02 avril 2014

Une poupée de chiffon pas comme les autres (Valentine)

Une poupée de chiffon pas comme les autres

                                                     Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespéré, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre.

En quelques minutes, tout pouvait basculer. Les uns pensaient à leurs habitations tantôt en ruines, tantôt en cendres. Les autres eux, pensaient à leurs proches perdus là haut, dans ce grand linceul que dissimulait la brume épaisse accumulée au fil des combats. Que fallait-il faire ? C’était cette maudite question qui ne cessait de tourmenter la jeune mère… « Vais-je être assez forte, assez brave ? » dit-elle tout haut comme si quelqu’un pouvait lui répondre, lui dire qu’elle y arriverait certainement. Beaucoup de questions restaient dans sa tête, l’indécision était à son apogée. Dans ces moments, il n’était pas envisageable de concevoir un avenir, aussi paisible et heureux soit il… Tout ce que l’on pouvait faire était attendre, s’abriter, rêver… Rêver était la seule manière de s’échapper le temps d’une heure ou deux…

La femme courait… Elle jurait tel un charretier. On voyait dans ses yeux, son regard, la détermination sans fin dont elle faisait preuve. Jamais nul ne vit une battante comme elle ! Elle courait au milieu des pluies d’obus qui ravageaient le paysage et qui s’abattaient aussi facilement que la porcelaine pouvait se briser. Elle courait inlassablement, avec la même détermination. On voyait que elle ne serait satisfaite que lorsque la poupée de son enfant serait sienne.

Au loin, dans la brume épaisse, elle jeta son dévolu sur une petite maisonnette encore assez solide pour pouvoir s’y cacher. Elle prit sa fille par la main et partit sans attendre en direction de la petite maison. La femme était épuisée, après cette bataille acharnée contre les obus. La mère et la fille s’assirent quelques instants. Le feu flamboyait, les fusils grésillaient, les balles sifflaient et l’on entendait des gémissements venir de divers endroits. La mère crut percevoir parmi cette cacophonie de bruits si variés et plus horribles les uns que les autres, un gémissement qui semblait se rapprocher. Les deux réfugiés furent envahis par une terreur qui se traduisit par de forts tremblements et des larmes coulant le long de leur visage souillé de terre. Malgré cette peur bel et bien présente, toutes deux s’avancèrent doucement. La mère entendit les gémissements, et se dirigea vers un rideau cachant les fenêtres de l’habitation. Elle dit à sa fille de bien rester derrière elle afin que celle-ci soit en sécurité et elle tira d’un coup sec le rideau. Elle resta figé, muette, surprise. La peur ? Non plus à cet instant car ce qu’il y avait sous ce rideau c’était un chien. Il avait trouvé refuge là, derrière ce rideau à moitié déchiré. C’était une créature grande, musclée avec un air peu commun. La jeune femme le caressa à plusieurs reprises, puis les gémissements s’atténuèrent. Elle observa l’animal sous tous ses angles, son regard se posa sur son oreille gauche. Celle-ci était en lambeaux, probablement à cause des barbelés présents un peu partout… Elle prit son tablier et en déchira un morceau afin de stopper l’écoulement de sang qui ruisselait le long de son thorax. Puis, soudain, l’animal vint sentir la mère et son jeune enfant, il se dressa et commença à se diriger vers la porte de sortie. La mère décida de le suivre avec son enfant dans les bras. Elle avait espoir que le chien l’amènerait à l’endroit où sa fille avait perdu sa poupée. L’animal sortit de la maisonnette et s’élança à travers la brume épaisse qui recouvrait le paysage. La jeune femme ne distinguait que très vaguement la silhouette de la bête. Mais plus ils avançaient, plus le ciel se dégageait. Les obus continuaient à déferler et les mêmes bruits se faisaient entendre aux alentours. Le chien arriva à la lisière d’un bois. Juste avant ce bois, on distinguait les débris d’une ancienne habitation probablement détruite par les bombardements… L’animal s’arrêta face à cette ruine qu’était devenue l’ancienne demeure. La jeune femme juste derrière, se figea et tout à coup s’écroula à terre et fondit en larmes. Pourquoi ? Cette demeure ne lui était pas inconnue, elle lui était même très familière… Même en ruine elle était reconnaissable. Elle était tout bonnement retournée sur ses pas… Cette maison qu’elle avait délaissée à cause de cette guerre. La mère se releva et prit la main de sa petite fille, elle s’avança dans les décombres. Les larmes lui coulaient inlassablement et elle ne put rien y faire, une partie d’elle s’était envolée… La maison où elle et sa fille avaient grandi.

Tout à coup, au milieu des débris, la jeune fille montra du doigt un morceau de tissu rouge. La mère s’avança avec l’enfant et découvrit avec effroi une petite fille blonde aux yeux clairs. Elle était vêtue d’une petite robe rouge en soie. La jeune enfant était inerte sur le sol. A ce moment là, la fille de la jeune femme la pointa du doigt et dit « La poupée ! » La mère comprit à ce moment que sa fille depuis le début ne cherchait non pas sa poupée de chiffon, mais quelque chose qui lui était bien plus cher, bien plus précieux. Il s’agissait de sa meilleure amie, qui devait venir la voir et jouer avec elle durant l’après midi. L’enfant se précipita à côté du corps sans vie et le serra fort dans ses bras avant de le reposer délicatement sur le sol. La jeune femme s’agenouilla pour consoler son enfant qui pleurait. La scène continua longtemps…

Presque cent ans après, à ce même endroit repose trois corps, Lesquels ? Ceux de trois personnes ayant essayé de faire face à cette guerre en étant solidaires, braves et téméraires… Deux d’entres elles étaient de simples enfants. Ces trois tombes sont recouvertes de rose rouge, avec une inscription que l’on pouvait lire au loin : « Elles n’auraient jamais dû mourir si jeunes… ».

Valentine

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre. Elle regarda autour d’elle mais ne voyait rien d’autre que de la fumée. La seule trace de vie semblait être ce corbeau noir posé sur la carcasse d’une voiture. Perdue, elle ne savait pas quoi faire ni où aller. Sa fille la regarda et lui dit :

« - Maman, on va chercher ma poupée ? 

