LA LUNE SANGLANTE - Etienne G. 4è7

 Après avoir hésité entre aller voir ma grand-mère à la maison de retraite ou me ballader à la vieille fête foraine abandonné du quartier, j’avais finalement opté pour la deuxième solution, car j’avoue que l’odeur d’urine et de médicaments des personnes âgées ne m’avait pas attiré! J’avais décidé d’y aller la nuit, vers minuit, car c’est à cette heure-ci que, mon père et moi, autrefois, venions observer la grande roue, en dessous des étoiles scintillantes. Mais cette nuit, le ciel était sombre et nuageux...

   Je marchais donc seul, dans les grandes allées du parc, l’air un peu triste, car les nuages qui cachaient la lune me déprimaient. J’observais le grand huit, sur ma droite. Les rails rouillés formaient des courbes, des boucles, dans n’importe quel sens. Devant moi, se tenait un bosquet délabré où trônait autrefois le stand à ballons. Je le contournai, un peu nostalgique, lorsque, tout à coup, il me sembla que l’une des vieilles balançoires du parc avait grincé, toute seule. C’était sûrement l’effet de la fatigue, car il n’y avait plus rien, aucun bruit. Je continuai ma route. Mon humeur était totalement différente du début de mon excursion. Un sentiment de tristesse m’accabla, je ne savais pas pourquoi, et ma tête tournait. J’étais fatigué. De plus, un sentiment nouveau, que je ne saurais expliquer, m’envahit. Mes mains tremblaient, mon coeur battait, je me sentais suivi, observé. Je devenais fou, sans doute. Je me calmai un peu et observai la maison hantée. La porte était fermée. La maison ne semblait pas anormale, mais son aspect lugubre et sombre ne me rassurait pas. On aurait dit une créature géante endormie, qui pouvait bouger d’un moment à l’autre. Soudain, un bruit, comme un rire affreux, effrayant, me fit sursauter et attira mon regard vers l’autre bout du parc. Personne. Puis, un grand fracas fit retourner mon attention sur le manoir. Et là, mes cheveux se dressèrent et je fus parcouru d’une sueur froide qui me glaça des pieds à la tête. La porte était ouverte ! Et le rire revint, plus fort, et semblait se rapprocher de moi, malgré le fait que je ne distinguais rien dans l’obscurité. J’avais mal à la tête. Je me mis à courir, aussi vite que mes jambes le pouvaient, sans bien savoir ce que je fuyais. Je courais, encore, encore. L’allée de la fête foraine ne semblait pas avoir de fin, comme dans un cauchemar. J’avais mal aux jambes et ma tête me faisait mal plus que jamais. Je m’arrêtai. Le rire avait disparu. Je repris mon souffle et levai les yeux vers le ciel. La lune était apparue d’entre les nuages. Elle avait une étrange lueur rouge, sanglante. J’avais froid. Elle semblait avoir un effet sur mon mal de tête. Je repris ma route en titubant. Ma vue se troublait. Ma tête tournait, tournait… Et je m’évanouis.

  Il me sembla que je me réveillai, mais je n’avais aucun repère. Aucune idée de l’heure qu’il était, de l’endroit où je me trouvais. J’étais ligoté, car je sentais des cordes autour de moi et je ne pouvais plus bouger. Etais-je dans un rêve? Ma vue était troublée. Je remarquai que mes mains étaient meurtries. Une odeur de lichen et de mousse assaillit mes narines. Je pensais me trouver dans une forêt. Je pouvais à peine distinguer les arbres dans l’obscurité. Je pouvais sentir l’humidité de l’endroit. J’avais froid. Soudain, je crus voir passer une forme sombre entre les arbres. Mais j’eus à peine le temps de cligner des yeux, et elle avait disparu. Non, ce n’était pas possible. Je rêvais, sans doute. Je perçus soudain des bruits de coups. Les sons provenaient de quelque part près de moi. J’avais peur. Qu’est-ce que c’était? Un démon? C’était peut-être un simple cauchemar. Les coups ne s’arrêtaient pas. Tout d’un coup, je distinguai un éclat entre les arbres, une forme métallique, il me semblait. Aux sons des coups s’ajoutèrent des claquements rapides, enragés. J’avais peur, très peur. J’avais l’impression que le danger pouvait venir de partout. Je fixai l’éclat métallique pour savoir ce que c’était. Oh mon Dieu! Non c’était impossible! C’était un rêve, un cauchemar surtout! C’était une hache, une hache qui coupait du bois, mais toute seule! Personne ne la tenait! Et les branches, les bouts de bois tombés par terre, s’élevèrent à un mètre du sol et se mirent à tourner, tourner… J’étais terrifié. Un cri aigu me déchira les tympans. Le cercle de branchage se resserrait. J’avais mal partout. Je fermai les yeux et retint mon souffle…  


