Pour accentuer cette distance et rendre l'expérience plus dépaysante, beaucoup d'auteurs se plaisent à donner des noms étranges à leurs créations. En outre, la création de cartes de ces mondes fictifs est presque devenue une habitude en préambule des textes. Lorsque vous ouvrez l'un d'entre eux, attendez-vous donc à accomplir un voyage loin des terres connues.

Cartes des mondes de fantasy
Cartes des mondes de fantasy

J.R.R. TOLKIEN , l'Anneau et la Terre du Milieu

L'Anneau unique, réalisation de Hill, un internaute
L'Anneau unique, réalisation de Hill, un internaute

John Ronald Reuel TOLKIEN (1892-1973) s'impose à nous avec sa création complète, grandiose et vivace : la Terre du Milieu. La référence à Mitgard, "l'enclos du milieu", des croyances vikings est évidente. Cet éminent linguiste d'une imagination débordante a réinvesti sa connaissance des mythes scandinaves et de l'ancienne Angleterre pour recréer le grand récit mythologique qui manquait à la Grande-Bretagne. Il est même allé jusqu'à réinventer les langues de son monde.

  • Bilbo le hobbit
The Hobbit couverture du roman original © Harper Collins

The Hobbit, couverture du roman original

© Harper Collins

 

Pour le public, tout commence avec Bilbo le hobbit (1937). Un jeune hobbit, personnage miniature soucieux de son confort, se trouve enrôlé dans une mission périlleuse : aider les treize Nains à reprendre leur trésor des griffes du dragon Smaug. Avec l'aide du magicien Gandalf, les héros traversent les montagnes, la Forêt Noire, affrontent des araignées, luttent contre des gobelins et des trolls, rencontrent des Elfes, échappent à des loups géants... Bilbo découvre même, au détriment de l'inquiétant Gollum, un anneau qui lui permet de devenir invisible. Ce récit initialement prévu pour ses enfants jette les bases d'un univers riche et complexe, peuplé de créatures extraordinaires et où le surnaturel a toute sa place.

Les hobbits sont une création originale et insolite de l'auteur ;  il démontre que même les plus petits peuvent accomplir les plus grands exploits  : La description des hobbits

Les gobelins, quant à eux, entrent en opposition avec les hobbits : La description des gobelins

Il n'est pas invraisemblable qu'ils aient inventé certains des engins qui ont depuis jeté le trouble dans le monde, surtout les appareils ingénieux faits pour tuer un grand nombre de gens à la fois, car ils ont toujours fait leurs délices des rouages, des machines et des explosions.

Bilbo le hobbit, chapitre 4 : "Dans la montagne et sous la montagne" (traduction de Francis LEDOUX)

Cette remarque sur les gobelins reprend une ancienne tradition que l'on retrouve par exemple chez le poète John MILTON selon laquelle les démons ont inventé les armes à feu (Le Paradis perdu, Livre VI). TOLKIEN confirme ainsi sa méfiance vis-à-vis d'une technologie mal employée. Indirectement, il affirme aussi que le monde qu'il décrit appartient à notre passé.

  • Le Seigneur des Anneaux
Le Seigneur des Anneaux, illustration de John Howe © Christian Bourgois

Le Seigneur des Anneaux, illustration de John Howe

© Christian Bourgois

Plus tard, dans Le Seigneur des Anneaux (1954-1955), TOLKIEN reprend le schéma qui avait fait son succès, et le pousse plus loin, révélant aussi la vraie nature de l'anneau trouvé par Bilbo. Un récit plus long, édité en trois tomes (La Communauté de l'Anneau, Les Deux Tours, Le Retour du Roi), des situations plus sombres et plus sérieuses, des enjeux plus profonds : détruire l'Anneau Unique qui permettrait à Sauron le Seigneur des Ténèbres de dominer le monde. Nous sommes au cœur de la fantasy épique. Le récit s'ouvre sur ce poème devenu emblématique de l'œuvre : 

Trois Anneaux pour les Rois Elfes sous le ciel, 

Le Seigneur des Anneaux tome 3 © Pocket
Le Seigneur des Anneaux tome 3 © Pocket

Sept pour les Seigneurs Nains dans leurs demeures de pierre, 

Neuf pour les Hommes Mortels destinés au trépas, 

Un pour le Seigneur des Ténèbres sur son sombre trône

Dans le Pays de Mordor où s'étendent les Ombres.

Un Anneau pour les gouverner tous, Un Anneau pour les trouver, 

Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier

Au Pays de Mordor où s'étendent les ombres.

(Traduction de Francis LEDOUX)

Plusieurs races de personnages se côtoient pour mener à bien leur quête : hobbits, nains, humains et elfes, rassemblés dans "La Compagnie de l'Anneau" par  Elrond, un Elfe sage et ancien :

 

Le Seigneur des Anneaux tome 1, ©Folio Junior
Le Seigneur des Anneaux tome 1, ©Folio Junior

"La Compagnie de l'Anneau sera de Neuf et les Neuf Marcheurs seront opposés aux Neuf Cavaliers qui sont mauvais. Gandalf ira avec vous et votre fidèle serviteur ; car ceci sera sa grande tâche, et peut-être la fin de ses labeurs.