  - Oui chérie, répondit la mère sans réellement écouter. »

Mais soudain, dans un fracas terrible, un obus tomba à quelques mètres d’elles. Pendant quelques instants, il n’y eut plus rien, plus aucun bruit, plus aucun signe de vie. Tout avait disparu, c’était comme si ce village n’avait jamais existé.Il ne restait plus qu’un nuage opaque qui recouvrait ce qui fut autrefois un village paisible et tranquille. Ce n’était plus qu’un vaste terrain complètement détruit et inexploitable.

 

         Petit à petit, la mère reprit ses esprits. Affolée, elle cherchait sa fille. Elle était terrifiée à l’idée qu’il ait pu lui arriver quelque chose. Elle scrutait les alentours, essayant de percevoir quelque chose, peut-être un signe de vie de son enfant. Puis une petite voix qui hurlait « Maman » se fit entendre. La jeune femme reconnue immédiatement la voix de son enfant. Se laissant guider par son instinct  maternel, il ne lui restait plus qu’à retrouver sa fille afin de partir se mettre à l’abri des obus. Mais cette fumée épaisse ne lui facilitait pas la tache. Les cris étant de plus en plus forts, elle savait qu’elle se rapprochait. Tout à coup, elle sentit un petit être s’accrocher à sa jambe. Elle sut tout de suite que c’était sa fille. Soulagée, elle la prit dans ses bras et la serra fort contre elle. La petite fille était en pleurs, terrorisée. Sa mère la rassura pendant quelques minutes. Lorsque la fillette fut calmée, elle regarda sa mère et lui dit : « Maman, la poupée il faut qu’on la retrouve! Elle doit avoir peur toute seule. » Cependant, la jeune femme lui fit comprendre qu’elles n’avaient pas le temps, que c’était trop dangereux. Alors la petite fille s’arrêta net et rétorqua : « Maman il faut la retrouver, je peux pas l’abandonner ma poupée ! » Désemparée, sa mère ne voulait pas perdre plus de temps, d’autres obus tomberaient sûrement. Hors, sa fille refusait de faire un pas de plus. Elle fut contrainte d’accepter. Elles partirent donc à la recherche de cette poupée. Ne sachant pas où chercher, elles s’éloignèrent un peu plus loin : peut-être que la poupée avait était projetée. Elles scrutaient les environs mais il n’y avait aucune trace de cette poupée. Alors, elles marchèrent encore un peu, elles se trouvaient maintenant loin de leur foyer. Il n’y avait plus aucune chance de la retrouver. La fillette ne voulait pas arrêter les recherches. Après une heure de recherche, la mère avait perdu tout espoir.

 

Rapidement, un vent fort s’installa. Il fit voler la poussière dans tous les sens et provoqua presque une tempête. La mère et la fille allèrent donc s’abriter sous un arbre. Elles s’assirent et la mère prit l’enfant dans ses bras afin de la protéger du mieux qu’elle le pouvait. Lorsque les rafales s’atténuèrent, elles se relevèrent, puis la fillette, folle de joie, cria à sa mère : « Maman, maman, maman ! Regarde c’est ma poupée. On l’a retrouvée! » La poupée poussée par le vent, s’était déposée à quelques mètres d’elles. La petite fille, plus heureuse que jamais, se jeta sur sa poupée. Elle la serra fort contre elle. La jeune mère attendrie, fut elle aussi heureuse d’avoir retrouvé cette poupée. à présent, il leur fallait trouver un refuge car elles étaient bien trop loin de leur maison. Avant de partir, la mère rangea la poupée dans son sac afin de ne plus la perdre.

 

         Mais soudainement, un sifflement aigu parvint à leurs oreilles. Un choc terrible se fit ressentir. Dans un chaos d’horreur, un énième obus vint s’écraser  à quelques centimètres d’elles. Il n’y avait plus rien, juste un grand vide. Puis, la mère reprit ses esprits. Elle se leva, assez étourdie par la violence du choc. Elle était légèrement blessée mais rien de très grave. Elle regarda autour d’elle et eut comme une impression de déjà vu. Elle remarqua qu’elle ne se trouvait pas au même endroit : elle était revenue au point de départ devant sa maison. La jeune femme étonnée chercha la poupée dans son sac mais ne la trouva point. Que se passait-il ? Tout se mélangeait et se brouillait dans sa tête.  Où était sa fille ? Pourquoi n’était elle pas dans ses bras ? Et où était donc cette satanée poupée ?

 

Tout à coup, un détail attira son attention : le corbeau…… il était toujours posé au même endroit, sur la carcasse de la voiture, comme figé dans le temps. Ce n’était pas possible…… Puis une petite voix qui hurlait « Maman » se fit entendre.

 

Et là, elle comprit ! Il n ‘y avait pas d’énième obus…Il y avait juste l’obus….. Elle avait perdu connaissance et tout ceci n’avait été que le fruit de son imagination pendant sa perte de connaissance… Alors il n’y avait plus de temps à perdre; sa fille avait besoin d’elle.

Un rêve ... (Bruce)

Un rêve …

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais

pas désespérée, d'un simple jouet d'enfant, d'une toute petite poupée en chiffon,

dans ce monde cruel et obscur qu'était la guerre. La femme et la fille

continuèrent à chercher cette poupée perdue quand, tout à coup, un homme qui

avait l'air blessé se retrouva devant eux. Il demanda ce qu'elles faisaient ici, au

beau milieu de cet endroit dévasté par la guerre , où l'on entend encore les obus

au loin . La femme expliqua à l'homme qu'elles étaient à la recherche de la

poupée de la petite fille . Il les prévint que c'était peine perdu d'aller chercher

une poupée dans cet endroit, mais la femme n'en avait rien à faire des conseil de

cet homme mystérieux .

Elles reprirent leur chemin Malgré les conseils de l'homme, mais la

femme lui demanda s' il pouvait les aider à retrouver la poupée. Il répondit

que cela était de la folie et qu'il n'irait pas sacrifier sa vie pour retrouver

une poupée. Elle reprirent leur route, mais l'homme avait peur tout seul. Il

décida donc de les accompagner dans leur quête insensée .

