Poème de la Renaissance "La cerise"

                                                           La cerise

 

O sage et gentille nature,

Qui contrains dessous la clôture(1)

D'une tant délicate peau

Une gelée, une douce eau

[...]

MonDieu, mon Dieu, quel plaisir est-ce,

Accompagné de sa maîtresse,

Librement à l'ombre se voir

D'un cerisier et de s'asseoir

Dessus l'herbe, encor' blondissante

D'une perlettte rousoiante (2) !

Et de main forte rabaisser

Une branche pour lui laisser

Cueillir de sa lèvre tendrette

La cerise encore vedelette !

 

                                     Rémi Belleau, publié dans la continuation des amours de Ronsard (1555)

1. Qui contrains dessous la clôture : qui retiens sous l'enveloppe.

2.D'une perlette rousoiante : de perles de rosée.