Pour le reste, ils représenteront les autres gens Libres du Monde : Elfes, Nains et Hommes. Legolas représentera les Elfes, et Gimli fils de Gloin les Nains. Ils sont volontaires pour aller au moins jusqu'aux cols des Montagnes et peut-être plus loin. Pour les Hommes, vous aurez Aragorn, fils de d'Arathorn, car l'Anneau d'Isildur le touche de près".

Le Seigneur des Anneaux, La Communauté de l'anneau, Livre II, chapitre 3 : "L'anneau prend le chemin du sud" (traduction de Francis LEDOUX).

 

  • L'Histoire de la Terre du Milieu

L'univers des jeux de rôle s'en souviendra en confiant des missions à une équipe composite dans laquelle chaque individu a sa spécificité. D'abord JRTM (le Jeu de Rôle de la Terre du Milieu), mais aussi d'autres créateurs ont repris cette formule devenue incontournable. Toutefois, le roman de TOLKIEN, loin d'être le récit d'action pure et dure qu'on présente parfois, est empli de poésie et il est surtout l'histoire mélancolique d'un monde finissant.

Le romancier a poursuivi la description de son univers dans des récits cosmogoniques, des textes riches mais inaboutis, non publiés de son vivant comme Le Simarillion, Histoire de la Terre du Milieu, Contes et légendes inachevés...

Il y eut Eru, le Premier, qu'en Arda on appelle Ilúvatar ; il créa d'abord les Ainur, les Bénis, qu'il engendra  de sa pensée, et ceux-là furent avec lui avant que nulle chose ne fût créée.

Silmarillion, Ainulindäle, traduction de Pierre ALIEN.

Tous ces récits viennent parfaire la connaissance de la Terre du Milieu, en jetant la lumière sur la création du monde, l'origine des personnages, les batailles qui ont façonné l'histoire. Vous pouvez, en plus de l'indispensable lecture des ouvrages, compléter vos connaissances grâce au site très complet de Tolkiendil, une association pour la promotion de l'œuvre de J.R.R. TOLKIEN.

C'est assez naturellement que le cinéma s'est emparé du sujet à plusieurs reprises, mais le projet monumental n'a longtemps donné que des formes inachevées comme  Le Seigneur des Anneaux (1978) de Ralph BAKSHI, un long-métrage animé qui ne raconte que la moitié de l'histoire ;  ou des films vaguement inspirés de ce genre d'univers comme Willow (1988) de Ron HOWARD (sur une idée de George LUCAS). Il a fallu attendre 2001 pour que sorte une version plus fidèle, portée par des effets spéciaux révolutionnaires, des moyens colossaux, des décors naturels époustouflants :  Le Seigneur des Anneaux : La communauté de l'Anneau (2001), par Peter JACKSON. Le film et ses suites ont rencontré un important succès qui a permis de relancer et d'élargir l'intérêt pour la fantasy au cinéma.

Cahier de Croquis sur Le Seigneur des Anneaux, Alan LEE, © Christian Bourgois

Cahier de Croquis sur Le Seigneur des Anneaux (2006)

Alan LEE, © Christian Bourgois

L'univers de TOLKIEN est magnifiquement mis en images par des nombreux artistes et en particulier par John HOWE (vous pouvez lire son interview sur ce blog dans John Howe, ou la quête sans fin) et Alan LEE. Ces deux illustrateurs de talent façonnent depuis des années notre vision de la Terre du Milieu avec les milliers de dessins diffusés sur le sujet. Couvertures de romans, calendriers, livres d'illustrations, conception graphique des films de JACKSON vous permettront de redécouvrir leur style.

  • Les lignes ci-dessus sont complétées par les trois articles de la thématique AUTOUR DU HOBBIT, consacrés respectivement à l'invisibilité, au magicien et au dragon.

Créatures étranges

A la suite de TOLKIEN, beaucoup d'artistes ont imaginé des mondes dans lesquels évoluaient des elfes, des nains, des orcs...

En bande dessinée, l'éditeur Soleil, sous la supervision de Jean-Luc ISTIN et Nicolas JARRY, consacre des séries à ces personnages : Elfes et Nains. Plusieurs scénaristes et dessinateurs se relaient pour donner vie à un univers de plus en plus cohérent. Le travail des coloristes rend le tout très agréable à regarder et donne toute sa saveur au graphisme élaboré. En outre, afin de changer la donne, Stan NICHOLLS et le dessinateur Joe FLOOD ont créé l'album Orcs (2012) qui raconte les histoires du point de vue des "monstres". Thorgal créé par Jean VAN HAMME et Grzegorz ROSINSKI en 1977, a revisité les mythologies des vikings en narrant les aventures de ce héros qui tente d'échapper aux dieux. La Quête de l'Oiseau du Temps (depuis 1983) de Régis LOISEL et Serge LE TENDRE a permis de s'étendre sur le monde d'Akhbar. Les peuples humains ou non doivent faire face à la menace de Ramor, un ancien dieu capable de ramener les ténèbres.