Sur le chemin, l'homme râlait toute les cinq minutes , il se plaignait d'une

douleur à la jambe , alors ils s'arrêtèrent plusieurs fois . Après une

longue heure de marche la petite fille cria , et manifesta un grand cri de joie .

Elle était toute excitée parce qu'elle avait vu la poupée . La femme demanda à la

fille si elle était bien sûre , si elle avait vu une ombre ou si son esprit lui jouait

des tours. Alors ils partirent vérifier si la petite fille avait raison, mais ils ne

trouvèrent rien. La petite fille cria encore pour dire qu'elle avait vu la poupée .

Ils marchèrent plusieurs heures dans ce champ de bataille sans rien trouver,

avec la petite fille qui croyait voir sa poupée quand une fois tout le monde dit

l'avoir vue il se dirigèrent vers la poupée mais la petite fille dit qu'elle n'était pas

à elle . L'homme, fou de rage, s'énerva contre la petite fille en disant qu'elle

était capricieuse .

La femme calma l'homme en disant que ce n'était qu'une petite fille mais

il ne l'entendit pas de cette oreille et alla se calmer plus loin. Quant il revint il

dit qu'il fallait se séparer pour trouver la poupée. A un moment, les deux

groupes se retrouvèrent sur une falaise ils voyaient tout le champ de bataille les

obus , les avions et les chars. Les tirs provenaient de partout. La petite fille

pleurait, l'homme et la femme étaient tétanisés par cette bataille. Ils voyaient

les Allemands et les Français se battre pour leur pays c'était une vrai boucherie.

Il n'y avait plus rien après le passage des obus . L'homme affirma que c'était

trop dangereux de rester à cet endroit et ils reprirent leur recherche un peu plus

loin . La fille dit alors qu'elle voyait la poupée. L'homme et la femme

demandaient si elle était bien sûre. Folle de joie , la fille courut vers

la poupée. D'un coup, la fille s'arrêta elle ne bougea plus d'un centimètre alors

l'homme et la femme s'approchèrent eux aussi. La fille tenait la poupée entre ses

mains quand, tout à coup, la poupée sourit et regarda la femme puis elle regarda

le ciel , la femme regarda le ciel à son tour et vit un obus arriver sur

eux et là plus rien . La femme se réveilla d'un coup, sa fille dans ses bras. Elle

ne comprenait pas et là , la fille dit :

- « On va chercher ma poupée ? ».

Elinor et la poupée (Inès)

Elinor et la poupée

 

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre.

La petite avait l’air paniquée et, dans les bras de sa mère, elle balançait sa tête de gauche à droite et de droite à gauche, à la recherche de Julie, la poupée de chiffon mais à la tête, aux mains et aux pieds de porcelaine. Elinor s’endormait, bercée par les mouvements de la course de sa mère, la tête dans le cou de cette dernière, le visage mouillé par les larmes de la tristesse d’une enfant, au milieu de la guerre qui avait perdu son doudou et sans lequel sa vie changerait à tout jamais. C’était son doudou, son confident celui à qui elle disait tout : ses secrets, ses peines, ses peurs mais aussi ses bonheurs.

Dans l’obscurité, Maria cherchait une précieuse poupée du nom de Julie, qui était de petite taille et vêtue de rouge. Elle n’avait jamais déçue sa fille et ce n’était certainement pas le moment où elle allait commencer. Elle chercherait la petite sœur muette imaginaire de sa fille, même au milieu des obus éclatants de toutes parts.

Dans sa maison en ruines, elle cherchait une poupée. Elle trouvait de tout, un téléphone, des couverts, des assiettes, des bouts de fauteuils, des fleurs recouvertes de cendres, des draps salis, des jouets et encore pleins d’autres affaires mais aucune poupée.

La guerre avait été dure mais pas autant que ce jour où elle risquait de décevoir sa fille. Elle courait partout en cherchant la poupée mais elle ne la trouvait nulle part. Elle posa sa fille sur son lit dans sa chambre sans toit et elle continua sa course folle à travers les éclats d’obus.

 

Elle échappa de peu à un obus dont l’impact la projeta au sol. Lorsqu’elle se releva, elle crut voir la poupée Julie mais lorsqu’elle s’approcha pour l’attraper, elle disparut aussitôt. « C’était un mirage. » se dit-elle.

Et, dans l’espoir que la poupée réponde elle l’appela :

-         « Julie ! Julie ? »

La folie la rattrapait, elle ne voulait pas décevoir sa fille mais il semblait qu’il n’y avait plus d’espoir. Tout comme l’espoir de la fin de la guerre s’estompait, l’espoir de retrouver la poupée l’avait quitté. La poupée blonde était, d’après les souvenirs de la mère, dans un recoin de la maison, mais impossible de se souvenir où. Peut-être était-ce dans le salon, dans la cuisine, ou bien dans la chambre d’Elinor…elle n’en avait plus aucune idée.

 

La nuit tomba après cette première journée de recherches sans résultat. Pendant la nuit, elle dormit par terre dans la chambre de sa fille et rêva qu'Elinor partait dans sa robe blanche, la poupée à la main et les yeux d'un rouge étincelant comme une meurtrière. Elle se réveilla en sursaut, face à elle un petit muret au ras du sol qui dessinait les contours d’une maison détruite. Elinor était debout dans la pièce à côté la tête en direction du ciel, bleu, pour la première fois, depuis la guerre mais cela ne dura pas car rapidement des nuages vinrent l'assombrirent. Maria s’approcha d’Elinor et lui dit :

-         « Elinor, te rappelles-tu où étais la dernière fois que tu as joué avec Julie ? »

Elle secoua la tête en signe de négation et à ce moment là, la pluie commença à tomber doucement, la boue n’avait même pas eu le temps de sécher depuis la veille, mais étant donné qu’elle était dans sa maison, sans toit, elle enleva ses chaussures et les posa. Ensuite elle alla avec sa mère dans le sous-sol et toutes les deux, elles cherchèrent où est-ce que la poupée avait été oubliée. Ne l’ayant toujours pas trouvée, Maria se dit que peut être Elinor l’avait oubliée chez ses grands-parents, à deux pâtés de maisons.

