10 avril 2014

Une simple rencontre en hommage (Orianne)

Une simple rencontre en hommage

 

 Elle chercha sa poupée jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus avancer, la boue était si humide et froide que ses jambes étaient engourdies. 

« Vais-je mourir ? » s'interrogeait la demoiselle mais sa mère ne lui laissa pas le droit de se plaindre ainsi.

Lorsque la petite fille pensait à sa mère elle voyait un exemple, une image merveilleuse et forte. Elle l’imaginait comme une montagne et comme quelqu'un qui pourrait braver n'importe quelles épreuves. Elle avait des étoiles dans les yeux en pensant à elle. Quant à sa mère elle ne voulait pas se perdre dans ces sentiments et préférait rester dans la recherche de la poupée même si son mari la hantait quelques fois.

 

La petite fille s'étais assise sur un banc à attendre sa mère jusqu'à ce qu'elle entende des voix derrière elle.

Elle s’interrogea puis se retourna vers le tas de débris et les bruits étaient plus concrets. Elle prit son courage à deux mains, se leva et marcha, puis s'arrêta et se demanda comment sa mère allait la retrouver si elle tombait dans les multiples trous.

Devait-elle écouter sa mère et rester assise ou devait- elle allé aider les personnes qui demandaient de l'aide? Curieuse,elle se dirigea vers les débris.

 

Elle marcha avec allure jusqu'à la montagne d'obus et objets en tout genre empilés. Elle comprit très rapidement que ce serait très difficile pour elle, du haut de ses cinq ans et de ses dix kilos, d'aller venir en aide à des adultes en difficulté, peut-être même blessés.

 

Pendant ce temps, sa mère avait trouvé une poupée qui lui semblait peu différente que celle de sa fille. Epuisée, elle la prit et rejoignit sa fille.

 

Elle découvrit sous les débris un enfant qui semblait avoir le même âge qu'elle à peu de mois près. Très réactive, elle chercha une planche de bois de façon à faire levier mais sans grande réussite...

 

Lorsque sa mère arriva vers le banc elle comprit que sa fille n'était plus là et vit les empreintes de ses pieds se dirigea vers le tas de débris.

 

 

Elle tirait, tirait, tirait de toute ses forces et réussit par un miracle à sortir le petit garçon du trou.

Une fois sorti, le jeune garçon étendit  la voix d'une femme et compris qu'il s’agissait de la mère de sa nouvelle amie.

 

Le jeune garçon, suivi de sa nouvelle amie, décida de retourner près du banc mais la nuit tombait et les repères étaient de plus en plus durs à trouver.

Arrivée au banc, la petite fille pris sa mère dans ses bras et lui expliqua son escapade.

« -Bon ce n’est encore qu’un brouillon mais voilà le début de mon livre qu’en penses-tu ?

-Je trouve ça super que tu rendes hommage à la rencontre de Papi et Mamie ! Cela apporte de la gaité dans cette triste période. »

 

 

La fille à terre (Clémence)

La fille à terre

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre.

Elles marchaient errant main dans la main sur cette plaine détruite, regardant par terre ; trainant des pieds et frappant du pied des débris, cherchant des yeux sa poupée. L’endroit  n’inspirait absolument pas confiance, mais c’est sous la contrainte  qu’elle dût aller chercher la poupée.

La jeune enfant ne se plaignait pas, et continua à avancer au rythme de sa mère. Le regard au loin, vide, avec les larmes qui menaçaient de déborder. La maman se mit à chanter un air familier pour l’enfant, ce qui lui causa un millier de frisson, cette chanson était la chanson de son père mais malheureusement il n’est plus présent pour lui chanter. Sa maman avait le don de pouvoir calmer rapidement les peurs de son enfant.

Sa mère, fatiguée, et affectée psychologiquement, tenait fermement la main de sa fille ayant peur de la perdre encore une fois. Frustrée, elle continua de chanter pour apaiser les frayeurs de fille, ayant précédemment frôlé la mort.

Elle marchait inlassablement quand, dans le brouillard, apparut une ombre, une silhouette qui en avançant se dessinait peu à peu. Elle s’arrêta de chanter, ce qui inquiéta la petite fille, qui jeta à sa mère un regard de peur. Quand elle devint assez claire pour la distinguer, elle reconnut l’uniforme militaire. Sa fille toujours traumatisée, serra plus fort la main de sa mère.

Elle se dirigea vers le soldat et lui demanda d’un air désespéré rempli de fatigue :

-         « Auriez-vous vu le jouet de ma fille ? »

L’homme souriant et aimable lui répondit :

« Non » puis il regarda la jeune fille aux yeux brillants et répondit :

-         « Mais je peux vous offrir mon aide »

L’homme avait des cernes, un visage pâle et les os du visage très apparent.

Ce qui la maman à la conclusion que l’homme n’avait pas mangé et n’avait pas beaucoup dormi.

La jeune femme, remplie d’espoir, accepta volontiers, ayant comme but de satisfaire sa petite fille. Le soldat qu’elle venait tout juste de rencontrer lui accorda toute sa confiance car elles étaient, pour lui, tout se qu’il lui restait, malgré qu’ils ne connaissaient absolument pas.

L’homme racontait sa misérable vie puis soudain un bruit sourd retentit dans la vallée, ce qui les fit sursauter.

Pris de panique, le soldat, homme parfaitement entraîné pour ce genre de situation, tenta en vain de calmer la jeune maman.

Le cœur de l’enfant battait la chamade si bien qu’elle crut faire une crise cardiaque. Le soldat prit les mains des deux filles et courut à l’abri afin de les protéger de tout danger. Il tenta de la rassurer mais cela ne fonctionnait pas très bien.

Plus tard, ce furent les esprits calmes qu’ils reprirent leur route. La brume épaisse les empêcha de voir au loin. Ils reprirent leur marche interminable. Quand la jeune maman sentit la main de fille glisser hors de sa portée, l’enfant tomba à genoux, épuisé.

Le dos de la jeune fille maintenant visible ; la mère les yeux rivés sur sa fille put voir son dos entièrement ensanglanté.

En une fraction de seconde la mère prit sa fille dans ses bras ; elle n’eut pas le temps de réaliser la situation que sa fille était déjà morte.