Les réussites au cinéma, sur des scénarios originaux, sont assez peu nombreuses, on peut signaler The Dark Crystal (1983) de Jim HENSON et Frank OZ (1), un film de fantasy inhabituel puisqu'il met en scène des marionnettes — les effets spéciaux empêchent de voir les fils et dans certaines scènes ce sont des acteurs déguisés.

The_Dark_Crystal.jpg
The Dark Crytal de Jim HENSON et Frank OZ

On y raconte comment un cristal magique se brise, rompant ainsi l'équilibre du monde. Les monstrueux et cruels Skekses règnent sur un monde obscur, tandis que les paisibles Mystiques se plaisent dans la sagesse.

Dark Crystal (fanart) © Julie Rouviere ; reproduit avec l'aimable autorisation de la dessinatrice

Dark Crystal (fan art)

© Julie Rouvière  ; reproduit avec l'aimable autorisation de la dessinatrice ;

http://julierouviere.tumblr.com/

Ces derniers ont recueilli Jen, un Gelfling, qui aura pour mission de retrouver l'éclat de cristal et sauver le monde de la destruction annoncée. Les décors très chargés recréent un univers florissant ou inquiétant et les personnages dessinés par Brian FROUD incarnent à merveille les créatures imaginaires.

Dans Legend (1985) de Ridley SCOTT, le scénario reprend l'idée d'un univers de conte de fées. Dans une forêt luxuriante, deux magnifiques licornes assurent la paix du monde. Un maléfique seigneur de la nuit, Darkness, veut s'emparer de leur pouvoir pour faire faire disparaître toute joie et régner sur un monde de ténèbres.

Legend de Ridley SCOTT
Legend de Ridley SCOTT

Son apparence est très proche de celle qu'on attribue parfois au diable (voir les LES BELLES ET LES BÊTES 2/3 : La bête fait son cinéma). Si l'histoire n'est pas nouvelle, elle a l'avantage d'offrir une esthétique particulièrement travaillée et saisissante.

Le monde de la musique joue aussi sa partition dans ce vaste univers. C'est le cas de plusieurs groupes de métal symphonique parmi lesquels le groupe italien Rhapsody of Fire.

Legendary Tales (1997) © Rhapsody of Fire
Legendary Tales (1997) © Rhapsody of Fire

Les pochettes de leurs albums et les paroles de leurs chansons sont clairement d'inspiration de fantasy. Les instruments électriques sont mêlés à ceux des orchestres, le mouvement porte un souffle épique, on y parle de guerriers et de quêtes dans des mondes magiques...

Le cycle romanesque de Terremer (1964-2001) d'Ursula LE GUIN (1929-) recrée quant à lui un monde dominé par les océans, où les sorciers commandent aux éléments et côtoient parfois des dragons. Goro MIYAZAKI en livre une interprétation personnelle dans son long-métrage d'animation Les Contes de Terremer (2004).

Les Contes de Terremer de Goro MIYAZAKI, source : http://www.manga-news.com
Les Contes de Terremer de Goro MIYAZAKI, source : http://www.manga-news.com

 

Donjons, dragons et jeux de rôle

By Diacritica - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12225034

By Diacritica - Own work, CC BY-SA 3.0,

https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12225034

  • Donjons et Dragons

En 1970, deux Américains, Dave ARNESON et Gary GYGAX, créent les règles de leur jeu de rôles Donjons et Dragons. S'inspirant des jeux de stratégie et des récits de fantasy, ils fabriquent ainsi un modèle, encore existant aujourd'hui, dans lequel des joueurs prennent le rôle d'un personnage (elfe, nain, sorcier, voleur...) qui aura une mission ou une quête à accomplir dans un monde médiéval-fantastique. En suivant des règles bien précises, en prenant des décisions parfois difficiles et en lançant ses dés aux multiples faces, l'aventure prend forme et évolue en fonction de vos réussites et de vos échecs.

 

L'imagerie de la fantasy offre la possibilité aux illustrateurs de créer visuellement des univers étonnants, riches et dépaysants. Le succès s'est répandu jusqu'en France et a vu émerger des artistes de renom.

Dragon ©Julien DELVAL, reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur ; http://juliendelval.blogspot.fr/

Dragon ©Julien DELVAL,

reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur ;

http://juliendelval.blogspot.fr/

 

 
Cette image a été réalisée à la gouache sur papier.
Il s'agit d'une commande pour un jeu de cartes. La demande était donc assez précise. Il fallait de la couleur, du dynamisme et un éclairage marqué.
 
Le processus de création est le suivant : recherche de documentation, réalisation de petits croquis, crayonné final retranscrit ensuite sur le support définitif (ici du lavis Vinci technique 300g), puis le travail de peinture commence.
Un petit passage sous Photoshop a été nécessaire pour booster l'ensemble.
 