Elinor alla chercher ses chaussures et les remit. Elle avait les pieds trempés mais cela ne l’importunait aucunement. Le soleil était revenu et la journée semblait démarrer dans le calme, mais alors qu’elle s’apprêtait à mettre le premier pas dans la boue, un sifflement vint du ciel, et sans réfléchir, Maria plaqua sa fille au sol en la protégeant. Dix minutes après l’explosion, Elinor toussa et se retira de dessous sa maman, qui elle, ne bougeait plus.

-         « Maman ! Réveille-toi Maman ! » cria Elinor.

Elle l’appela plusieurs fois, en vain. Après une vingtaine de minute, Maria revint à elle mais difficilement. Lorsqu’elle reprit ses esprits, elle vit sa fille unique qu’elle serra de tout son cœur.

Après des émotions aussi fortes, elles se remirent en route. Maria surveillait souvent le ciel, Elinor, avec ses yeux perçants comme un aigle, cherchait des cachettes pouvant leur être utiles pour se protéger : derrière des meubles, des débris, etc...

Marcher dans la boue, où s’enfonçait des cadavres, des armes, des éclats d’obus était un calvaire. Après trois heures et quart de marche éprouvante, elles  arrivèrent chez les parents de Maria.

Là-bas, un cauchemar les attendait, deux cadavres étaient à terre, les visages déformés par la terreur, les yeux grands ouverts. Maria commença par aller voir son père, puis sa mère. Il n’y avait plus rien à faire, ils étaient morts, probablement touchés par les éclats  d’obus, peut être de l’avant dernière explosion. Elinor restait, sans émotions visibles, à la porte, ou du moins ce qu’il en restait.

Après ce moment douloureux, Maria voulait recommencer tout de même la recherche de Julie, la poupée de sa fille mais avant il leur fallait se reposer.

Après ce repos bien mérité, elles reprirent les recherches et trouvèrent enfin la poupée, dans l’ancienne chambre de Maria, mais il manquait encore une chose. Il manquait la présence du mari de Maria à leurs côtés, il les attendait dans leur maison et elle marcha pour aller le retrouver, Elinor dans ses bras.

 En arrivant, elle fit descendre Elinor et marcha vers son mari. Il avait l’air perdu :

-          « Qu'est-ce qu’il y a » ? demanda-t-elle.

-          « Tu es là ! J'ai cru que tu étais morte. »

-          « Tu ? NOUS sommes là ! »

-          « Quoi ? Il y a quelqu'un avec toi ? »

-          « Oui, notre fille, tu as perdu la mémoire et la vue » ?

-          « Chérie, je ne vois personne à part toi. »

Elinor pleurait, elle était fatiguée, mais heureuse à la fois. Ce n'était pas des larmes de tristesse mais des larmes de joie : Elinor, sa petite fille avait retrouvé sa petite sœur muette et elle ne la lâcherait plus jamais. Une enfant de 3 ans, pleurait de joie, sur un champ de bataille, au milieu d'éclats d'obus, de tirs ennemis, elle pleurait de joie parce qu'elle avait avec elle, sa poupée de chiffons rouge, aux mains, aux pieds et à la tête de porcelaine.

-          « Chérie, je te répète que tu es seule avec moi et que nous devons à tout prix nous mettre à l’abri ».

-          « Mais tu ne vois pas Elinor ?... Elinor ? Elinor ?!! »

Elinor avait disparu comme par magie.

-          « Oh, non ça recommence ! »

-          «  Quoi ? »

-          « Tes troubles psychologiques ».

-          « Des... troubles psychologiques ? »

Maria ne comprenait pas mais Elinor n'existait pas, elle n'avait jamais existé, Maria était simplement une femme désespérée qui, ne pouvant, pas avoir d'enfant, en avait inventé un, un enfant du nom d'Elinor. La poupée, elle, existait bien, c'était celle de Maria étant petite, un souvenir d'enfance.

Maria avait imaginé tout çela, elle avait passé deux jours à chercher une poupée pour quelqu'un qui n'existait pas. Elle avait passé deux jours à …

-        « Ma chérie je suis désolé mais Elinor n'existe pas. Tu ne peux pas avoir d'enfant. Tu es stérile... »

-        « Je ne comprends pas je l'avais dans mes bras... »

Lucien la prit dans ses bras et dans ce paysage qui était tout sauf romantique, ils s'enlacèrent. Maria pleurait, elle voyait Elinor qui lui disait au revoir et qui souriait, la poupée à la main. Elle avait la tête penchée et ses nattes volaient au vent, tout comme sa robe, dans ce paysage sombre et obscur de la guerre.

 






 

 



Inès LE GUILLOU 3²

 
 

Annelyse

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche folle mais pas désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre. ( … )

   C’est ainsi qu’une mère portait sa fille, en titubant, dans la rue encore abasourdie par la destruction de sa maison renfermant tant de souvenirs. Elle tentait de lutter contre le peu volonté qu’il lui restait. Elle devait rester forte. Oui, elle le devait pour sa fille. Si le monde perverti qu’était la guerre la rongeait de l'intérieur, elle ferait tout pour que ces horreurs ne parviennent pas  à cet être innocent et pur.

   Elle avançait, les paupières à moitié fermées, le regard cherchant la poupée. Elle tenait fermement sa fille contre sa poitrine et rien ne lui ferait lâcher son enfant.

   Tout autour d'elles, la panique était totale. Pourtant, elles restaient indifférentes. Comme si le monde dans lequel elles marchaient était opposé à celui dans lequel elles se trouvaient actuellement. Un monde où une mère et sa fille marchaient dans une direction précise, vers un virage qui paraissait si loin... La poupée était une obsession pour la mère. Plus rien d'autre ne l’intéressait, plus rien d'autre n'avait d’intérêt sauf le jouet de sa fille.

   Une personne affolée les bouscula et ne se retourna même pas pour s'excuser. A croire qu'elles étaient invisibles au milieu de cette pagaille. La mère prit le choc sur son dos pour protéger au mieux la fillette et se releva avec difficultés devant porter deux poids au lieu d'un seul. Ses jambes tremblaient, sans doute de froid, de peur ou simplement de fatigue. La petite fille sanglotait. Inquiète, la mère demanda :

-         «  Quel est le problème Eliza ? »

 Eliza se força à parler en articulant le plus possible :

-          « Maman... elle renifla et reprit : ton cou... saigne beaucoup ».