 

Lucas

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche folle mais pas désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre (…)

La mère et sa fille marchaient lentement en regardant droit devant elles comme si elles étaient télécommandées, marchant vers la poupée, entourées d’explosions d’obus démolissant tout sur leur passage. Jusqu’au moment où elles virent un petit garçon d’au moins sept ans prit la poupée et il la serra contre sa poitrine en les fixant comme s’il allait les manger. La mère s’appelait Martine et sa fille Claudine. Martine demanda au petit garçon son nom, sans réponse. Elle s’approcha donc doucement du petit. Sûrement par peur, il courut vers une autre personne de l’autre côté de la route, une fois le petit et cette mystérieuse personne, au loin, un obus éclata sur eux. Il ne resta plus que des poussières… Claudine tomba à terre en pleurant de tristesse et de colère envers la guerre si injuste dont elle ne connaissait pas les causes. Sa mère la serra dans ses bras en la soulageant avec des mots doux. Elles étaient là, entourées d’explosions, de cadavres, de mitraillettes, debout se serrant l’une contre l’autre, quand tout d’un coup, un homme arriva en courant et leur cria de le suivre car elles étaient en danger. Mais elles ne réagissaient pas comme si elles n’avaient plus d’espoir, comme si elles voulaient quitter ce monde de fous ensemble. Mais l’homme n’abandonna pas et prit la fille dans les bras, puis la mère par la main. L’homme les avait emmenées dans une cave chez lui et dès leur arrivée, l’étranger ressortit pour aller chercher d’autres survivants. Martine et sa fille regardaient autour d’elles et constatèrent qu’elles n’étaient pas seules. Elles étaient en compagnie d’autres réfugiés, malades ou blessés. Dix minutes après leurs arrivée, Claudine qui était endormie dans les bras de sa mère, se réveilla d’un coup en poussant des cries de douleurs en criant : « Mon bras ! Mon bras ! ». Sa mère, enleva le pull de sa fille et remarqua une plaie profonde remplie de sang avec des morceaux d’obus. Une femme se leva en affirmant qu’elle était médecin et en regardant la plaie dit qu’elle était infectée et qu’il fallait désinfecter, le seul problème, c’était que le seul désinfectant disponible était de l’alcool à 90°. Le médecin demanda la permission à Martine, qui accepta immédiatement. Claudine souffrait tellement qu’elle s’évanouit.

A son réveil, elle était dans un lit d’hôpital entourée  d’autres blessés. Elle appela immédiatement sa mère, sans réponse. Un docteur accourut vers Claudine avec joie.

- « Pourquoi êtes-vous si heureux de me voir me réveiller ? » demanda Claudine intriguée.

- « Tu est resté sept mois dans le coma, nous n’avions plus d’espoir ! »

- « Où est ma maman, Martine ? » demanda Claudine

- « Ta mère a été forte mais elle a dû se sacrifier pour te sauver … » répondit le docteur tristement »

Claudine se mit à pleurer, comme le ferait n’importe quelle fille ayant perdu sa mère. Le médecin la prit dans ses bras et dit :

-         « Ta mère avait le choix entre sa vie et la tienne, elle n’a pas hésitée et a choisi la tienne »

-         « Que s’est-il passé ? » demanda Claudine sous le choc

 A ce moment, l’homme qui avait amené Martine et sa fille dans la cave s’approcha du lit doucement avec un visage à la fois heureux et triste :

-         « Comment vas-tu mon enfant ? »

-         « Bien, que s’est-il passé avec ma mère ? » questionna Claudine une nouvelle fois

-         « Ta mère était la plus courageuse du groupe, elle était … »

Alors que l’étranger allait terminer sa phrase, des coups de mitraillettes retentirent dans l’hôpital. C’était des nazis, ils abattaient tout le monde sur leur passage. Une fois arrivés au lit de Claudine, ils la visèrent, quand un homme, Adolf Hitler, arrêta le tireur. Un sourire lui monta aux lèvres et il se jeta sur Claudine, elle sauta du lit avant de se faire attrapa et courut hors de l’hôpital. Les nazis avec Hitler à sa tête la coursèrent dans les rues sans lui tirer dessus. Elle se retourna pour voir si elle les avait semées et trébucha contre des escaliers. Une fois Hitler arrivé à côté de Claudine, il regarda autour de lui et tira sa tête qui était en fait un masque. C’est à ce moment que Claudine reconnut sa mère et avec elle derrière les survivants qui étaient dans la cave avec elle.

Claudine horrifiée, prit sa mère dans les bras et dit :

-         « Pourquoi as-tu abattu tous ces innocents ? »

-         « Pour te sauver ma fille » répondu Martine

-         «  Pour me sauver de quoi ? » questionna Claudine.

-         « Hé bien, de tous ces ennemis français ! »

-         « Mais nous sommes français maman » rétorqua Claudine.

-         « Non ! Nous sommes allemands ! » contredit Martine.

-         « Mais que t’arrive- t’il nous avons toujours été français ! »

A l’instant où Claudine termina sa phrase, sa mère tira sa tête vers le haut, c’était encore un masque, et Claudine vit que c’était en fait Hitler :

-         « Je savais que vous étiez français » cria Adolf Hitler

Il sortit son arme et tira en plein cœur sur Claudine …

Tomber (Moïra)

Tomber

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d'un simple jouet d'enfant, d'une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu'était la guerre.

Elle avança, sa fille dans les bras, dans la poussière, dans la foule précipitée, avec une sérénité qui lui était soumise. Elle marcha dans les allées d'un pas réfléchi et lourd. Le feu détruisait tout sur son passage et, sous les pas de la jeune femme, une pluie d'acier torturait la moindre lueur d'espoir. Elle avançait, déterminée à survivre, tenant fermement sa fille contre son cœur. Soudain, un sifflement assourdissant se fit entendre et la mère, d'un mouvement vif et précis, posa sa fille à terre et se coucha sur elle le temps de l'explosion. Elle attendit le calme pour relâcher lentement ses muscles et libérer sa fille qui ouvrit ses petits yeux doucement.

-      « Qu'est ce qu'il s'est passé maman ? dit la petite fille d'un ton sec et affolé.

-      C'est une étoile qui est tombée du ciel... »dit-elle pour ne pas détruire l’innocence dans les yeux et dans le cœur de sa tendre fille, pour qu'il lui reste un peu d'espoir.

Elle prit sa fille par la main et contourna le cratère qui était non loin de là. Elles arrivèrent à la sortie du village et tournèrent derrière une maison en ruine, noire de cendre et de désespoir. Là, la jeune femme lâcha sa fille et fit un pas puis se mit accroupie devant une masse noire. La petite fille regarda sa mère, immobile. La jeune femme tendit la main, prit la petite masse et l'essuya. Elle se releva et retourna vers sa fille. Elle se mit à sa hauteur et lui tendit la main. Sa fille regarda sa mère dans les yeux et, brusquement, jeta son regard sur la petite chose que tenait sa mère.