Julien DELVAL pour Lettres d'Arts (2)
 

 

  • Casus Belli

 

"Fête de nuit" (détail) © Florence MAGNIN reproduite avec l'aimable autorisation de l'auteur
"Fête de nuit" (détail) © Florence MAGNIN reproduite avec l'aimable autorisation de l'auteur

Cette peinture a été réalisée pour Casus Belli, qui offrait à l'époque à ses lecteurs un poster en milieu de revue.  La technique employée est mixte, comme pour la plupart de mes illustrations : aquarelle, rehauts de gouache ou d’acrylique, crayons de couleurs. Je pense avoir passé pas mal de temps à sa réalisation étant donné le nombre de personnages (...) ! Il n'y avait pas vraiment de but à cette création, si ce n'est mettre en scène une imagerie proche de mon propre univers... J'avais au début placé un chasseur derrière l'un des arbres mais je me suis aperçue ensuite que sa présence gâchait à le fois la composition et l'ambiance de cette cavalcade sur laquelle on pouvait craindre qu'il ouvre le feu... Exit le chasseur, place à la fête et aux libations !

Florence MAGNIN pour Lettres d'Arts(3).

 

Légendes des Contrées oubliees, B. CHEVALIER et T. SEGUR © Delcourt
Légendes des Contrées oubliées, B. CHEVALIER et T. SEGUR © Delcourt

Casus Belli était une magazine papier consacré au monde du jeu de rôle. Il exite aujourd'hui en ligne sur internet. En plus de présenter des nouveautés, des astuces et d'autres surprises, il donnait la place à des auteurs. C'est de là que sont partis Bruno CHEVALIER et Thierry SÉGUR avec les aventures de Kroc le Bô, un gobelin gentiment ridicule. Les deux artistes ont prolongé leur association avec la trilogie Légende des Contrées oubliées (1987-1992). Sur un scénario classique, mais riche, sérieux et bien mené, le dessin de T. SEGUR vient donner vie à un univers tout en nuances de couleurs. Les trois héros, Noren le Nain, Firfïn le Lïn et Morkaï l'Akeï partent dans la quête désespérée d'un nouveau roi. Ils sont confrontés à des situations violentes ou à des ennemis redoutables comme Hûrl le Chevalier Tonnerre, serviteur de Ssîn le maléfique. Leur mission les emmène au-delà d'eux-mêmes, à la découverte des secrets de leur monde, à la découverte des mystérieuses Puissances qui jouent avec leur destin.

Sauveur du monde

  • Légende

C'est souvent en des contrées lointaines que se révèlent les plus grands enjeux. En France l'éditeur Bragelonne(4) s'est imposé dans le secteur de la fantasy, notamment avec Légende (1984) de David GEMMELL (1948-2006) et les fameuses illustrations de Didier GRAFFET. Druss est une légende vivante, réputé pour tous les exploits accomplis autrefois.

Légende de David GEMMELL © Bragelonne
Légende de David GEMMELL © Bragelonne

Il était Druss la légende, Druss l'Invincible, le Capitaine à la Hache. On racontait des légendes de sa vie partout, à tous les enfants, et, pensa Druss, la plupart

d'entre elles n'étaient effectivement que des légendes. Druss le héros, immortel, divin.

Ses victoires passées auraient pu lui assurer un palais débordant de richesses, de concubines par douzaines. Quinze ans plus tôt, Abaylin lui-même l'avait couvert de joyaux suite à ses exploits à la Passe de Skeln.

Pourtant, le lendemain matin, Druss était reparti dans les montagnes de Skoda, tout en haut d'un pays désertique, à la frontière des nuages. Le vieux guerrier grisonnant était retourné jouir de la solitude dans son repaire au milieu des pins et des léopards des neiges.

Traduction de Alain Névant, Bragelonne.

C'est donc lui que l'on va chercher pour défendre la forteresse de Dros Delnoch contre les envahisseurs du peuple nadir. Ce guerrier vieillissant — qui a déjà perdu son ami Sieben et sa femme Rowena — est un être d'exception. Il est sur le point de livrer sa dernière et sa plus grande bataille.

On compte bien souvent sur un héros hors du commun pour préserver la paix du monde. Tout comme les demi-dieux mythologiques, le héros possède des qualités exceptionnelles, parfois à son insu. C'est en accomplissant cette quête qu'il se révèle à lui-même et aux autres. En voici des exemples.

  • La Roue du Temps

La Roue du Temps (1990-2013) est le titre d'une série entamée par Robert JORDAN (1948-2007) et terminée après sa mort par Brandon SANDERSON.

La Roue du Temps, composée de sept rayons dont chacun représente un Âge, est un objet cosmique qui dirige la destinée du Monde et qui a été mis en place par le Créateur. Elle est alimentée par la Source Véritable elle-même divisée en deux parties complémentaires : saidin, le principe mâle et saidar, le principe femelle. Sur cette illustration, devenue le logo de la série, vous pouvez reconnaître l'ourobouros des mythes antiques, le serpent qui se mord la queue, symbole de l'éternel retour, du recommencement perpétuel...