   La mère tâta sa nuque et sentit une crevasse. Elle passa son doigt sur la fente qui se terminait à quelques centimètres de sa trachée. Le sang abondait. Elle se contenta de sourire pour la rassurer et répondit :

-          « C’est une simple plaie, rien de grave, ne t'inquiète pas ».

 

Les larmes lui montaient aux yeux, le temps lui était compté. Elle allait mourir et laisser sa fille sans rien. A ce moment précis, quelque chose dans son cœur se brisa : l'estime envers les autres, l'espoir de reconstruire sa vie et la joie de vivre.

   Elle détestait la guerre, les gens qui ne pensaient qu'à eux-mêmes, elle venait de radicalement changer de caractère. Elle qui était si calme et tolérante, était à présent prête à tout pour  protéger sa fille, même s’il fallait pour cela,  être odieuse envers les autres et les blesser.

   La ville brûlait de tous les côtés. On ne voyait que le chaos et des habitants perdus, c’était un véritable tableau d'horreur. Au milieu de la rue, deux êtres avançaient, ignorant la détresse des autres. Le bruit des bâtiments qui s’effondraient, étaient parfois recouverts par des cris et des pleurs. Les gens se bousculaient, se piétinaient les uns les autres pour fuir. C'était lors de ces situations que la cruauté humaine et l'égoïsme des gens ressortaient le plus.

   Un cadavre jonchait le sol et son sang se répandait rapidement entre les jointures du pavé. Les proches ne semblaient pas avoir encore acceptés sa mort et tentaient de le sauver bien qu'il fût déjà trop tard. Une jeune femme agrippait la jambe des passants en les suppliant, le bras gauche amputé :

-         « Pitié ! Sauvez-le ! Sauvez mon mari, Aidez-moi ! »

 Certains passants gardaient la tête détournée de la blessée pour ne pas affronter son regard plaintif tandis que d'autres la fixaient avec compassion et répondaient un timide : désolé.

   Cette scène exécrait la mère au plus haut point. Pour elle, il semblait évident que l'homme était mort alors, pourquoi continuer à chercher de l'aide ? Elle passa tout de même son chemin mais la pauvre femme l'agrippa à son tour et dit d'une voix tremblante :

-          « S'il vous plaît... Je suis désespérée... »

 La mère lui lança froidement :

-          « Comment peut-on être aussi stupide ? Il est mort. Alors fuyez au lieu de faire perdre du temps aux autres. »

 La jeune femme s’arrêta net et tourna lentement sa tête vers son mari immobile et au fur et à mesure qu'elle le regardait, elle réalisa qu'il n'était plus vivant. Son visage se décomposa, ses yeux s'écarquillèrent et on put entendre un « «Non... » qui montait d'un ton à chaque fois qu'il était prononcé à nouveau. Puis, elle se mit à hurler et se tint la tête entre les mains. La mère repartit laissant la femme crier de désespoir. Ses cris, étrangement, retentissaient à peine dans toute cette agitation.

   Brutalement, les cris cessèrent, la femme se redressa et s'époumona :

-         «  Un jour, votre manque d'humanité vous coûtera cher ! Et ce jour-là, vous prierez le ciel en demandant pourquoi ! »

 La mère ignora ses propos, elle était condamnée alors pourquoi avoir pitié ?

 La fillette se blottit contre sa mère :

 -«  Maman, cette dame me fait peur… »

 La mère lui caressa délicatement les cheveux. Leur errance continua ainsi jusqu’au bout de la rue qui semblait interminable. Elles prirent le virage et quelques mètres plus loin, elle apparut.

   Une modeste poupée, un simple bout de chiffon faisait sourire Eliza et sa mère. La petite fille se mouvait dans les bras de sa mère, trépignant d’impatience de courir récupérer son bien. Sa mère ne la retint pas et la posa. Aussitôt, l’enfant se précipita vers son jouet. La mère, elle, demeura, en arrière, en souriant. L’innocence de sa fille lui rendait son côté humain. Mais ses forces la quittaient et elle chancelait de temps à autre. Sa vue se troublait par moment, c’était bientôt la fin. Tout se passa si vite… Un mot résonna :

 - « ELIZABETH ! »

 La petite fille, la poupée dans les bras, se retourna brusquement, en fixant sa mère inquiète. Elle n’eut le temps de dire que «  Maman », avant qu’un obus ne s’abatte sur la maison à sa droite et explose violemment. Une nuée de fumée noire s’éleva dans les airs. Une frêle silhouette se dessina vaguement dans l’épais nuage. Elizabeth, dont la robe était auparavant blanche, était à présent rouge de sang. Un bout de bois pointu  transperçait son estomac et annonçait une mort douloureuse et lente. Elle pleurait et dit avec peine :

 -  « J’ai…si mal… Maman… »

 Son corps s’inclina sur le côté, la cheville se tordit et la petite chuta, tendant sa main vers sa mère pour qu’elle la rattrape mais celle-ci était trop loin.

   Le choc du corps sur le pavé provoqua une ouverture du crâne et une mort immédiate. C’en était trop… La mère ne pouvait plus encaisser. Elle se traîna avec ses forces restantes jusqu’à sa fille de huit ans décédée et s’agenouilla auprès d’elle. Elle hurla sa rage, cria son prénom pour qu’elle lui revienne. Son ange maintenant couvert d’une couleur écarlate, couvert de saleté, tordu de douleur, la poupée tachée de sang dans les bras, ne sourira plus jamais. La mère leva la tête vers le ciel gris et maussade et s’exclama :

 - « POURQUOI ?! Pourquoi m’as-tu pris la seule qui me restait ? La seule chose qui comptait pour moi ? »

  Elle semblait devenir folle à crier contre le vent, espérant inlassablement qu’on lui réponde. Finalement, elle se résigna à vivre le peu de temps qui lui restait. Elle essuya son visage, prit son enfant dans ses bras, la serra contre elle et se laissa mourir.

 

   La Guerre détruit, la Guerre tue, la Guerre n’est que violence et aujourd’hui deux personnes l’ont vécu. Personne n’est épargné.

