07 juin 2020

Un haut lieu de l'art : le Théâtre des Champs-Elysées

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Théâtre des Champs-Elysées

Façade d'Auguste et Gustave Perret 

Bas-relief d'Antoine Bourdelle

 Crédits : Hartl Meyer

 

Un lieu de l’art : le théâtre des Champs Elysées à Paris

 

  1. Un haut-lieu de la vie culturelle parisienne

 

Le Théâtre des Champs-Elysées a été construit au 15 de l’avenue Montaigne, dans le très bourgeois et très luxueux huitième arrondissement de Paris, là où l’on trouve les boutiques des grands couturiers, à quelques enjambées de la plus belle avenue du monde, l’avenue des Champs-Elysées. Malgré cet emplacement, ce théâtre a été un théâtre de révolution : le lieu des avant-gardes, en musique, en danse.

 

« C’est un théâtre, écrit Charles Dantzig[1], qui a été construit dans un quartier sans théâtres et qui malgré ce théâtre est resté un quartier non théâtral et malgré cela le théâtre a du succès. Au tout début du XXème siècle, un entrepreneur de spectacles, Gabriel Astruc, décide d’investir dans la construction d’un théâtre. Le quartier à la mode, à ce moment-là, se situe sur les boulevards. Et aussi bien le plus grand des théâtres musicaux, l’opéra de Paris, y avait été inauguré vingt-cinq ans auparavant, en 1875. Vingt-cinq ans, c’est une génération. Une génération, c’est un dégoût, un rejet, une rénovation. On a de la tendresse pour le style de nos grands-parents, mais le style de nos parents nous paraît risible et, d’une certaine façon, plus vieux. L’opéra de Paris et les théâtres, c’était les boulevards ? On construira près de la Seine, non loin du pont de l’Alma. L’opéra de Paris, c’était Garnier et son style éclectique, mêlant l’Empire, le médiéval et le Renaissance ? On construira une épure, blanche, en béton armé recouvert de marbre. La musique adorée, c’était Tchaïkovski et les danseuses en tutu pour vieux messieurs lubriques fumant le cigare au foyer ? On promouvra Stravinski et les danseuses en tunique cachant cuisses et aplatissant seins. »

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02 juin 2020

Les conditions économiques de création des oeuvres de Charlotte Perriand

Etape 1. Ecouter la chronique radio « Charlotte Perriand, une cote contre nature »

Répondez à la question suivante : pourquoi peut-on dire que la valeur économique actuelle des réalisations de Charlotte Perriand est « contre-nature » ?

 
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Cliquez sur l'image pour accéder au catalogue

Etape 2. A partir du catalogue de la vente Artcurial évoquée dans l’émission de France culture

Choisissez une réalisation de Charlotte Perriand et présenter le contexte économique de sa réalisation.

- Dans quel contexte a été réalisée l’œuvre ?

- Qui est le commanditaire de la réalisation ?

- Pour quel usage cette réalisation a-t-elle été faite ?

- Qui est le fabricant de la réalisation ?

- La réalisation est-elle unique ou produite en plusieurs exemplaires ?

- La réalisation était-elle destinée à être vendue dans le commerce ? Et si oui par qui et à quel prix ?

 

Vous devez m’envoyer votre travail par mail sous forme d’une fiche A4 dactylographiée

a) réponse à la consigne 1

b) reproduction(s) de l’œuvre choisie

c) réponses à la consigne 2

d) bibliographie

18 mai 2020

Le Sacré dans les paysages de Vincent Van Gogh

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 Vincent Van Gogh (1853-1890) Le Semeur au soleil couchant (1888)

Huile sur toile, 64 × 80,5 cm. Kröller-Müller Museum Otterlo, Pays-Bas

© Krôller-Müller Museum

 

Le Sacré dans les paysages de Vincent Van Gogh

 

« Exprimer l’espérance par quelque étoile. L’ardeur d’un être par un rayonnement de soleil couchant. »

Vincent Van Gogh, Lettre à son frère Théo, 3 septembre 1888.