Sous la suie, elle reconnut.

Il manquait un bas à sa poupée. Elle la prit et la regarda quelques instants. Sa mère se releva et tourna les talons. La petite fille la suivit. Soudain, elle s’arrêta et fixa, horrifiée, un corps noir de suie où l'on pouvait voir une tache blanche en forme de poupée.

-      « Maria, dépêche-toi. » lui murmura sa mère.

La petite fille regarda une dernière fois le corps sans vie qui se présentait à elle et rejoignit sa mère. Elles continuèrent le long du chemin qui conduisait à la forêt, où, de l’autre côté, se trouverait un endroit sûr pour elle et sa fille. Une fois arrivées à l’orée de la forêt, elles s’y hâtèrent car elles pouvaient encore entendre les obus s’écraser sur Verdun et la foule appelant à l’aide. Au bout de quelques heures de marche, la jeune femme décida de s’arrêter pour faire une pause. Elles allèrent donc s’asseoir au pied d’un arbre sur de la mousse. La fillette, exténuée par le voyage, s’allongea et ne tarda pas à s’endormir après avoir ingurgité les baies que sa mère avait soigneusement cueillies pour elle. Le soleil se couchait et la mère alla se coucher auprès de sa fille. Au loin, on pouvait toujours voir le monstrueux spectacle de Verdun…

Au petit matin un bruit mystérieux les réveilla. Il venait des buissons. La mère s’avança prudemment et se jeta menaçante sur le buisson. Là elle découvrit un petit garçon qui les avait suivies. Il leur expliqua qu’il s’appelait Sam et que sa famille avait péri lors d’un incendie, la veille. La jeune femme le convia à leur périple et ils reprirent leur route. La petite fille serrait toujours sa poupée de chiffon dans ses bras et elle était de plus en plus effrayée à chaque minute qui passait. Sam était un petit garçon timide qui devait être du même âge que la petite fille, six ou sept ans au plus. Il paraissait malheureux durant le voyage car il regardait souvent le sol et poussait soudain de grands soupirs en levant les yeux au ciel ; sans doute il pensait à sa famille…. La jeune femme s’occupait du mieux qu’elle pouvait des deux enfants, mais cela restait pénible et dur pour elle, faute de ravitaillement. La forêt semblait ne plus en finir et leurs pieds commençaient à être très fatigués et en mauvais état. Une odeur s’installait dans leurs habits et la crasse devenait de plus en plus présente sur eux.

Le soir, alors qu’ils allèrent s’arrêter pour se reposer, la petite fille aperçut une maisonnette cachée par des arbres. Ils s’en approchèrent et virent que la porte était ouverte. Il ne semblait y avoir personne. Dans l’unique pièce que contenait cette maison, se trouvait un lit où ils s’empressèrent de se jeter. Au lever de soleil, la jeune femme était déjà debout. Elle n‘avait presque pas dormi car la peur la rongeait. Elle ne savait ni comment elle en était arrivée là ni comment elle allait s’en sortir. Elle se disait que si elle était encore en vie, s’était seulement parce qu’elle devait sauver sa fille. Les deux enfants se réveillèrent et la jeune femme leur lança un regard affectueux puis ils se préparèrent pour repartir car l’armée allemande ne devait pas être très loin vu leur rythme de marche. La mère ne prit qu’un sac où elle mit des provisions trouvées dans un recoin de la salle et une couverture pour les enfants. Ils reprirent leur chemin à travers les bois. En début d’après- midi, ils trouvèrent un ruisseau où ils firent leur toilette et où ils burent toute l’eau qui leur était permis de boire. Lorsqu’ils repartirent, Sam traina un peu. Lorsque la jeune femme vit une armée allemande passée, elle s’empressa de se jeter à terre et de prendre sa fille dans ses bras. Sam, lui, ne s’aperçut pas tout de suite de la présence des allemands : il ne put donc pas se cacher. Il se trouvait à une trentaine de mètres des deux filles. La jeune femme ne put se résoudre à alerter Sam de peur de risquer la vie de Maria. Lorsque Sam aperçut les allemands, paniqué, il se mit à courir. Le chef allemand ordonna de l’attraper et les soldats se lancèrent à la poursuite du petit garçon. Ils finirent par le rattraper et Sam se mit à hurler de toutes ses forces. Quand ils arrivèrent devant le militaire, ils jetèrent Sam à terre. La jeune femme se colla contre l’arbre auquel elle faisait face. Les militaires ne les virent pas. Soudain un coup de feu se fit entendre et la petite fille sursauta. Une larme coula sur le visage de la jeune femme. Maria se blottit dans les bras de sa mère et sanglota en silence. La mère regarda le ciel à travers les branches d’arbres et respira pour reprendre des forces car elle se devait d’être forte pour sa fille. Elle attendit que les soldats repartent pour dire à sa fille :

·         Tout va bien …

Elle prit sa fille dans ses bras pour la porter et se leva. Ne voulant pas montrer à sa fille le corps de Sam, elle décida de le contourner légèrement pour qu’elle puisse l’apercevoir. En le voyant, elle se dit que cette mort n’était pas nécessaire et laissa une larme couler sur ses joues… Elle aurait aimé offrir au corps de Sam une sépulture, mais le temps lui manquait et l’épreuve qu’ils avaient endurée ne serait que plus lourde avec cette mort sur sa conscience.

Alors la mère et sa fille continuèrent leur voyage vers une prochaine source de protection …

Durant de longues semaines elles durent endurer les cachettes malsaines et la faim qui les tiraillait. Durant tout ce temps où le temps commençait par sembler tellement long qu’on eut l’impression qu’il jouait contre nous. Durant tout le temps il fallait veiller l’une sur l’autre pour ne pas sombrer dans une folie occasionnelle… Le poids de cette opération devenait de plus en plus lourd….

Cette situation paraissait bien trop inconfortable pour une jeune mère et sa fille.