 Une personne éplorée s’avança vers deux corps inertes. L’un était celui d’une adulte, l’autre celui d’une pauvre enfant qui tenait une poupée de chiffon dans ses bras. L’individu les regarda, prit la poupée, la jeta au feu et ajouta :

-         « J’avais bien  dit que ça vous retomberait dessus ».

 

FIN

A la recherche de la poupée d’Emilie dans une ville dévastée par la guerre (Syrine)

 

 

A la recherche de la poupée d’Emilie dans une ville dévastée par la guerre

 

 

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre.

 

Sylvie, mère courageuse de 34 ans tenait une épicerie avec son mari Christophe, âgé de 37 ans, à Verdun. Tous deux étaient les parents d’une adorable petite fille de 7 ans qui se prénommait Emilie.

 

Alors qu’elles marchaient sans relâche,  à l’horizon, des obus  tombaient, des éclats de projectile bourdonnaient au loin, elles entendaient des cris, entre les coups de feu successifs, des fusées rouges vacillaient dans le ciel. Elles continuaient de s’engouffrer dans les rues à la recherche de la poupée. Sylvie était  apeurée par des les cris stridents qui émanaient de la ville, jamais elle n’avait entendu des gémissements aussi terribles, les hurlements continuaient sans répit. Les maisons, les bâtiments s’effondraient à toute vitesse, le nombre de blessés continuait d’augmenter. Un peu plus loin, derrière les maisons en ruine apparaissait une grande ombre noire boitant vers elles. Sylvie vit une personne assez âgée, elle lui offrit son aide, elle savait qu’il était trop tard pour lui, elle décida alors de le rassurer et de le réconforter en lui parlant.

 

Georges, qui avait  soixante ans, avait perdu sa femme et sa maison dans les bombardements. Sylvie l’accompagna jusqu’à son dernier souffle. Enfin, le silence se fit entendre, Sylvie, triste et fatiguée continua sa route avec Emilie quand elles aperçurent un groupe sombre d’infirmiers avec des brancards, les terribles cris mélangés aux pleurs d’Emilie rendaient malheureuse Sylvie. Elles voulaient s’en aller en courant, n’importe où, sans les plaintes des blessés et les coups de feu.

 

Le ciel est devenu un peu plus clair, il était sept heures du matin et le vent était frais et voire froid.

A ce moment là, elles entendaient derrière elles des sifflements qui grandissaient et qui devenaient un grondement puissant comme le tonnerre .Pendant que la mère et sa fille cherchaient follement à travers tous ces débris la petite poupée, d’autres fusées éclataient dans le ciel.

 

Ereintée, Sylvie cherchait un endroit où se reposer avec Emilie, elle souhaitait reprendre des forces avant de poursuivre les recherches. Après deux heures de repos, Sylvie reprit sa traversée des débris tenant Emilie dans ses bras. La jeune fille n’arrêtait pas de sangloter en pensant à sa poupée en chiffon, elle avait peur de ne plus jamais la revoir.

 

Soudain, au coin d’une ruelle, elles poussèrent un énorme cri de joie, n’y croyant pas leurs yeux.

Emilie dit d’un air joyeux :

-       « Papa, Papa ».

Sylvie tomba à la renverse en voyant son mari, elle crût rêver, elle ne croyait plus le revoir en vie. Christophe avait été appelé à combattre un an auparavant et   Sylvie et Emilie n’en revenaient pas. Remplies de joie et de bonheur, elles racontaient leurs péripéties tout en insistant sur la perte de la poupée.

 

Après ses émouvantes retrouvailles, ils décidèrent d’aller tous ensemble à sa recherche. Après de longues recherches dans les débris de leur maison, Emilie eut la joie immense de retrouver sa poupée adorée. Ce fut dans ce moment de bonheur que la famille décida d’aller porter secours aux personnes blessées.

 

Quelques minutes s’écoulèrent, lorsqu’un brusquement un obus déchira le ciel, laissant à terre Emilie et son mari. Sylvie, paniquée courut à leur chevet et hurla de douleur car elle se rendit compte qu’elle venait de les perdre à tout jamais. En pleurs, malheureuse Sylvie s’évanouit.

 

Peu de temps après, elle se réveilla en hurlant et en sueur. Elle mit quelques secondes avant de pouvoir respirer normalement et elle s’assit au bord de son lit.

 « Ouf, tout ceci n’était qu’un mauvais rêve, un cauchemar ».

Un jour de novembre 1916 (Axelle)

Un jour de novembre 1916

 

 

        Et elle partit, tenant sa fille dans  ses bras à la recherche, folle mais pas désespéré, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre.

    

   Malgré le vacarme des canons qui faisait rougeoyer l’obscurité, Louise et Rose avancèrent timidement là où pouvait survenir à tout moment le prochain obus qui serait peut-être fatale. Le paysage était un décor d’apocalypse.

      

    Comment allaient-elles faire pour survivre ?

Louise sera dans sa main la petite main potelée de sa fille et décida de rejoindre la petite place du marché. Il fallait simplement convaincre Rose que sa poupée se trouvait là-bas.

Louise n’avait rien pu sauver lorsque l’obus avait fait exploser sa maison. Munis de leurs simples vêtements, et d’un petit bonnet pour Rose, elles avaient très froid et faim. Louise déposa quelques petites choses à manger dans ses poches et décida qu’il était temps de partir. Peut-être qu’en s’enfonçant dans les rues de la ville quelqu’un pourrait venir à leur secours.

Rose pleurait, elle avait soif, les gens criaient, couraient dans cette ville de Verdun réduite en cendres. La nuit allait bientôt tomber. Au loin, un grondement se faisait entendre pour se faire de plus en plus proche. Encore un obus qui tombait non loin de là…

 

    Louise pensait à son mari, le père de Rose, qui était parti à la guerre, il y avait déjà deux ans. Tout le monde pensait que la guerre n’allait pas durer et pourtant des jours, des semaines, des mois s’étaient écoulés sans qu’aucune nouvelle de son mari ne puisse parvenir jusqu'à elle.

Louise essayait de ne pas penser à la mort, elle ne pouvait s’imaginer son mari mort. Louise n’avait pu se résigner et n’avait rien dit à sa fille de don inquiétude.