La Roue du Temps de Robert JORDAN, logo de la série, par alexfederlin : https://www.flickr.com/photos/79246111@N00/5360766379/
La Roue du Temps de Robert JORDAN, logo de la série

Le premier chapitre de chacun des 14 tomes que compte cette saga commence de façon rituelle par ce même paragraphe :

La Roue du Temps tourne, les Âges vont et viennent, laissant des souvenirs qui deviennent légende. La légende se fond en mythe, et même le mythe est oublié depuis longtemps quand  l'Âge qui lui a donné naissance revient. A une époque, appelée le Troisième Âge par certains, une époque prochaine, une époque passée, un vent s'éleva dans les Montagnes de Brume. Ce vent n'était pas le début. Il n'y a ni débuts ni fins dans le cycle de la Roue du Temps. Mais c'était un début.

La Roue du Temps, Traduction de Nicolas THIMON

A la suite d'un affrontement mythique entre Lews Therin Telamon, surnommé le Dragon, et Shai'tan, le Ténébreux, le pouvoir magique des hommes s'est retrouvé souillé. A partir de cet instant, les Aes Sedai, détenteurs de ce pouvoir, ne pouvaient plus être que des femmes. Tout homme possédant des pouvoirs magiques deviendrait fou et devrait donc être neutralisé. Sauf s'il était la réincarnation du Dragon. Mais comment le reconnaître ? JORDAN impose donc l'idée d'une Histoire cyclique qui se déroule selon un Schéma ; ainsi, régulièrement, des forces opposées s'affrontent pour diriger le monde. D'autre part, Le Ténébreux qui avait été emprisonné, est sur le point de s'évader. Très rapidement l'action va se concentrer sur le village des Deux-Rivières. Rand al'Thor et ses amis Matrim Cauthon et Perrin Aybara sont trois jeunes gens qui découvrent qu'ils sont des Ta'veren, ils ont une influence sur le Schéma. Moirane Damodred, une Aes Sedai, consciente de leurs capacités veut les amener à Tar Valon, siège du pouvoir des magiciennes, et peser ainsi sur le sort du monde.

Ce récit de pure high fantasy se déroule dans un monde totalement réinventé ; il regorge de personnages en tout genre : les monstrueux Trollocs, soldats brutaux mi-hommes mi-bêtes, les Aiel, de légendaires guerriers du désert ; les treize Damnés,  anciens disciples du Ténébreux ; les Ogier, des géants bâtisseurs ; Les Enfants de la Lumière, des chevaliers fanatiques, et tant d'autres encore... Parallèlement à cela, la Source Véritable ou Pouvoir Unique se diffuse dans divers artefacts, des objets qui confèrent à ceux qui peuvent les utiliser des pouvoirs accrus. Le plus puissant d'entre eux est un sangreal, un nom qui fait bien sûr référence au Saint Graal. Si on ajoute l'allusion au roi Artur Hawkwing ("Aile de faucon"), ou au Cor de Valère qui rappelle celui de Roland (voir SOUS LE HEAUME DES CHEVALIERS 1/4 : b. Le meilleur chevalier du monde), on aura compris que les romans de chevalerie étaient des modèles. D'autre part, le nom Shai'tan est la déformation à peine voilée de Satan ; certains de ses disciples portent les noms qui rappellent les démons bibliques : Sammael ou Be'lal. Enfin le peuple des Tuath'ana n'est pas sans évoquer celui des Tuatha Dé Danann, les dieux celtiques...

  • L'Épée de Vérité
L'Epée de Vérité, tome 1, Terry GOODKIND © Bragelonne
L'Epée de Vérité, tome 1, Terry GOODKIND © Bragelonne

Dans cette autre longue saga de 14 tomes, L'Épée de Vérité (1994) de Terry GOODKIND (1948-), un jeune homme doit prendre conscience du rôle qu'il joue pour sauver le monde. Richard Cypher, un jeune forestier dont le père a récemment été assassiné sous les ordres du maléfique Darken Rahl, se lance dans une mission désespérée pour sauver le monde. Il lui faut entrer en possession de l'Épée de Vérité et assumer sa mission de Sourcier (Seeker en anglais) défenseur de l'ordre et de la justice. Son ami Zedd le sorcier  lui explique :

"Il existe une magie puissante, très ancienne et très dangereuse... Elle prend sa source dans la terre et la vie elle-même. Contenue dans trois calices appelés les boîtes d'Orden, elle reste endormie tant que celles-ci ne sont pas mises dans le jeu. en passant, sachez que c'est l'expression consacrée.... Bine entendu, ce n'est pas un ... jeu... d'enfant ! Seule une personne dotée de grands pouvoirs peut réussir — à condition d'avoir fait de longues études. Dès qu'on détient au moins une boîte, la magie d'Orden peut être éveillée. A partir du moment où il se la procure, notre hypothétique candidat a un an devant lui pour ouvrir une boîte. Mais attention, il doit être en possession des trois avant d'essayer, car elles fonctionnent ensemble ! Pas question de n'en avoir qu'une et de l'ouvrir ! Si l'individu qui les met en jeu ne se les approprie pas toutes, et s'il laisse passer le délai d'un an, sa vie appartiendra à la magie. Impossible de revenir en arrière ! Darken Rahl doit ouvrir une des boîtes.... ou mourir.