 

La peinture de Van Gogh n’est pas religieuse, au sens où elle n’exerce aucune fonction religieuse. Ce n’est pas une peinture dont le but serait de soutenir la prière ou d’être au service du culte. En ce sens la peinture de Van Gogh ne relève pas de l’art sacré. Cependant, on peut montrer que cette peinture exprime souvent un sentiment du sacré. Comme c’est le cas d’autres peintres qui inscrivent leur œuvre dans l’esthétique du paysage – de Poussin à Kandinsky – Van Gogh exprime dans sa peinture un sentiment cosmique : le ciel étoilé et les grands soleils ne témoignent-ils pas d’une forme de panthéisme ? Les paysages de Van Gogh ne représentent pas seulement le visible, ou du moins, ils ne réduisent pas le monde visible à ce qu’il semble être, ils font signe aussi vers l’invisible, non seulement le sentiment intérieur, qui s’exprime dans les cyprès tordus et les étoiles tourbillonnantes, mais aussi le sentiment d’une unité entre le monde humain et le monde naturel. On peut appeler sentiment cosmique le sentiment de l’unité qui rassemble les hommes et la nature. Le ciel étoilé et le soleil – si centraux dans la peinture et l’imaginaire de Van Gogh – sont aussi des symboles, des signes de l’infini, de l’unité (le cercle parfait du soleil), du Bien, de la Vie. On verra que dans un tableau comme Le Semeur, le soleil semble être l’auréole du Semeur, indiquant que par son travail il se sanctifie.

 

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La valeur économique actuelle de l’œuvre de Charlotte PERRIAND

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Luminaires et mobilier de Ch. Perriand

Choisir 3 œuvres de Charlotte Perriand et en définir sa valeur économique actuelle

Choisissez trois réalisations de nature différentes de Charlotte Perriand vendue aux enchères récemment

A partir du site artsy.net qui recense les objets en vente ou vendus dans des galeries ou des maisons de ventes j’ai sélectionné 5 maisons de ventes qui ont vendu des œuvres de Charlotte Perriand ces dernières années

 

- Maison de vente PIASA, Paris 

- Maison de vente Leclere, Paris-Marseille

- Maison de vente Aguttes, Paris

- Maison de vente Whright, Chicago

- Arcturial, Paris 

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La valeur économique de l’art - introduction au thème

Introduction

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Fondation Le Corbusier

            La notion de valeur peut avoir différents sens : c’est à la fois le caractère mesurable (d’un objet notamment) en tant que  susceptible d’être échange, d’être désiré ; c’est aussi le caractère de ce qui répond aux normes reconnues de son espèce, qui a de la qualité et qui est objectivement digne d’estime ; et c’est aussi la qualité estimée d’un jugement. L’art a-t-il donc une valeur ? assurément, mais en fonction de la compréhension du mot valeur celle-ci peut prendre différentes formes.

            Tout d’abord une œuvre, un objet d’art a une valeur subjective c'est-à-dire une valeur qui est fonction de l’intérêt sensible que porte un public et/ou un spectateur. Tout le monde n’accorde pas la même valeur sensible, sentimentale à un immeuble, une lithographie, un fauteuil, une chanson…

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12 mai 2020

Natures mortes confinées

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Mur collaboratif de natures mortes réalisées pendant le confinement
puisque le projet collectif au Potager du Roi n'a pu aboutir...

 

Les lieux de l'art dans le monde

Etape 1. Bilan du travail réalisé sur les lieux de l'art dans le monde

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Carte collaborative réalisée par les élèves, cliquez sur la carte pour accéder au padlet

Etape 2. Rédiger une synthèse sous la forme d'une composition

Sujet : La diversité des lieux de l'art
Consignes à télécharger
Vous avez une semaine pour me rendre votre travail

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04 mai 2020

Les paysages de Cézanne et l’expérience du sacré

 
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Paul Cézanne (139-1906) La Montagne Sainte-Victoire, vue de Bibémus, vers 1897.

Huile sur toile, 65 x 80 cm. Museum of Art, Baltimore.