Ce qu’elles vécurent durant un mois et demi fut une expérience humaine que la jeune mère ne souhaita à personne. La faim, la crasse, le manque de soin, les maladies, les animaux, la peur, l’angoisse, la tristesse, la culpabilité, la folie, les maux de têtes insoutenables ; les câlins, les sourires, la compagnie, le réconfort, furent les seules choses auxquelles elles eurent droit. La poupée était l’exemple même de la situation dans laquelle elles se trouvaient : la poupée semblait mourir lentement, physiquement et moralement…

Le sac à dos était presque vide et la folie rongeait leurs esprits. Au fur et à mesure du temps, la poupée de chiffon tombait en lambeaux. Le visage de la petite fille s’effaçait petit à petit. Toutes deux étaient devenues livides.

Le soleil disparaissait entre les branches. La brume du matin s’engouffrait dans leurs poumons. La jeune femme offrit à sa fille la dernière bouchée de pain. Ils ne leur restaient plus beaucoup de force. Elles avaient vécu dans d’atroces conditions.

Durant cette dure période, un évènement avait traumatisé la jeune femme : elle avait dû tuer un homme. Cela s’était passé en fin de matinée, lors d’une journée relativement ensoleillée. La jeune femme et sa fille s’étaient, comme à leurs habitudes à cette heure -ci, assises au pied d’un arbre pour faire une pause. Elles se reposaient tranquillement après avoir longuement marché. Elles étaient essoufflées et à bout de force. La mère découpait des fruits avec un couteau qu’elle avait trouvé sous les feuilles plus tôt dans la journée. Brusquement, un homme est sortit de dernière l’arbre et a basculé sur les demoiselles. Ce ne fut pas long. La mère le repoussa sur le coté et s’aperçut que l’homme avait le couteau planté dans la poitrine. La jeune femme s’apercevant qu’il devait s’agir d’un homme qui vivait sûrement dans les mêmes conditions de vie qu’elle vivait, essaya de lui venir en aide et lui compressa sa blessure, mais en vint…. L’homme était mort. Il avait le visage couleur terre et des vêtements déchirés. Il avait dû devenir fou.

Mais voilà, la jeune femme n’en revenait toujours pas ; comment avait-elle pu tuer un homme !?

Cet évènement avait eu lieu trois semaines plus tôt.

Elles marchaient donc à travers la forêt quand une horde de soldats cria subitement de s’immobiliser. La mère mit sa fille dans son dos et regarda les soldats qui lui faisaient face. Elle essayait de les éloigner, mais ses efforts furent vint. Un coup de feu retentit et tous les oiseaux alentour s’envolèrent. La jeune femme, n’étant pas blessée,  se retourna vers sa fille qui était tordue en deux. La mère s’approcha avec un visage coléreux. Lorsqu’elle vit la blessure, elle sut qu’elle serait fatale. Les soldats, voyant que leur fin était proche, repartirent. La petite fille était maintenant à genoux et sa mère lui tenait les épaules. La jeune femme savait qu’elle ne pouvait plus rien et pleura doucement. Soudain le visage de la jeune fille se blêmit, et sa mère comprit.

La petite fille tomba et avec elle l’innocence, la joie, l’espoir.

La mère alla se mettre à la hauteur de sa tête, posa la petite tête de sa fille sur ses genoux et hurla. Elle hurla pendant des heures et personne ne vint l’aider.

-«  Et ça finit comme ça ? dis-je.

- Oui » répondit grand-mère.

Et après la jeune femme eut une autre fille, ta mère.

-« Mais alors grand-mère !

-C’était toi !

-En tout cas elle était triste ton histoire. »

Et elle se glissa dans les bras de sa grand-mère.

07 avril 2014

Julie... (Léa)

Julie …

 

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre.                                                                                    Je me demandais comment lui dire, que l’on ne retrouverait sans doute jamais sa poupée, je ne voulais pas faire de peine à ma fille, car nous étions déjà dans cette atmosphère si pesante. Je la pris par la main et nous partîmes sur la route. Il faisait froid, si froid, j’essayais de regarder autour de nous s’il n’y avait pas un endroit où dormir, des vêtements ou de la nourriture. Je trouvai une valise, intacte sûrement à quelqu’un qui avait voulu partir avant le chaos. Je l’ouvris et y trouvai quelques pulls, un manteau et quelques pantalons.                                                         –« Julie, viens-là, que je te mette ce manteau »                                                                                                          Quant a moi je pris un pull, je l’enfilai, refermai la valise et nous continuâmes à avancer. Avant de quitter la ville, je jetai un dernier coup d’œil derrière moi, et regardai une dernière fois notre maison dont il ne restait rien. J’encourageai Julie à avancer, car nous devions quitter la ville avant la tombée de la nuit.                                        La nuit commençait à tomber et nous n’étions toujours pas à l’abri. Julie et moi étions vraiment fatiguées car nous marchions depuis plus de trois heures. J’aperçus au loin une maison.                                                                                                                             –« Julie, dépêche toi, on va pouvoir s’abriter »                                                                                         Je poussai la porte. Il n’y avait plus rien à l’intérieur, juste un pauvre matelas. J’allongeai Julie dessus et elle s’endormit très rapidement. Je m’assis à côté d’elle, mais je n’arrivais pas à fermer les yeux, car une seule question résonnait dans ma tête comment allions- nous, nous en sortir. Nous n’avions ni nourriture, ni abri car je savais que dès le lendemain nous devrions repartir, car ici, a Verdun il n’y avait plus rien sauf des tirs d’obus qui ravageaient tout sur leur passage. Je n’avais pas fermé l’œil de la nuit, de peur qu’il n’arrive quelque chose. Je réveillai Julie :                                                                                                                              -« Allez Julie, il est l’heure, nous devons partir pour trouver de quoi manger et être enfin à l’ abri »                                                                                                                                 Je la levai, lui mis un pull et son manteau et nous repartîmes. Après deux heures de marche, nous avions enfin réussi à quitter la ville. Nous arrivâmes a Thierville, je ne connaissais rien là-bas ni ailleurs car je n’avais jamais quitté Verdun de toute ma vie. Une dame passa a côtè de nous et me regarda très étrangement, mais cela m’importait peut car je ne pensais qu’à une seule chose, trouver de quoi manger.                                                                                                                               –« Julie, dépêche toi, on va bientôt aller manger »                                                                                                                                                          J’avais aperçu au loin une épicerie. On arriva devant une énorme porte, où il était inscrit « vente de pain ». Je toquai, une fois, deux fois, trois fois mais personne ne nous ouvrit. Je poussai la porte et nous entrâmes dans une pièce magnifique, je pensai vraiment que je rêvais car cette pièces était à l’opposé de ce qui se passait dehors. Je pris deux petits morceaux de pain qui étaient posés sur une étagère. J’en donnai un à Julie, mais elle le laissa tomber par terre.                                                                                                                           –« Julie, il faut que tu manges, c’est important »                                                                                       Je lui retendis le bout de pain mais elle le laissa tomber. Je ne comprenais pas pourquoi elle faisait cela, car cela faisait plus de deux jours que l’on n’avait rien mangé.                                                                                                                                                               –« Julie, arrête de faire ça, ce n’est pas bien, il faut que tu manges »                                                     J’entendis quelqu’un arriver, c’était un homme très grand mais très maigre. Il me regarda et me dit :                                                                                                                                                                                  -« Madame, que faites vous là ? »                                                                                                                                                         -« Cela fait plus de deux jours que nous marchons moi et ma fille et on avait très faim, je me suis permise d’entrer. Julie dit bonjour au monsieur ».                                                                               Il nous regarda interloqué et dit :                                                                                                                           -«  Mais Madame, Pourquoi  parlez-vous à une poupée ? »                                                                                                           