Chapitre 9 (traduction de Jean-Claude MALLÉ).

Sa rencontre avec la belle et mystérieuse Kahlan Amnell change la vie de Richard à jamais et le lance dans des aventures qu'il n'aurait jamais imaginées : dragons, monstres, sorciers, mauvais esprits se mettront sur sa route.

 

Un barbare dans un monde de brutes...

  • Conan le Cimmérien

Le jeune écrivain américain Robert Ervin HOWARD (1906-1936)  a su remodeler notre mythologie dans de nombreux récits d'aventures consacrés à Kull, Sonya la Rousse, Solomon Kane... Il a même entretenu une correspondance avec H.P. LOVECRAFT, le maître de l'horreur (voir SURNATUREL 1/4 : Le fantastique, un rêve éveillé ?). Il faut le considérer, avec TOLKIEN, comme l'un des fondateurs de la fantasy moderne. C'est en 1932, dans le magazine Weird Tales, qu'il publie "Le Phénix sur l'Épée", la première nouvelle consacrée au plus célèbre de ses héros  : Conan le Cimmérien.  L'histoire se déroule dans une Antiquité mythique. L'auteur imagine un "Âge hyborien" — d'après le continent de l'Hyborie — dans lequel les noms des peuples ou des dieux ont des consonances familières, comme s'ils étaient une déformation de notre réalité. Ainsi, trouve-t-on les dieux Set le Serpent ou Mitra ; les Cimmériens,  un peuple vivant aux confins du monde déjà mentionné par HOMÈRE dans l'Odyssée ;  des Vanirs, qui vivent dans le nord glacé, tout comme les dieux Vanes de la Scandinavie...

Sache, ô Prince, qu'entre l'époque qui vit l'engloutissement de l'Atlantide et des villes étincelantes et celle de l'avènement des fils d'Aryas, il y eut un Âge insoupçonné, au cours duquel des royaumes resplendissants s'étalaient à la surface du globe tels des manteaux bleus sous les étoiles : la Némédie, la Brythunie, l'Hyperborée, Zamora […]. Mais le plus illustre des royaumes de ce monde était l'Aquilonie, dont la suprématie était incontestée dans l'Occident rêveur. C'est en cette contrée que vint Conan, le Cimmérien […].

Le Phénix sur l'Épée (traduction de Patrice LOUINET).

Que ce soit Conan, Kalidor ou d'autres, le héros est souvent solitaire, concentrant l'attention sur lui. En étant ainsi le maître de l'action, le personnage fait naître le genre de l'heroic fantasy. Les différents épisodes montrent divers aspects de Conan :  guerrier, voleur, marin, roi ou mercenaire. En répétant régulièrement "Par Crom!", il affronte des magiciens, des sorcières ou des démons, abat des araignées ou des serpents géants, s'empare de trésors, mène des batailles, etc.  HOWARD avait publié les récits sans souci de chronologie, afin de donner l'illusion que les histoires lui auraient été racontées telles quelles par le héros, au gré de ses envies. Il y a un certain plaisir chez l'écrivain à dépeindre ce barbare sauvage et courageux qui s'oppose à la corruption de la civilisation des grandes cités.

Le barbare est donc devenu le modèle de nombreux autres héros et une inspiration pour d'innombrables auteurs. Les adaptations sur tous les supports ne se comptent plus. Les dessins de Frank FRAZETTA (1928-2010), un illustrateur extrêmement réputé, ont permis de constituer une iconographie marquante du personnage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En bande dessinée, les dessins en noir et blanc de John BUSCEMA (1927-2002, dessinateur de Wolverine ou des Vengeurs) ont donné un aspect dynamique et efficace, fidèle à l'esprit de Robert HOWARD.

Plus tard, le film de John MILIUS, Conan le Barbare (1981), avec Arnold SCHWARZENEGGER dans le rôle titre, a imposé une vision âpre, brutale et efficace du film de fantasy et reste un modèle du genre. Le héros à la musculature imposante y accomplit une vengeance personnelle contre le tyran Thulsa Doom qui a rasé son village, tué ses parents et volé sa précieuse épée d'acier.

Sword and Sorcery

  • Le Cycle des Épées

Fritz LEIBER (1910-1992), grand admirateur de LOVECRAFT, et contemporain de Robert HOWARD, est l'auteur du Cycle des Épées, une saga incontournable. Pour ces récits qui entremêlent magie et aventures dans le monde antique de Newhon, le romancier a créé l'appellation "Sword and sorcery" ("épée et sorcellerie"). C'est devenu une branche à part entière de la fantasy.

Sa série de romans, commencée en 1934 avec Épées et démons, s'ouvre sur ces mots :

Séparé de nous par des abîmes de temps et des dimensions inconnues rêve le Monde antique de Newhon, avec ses tours, ses crânes, ses joyaux.