 

Les paysages de Cézanne et l’expérience du sacré

Dans un entretien intitulé « En compagnie des peintres », Philippe Jaccottet répond ainsi à la question qui lui est posée à propos de son expérience du paysage, aussi bien chez les peintres que dans le monde sensible :

… Je me suis aperçu qu’un certain nombre de peintres du passé, et encore quelques-uns d’aujourd’hui, traduisent sur la toile le choc émotif que moi je ressens comme poète devant la nature, et que j’ai le désir de traduire par des mots. Je me dis même parfois : « Attention ! de ne pas devenir un peintre en mots ! » C’est un danger à éviter à tout prix. J’ai l’impression que – mais je marche là sur des sentiers très battus, qui sont ceux de la Sainte-Victoire – des peintres tels que Cézanne font monter le Fond des choses, ce par quoi nous pouvons être attachés à ce qui nous entoure et y trouver une espèce d’aliment, et d’encouragement à lutter contre tout ce qui menace de nous détruire. C’est comme si les dieux absents, morts, ou disparus selon certains, remontaient sans du tout être nommés, sans être figurés, même pas sous forme de nymphes, comme chez Poussin. C’est comme si cette présence insaisissable, cette sorte d’énigme contre laquelle on finit par buter, mais dont on se dit qu’elle vous fait vivre, étrangement, qu’on n’arrive pas à saisir, eh bien, un certain nombre de peintres l’ont saisie. C’est le cas chez Cézanne, où les figures qui étaient présentes chez Poussin ne sont plus là, mais sont néanmoins sensibles, et la force, le rayonnement de ces présences insaisissables est tout aussi grand[1].

Et dans Paysages avec figures absentes, il écrit :

Les peintres de la Renaissance, redécouvrant la grâce de l’Antique, avaient peuplé les lieux où ils vivaient de nymphes, de temples en ruine, de satyres et de dieux. J’étais sensible au pouvoir troublant de leurs Bacchanales, à la sérénité de leurs Parnasses […].

Néanmoins, je ne pouvais m’empêcher, devant ces œuvres, de ressentir toujours une impression, fût-elle légère, de théâtre : parce que la vérité qu’elles exprimaient avait cessé d’être la nôtre. Et quand je regardais les paysages de Cézanne, où je pouvais retrouver ceux qui m’entouraient, je me disais […] qu’en eux, où il n’y avait que montagnes, maisons, arbres et rochers, d’où les figures s’étaient enfuies, la grâce de l’Origine était encore plus présente.[2]

Dans quelle mesure la peinture de paysage de Cézanne rend-elle possible une expérience du sacré, vécue à partir de du sentiment de la nature ? On peut repérer un lien avec le sacré dans trois séries d’œuvres de Cézanne : d’une part les tableaux qu’il réalise dans les anciennes carrières de la campagne aixoise, à Bibémus, notamment le tableau Carrière de Bibémus, d’autre part bien sûr dans la série de La montagne Sainte-Victoire – le nom même de la montagne indique un lien avec le sacré – et enfin dans la série des Grandes baigneuses, ces énigmatiques figures féminines pouvant être perçues comme dans des déesses, dans un paysage dont les arbres forment comme la voûte d’une cathédrale. Examinons ces trois exemples.

 

[1] Philippe Jaccottet, « En compagnie des peintre », dans Au cœur des apparences, éd. de la Transparence, 2012, p. 26-27.

[2] Paysages avec figures absentes, dans Œuvres, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 2014, p. 474-475.

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30 avril 2020

L'expérience du sacré et la poétique du paysage

L’expérience du Sacré et l’esthétique du paysage

 

L’esthétique du paysage s’exprime essentiellement par deux moyens : la peinture et la poésie. On pourrait ajouter par la photographie et le cinéma, et pour l’art contemporain, par le land art. Dans ce cours, on s’en tiendra à la peinture – au sens large, comprenant l’estampe – et à la poésie.

Quel lien y a-t-il entre l’expérience du paysage et l’expérience du Sacré ? Ce cours se propose de répondre à cette question, qui est la ligne directrice de ce sujet.

Tout d’abord, le paysage en peinture n’apparaît de manière autonome – c’est-à-dire autrement que comme l’arrière-plan, le plus souvent schématique, d’un tableau dont le sujet principal est en général religieux – qu’à la Renaissance. C’est à partir du XVe siècle qu’on voit apparaître des tableaux dont le sujet principal est un paysage : il y a certes en art un sentiment de la nature qui s’exprime avant, par exemple dans les fresques de Pompéi, dans les fresques de l’art roman, mais le plus souvent le paysage n’était pas représenté lui-même, il n’était qu’un décor.  Qu’est-ce qu’un paysage ? C’est, pour faire simple, une vue sur un lieu, le plus souvent naturel. Si nous parlons de paysage, c’est parce qu’une œuvre, poésie ou peinture, traduit l’émotion produite par certains fragments du monde terrestre, un aspect d’un pays, où nature et culture s’articulent : un certain agencement de lumières, de couleurs, de formes, de matières. Le poème ou le tableau proviennent de la joie, du saisissement que font naître, par exemple, une montagne, une vallée, un lac, la mer, la lumière qui se reflète sur l’eau, un jardin. Mais il y a aussi des paysages urbains. Il n’en sera pas question ici. Car le sacré, pour des raisons qu’on va expliquer, s’atteste dans la relation avec un lieu, dans la relation de l’homme avec la nature, saisissante par sa beauté.