Un miracle en enfer (Mélanie)

Un miracle en enfer

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche folle mais pas désespérée, d'un simple jouet d'enfant, d'une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu'était la guerre. Elles traversaient tous ces débris pour aller à ce fameux virage. Etait-il loin? Elle ne savait pas, le brouillard recouvrait le ciel. Sa fille pleurait, elle ne comprenait pas ce qui se passait. Sa mère essayait tout de même de la rassurer, et de lui dire qu'elle retrouverait bientôt sa poupée. Au fond d'elle même, elle savait déjà que c'était peine perdue.

Elle espérait qu'aucun autre abus ne tombe, il fallait trouver cette poupée à tout prix. Sur le chemin, elles croisèrent des gens qui étaient comme elles affolés, ils avaient sans doute perdu quelque chose, ou même un proche. Au bout de quelques minutes, elles aperçurent le virage. La poupée était-elle là? C’était à coup sûr, impossible qu'elle y soit.

Au virage, c'était l'enfer, tout était détruit il n'y avait plus rien, le feu avait tout détruit et tout enfumé. La fille demanda « Elle est où ma poupée? »La mère, peinée, n'arrivait pas à lui dire qu'il n'y avait plus de poupée. Elle lui répondit alors «Tu vois bien que tout est détruit Rose, je ne sais pas où elle est mais ne t'inquiète pas on va la retrouver.» Elles continuèrent leurs recherches en faisant le tour de leur quartier en direction de leur maison. Au loin, Rose aperçut un long tissu violet comme celui de sa poupée. Elles coururent pour aller voir ce que c'était en espérant que se soit la poupée. Un père avec sa fille, tenait une poupée dans ces mains. Rose demanda à la fille de lui montrer sa poupée mais malheureusement ce n'était pas la sienne. Elles repartirent en direction de la maison, la petite fille en pleurs, elle ne retrouverait plus sa poupée. Quelques minutes après la petite fille dit à sa mère

- «Mais au fait, il est où papa? »

La mère lui répondit qu'il était à la guerre et qu'il rentrerait bientôt, mais elle ne savait pas quand. En approchant de ce qui restait de leur maison, elle lui dit avec beaucoup de tristesse : « Tu sais, Rose, je pense qu'onn e retrouvera pas ta poupée, il faut que tu sois forte. » Elle se mit à pleurer toutes les larmes de son corps. Elle était inconsolable... A travers la fumée au loin, elles s'approchèrent des ruines de leur maison lorsque sa mère crut apercevoir une silhouette assise sur la première et seule marche qu'il restait. La personne tenait son visage entre ses mains, il semblait pleurer, hurler de tristesse. Mais qui était-ce ? Elles se dépêchèrent pour aller à sa rencontre. Elles n'y croyaient pas. La mère cria « Paul ! Paul ! » et Rose « Papa ! Papa ! » Paul se retourna et se mit à courir, il n'y croyait pas, sa femme et sa fille étaient en vie. Les retrouvailles furent exceptionnelles. Le ciel se dégagea et les fumées commencèrent à disparaître. Soudain, Rose aperçut à nouveau un ruban violet au milieu des ruines de la maison. Elle se précipita vers se ruban quand son père la retint et lui demanda «Mais où vas- tu Rose ? » Elle lui répondit«  Ma poupée, ma poupée » En soulevant la bassine métallique ils découvrirent la poupée. Rose l’attrapa et la serra très fort dans ses bras.

« Les miracles ne sont possible que si nous y croyons. »

La petite fille (Romain)

La petite fille

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d'un simple jouet d'enfant, d'une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu'était la guerre. La mère et sa fille continuaient à marcher pour retrouver la poupée. La mère pensait à son mari parti à la guerre, elle ne savait même pas s’il était encore vivant. En effet il ne savait pas écrire, il était étranger, il était né dans un pays colonisé par les troupes françaises, il ne s'avait pas qu'elle était son pays d'origine car ses parents étaient morts pendant des conflits en Afrique. Ses parents adoptifs ne le lui avaient jamais dit, il ne leurs avait jamais demandé.

La femme ne retrouvait toujours pas la poupée de sa fille, elle angoissait de plus en plus. D'un côté, il y avait les cris et pleurs de sa fille triste de ne pas avoir sa poupée à ses côtés et de l'autre les bruits de la Bataille avec ses obus, ses mitrailleuses. Elle se rendit dans le reste de sa maison détruite par les explosions. Elles y arrivent, la mère souleva quelques charpentes, débris de meubles, elle ne trouva rien sauf de la poussière et des bouts de verres en éclats par terre. Elle s'assit un instant sur un bout de coussin de son canapé, elle réfléchit à qui aurait pu voir la poupée, elle ne pensait à personne. Tellement désespérée, elle repensa au clochard Eduard, elle lui donnait toujours quelque chose en sortant du marchand de fruits qui était devant la fontaine. Il connaissait toute la ville de fond en comble et il savait tout sur tout. Il était tout le temps sur la place assis à côté de la fontaine qui était en panne d'ailleurs, personne ne savait pourquoi. Elle courut avec sa fille sur ses épaules qui pleurait toujours. Elle vit le clochard allongé sur le ventre. Pendant une seconde, elle crut qu'il était mort mais il lui faisait une blague, il aimait bien effrayer les gens qui sortaient du marchand de fruits. Finalement, il hurla pour la faire sursauter, cela fonctionna si bien qu’elle eut peur et trembla nerveusement pendant un long moment. Elle lui demanda:

«Eduard n'auriez- vous pas vu la poupée de ma fille ? Elle porte une robe rose avec des cheveux multicolores.

