Romain

Depuis qu'il était dans sa cellule, il n’arrêtait  pas de songer à sa soit disant victoire contre le régime monarchique qui régissait le pays, mais il en était sûr, dehors, tout n'allait pas bien. Même s’il n'y avait pas de vitre dans sa cellule, il pouvait entendre les discussions des gardiens après leur journée ou durant la pause du midi, et de ce qu’il entendait : tout n'était pas calme. Des voitures explosaient, il y avait des manifestations tous les deux jours contre tout et n'importe quoi. C'était presque le chaos, depuis le jour où il avait tué François-Ferdinand,  rien n'avait changé. L'autre jour, les gardiens parlaient d'une tension entre la plupart des pays et pas seulement en Autriche-Hongrie. Il n'avait pas peur mais presque. Pour se rassurer et pour se donner du courage, il se disait qu’au moins dans sa prison, il ne risquait rien.

 

Je passais des jours heureux dans ma cellule C12, une cellule spéciale pour les déficients mentaux. J’étais dans une petite cellule avec des murs blancs et sans aucune fenêtre.

Je n'avais le droit à aucune sortie, seuls les médecins venaient pour me faire parler de mon passé, que j’avais presque oublié. À force de faire semblant, mon esprit avait effacé tous les souvenir de mon passé de tueur. Cela fait quelques jours, j'ai appris que ma maison avait été brûlée dans des circonstances plutôt troubles.

Une semaine après, j'ai reçu du courriel. On m’a dit que la lettre venait du gouvernement, il cherchait à recruter des personnes pour former une armée, pour une guerre vraisemblablement. Alors, finalement, les injures et les menaces de morts se sont transformées en déclaration de guerre !

Deux jours plus tard, on entendait au loin le chant festif de la marche des soldats dans leurs uniformes soyeux. La guerre était bien déclarée et tout le monde était dehors que ce soit les plus aisés, le bas-peuple dans leurs habits du dimanche et même mes médecins. D'ailleurs, une chose incroyable est arrivée, le gouvernement a décidé de relâcher tous les détenus contre leur participation en tant que soldat dans cette guerre. Bien sûr, tous mes acolytes sont partis. Je suis désormais seul dans ma cellule C12  car l’État pense que je serai incontrôlable.

Quelques jours plus tard, des souvenirs de mon passé me sont revenus, et, contrairement a ce que je pensais, ils sont venus me hanter.

Je ne dors plus, je ne mange plus, je ne vis plus... Je me pose de plus en plus de questions sur mon état, cette sensation qui ne m est pas du tout familière, les médecins on diagnostiqué cela comme du regret. Moi, regretter ? Ils se sont trompés...

Dehors, la guerre fait rage, les odeurs de sang et de poudre emplissent mon nez d'une douce mélancolie, je crois. Je ne suis plus sûr, en fait, de rien. Cette sensation qui essaye de pénétrer mon cœur gagne du terrain, mais je bataille. Plus les jours passent, plus cette sangsue s'agrippe à mon âme pour faire de moi ce qu’elle désire, ce fléau, un jour j’y ai succombé. Oui, j'ai regretté le jour où le roi est mort, ou alors je suis fou... Je ne sais plus. Les médecins me fournissent des calmants pour mon mal de tête permanent, je refuse.

Alors que dehors la ville se fait assiéger, mon état empire ou s'améliore, je ne sais même plus,  mon esprit est fatigué d'essayer de reprendre sa place dans ma tête. Du coup, je pleure sans arrêt et j'ai honte de mes actes passés. J'ai peur ...

Dans un soir de déviance, luttant pour son idéal, Gavrilo Princip meurt dans une explosion d'obus. Cette explosion est dû à sa plus grande réussite la Première Guerre Mondiale ( répercussion au meurtre du roi)... C'est le chasseur qui se fait chasser !