INQUIETANTES ETRANGETES

C’était une journée d’automne glaciale, sombre, où il pleuvait des torrents d’eau. Je parcourus tout le territoire français afin de dénicher les meilleures maisons d’hôtes et d’en évaluer un maximum. J’étais enquêteur du guide du routard. Cela faisait maintenant bientôt quinze heures que je marchais. J’arrivai dans une petite commune. J’aperçus un bar et je décidai d’y entrer afin de me renseigner sur l’existence d’une maison d’hôte. Effectivement, il en existait bien une à vingt kilomètres. Aussitôt je m’y rendis.

       Lorsque j’arrivai à destination, le soleil se couchait et la nuit prenait place. Je sonnai et on m’ouvrit le portail. À première vue, le site paraissait isolé, il me semblait oppressant. Un sentiment intense d’angoisse pénétra mon âme. Un lugubre étang ornait le site. Des vieux troncs d’arbres, des champignons pourris et des fleurs fanées surplombaient la pelouse, une singulière et immense tombe sur laquelle étaient inscrites les initiales C.M dominait toute l’atmosphère, le sifflement du vent et le claquement des volets étaient semblables au cri d’une personne souffrante, le son de la pluie ressemblait à des à pleurs. La porte du manoir paraissait triste, la façade avait l’air pâle, les fenêtres semblaient être des yeux sans pensée.

       Je pris mon courage à deux mains et j’avançai prudemment vers le manoir. Un grand homme au visage pâle et amaigri, aux yeux bruns éteints, aux lèvres fines, vêtu d’haillons, m’accueillit d’une voix à peine audible.

        Une fois dans la maison d’hôte, je vis un magnifique tableau représentant une femme d’une beauté infinie. Son visage éblouissant, ses yeux bruns brillaient de mille feux, ses lèvres amincies resplendissaient, ses cheveux de couleur châtain rayonnaient. J’appris que le tableau représentait la femme du propriétaire des lieux et que la tombe était celle de cette dernière. Depuis la mort de sa femme, dans un accident de voiture, il noyait son chagrin dans l’alcool. Depuis cet évènement dramatique, il n’avait plus reçu client. Il me dit également qu’une femme de ménage viendrait ce soir. Il semblait être rassuré par ma présence. Comme il était tard je décidai de dormir cette nuit-là dans ce lieu inquiétant. Il me guida vers ma chambre et me souhaita bonne nuit : « Bonne nuit Ludovic, à demain ! »

       Dès que j’entrai dans ma chambre, un sentiment intense d’angoisse envahit de nouveau mon âme. Les tableaux sur lesquels étaient peints des personnes tristes et sans doute mortes me fixaient partout où je me déplaçais. Les murs très sombres me rappelaient la mort. La lampe dysfonctionnait. J’entendis de façon nette les cris d’une personne souffrante. Je pensais dans un premier temps que c’était le vent. Alors, peu rassuré, je me posai sur mon lit afin de d’essayer de me calmer. Mais, j’entendis de nouveau des bruits semblables à des plaintes paraissant venir du fin fond du manoir.

       Je sortis de ma chambre. Je traversai un long couloir. Seulement une lampe sur deux s'allumait. Soudain, la peur paralysa presque tout mon corps ! J’aperçus une femme inconnue recouverte de sang et vêtue d’haillons qui criait sa souffrance. Plus elle s’approchait de moi, plus il me semblait reconnaître la femme morte du propriétaire des lieux. Je m’arrêtai un instant, je la contemplai. Son visage éblouissant, ses yeux bruns scintillants de mille feux, ses lèvres fines resplendissantes et ses cheveux de couleur de châtain me fascinaient. Elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à la femme du responsable. Puis tout à coup, elle courut vers moi et semblait vouloir me parler. J’hurlai de peur, je perdis connaissance et me réveilla le lendemain matin dans mon lit.