-Oui, je l’ai aperçu dans votre maison, en effet.»

Elle se mit à pleurer car elle avait déjà fouillé sa maison. Eduard se sentant coupable demanda à la mère :

« Marjorie, que se passe-t-il ?

-J'ai déjà fouillé de fond en comble ma maison, en vain, vous étiez mon seul espoir.

-Je vais vous aider, on va chercher dans toute la ville et on la retrouvera cette poupée, pour ta petite Claire.

-Merci du fond du cœur. »

Ils partirent chercher dans toute la ville...

Cela faisait bien 3 heures qu'ils cherchaient la poupée, ils ne trouvèrent rien. A un moment, ils virent le facteur au loin blessé à la jambe par une balle, ils coururent vers lui :

« Que s’est-il passé ? demanda Marjorie

- J'ai été blessé et j’ai très mal à la jambe.

-On va vous aider

-Non, laissez- moi. Tenez, Marjorie, c’est pour vous »

Il lui donna une lettre écrite par son mari il y avait 2 jours, il était donc vivant mais comment avait-il fait pour lui écrire. Elle ouvrit la lettre et elle la lit à haute voix :

« Ma chérie, j'espère que tout se passe bien. Moi, c'est l'horreur, quand on m’a demandé de m'engager on ne m'avait pas dit toutes ces horreurs. C'est un camarade qui écrit cette lettre pour moi... »

Elle comprit. Plus loin dans la lettre, il lui expliquait qu'il y avait une cave dans leur maison qu'elle ne connaissait pas et qu’il y avait des ressources pour manger, vivre à l’abri. Soudain, elle pensa que la poupée pouvait peut-être là-bas. Ils se dirigèrent tous les trois vers la maison et descendirent à la cave, ils cherchèrent la poupée partout, il y avait de la nourriture en masse, celle cachée par son mari depuis 1 an. Elle comprit enfin pourquoi la nourriture disparaissait, c’était son mari qui la cachait en cas d’extrêmes urgences. Elle cherchait la poupée mais en vain, elle ne trouvait toujours rien, de la poussière, de la nourriture, des coussins, des couettes, des draps, mais toujours pas de poupée.

Eduard demanda :

« Savez-vous si une partie de la poupée avait de la ferraille, même un tout petit bout, cela me suffit.

-Euh, oui je crois qu’elle avait un collier avec une perle en aluminium.

-Parfait, retournons à la fontaine, je vais vous montrer ma cachette secrète.»

Elle le suivit avec sa fille dans les bras qui pleurait toujours.

Ils arrivèrent devant la fontaine, Eduard ouvrit une bouche d’égout et descendit, il fit signe à Marjorie de venir, elle donna sa fille à Eduard, et elle descendit. Elle se retourna vers Eduard et regarda autour d’elle, elle vit un duvet, un coussin et une lampe. Elle comprit que c’était le lieu où Eduard vivait. Elle demanda :

- « Eduard, pourquoi m’avez-vous amené ici ? »

-« Vous allez voir, suivez-moi. »

Il la conduisit derrière un tuyau d’évacuation, où se trouvait tous ses trésors il y avait tout et n’importe quoi : de la nourriture, des fers à cheval et aussi un détecteur de métaux. Elle comprit alors pourquoi il voulait l’emmener ici. Mais peu avant de partir, elle aperçut un bout de chiffon rose, intriguée, elle se dirigea vers cela et découvrit alors une poupée. Elle leva les bras au ciel et cria très fort, Eduard courut pour savoir ce qui se passait. Elle pleurait, Eduard lui demanda :

« Marjorie, qu’est ce qui se passe ? »

Elle lui montra fièrement la poupée. »

-« Voilà, Philippe, c’est comme ça que ça s’est passé, ma maman avec moi dans les bras a réussi à retrouver une toute petite poupée pendant cette bataille. »

-« Mais, Mamie comment la guerre a commencé ? ».

-« Tout cela, Philippe, tu l’apprendras à l’école, allez, il faut dormir maintenant, fais-moi un bisou.  »

02 avril 2014

La poupée de chiffon (Sophie)

La poupée de chiffon

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre. Elle serrait encore et encore sa fille dans ses bras, elle avait eu si peur de la perdre lorsqu’elle avait entendu l’explosion, mais sa fille était là. C’était le principal. La jeune mère ne voulait pas reposer son enfant au sol, alors elle la gardait contre elle ou elle pouvait la sentir à proximité, en sécurité.

Leur maison brûlait doucement. Angeles, la jeune mère, fixa son regard dans les flammes qui semblaient engloutir leur ancien domicile et ainsi détruire leurs souvenirs autrefois heureux. Elle se détourna de cette vue qui lui faisait saigner le cœur. Finalement son enfant, sa petite Lola, était tout ce qu’il lui restait. Dans la rue, bien qu’on aurait pu s’attendre à entendre des hurlements, des cris d’effroi, de peur, il n’en n’était rien. La ville semblait dormir paisiblement. Les familles essayaient, en vain, de récupérer des objets. Elle, elle se contentait de sourire tristement, le visage inondait de larmes qui ne cessaient de couler, roulant le long de ses joues. Sa fille ne pipait mot et restait sagement dans les bras de sa mère. Angeles avait promis à sa petite de lui retrouver sa poupée, alors elle commença à chercher autour de la demeure enflammée. Contrainte d’attendre que les flammes s’éteignent, elle s’assit par terre, positionnant Lola sur ses genoux. Son enfant perdit, à son tour, son regard à présent vide d’expression, à force de regarder chez elle.

Deux heures passèrent, il ne restait que des débris calcinés mais Angeles était déterminée, et s’aventura, tout de même à la recherche de cette poupée de chiffon. Après quelques minutes à fouiller, elle finit par ressortir, déçue de n’y avoir vu que des objets dont on ne distinguait même plus l’utilité avec la déformation qu’avait produit le feu. Ses yeux bleus se posèrent sur le trou qu’avait produit l’obus dans la terre. Elle la vit. Sans savoir pourquoi, les larmes recommencèrent à couler. Elle s’agenouilla alors près de la petite poupée et lui caressa les cheveux. Elle essuya du bout des doigts ses joues, décidée à se montrer forte devant sa fille. Elle revint vers Lola qui n’avait pas bougé d’un pouce. Une pensée traversa l’esprit de la mère. Où allait-elle allé vivre avec sa précieuse enfant ? Elle ne pouvait pas vivre dans la rue, elle devait tout faire pour que Lola ne se rende compte de rien vis-à-vis de l’atrocité dans lequel le monde était plongé en ce temps de guerre. Angeles s’abaissa près de la petite, et la reprit dans ses bras.