Elle avait économisé, vendu tout ce qu’elle avait pu et avait acheté cette poupée, elle avait dit à Rose que son papa lui avait fait parvenir ce joli cadeau afin qu’elle pense toujours à son père…

Louise décida de se refugier dans l’église afin qu’elles soient à l’abri pour la nuit. Dehors il régnait un vent de panique. Rose était en larmes et réclamait toujours sa poupée. Louise faisait ce qu’elle pouvait pour la rassurer, elle s’avait que son mari était mort et qu’il ne reviendrait jamais. Rose semblait percevoir la détresse de sa mère.

-« Maman je veux ma poupée elle me fait penser à Papa, je veux ma poupée »

Elles finirent par trouver un endroit tranquille près de l’office. Non loin d’elle, des femmes toutes de noir vêtues, munies d’un chapelet, priaient. Rose s’était endormie dans les bras de sa mère qui s’efforçait de  rester éveillée mais bientôt elle s’effondra à son tour, emportée par la fatigue.

 

    Soudain une petite voix arriva près d’elle :

-« Maman, Maman réveille- toi, c’est moi Rose »

Louise regarda autour d’elle, cela faisait des années qu’elle était prostrée dans cette chambre d’hôpital où le temps, pour elle, c’était arrêté un jour de novembre 1916.  

Romain

Depuis qu'il était dans sa cellule, il n’arrêtait  pas de songer à sa soit disant victoire contre le régime monarchique qui régissait le pays, mais il en était sûr, dehors, tout n'allait pas bien. Même s’il n'y avait pas de vitre dans sa cellule, il pouvait entendre les discussions des gardiens après leur journée ou durant la pause du midi, et de ce qu’il entendait : tout n'était pas calme. Des voitures explosaient, il y avait des manifestations tous les deux jours contre tout et n'importe quoi. C'était presque le chaos, depuis le jour où il avait tué François-Ferdinand,  rien n'avait changé. L'autre jour, les gardiens parlaient d'une tension entre la plupart des pays et pas seulement en Autriche-Hongrie. Il n'avait pas peur mais presque. Pour se rassurer et pour se donner du courage, il se disait qu’au moins dans sa prison, il ne risquait rien.

 

Je passais des jours heureux dans ma cellule C12, une cellule spéciale pour les déficients mentaux. J’étais dans une petite cellule avec des murs blancs et sans aucune fenêtre.

Je n'avais le droit à aucune sortie, seuls les médecins venaient pour me faire parler de mon passé, que j’avais presque oublié. À force de faire semblant, mon esprit avait effacé tous les souvenir de mon passé de tueur. Cela fait quelques jours, j'ai appris que ma maison avait été brûlée dans des circonstances plutôt troubles.

Une semaine après, j'ai reçu du courriel. On m’a dit que la lettre venait du gouvernement, il cherchait à recruter des personnes pour former une armée, pour une guerre vraisemblablement. Alors, finalement, les injures et les menaces de morts se sont transformées en déclaration de guerre !

Deux jours plus tard, on entendait au loin le chant festif de la marche des soldats dans leurs uniformes soyeux. La guerre était bien déclarée et tout le monde était dehors que ce soit les plus aisés, le bas-peuple dans leurs habits du dimanche et même mes médecins. D'ailleurs, une chose incroyable est arrivée, le gouvernement a décidé de relâcher tous les détenus contre leur participation en tant que soldat dans cette guerre. Bien sûr, tous mes acolytes sont partis. Je suis désormais seul dans ma cellule C12  car l’État pense que je serai incontrôlable.

Quelques jours plus tard, des souvenirs de mon passé me sont revenus, et, contrairement a ce que je pensais, ils sont venus me hanter.

Je ne dors plus, je ne mange plus, je ne vis plus... Je me pose de plus en plus de questions sur mon état, cette sensation qui ne m est pas du tout familière, les médecins on diagnostiqué cela comme du regret. Moi, regretter ? Ils se sont trompés...

Dehors, la guerre fait rage, les odeurs de sang et de poudre emplissent mon nez d'une douce mélancolie, je crois. Je ne suis plus sûr, en fait, de rien. Cette sensation qui essaye de pénétrer mon cœur gagne du terrain, mais je bataille. Plus les jours passent, plus cette sangsue s'agrippe à mon âme pour faire de moi ce qu’elle désire, ce fléau, un jour j’y ai succombé. Oui, j'ai regretté le jour où le roi est mort, ou alors je suis fou... Je ne sais plus. Les médecins me fournissent des calmants pour mon mal de tête permanent, je refuse.

Alors que dehors la ville se fait assiéger, mon état empire ou s'améliore, je ne sais même plus,  mon esprit est fatigué d'essayer de reprendre sa place dans ma tête. Du coup, je pleure sans arrêt et j'ai honte de mes actes passés. J'ai peur ...

Dans un soir de déviance, luttant pour son idéal, Gavrilo Princip meurt dans une explosion d'obus. Cette explosion est dû à sa plus grande réussite la Première Guerre Mondiale ( répercussion au meurtre du roi)... C'est le chasseur qui se fait chasser !

Antoine

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d'un simple jouet d'enfant, d'une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu'était la guerre.

 

La seule raison pour laquelle la mère accepta d'aller chercher cette poupée c'était que entre sa fille et la poupée il y avait un lien, un lien particulier qui paraissait presque magique, Quand la fille était plus petite, elle avait trouvé cette poupée dans un parc mais n'avait jamais voulu dire comment elle l'avait eu, pour la mère cette poupée était ordinaire, juste une ''amie'' de sa fille. Elles commencèrent les recherches, la mère se laissait guider par la petite fille, d'ailleurs, elle avait l'air de savoir où elle allait, la mère regardait les obus tomber, par miracle aucun ne les avait atteinte pour l'instant, imaginait la mère …

 

La mère était dans un état second, ce n’est pas tous les jours qu'on doit affronter une  guerre et quand elle revint à elle, elle se trouvait dans le parc où la petite aurait laissée sa poupée, le parc était a moitié dévasté. La fille s’activait en quête de sa poupée, la mère, elle ne cherchait déjà plus à lutter ou à survivre elle savait qu à un moment ou à un autre, elles finiraient par être tuées donc elle se laissait guider et regardait les obus tomber un peu partout.