Il met en scène deux héros différents et complémentaires. Le gigantesque guerrier barbare Fafhrd (prononcez "Faf-erd") et le frêle Souricier Gris se rencontrent dans les ruelles mal famées de la ville de Lankhmar, combattant par hasard les mêmes ennemis. D'abord méfiants, ils deviennent rapidement inséparables et vont vivre ensemble des aventures extraordinaires entre vols et combats, démons et sorciers.

A l'autre extrémité de la table était accroupie une petite bête noire dont les yeux, brillants comme des perles, allaient sans cesse du sorcier à l'alambic. Dès qu'il l'aperçut, Fafhrd enfonça les doigts dans l'épaule du Souricier au point de lui faire mal ; celui-ci sursauta, mais ce n'était pas de douleur. C'était à un rat que cette bête ressemblait le plus, mais elle avait un front plus haut et les yeux plus rapprochés que tous les rats que le Souricier avait pu voir ; quant à ses pattes de devant, qu'elle frottait constamment l'une contre l'autre, comme de joie, elles semblaient la copie en minuscule des mains crochues du sorcier.

[…]Le rythme de l'incantation s'accélérait, les flammes bleu foncé devenaient plus brillantes et les entendait siffler, le liquide de la cornue devenait aussi épais que de la lave, il s'y formait  de grosses bulles qui se brisaient ensuite brillamment, la corde noire du matras se contorsionnait comme un nid de serpents ; on avait l'impression de plus en plus forte de présences invisibles, de tension surnaturelle, s'exaspérant jusqu'à devenir presque intolérable. Fafhrd et le Souricier avaient peine à retenir le halètement qui s'échappait de leur bouche ouverte, ils craignaient aussi bien l'un que l'autre que les battements de leur cœur ne s'entendent à plusieurs coudées.

 Épées et démons, Mauvaise rencontre à Lankhmar (traduction de Jacques PARSONS)

Le Cycle des Epées, LEIBER, CHAYKIN, MIGNOLA  ; © Delcourt
Le Cycle des Epées, LEIBER, CHAYKIN, MIGNOLA ; © Delcourt

Mike MIGNOLA, le dessinateur de Hellboy, a représenté leurs péripéties dans une bande dessinée écrite par Howard CHAYKIN, Le Cycle de Epées.

  • Les chroniques des crépusculaires

Plus proche de nous dans le temps et l'espace, nous pouvons bénéficier de l'œuvre de Mathieu GABORIT (né en 1972) avec Les chroniques des crépusculaires (1999) une trilogie dont le premier tome s'intitule Le Souffre-Jour.

Les Chroniques des Crepusculaires, Mathieu GABORIT © Livre de Poche.jpg
Les Chroniques des Crépusculaires, Mathieu GABORIT © J'ai Lu

Agone est sommé par le testament de son père de rejoindre le Collège du Souffre-jour, une école pour "mauvais garçons". Il y apprendra "l'art de la duplicité, du mensonge, de la félonie" (Chapitre IV). Les souffre-jour sont des arbres magiques doués d'une volonté propre. Il sont commandés par Diurne un être magique sage et puissant. Dans ce monde extraordinaire, vous croiserez des lutins, des farfadets, des mages et toutes sortes d'êtres magiques.

Pardiem se releva et murmura aussitôt quelques mots, les bras tendus en avant. De ses mains jaillit subitement une nuée d'étincelles bleu nuit qui fondirent sur l'adversaire de l'échevin. Il me sembla distinguer, sans pouvoir en jurer, une petite créature lovée au sein de la nuée. Les étincelles frappèrent le farfadet à la poitrine avec le chuintement d'un soufflet. La stupeur se peignit sur son visage : les étincelles s'attaquaient à son corps qui fondait à vue d’œil...

Le Souffre-Jour, chapitre I.

Agone doit accepter son nouveau rôle, changer physiquement et mentalement. Il entre alors en possession d'un épée qu'il choisit de nommer Pénombre. La lame est vivante et partage les pensées de son maître, lui suggère des actions ou lui prête parfois ses pouvoirs. Comme l'annonce le titre, le récit se montre plutôt sombre et révèle un autre pan de la fantasy.

Dark fantasy

Parallèlement au Disque-Monde, la suite de romans humoristiques de Terry PRATCHETT, à Donjons la BD parodique de Joann SFAR et Lewis TRONDHEIM, à Lanfeust de Troy, une sorte "d'humoristic fantasy" d'ARLESTON  et à d'autres récits plus légers que nous verrons dans la suite, il existe des romans terriblement sombres et pessimistes qui n'ont pas été pensés pour le jeune public. Des machinations froides, des personnages cruels, des situations violentes ou très crues sont le quotidien de certaines séries.

  • Elric

Avec Elric des dragons (premier tome du cycle, 1972 en France, ), le romancier anglais Michael MOORCOCK (1939-) a créé une sorte de héros romantique et tourmenté(5). L'auteur reconnaît dans sa préface avoir été inspiré par toutes sortes d'auteurs de récits épiques, de romans gothiques ou de fantasy.

