La fille à terre (Clémence)

La fille à terre

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre.

Elles marchaient errant main dans la main sur cette plaine détruite, regardant par terre ; trainant des pieds et frappant du pied des débris, cherchant des yeux sa poupée. L’endroit  n’inspirait absolument pas confiance, mais c’est sous la contrainte  qu’elle dût aller chercher la poupée.

La jeune enfant ne se plaignait pas, et continua à avancer au rythme de sa mère. Le regard au loin, vide, avec les larmes qui menaçaient de déborder. La maman se mit à chanter un air familier pour l’enfant, ce qui lui causa un millier de frisson, cette chanson était la chanson de son père mais malheureusement il n’est plus présent pour lui chanter. Sa maman avait le don de pouvoir calmer rapidement les peurs de son enfant.

Sa mère, fatiguée, et affectée psychologiquement, tenait fermement la main de sa fille ayant peur de la perdre encore une fois. Frustrée, elle continua de chanter pour apaiser les frayeurs de fille, ayant précédemment frôlé la mort.

Elle marchait inlassablement quand, dans le brouillard, apparut une ombre, une silhouette qui en avançant se dessinait peu à peu. Elle s’arrêta de chanter, ce qui inquiéta la petite fille, qui jeta à sa mère un regard de peur. Quand elle devint assez claire pour la distinguer, elle reconnut l’uniforme militaire. Sa fille toujours traumatisée, serra plus fort la main de sa mère.

Elle se dirigea vers le soldat et lui demanda d’un air désespéré rempli de fatigue :

-         « Auriez-vous vu le jouet de ma fille ? »

L’homme souriant et aimable lui répondit :

« Non » puis il regarda la jeune fille aux yeux brillants et répondit :

-         « Mais je peux vous offrir mon aide »

L’homme avait des cernes, un visage pâle et les os du visage très apparent.

Ce qui la maman à la conclusion que l’homme n’avait pas mangé et n’avait pas beaucoup dormi.

La jeune femme, remplie d’espoir, accepta volontiers, ayant comme but de satisfaire sa petite fille. Le soldat qu’elle venait tout juste de rencontrer lui accorda toute sa confiance car elles étaient, pour lui, tout se qu’il lui restait, malgré qu’ils ne connaissaient absolument pas.

L’homme racontait sa misérable vie puis soudain un bruit sourd retentit dans la vallée, ce qui les fit sursauter.

Pris de panique, le soldat, homme parfaitement entraîné pour ce genre de situation, tenta en vain de calmer la jeune maman.

Le cœur de l’enfant battait la chamade si bien qu’elle crut faire une crise cardiaque. Le soldat prit les mains des deux filles et courut à l’abri afin de les protéger de tout danger. Il tenta de la rassurer mais cela ne fonctionnait pas très bien.

Plus tard, ce furent les esprits calmes qu’ils reprirent leur route. La brume épaisse les empêcha de voir au loin. Ils reprirent leur marche interminable. Quand la jeune maman sentit la main de fille glisser hors de sa portée, l’enfant tomba à genoux, épuisé.

Le dos de la jeune fille maintenant visible ; la mère les yeux rivés sur sa fille put voir son dos entièrement ensanglanté.

En une fraction de seconde la mère prit sa fille dans ses bras ; elle n’eut pas le temps de réaliser la situation que sa fille était déjà morte.