«  - Maman, pourquoi tu n’as pas ma poupée ? Où elle est ? »

Le cœur de la mère rata un battement à cette question redoutée.

«  - En sécurité, mon cœur, en sécurité » répondit-elle simplement.

Elle n’avait pas envie de briser l’espoir de son enfant. Le père de cette dernière était déjà décédé pour la guerre sur le front, et comme ici, Angeles ne lui avait rien dit. Elle voulait se montrer forte, elle le devait. Pourtant, dès que la petite dormait paisiblement, Angeles pleurait.  Alors qu’elle était perdue dans ses pensées, ses pas la guidèrent vers une église. L’endroit où elle pouvait avoir du réconfort, où elles seraient à l’abri…

« - Regarde ma Lola, on va dormir dans une grande maison ! » souffla-t-elle à sa fille.

Cette dernière se contentait de sourire. Ce n’était pas plus mal, lorsque Lola parlait, Angeles avait l’impression de l’entendre d’une voix faible, lointaine, qui résonnait dans sa tête. Elles pénétrèrent dans l’église. Etrangement, c’était vide. Elles n’étaient que toute les deux.

Pendant des heures, Angeles joua à des jeux d’enfants avec Lola, comme cache-cache, et autres. Assez tard, elles se couchèrent sur un banc de l’église, aucune lumière n’était là pour les éclairer. Seul un rayon de la lune passait au travers de la fenêtre et s’écraser sur le carrelage glacé.

« - Maman, j’ai faim. »

Elle regarda sa toute petite puis lui embrassa le front ;

« - On mangera demain matin ma puce… »

Alors sa fille se tut et finit par s’endormir. Angeles, elle, était bel et bien réveillée. Elle ne dormait pratiquement plus et ce depuis des jours. La nuit lui inspirait des angoisses lui titillant les entrailles. Doucement, lentement, les secondes passèrent… Angeles resserra ses bras autour de sa fille et ses yeux commencèrent à papillonner puis se fermèrent. Sa respiration s’apaisa et sa poitrine oscilla au rythme de celle-ci, de moins, en moins vite, jusqu’à s’arrêter…

 

Trois jours passèrent. Une petite fille pénétra toute seule dans l’église. Cette enfant eut le regard attiré vers une masse sur le banc, en s’approchant, elle vit une jeune femme endormie apparemment profondément car elle ne bougeait pas d’un millimètre. La dame serrait dans ses bras une étrange petite poupée de chiffon… La petite fille prit le jouet et se précipita dehors vers sa mère en criant «  Maman ! Regarde ce que j’ai trouvé ! Je peux la garder ? ». Et sa mère hocha positivement la tête ignorant que la dame, Angeles, qui possédait juste avant la poupée était devenue folle en voyant son enfant, Lola, morte, et ne voulant pas se retrouver seule, avait prit cette petite poupée appartenant autrefois à son enfant comme si c’était sa fille. Sa vraie fille.

La malheureuse petite fille (Elodie)

La malheureuse petite fille

 

 

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais désespérée, d'un simple jouet d'enfant, d'une toute petite poupée de chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu'était la guerre.

 

Elles avancèrent lentement pendant une dizaine de minutes. La petite fille, qui se prénommait Adèle et qui avait six ans était sur le point de s'endormir. Sa mère la regardait tendrement malgré tous les sifflements perçants des obus et des autres projectiles qui arrivaient toujours à une vitesse étonnamment surprenante. Leurs vies étaient constamment en danger mais elles avaient l'air serein. La mère fit une pause pour laisser sa fille dormir.

 

Au bout de quelques heures, elles se réveillèrent et repartirent à la recherche de la poupée. Elles tournèrent derrière le virage mais tout avait été détruit. Plus une maison, plus un arbre n’était entier. A la place, des trous gigantesques s'étaient formés à cause des obus. Il restait cependant quelques ruines d'anciens bâtiments publics comme les magasins. Adèle s'était mise à pleurer, en pensant que sa poupée avait disparu.

«  Ne t'inquiète pas ma chérie, elle ne doit pas être très loin » lui assura sa mère.

Elle prit sa fille dans ses bras et continua d'avancer en scrutant le sol pour y chercher le moindre petit signe de la poupée.

 

Au bout d'une demi-heure, lorsqu'elle crut voir un bras de la poupée, un obus siffla dans son oreille, elle lâcha sa fille et se coucha dessus. La pluie d'obus ne s'arrêtait pas, les projectiles fusaient, ils tombaient parfois à quelques centimètres de leurs têtes mais heureusement ne faisaient que les projeter un peu plus loin. Adèle hurlait, elle était horrifiée, son visage se déformait à chaque fois qu'un obus tombait. On voyait dans le reflet de ses yeux verts, si magnifique avant la guerre, les obus qui venaient s'écraser sur le sol. Elle était triste, elle avait peur.

 

Deux heures passèrent sans que rien ne change. La mère croyait que sa fin ainsi que celle de sa fille étaient proches lorsque tout à coup, elle entendit une voix. Au début, elle se dit que cette voix n'était qu'une hallucination mais elle fut bien obligée d'admettre que cette voix continuait sans cesse d'appeler. Son visage s'illumina lorsqu'elle reconnut la voix et qu'elle entendit qui l'appelait. Elle releva la tête et cria :

« - Arthur ! On est là ! »

Une voix lui répondit :

« - Ariel ! Adèle ! Où êtes- vous ? Je ne vous vois pas ! »

« - Nous sommes à côté du seul arbre reconnaissable », lui dit-elle pleine de joie. Elle dit à sa fille que son père était revenu. Adèle l'appela et il arriva. Elle lui sauta dans les bras et ils restèrent comme cela un bon moment. Arthur finit par dire qu'il fallait aller se mettre à l'abri, qu'un convoi avait été organisé pou que toutes les familles partent en même temps, mais Adèle refusa d'y aller sans sa poupée. Elle expliqua à son père que sa poupée avait disparu et qu'elle la cherchait. Elle lui demanda son aide.

« -D'accord mais juste trente minutes sinon le convoi partira sans vous. Je devrais repartir après, ils m’attendent au front, ils ne savent pas que je suis venu vous voir» dit- il en lançant un regard désespéré vers Ariel qui le lui rendit.