Elric, un albinos maladif, est le prince de Melniboné, l'Île aux dragons, peuplée d'un race noble, puissante, mais cruelle et décadente. Pris entre ses devoirs d'Empereur, son amour pour Cymoril et sa rivalité avec son cousin Yyrkoon, il délaisse son trône de rubis. Il sera plus tard amené à  parcourir le monde en quête d'une raison d'être. Il a été muni par Arioch, le dieu du Chaos, d'une épée vivante, Stormbringer (littéralement "celle qui apporte la tempête") qui boit l'âme de ses ennemis et lui insuffle l'énergie qui lui manque naturellement. Pour vivre, il doit tuer.

Voici l'histoire d'Elric avant que de sa cousine ce seigneur ne devienne le meurtrier, avant que de Melniboné la chute ne soit. Voici l'histoire de sa rivalité avec son cousin Yyrkoon et de son amour pour sa cousine Cymoril, avant que cette rivalité et cet amour Imryyr, la Cité qui Rêve, aux pirates des Jeunes Royaumes et aux flammes ne livrent. L'histoire de deux funestes épées, Stormbringer et Mournblade, l'histoire de leur découverte et du rôle qu'elles jouèrent dans le destin d'Elric de Melniboné — un destin qui devait forger un destin plus grand encore, celui du monde. L'histoire du Prince Elric, l'histoire de ce seigneur des Dragons, de la flotte et du peuple presque humain qui dominèrent le monde dix mille années durant.

Elric des Dragons, Citation de la Chronique de l'Épée Noire (traduction de Daphné HALIN).

 

© 2013 Michael et Linda Moorcock - Elric par Blondel, Poli, Recht et Bastide © Glénat 2013
© 2013 Michael et Linda Moorcock - Elric par Blondel, Poli, Recht et Bastide © Glénat 2013

Après Philippe DRUILLET dès les années 60, ce sont encore des auteurs français qui ont eu récemment le privilège d'adapter de façon magistrale cette série en bande dessinée. Michael MOORCOCK lui-même en a rédigé la préface pour dire tout le bien qu'il en pensait. Elric (depuis 2013), sur un scénario de Julien BLONDEL et Jean-Luc CANO, avec les dessins conjugués de Robin RECHT, Didier POLI puis Julien TELO, des couleurs de Jean BASTIDE et Scarlett SMULKOWSKI. Le graphisme rend parfaitement l'ambiance baroque, violente et malsaine de la cour de Mélniboné : pour public averti.

  • Le Trône de fer
Le Trône de Fer, dans la série HBO ; http://www.trone-de-fer.fr/wp-content/uploads/2013/07/Tr%C3%B4ne-de-fer-hbo.jpg

Le Trône de Fer, dans la série HBO ;

http://www.trone-de-fer.fr/wp-content/uploads/2013/07/Trône-de-fer-hbo.jpg

Enfin, le phénomène actuel, A Song of Ice and Fire (à partir de 1996), de George R. R. MARTIN (1948-) adapté en série télévisuelle à succès Game of thrones/ Le Trône de fer, montre à quel point la fantasy peut se prendre au sérieux. Sans rien enlever aux qualités narratives, le ton volontiers grossier et la violence difficilement soutenable de certaines scènes rendent la série inaccessible aux plus jeunes. Cette immense fresque romanesque adopte le cadre habituel de la fantasy : une sorcière rouge, des dragons, des morts-vivants ; de plus, elle multiplie les personnages en changeant de point de vue à chaque chapitre ; par ailleurs, elle se montre capable d'orchestrer des complots et des situations politiques passionnantes. Les destins des familles s'entrecroisent, entrent en conflit pour la possession du Trône de Fer et le gouvernement des Sept Couronnes.

Découvrez d'autres univers dans SURNATUREL 4/4 : Mondes enchantés.

Je remercie chaleureusement Julien Delval, Florence Magnin et Julie Rouvière pour leur très aimable participation.

N. THIMON

 

NOTES :

1 : Frank OZ est celui qui anime et fait la voix de Yoda dans Star Wars. Jim HENSON est le créateur du Muppet Show, émission humoristique très populaire avec des marionnettes.

2 : L'interview de Julien DELVAL est disponible sur le blog : Peintre et illustrateur, une évasion dans les mondes imaginaires.

3 : Un entretien avec Florence MAGNIN vous est proposé sur le blog : Mascarade, les masques ont la parole.

4 : Le blog vous propose l'entrevue avec Stéphane MARSAN  cofondateur de la maison Bragelonne : Editeur, être en "compagnie des œuvres de l'esprit".

5 : Elric est romantique car il emprunte les caractéristiques des héros de ce courant artistique. MOORCOCK fait notamment un clin d'œil en nommant l'un de ses personnages Werther de Goethe dans Elric à La Fin des temps ; voir AU TEMPS DU ROMANTISME 1/3 : Le modèle allemand.