Étéocle dégoupille une grenade et la lance de toutes ses forces dans la boutique. Polynice se jette par la fenêtre en la cassant. Il atterrit, couché sur le sol, la boutique explose. L'explosion propulse Étéocle au sol. Polynice se met les mains sur la tête pour se protéger des débris.
Nous arrivons proche de l'endroit. Nous entendons les tirs. Nous nous arrêtons pour écouter puis repartons en courant.
Nos deux frères échangent des tirs sans s'arrêter. Pour l'instant, aucun des deux n'a été touché. À croire qu'ils font exprès de ne pas s'atteindre ! Polynice arrive à toucher Étéocle à la cuisse, il s'écroule. Polynice court vers lui, sûrement pour lui porter le dernier coup. Étéocle, qui a perdu sa mitraillette en tombant, ramasse une barre de fer et la lance dans les pieds de Polynice qui chute juste devant son frère. Étéocle attrape Polynice par la veste et le colle à lui. Puis, il sort une grenade de sa poche, la dégoupille et la place entre leurs deux têtes.
Nous mourrons ensemble, mon frère, dit-il.
La grenade explose et nous projette au sol. Tout est fini.
Gabriel 3°2
Le combat d'Étéocle et Polynice
Je sens que ma sœur Antigone, qui est tout près de moi, est très stressée. Pourtant, moi qui suis sa grande sœur, je n'arrive pas à la réconforter car moi-même, je suis vraiment anxieuse.
Dans quelques minutes, nous allons assister, dans cet immense stade, au combat entre nos deux frères, Polynice et Étéocle.
Ma sœur et moi sommes au premier rang, tout autour s'éparpillent des centaines de personnes. Entre les rangées de sièges, il y a plusieurs marchands qui vendent des pop-corn ou des jouets lumineux.
La lumière s'éteint d'un coup, seuls, les projecteurs qui sont braqués sur le terrain, sont allumés. Antigone me prend la main et je la serre fort. Nos deux frères entrent sur le terrain, ils sont tous les deux armés d'une lance et d'un bouclier. Antigone reste silencieuse, mais moi, j'ai envie de crier : « Stop ! », pourtant, je n'en fait rien.
Je remarque que notre père a l'air étrangement calme. Je tourne la tête aussitôt quand j'entends un cri : c'est Polynice, il a une lance plantée dans la cuisse, un petit cri s'échappe de ma bouche. Il se relève avec difficulté, ils ne se battent plus avec les armes mais avec les poings. C'est un vrai massacre, le sang coule sur leur peau. Notre père se lève d'un coup et saute sur le terrain, Étéocle attrape sa lance malgré le sang qui l'aveugle. Œdipe les sépare mais Étéocle, qui ne voit rien, le confond avec avec Polynice et lui plante sa lance dans le ventre. Je sens que mon cœur lache, je ferme les yeux et ne pense plus à rien.
Chirine 3°2
Le combat d'Étéocle et Polynice
La nuit du 24 octobre, Ismène et moi avions reçu un SMS de Polynice disant qu'il voulait tuer notre autre frère Étéocle cette nuit même à 23h30 au parc de la Préfecture. Mon premier réflexe fut de regarder ma montre. Il était 23h17 exactement. Effrayées de ce qu'il pourrait se passer, nous avons couru, couru jusqu'à épuisement pour prendre le premier bus.
Pendant ce temps, Polynice avait donné rendez-vous à Étéocle à la même heure. Celui-ci ne se doutait de rien. Polynice engagea alors une conversation qui dégénéra très vite. Il commença à prendre son couteau qu'il avait soigneusement caché dans sa chaussure droite et essaya de toucher son propre frère au bras gauche. Mais Étéocle esquiva et sans plus attendre répondit à l'attaque de son frère à la seule force de ses bras.
Polynice reprit la main et, en une fraction de seconde, enfonça son couteau dans l'abdomen de son frère. Sans réfléchir, Étéocle, mourant, enleva le couteau de son corps pour le planter directement dans le cœur de Polynice.
Soudain, nos deux frères se regardèrent droit dans les yeux, comme si l'un et l'autre regrettaient leur geste. Dans leur regard on sentait de l'amour.
À ce moment-là, Ismène et moi sommes arrivées près d'eux. On les voyait, tous les deux, leurs corps inanimés sur le sol, sous la pleine lune. C'était comme si le temps s'était arrêté. J'ai poussé un cri de détresse et de douleur, puis je me suis réfugiée dans les bras de ma sœur, en pleurs.
C'était la nuit du 24 octobre...
Océane 3°2