La petite fille (Romain)

La petite fille

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d'un simple jouet d'enfant, d'une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu'était la guerre. La mère et sa fille continuaient à marcher pour retrouver la poupée. La mère pensait à son mari parti à la guerre, elle ne savait même pas s’il était encore vivant. En effet il ne savait pas écrire, il était étranger, il était né dans un pays colonisé par les troupes françaises, il ne s'avait pas qu'elle était son pays d'origine car ses parents étaient morts pendant des conflits en Afrique. Ses parents adoptifs ne le lui avaient jamais dit, il ne leurs avait jamais demandé.

La femme ne retrouvait toujours pas la poupée de sa fille, elle angoissait de plus en plus. D'un côté, il y avait les cris et pleurs de sa fille triste de ne pas avoir sa poupée à ses côtés et de l'autre les bruits de la Bataille avec ses obus, ses mitrailleuses. Elle se rendit dans le reste de sa maison détruite par les explosions. Elles y arrivent, la mère souleva quelques charpentes, débris de meubles, elle ne trouva rien sauf de la poussière et des bouts de verres en éclats par terre. Elle s'assit un instant sur un bout de coussin de son canapé, elle réfléchit à qui aurait pu voir la poupée, elle ne pensait à personne. Tellement désespérée, elle repensa au clochard Eduard, elle lui donnait toujours quelque chose en sortant du marchand de fruits qui était devant la fontaine. Il connaissait toute la ville de fond en comble et il savait tout sur tout. Il était tout le temps sur la place assis à côté de la fontaine qui était en panne d'ailleurs, personne ne savait pourquoi. Elle courut avec sa fille sur ses épaules qui pleurait toujours. Elle vit le clochard allongé sur le ventre. Pendant une seconde, elle crut qu'il était mort mais il lui faisait une blague, il aimait bien effrayer les gens qui sortaient du marchand de fruits. Finalement, il hurla pour la faire sursauter, cela fonctionna si bien qu’elle eut peur et trembla nerveusement pendant un long moment. Elle lui demanda:

«Eduard n'auriez- vous pas vu la poupée de ma fille ? Elle porte une robe rose avec des cheveux multicolores.

-Oui, je l’ai aperçu dans votre maison, en effet.»

Elle se mit à pleurer car elle avait déjà fouillé sa maison. Eduard se sentant coupable demanda à la mère :

« Marjorie, que se passe-t-il ?

-J'ai déjà fouillé de fond en comble ma maison, en vain, vous étiez mon seul espoir.

-Je vais vous aider, on va chercher dans toute la ville et on la retrouvera cette poupée, pour ta petite Claire.

-Merci du fond du cœur. »

Ils partirent chercher dans toute la ville...

Cela faisait bien 3 heures qu'ils cherchaient la poupée, ils ne trouvèrent rien. A un moment, ils virent le facteur au loin blessé à la jambe par une balle, ils coururent vers lui :

« Que s’est-il passé ? demanda Marjorie

- J'ai été blessé et j’ai très mal à la jambe.

-On va vous aider

-Non, laissez- moi. Tenez, Marjorie, c’est pour vous »

Il lui donna une lettre écrite par son mari il y avait 2 jours, il était donc vivant mais comment avait-il fait pour lui écrire. Elle ouvrit la lettre et elle la lit à haute voix :

« Ma chérie, j'espère que tout se passe bien. Moi, c'est l'horreur, quand on m’a demandé de m'engager on ne m'avait pas dit toutes ces horreurs. C'est un camarade qui écrit cette lettre pour moi... »

Elle comprit. Plus loin dans la lettre, il lui expliquait qu'il y avait une cave dans leur maison qu'elle ne connaissait pas et qu’il y avait des ressources pour manger, vivre à l’abri. Soudain, elle pensa que la poupée pouvait peut-être là-bas. Ils se dirigèrent tous les trois vers la maison et descendirent à la cave, ils cherchèrent la poupée partout, il y avait de la nourriture en masse, celle cachée par son mari depuis 1 an. Elle comprit enfin pourquoi la nourriture disparaissait, c’était son mari qui la cachait en cas d’extrêmes urgences. Elle cherchait la poupée mais en vain, elle ne trouvait toujours rien, de la poussière, de la nourriture, des coussins, des couettes, des draps, mais toujours pas de poupée.

Eduard demanda :

« Savez-vous si une partie de la poupée avait de la ferraille, même un tout petit bout, cela me suffit.

-Euh, oui je crois qu’elle avait un collier avec une perle en aluminium.

-Parfait, retournons à la fontaine, je vais vous montrer ma cachette secrète.»

Elle le suivit avec sa fille dans les bras qui pleurait toujours.

Ils arrivèrent devant la fontaine, Eduard ouvrit une bouche d’égout et descendit, il fit signe à Marjorie de venir, elle donna sa fille à Eduard, et elle descendit. Elle se retourna vers Eduard et regarda autour d’elle, elle vit un duvet, un coussin et une lampe. Elle comprit que c’était le lieu où Eduard vivait. Elle demanda :

- « Eduard, pourquoi m’avez-vous amené ici ? »

-« Vous allez voir, suivez-moi. »

Il la conduisit derrière un tuyau d’évacuation, où se trouvait tous ses trésors il y avait tout et n’importe quoi : de la nourriture, des fers à cheval et aussi un détecteur de métaux. Elle comprit alors pourquoi il voulait l’emmener ici. Mais peu avant de partir, elle aperçut un bout de chiffon rose, intriguée, elle se dirigea vers cela et découvrit alors une poupée. Elle leva les bras au ciel et cria très fort, Eduard courut pour savoir ce qui se passait. Elle pleurait, Eduard lui demanda :

« Marjorie, qu’est ce qui se passe ? »

Elle lui montra fièrement la poupée. »

-« Voilà, Philippe, c’est comme ça que ça s’est passé, ma maman avec moi dans les bras a réussi à retrouver une toute petite poupée pendant cette bataille. »

-« Mais, Mamie comment la guerre a commencé ? ».

-« Tout cela, Philippe, tu l’apprendras à l’école, allez, il faut dormir maintenant, fais-moi un bisou.  »