Une demi-heure plus tard, aucune trace de la poupée mais la petite fille avait l'air confiante et continuait de chercher pendant que la mère regardait les obus dévaster la ville.

La mère rêvait, rêvait que sa famille était au complet autour d'une table pour un bon repas de famille avec sa fille et son mari qui était parti au front. Lorsque  sa fille cria : ''MAMAN'' la mère sortit tout de suite de ses pensées. Elle se retourna et vit sa fille devant elle, les bras croisés et le regard noir, elle était assise en réalité sur la poupée depuis le début. La mère s'excusa et lui demanda en quoi cette poupée pourrait bien lui servir. La mère s'attendait à une réponse du genre : ''pour me rassurer'' mais non la petite fille la regarda avec un sourire dans le coin des lèvres.  La mère venait juste d’obtenir sa réponse que déjà la petite fille partait en sautillant avec sa poupée dans les bras, la mère commença  à marcher pour la suivre mais  à peine le premier pas fait la mère cria. Un obus fonçait droit sur sa fille qui c'était justement  retourner pour dire à sa mère d'aller plus vite, la mère commençait a pleurer car elle avait laissé sa fille toute seule. Mais la petite fille leva la tête en souriant et regarda  l'obus lui tomber dessus, une mystérieuse boule bleu se forma instantanément autour de la petite fille et l'obus disparut à l'impact. La mère qui pensait avoir perdu sa fille était à genoux et ne savait plus quoi faire jusqu'à ce que sa fille lui dise de se dépêcher. La mère estomaquait lui demanda comment c'était possible, la fille lui répondit que sa poupée avait le pouvoir de supprimer tout ce qui était dangereux pour le détenteur de cette poupée. Et la fille continua sa route en sautillant joyeusement, la mère n'avait ni l’envie ni la force de la suivre et elle expliqua a sa fille qu'elle resterait là. La petite fille reprit sont chemin après avoir dit au revoir à sa mère épuisée. La fille avait l'air de se balader dans ce champ d'obus, elle était littéralement invincible, elle se permit même d'aller rencontrer les soldats au front et  de les saluer, ceux-ci estomaqués, pensaient que c'était une illusion. La fille n'avait plus de temps à perdre et elle se dirigea vers une sorte de tour mystique, tout le monde pensait cette tour hantée. La fille commença l'ascension de la tour qui était remplie de bibliothèques, de toiles d'araignées et de vieux livres éparpillés par terre. Une fois arrivée  en haut de la tour une inscription sur une vielle pierre l'intrigua, malheureusement, la petite fille ne savait pas lire, il était écrit ''Une fois la poupée ancestrale de la guerre posait sur son trône le dernier détenteur meurt''. La petite fille vit en dessous de cette inscription une sorte de chaise qui collait parfaitement à la taille de sa poupée. La fille posa la poupée sur ce trône et instantanément mourut sans aucune souffrance.

 

 

Puis d'un coup, une énorme onde de choc se forma et toutes les personnes de ce monde reçurent un dessin ineffaçable de la poupée sur leur ventre, ce qui mit fin à la guerre. Personne ne pouvait plus se battre, ils étaient tous sous la protection de la poupée.

Soudain, la petite fille apparut dans l'espace et elle souriait en regardant la terre. Elle savait ce qu'elle venait d'accomplir car en fait c'était une alien qui avait pris le corps de la vraie petite fille pour mettre fin à cette guerre qui l'empêchait de dormir (et oui les aliens ont l'ouïe fine)…

 

Ma fille dans le brouillard (Céline)

Ma fille dans le brouillard

 

   Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d'un simple jouet d'enfant, d'une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu'était la guerre […]

 

  L'enfant et la femme s'engagèrent dans un brouillard recouvrant cette plaine retournée par les éclats d'obus. La terre volait dans tous les sens empêchant leur avancée, leurs pas s'enfonçaient lentement sous cette boue, cette cendre qui n'étaient que désastres.

 

Leur corps, leurs visages étaient recouverts de suie, de terre. Leurs vêtements étaient déchirés sales, ils empestaient la pluie, la boue, la mort. Elles étaient méconnaissables.

 

Elles avaient retrouvés l'espoir, la joie quand leurs regards s'étaient croisés. Malheureusement, il leur restait une tâche, finalement anodine, qui mettait leur vie en danger et ne méritait pas tous ces obstacles et tous ces enjeux. Elles risquaient leurs vies pour une poupée qui n'allait devenir que cendre et poussière.

 

Au milieu de cette grande plaine, qui était autrefois remplie de verdure et qui n'était réduite, à présent, qu'aux obus et aux explosions, se trouvaient des centaines de personne qui demandaient de l'aide. La femme essayait tant bien que mal de cacher toutes ces horreurs à l'enfant qu'elle tenait fermement dans ses bras. Mais le mal avait déjà été fait, l'enfant ne cessait de pleurer, traumatisée par cette guerre.

 

La femme essayait avec force et conviction de cacher ses émotions devant ses hommes et ses femmes qui imploraient ciel et terre pour ne pas mourir.

Elle voulait abandonner mais elle était déterminée à trouver cette poupée pour cette enfant qu'elle aimait tant. Elle voulait arrêter ses cris, ses pleurs, qui ne faisaient que raisonner dans sa tête.

Tout en avançant, elle essayait de rassurer sa fille mais en réalité, c'était elle-même qu’elle rassurait.

 

 

 

 

 

 

En dégageant les décombres qui jonchaient le sol, la mère pressentit qu'elles s'approchaient enfin de leur poupée, cette poupée tant sacrée pour la petite fille.

Le sourire aux lèvres, malgré les horreurs autour, elles s'élancèrent dans l'allée détruite par ce champ de bataille qu'était la guerre.

 

La petite fille courut attraper sa poupée dans le brouillard incessant. Elle en sortit, avec un homme à la main, la quarantaine, petit. L'homme s'approcha de la mère et prononça aussi fort que les bruits d'obus qui fusaient :

  « Qui êtes-vous ? Merci de m'avoir ramené mon enfant »

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