INQUIETANTES ETRANGETES

J’adore lire, je me suis toujours dit qu’un jour, je travaillerai dans le milieu des livres. Cette passion pour les livres et ma curiosité ont bien failli me coûter la vie, et même à plusieurs reprises. Mourir à cause d’un livre, étrange, non ? Eh bien, laissez-moi vous raconter cette incroyable aventure qui m’est arrivée.

Comme tous les jeudis, je me rendais à la bibliothèque avec Julie, une amie. Mais ce jour-là, quelque chose de très étrange se produisit... La bibliothèque avait disparue ! A la place, un vieux bâtiment se dressait. L’enseigne, peinte à la main en lettres gothiques, indiquait « librairie de monsieur Olivender ». Une librairie ? Pensai-je, étonnée. Mais pourquoi avoir remplacé une si belle bibliothèque par cette librairie qui empestait la mort jusqu’à l’extérieur ? Par curiosité, mon amie et moi poussâmes la porte. Même si le bâtiment venait d’être construit, la lourde porte semblait ne pas avoir été ouverte depuis des lustres. Quand nous fûmes entrées, la porte se referma brusquement derrière nous comme si quelqu’un venait de la claquer. L’intérieur n’était pas grand et très sombre, mais il y avait des centaines de livres.

On commença à feuilleter des livres au hasard en se demandant où pouvait être le propriétaire des lieux. Quelque chose m’intrigua : au fond de la pièce, j’apercevais une lueur dorée. Je décidai donc d’aller jeter un coup d’œil. Plus je m’approchais de cette malle, à travers la serrure de laquelle on voyait la lumière, plus j’avais envie de découvrir ce qui s’y cachait. Arrivée devant la malle, j’essayai de l’ouvrir de toutes mes forces mais c’était sans espoir. Je me mis donc à la recherche de la clef qui allait l’ouvrir. Je cherchai pendant quelques minutes avec mon amie jusqu’à ce que je voie une lueur, la même lueur que celle de la malle. C’était la clef ! Elle se trouvait dans un des tiroirs du vendeur, qui d’ailleurs n’était toujours pas là. Je la pris et ouvris la malle. A l’intérieur se trouvait un livre, mais pas n’importe lequel. Celui-ci était doré et contrairement à tous les autres livres du magasin, il semblait ne jamais avoir été ouvert. Son titre « L’énigme » m’intriguait beaucoup. Lorsque je le pris entre mes mains, un petit papier s’en échappa. En le ramassant, je puis lire « Celui qui ce livre prendra, toute sa vie le regrettera ». Apres avoir cherché en vain le propriétaire des lieux, je décidai de repartir avec le livre. Il me suffirait de le rapporter le lendemain. J’étais loin de me douter que j’étais en train de commettre une grave erreur…

Je ramenai le livre chez moi sans me soucier de l’avertissement du petit papier. Allongée sur mon lit, je décidai de le lire. Il commençait ainsi : « Si vous lisez ceci, c’est que vous n’avez sûrement pas vu le petit papier ; si vous l’avez lu, vous vous rendrez vite compte de l’immense erreur que vous avez commise ! » Tout cela ne m’impressionna pas. Plus je m’avançais dans la lecture de ce fameux livre, plus je ressentais une sensation bizarre ; j’étais bien et mal en même temps et cela commençait à me terrifier. Puis, je lus une phrase qui m’intrigua, « Elle est la phobie de beaucoup d’hommes, elle peut être insignifiante ou mortelle ». J’entendis un bruit et vis une ombre énorme, celle d’un animal. Elle se rapprochait pas à pas de ma chambre. Lorsqu’elle arriva à ma porte, je vis que l’animal était une araignée, mais pas une simple araignée, une araignée de trois mètres d’envergure. Je pris peur et sautai  par la fenêtre. Je fis le tour de la maison pour rentrer par la cuisine. Je me saisis d’un grand couteau qui traînait sur la table. Empruntant le couloir qui mène à ma chambre, je tombai nez-à-nez avec l’immense bête. Elle me fixait en grondant ; je m’élançai sur elle et enfonçai de toutes mes forces le couteau dans son corps. Elle se décomposa en milliers de fragments. Je me remis dans mon lit et essayai de me rendormir. Peut-être avais-je rêvé ? Mais, incapable de fermer l’œil, je décidai de continuer ma lecture. Une autre phrase me surpris, « Une histoire inventée, un sommeil profond, jamais plus vous ne rêverez à moins de trouver la solution ». A l’instant même, un fuseau surgit devant mon lit. Une terrible force m’attira vers lui. Je mis mon doigt sur l’aiguille et m’endormis. A mon réveil, le lendemain  matin, le fuseau avait disparu. Je m’interrogeai, comment se pouvait-il qu’en lisant ce livre, les choses se produisent réellement ? Etais-je réveillée ou bien dans un mauvais rêve interminable. Peut-être que je me réveillerai au matin comme si rien ne s’était jamais passé. Je continuai donc la lecture. « La paix tu trouveras, quand cette énigme tu résoudras ». Un vieil homme apparut là, à côté de moi. Il était chauve et avait un grand sourire. Je lui demandai ce qu’il se passait mais il sembla ne pas m’entendre. Il me posa une question : « Je suis grande quand je suis jeune, petite quand je vieille, qui suis-je ? ». Moi qui avais lu tant de livres, n’avais pas la réponse. Je réfléchis pendant ce qui me sembla une éternité. Ma peur devenait plus grande, tout me semblait plus sombre. D’où viendrait la lumière ? Avec cette pensée, la solution m’apparut évidente. Le vieil homme, dont le sourire  me faisait de plus en plus peur, m’attendait. «Il s’agit d’une bougie ! » lui dis-je. « Elle est grande quand elle est jeune et petite quand elle vieillit car la chaleur de la flamme fait fondre sa cire». Le sourire de l’homme avait maintenant disparu, comme si une envie soudaine lui prenait de me tuer ! Mais, heureusement, il se figea ; tout se figea autour de moi et je m’évanouis.

Je me réveillai en sursaut.  Julie était penchée sur moi et ma joue me faisait mal. Elle me raconta que j’avais fait un malaise en entrant dans la bibliothèque. Toute cette histoire m’avait  semblé si réelle… Avant aujourd’hui, je n’ai jamais raconté cette histoire, j’avais trop peur qu’on me prenne pour une folle.

Le livre a disparu, la librairie aussi mais ce souvenir, lui, ne me quittera jamais.