 

Commentaires

1. Le 08 janvier 2018, 19:07 par Mathis T (4ème8 roby)

J'ai trouvé ce récit bien mais inquiétant car ça plonge le lecteur dans une atmosphère angoissante et car on ne connait pas la suite, le fait que l'atmosphère est angoissante est qu'il y a beaucoup de mystère " Et les branches, les bouts de bois tombés par terre, s’élevèrent à un mètre du sol et se mirent à tourner "

2. Le 10 janvier 2018, 19:43 par Aloïse 404 (b.pascal)

l'ensemble de ton texte est plutôt bon . J'ai bien aimé l'atmosphère angoissante et mélancolique , et la description du manoir .C'est dommage qu'il n'y est pas de suite . Très bon travail .

3. Le 11 janvier 2018, 18:39 par Camille (4e4 blaise pascal)

J'ai beaucoup aimé lire ta nouvelle car quand ton personnage doute:"c'était surement l'effet de la fatigue".

 On se plonge très facilement dans l'histoire.
 J'aime bien comment ton personnage parle de son passé :"car c'est à cette heure si, que mon père et moi autrefois venions observer la grande roue..."
4. Le 11 janvier 2018, 19:36 par Inès (404 Blaise Pascal)

Bonjour,
j'ai trouvée ce récit très bien écrit, ta syntaxe est fluide ce qui permet de se mettre plus facilement dans cette ambiance effrayante et angoissante. Tu laisses beaucoup de mystère autour de ce "rire affreux" et de son réveil accroché à une chaise et je trouve sa très bien.
Bravo.

5. Le 11 janvier 2018, 21:58 par Gaetan

Etienne, ton texte reflète très bien le fantastique. L'apparence mystérieuse et glauque du parc, la lune qui apparait avec un air effrayant sont bien représentés par le titre. Le rire sombre qui tourmente ton personnage et l'ambiance stressante après son évanouissement plongent le lecteur dans un univers angoissant.

6. Le 11 janvier 2018, 22:31 par Tristan (4éme4 Blaise-Pascal)

Etienne G, l'ensemble de ta nouvelle est bien. J'ai beaucoup apprécié ton récit car tout d'abord il se passe plusieurs phénomènes étranges, ce qui rend ta nouvelle angoissante. "C'était une hache, une hache qui coupait du bois mais toute seule","Il me sembla que l'une des balançoires avaient grincé toute seule." Tu retranscris bien l'angoisse et l'oppression ressenties par le narrateur. "Un sentiment nouveau que je ne saurais expliquer m'envahit. Mes mains tremblaient, mon coeur battait." Tu as bien semé le doute du début jusqu'à la fin de ton récit."Qu'est ce que c'était", "C'était peut-être un simple cauchemar."

    Mais tu aurais pu accentué l'atmosphère angoissante en ajoutant  quelques personnifications et comparaisons.
7. Le 17 janvier 2018, 13:59 par Clara

Je trouve ce texte très intriguant, il déclenche plusieurs émotions par les nombreux détails que l'on peut lire.
Dans un premier temps, je trouve ce texte triste, ensuite le texte devient de plus en plus angoissant et plus loin dans l'histoire on se demande si le garçon vit réellement la scène ou si il rêve.

8. Le 17 janvier 2018, 18:33 par Alexandre Gho

La première chose que je me suis dis, c'est que va t-il se passer, du suspens, un bon orthographe, un texte agréable à lire ! J'adore cette nouvelle. Avec de la peur, la nouvelle est vraiment parfaite !

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