Sur cette estampe, le Fuji est vu depuis la mer, entre la côte escarpée à gauche et une vague déferlante sur la droite. Au premier plan, la mer est représentée démontée, sous l'emprise de vagues violentes et écumantes, tandis qu'au loin, elle se fait calme et plane, accueillante même pour le voilier qu'on aperçoit. À l'arrière-plan, au-dessus de la baie de Suruga, s'élève le cône neigeux du mont Fuji. Sur la crête de la falaise abrupte, figurée sur la gauche, une route étroite et périlleuse, surplombant la mer, fut aménagée en 1655 pour faciliter le parcours des voyageurs, qui n'avaient plus à attendre la marée basse pour franchir la passe de Satta. Cette falaise fait pendant à la vague, encadrant ainsi le paysage. Cette estampe, à la composition graphique complexe, au cadrage très recherché, qui met en scène une vague puissante, frangée d'écume, impérieuse et menaçante, saisie sur le vif à son point culminant, juste avant qu'elle ne se fracasse, évoque la célèbre Vague de Hokusai dans sa série des Trente-six vues du Fuji.

« La mer à Satta, dans la province de Suruga » (Suruga Satta kaijô) Les « Trente-six vues du Fuji » (Fuji sanjûrokkei) Hiroshige Utagawa (1797-1858), vers 1858-1859. Signé : « Hiroshige ga ». Inscriptions : titres de la série et de l'estampe en haut, à droite, dans un cartouche rectangulaire. Éditeur : Tsutaya Kichizô. Nishiki-e ; format ôban tate-e. 339 x 220 mm. BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE DE-10, J. B. 1072. © Bibliothèque nationale de France

 

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Le Sacré dans la peinture de paysage

Nicolas Poussin (Les Andelys 1594–1665 Rome), Paysage avec Orion aveugle cherchant le soleil, 1658. Dimensions: 119.1 x 182.9 cm. New York, Metropolitan Museum of art.

 

Dans la tradition occidentale, on peut distinguer entre deux types de paysage : le paysage avec figures et le paysage sans figures – que Philippe Jaccottet appelle, pour des raisons qu'on examinera, Paysage avec figures absentes.

A la Renaissance et à l’âge classique, le paysage, même s’il est déjà peint pour lui-même, est le plus souvent le décor soit d’une scène de la mythologie, soit d’un épisode de la Bible. Il en est ainsi des paysages de Nicolas Poussin.

On peut se demander pourquoi les peintres de paysage – et Nicolas Poussin en particulier – placent dans leurs paysages des héros et des dieux, c’est-à-dire des figures sacrées, en lien, par les mythes, avec le sentiment que le monde ne se limite pas aux apparences visibles, que la réalité naturelle recèle du surnaturel, des divinités. Et on constate que le fait de lier le paysage et l’expérience du sacré n’est pas le propre de la peinture occidentale, puisque les peintres chinois et les peintres japonais le font aussi. Si les figures, dans les paysages avec figures, sont des figures sacrées - des dieux, des héros, des nymphes -  n’est-ce pas parce que le sentiment du beau naturel que les peintres (et bien des poètes) expriment prend la forme du sentiment du sacré ? En bref, si les peintres insèrent dans leurs paysages des figures qui représentent le divin, n'est-ce pas une manière d'exprimer le sentiment du Sacré que le paysage en lui-même suscite ? N'est-ce pas aussi pour cette raison que Cézanne peint ses Grandes baigneuses ? Même si ce ne sont plus des divinités identifiées de l'Antiquité, ces grandes femmes étranges apparaissent bien comme des êtres à mi-chemin entre l'humain et le divin.

Paul Cézanne (Aix-en-Provence, 1839-1906) Les grandes baigneuses (II). Huile sur toile. 210,7 x 251 cm. 1906
Philadelphia Museum of Art, USA

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