Arthur prit Adèle dans ses bras et attrapa sa femme par la main. Ils reprirent le chemin pour retrouver la poupée.

 

Ils tournèrent derrière un autre virage. Tout était également détruit mais il restait une maison qui était encore debout. Ils entrèrent à l’intérieur, tout était intact, rien n’avait été touché. Il y avait une table avec quatre chaises, Ariel et Adèle s’assirent à la table pendant qu’Arthur allait regarder dans le réfrigérateur pour leur sortir à manger. Ils mangèrent jusqu’à être rassasiés et ressortir de la maison, toujours à la recherche de la poupée.

 

En repartant, un éclat lumineux attira leur attention. Ils s’avancèrent vers cette lumière et découvrirent une montre, sans doute en or. Il y avait dessus des initiales, mais elles étaient illisibles. Néanmoins il y avait un mot accroché à cet objet. Il disait : 

« Si vous trouvez cet objet, qui que vous soyez, donnez le à votre enfant ou à quelqu’un de très proche. Si cette personne s’appelle Adèle et que son frère est parti à la guerre cela veut dire que ce dernier est mort. »

La montre était cassée mais elle fonctionnait encore. Le père d’Adèle la ramassa et lui donna en disant :

« Je suis sûr qu’elle appartenait à ton frère. Elle te fera un souvenir de lui et te portera chance plus tard, tu verras. »

 

Arthur regarda l’heure et dit à sa famille qu’il était temps de rentrer, que le convoi allait partir et que lui aussi le devait. Ils firent donc marche arrière, Adèle s’était remise à pleurer. Elle avait compris qu’il n’y avait plus de chance de retrouver sa poupée et qu’elle ne reverrait sans doute jamais son frère. Son père la prit dans ses bras et la serra très fort contre lui. Dans ses bras rassurants, elle se calma. Ils avancèrent lentement mais malheureusement le temps avançait quand même. Arthur devait repartir, il entendait déjà ses supérieurs en train de le sermonner. Il embrassa longuement sa fille et sa femme, il ne voulait pas les lâcher mais les obus recommençaient à fuser au dessus de leurs têtes et cela redevenait dangereux.

Luke

Le jeune homme tremble. son nom est Gavrilo Princip et dans sa poche, il tient un revolver.

 

            Le 28 juin 1914 à dix heures dix, Gavrilo Princip était caché dans un buisson avec deux grenades, le revolver de sa mère et un fusil au cas où les gardes le trouveraient. Il réfléchit deux minutes et se décida : il sortit le revolver et tira sur le moteur. La limousine  explosa, le conducteur mourut sur le coup mais le prince François-Ferdinand n’était que blessé et essayait de sortir de la voiture avec l'aide de deux gardes. Gavrilo envoya une grenade pour finir le travail. A dix heures quinze, tout était fini, François-Ferdinand était mort.

 

Gavrilo courut en dehors de la ville, vola une voiture et s'échappa sans se faire repérer. Il roula plusieurs heures puis trouva un hôtel dans lequel manger et dormir. Entre temps, des gardes cherchaient le tueur du prince François-Ferdinand partout dans le pays.

 

Le lendemain matin, Gavrilo entendit à l’accueil de l’hôtel des gardes qui demandaient à l’hôtelier s’ils avaient vu un homme moustachu, brun, maigre et mal habillé. Gavrilo sauta par la fenêtre et prit la voiture, mit la clef sur le contact mais, malheureusement, la voiture ne démarra pas. Il recommença sans succès et il comprit que la voiture avait été sabotée par les gardes qui, d’ailleurs, arrivaient. Ils le sortirent de la voiture et le mirent au sol. Mais Gavrilo, très rapide, attrapa son fusil, tira sur deux gardes, puis prit une grenade et la lança en direction des trois autres gardes. La grenade les tua tous sauf un qui criait de douleur.

 

Gavrilo savait qu’il n’avait plus beaucoup de chance de s’en sortir, à moins de quitter l’Europe, mais ce serait très dur voire impossible car maintenant plus d’une dizaine de pays étaient à sa recherche. Il réfléchit à son évasion et il décida de prendre la solution la plus simple : trouver un petit village isolé où il pourrait rester jusqu’à la fin de ses jours.

 

Il était pressé de trouver une nouvelle vie plus calme, mais il lui fallait une voiture. Il prit son fusil, le pointa sur la tête de l’hôtelier et lui demanda ses clefs. Celui-ci, hésitant, lui donna quand même. Gavrilo monta dans la voiture, mit le contact et partit pas très fier de ce qu’il venait de faire. Plusieurs heures plus tard, il avait enfin trouvé un petit village avec une centaine de civils et de quoi vivre.

 

En faisant le tour du village, il remarqua deux gardes en train de discuter à côté de la banque. Il partit d’abord acheter des vêtements pour éviter que l’on le reconnaisse puis il alla acheter des grenades à l’armurerie du coin avec les économies qu’il a eu en travaillant avant d’assassiner le prince François-Ferdinand. Sans attendre, il se mit derrière une maison près des gardes et il lança une grenade qui les explosa plus une partie de la banque. Désormais en sécurité, il décida de rester un peu dans le village, le temps de gagner un peu d’argent pour se refaire des économies.

 

Sept mois plus tard, ayant trouvé l’amour et ayant gagné beaucoup d’argent à la loterie du village, il décida de rester le plus longtemps possible dans ce village avec sa femme afin de vivre une relation normale avec elle.

 

Cinq ans plus tard, il était marié, sous le nom de sa femme, et eut déjà trois enfants : un garçon de presque quatre ans, Ted, une fille de deux ans tout juste, Susan et un deuxième garçon de quelques mois, Mathis.

 

Pendant tout ce temps-là, personne ne s’était douté que c’était lui le tueur du prince François-Ferdinand. Malheureusement, le 9 novembre 1919, un ami du prince, qui passait par là avec des gardes, le reconnut et lança les gardes à sa poursuite. Gavrilo pris son fusil, appuya sur la gâchette mais l’arme n’était pas chargée et il se prit une balle dans l’épaule et tomba par terre. Il se releva rapidement et attrapa la grenade qu’il avait cachée des années auparavant dans le pot de fleurs de son jardin, la dégoupilla et la lança en direction des gardes. L’explosion tua les gardes mais l’ami du prince lui tira une balle en pleine tête et il mourut devant les yeux de tout le village.

 

Ceci est l’histoire de Gavrilo Princip.

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