Une main tendue
Par V. Gouzien le 09 mars 2022, 09:27 - Edgar Allan Poe - Lien permanent
Je terminai de monter le dernier colis dans ma chambre. Au rez-de-chaussée, je pouvais entendre mes parents remercier les déménageurs. Je soufflais, moi qui vivais dans le coin le plus branché de la capitale, me voici coincée dans le plus petit village de France.
De la fenêtre de ma chambre, je pouvais observer une immense forêt qui entourait le manoir, devant la bâtisse, une petite route en terre rejoignait le centre-ville. Mes parents se sentant étouffés dans notre appartement parisien, ils avaient acheté ce manoir perdu dans la forêt. Je n’allais pas me plaindre, ma chambre faisait trois fois la taille de l’ancienne mais le fait que la civilisation était à plus de 30km me rendait retissante.
Il était dix-sept heures, et déjà je pouvais voir le soleil descendre lentement. Après avoir pris ma douche dans la nouvelle salle de bains, je descendis pour me prendre quelque chose à grignoter. Mes parents étaient partis tester le nouveau restaurant du coin. Dehors, un épais brouillard entourait le manoir, et les pins de la forêt m'avaient l’air trois fois plus grand, je frissonnai. Je m'apprêtais à m’allonger sur le canapé quand le bruit d'une porte qui grince me stoppa dans mon élan.
- Biscotte ? demandai-je d’une voix hésitante.
Biscotte, c’était le nom de mon chat, il était constamment en train de vadrouiller dans la demeure. J’avais l’impression qu’il n'aimait pas sa nouvelle maison comme si un danger allait surgir de n’importe où, il grognait et miaulait lorsqu’il entrait dans ma chambre. Je me levai doucement pour aller vérifier que la porte d'entrée était bien verrouillée. Sous mes pas, le plancher grinça, je sursauta, apeuré par ce bruit soudain. Mon père m’avait prévenu “ Ophélie c’est une vieille maison, c’est normal qu’elle grince un peu”. Je me surpris avoir les mains tremblantes, je traversai le hall d'entrée pour accéder à l’escalier lorsque je vis une ombre immobile dans l’obscurité, je pu apercevoir une longue robe noire flottait au-dessus du sol. Je clignais des yeux pensant que c’était une hallucination de mon cerveau. Je les rouvrit, plus rien, le hall était vide. J’inspirai un grand coup dès le premier jour, cette maison me joue des tours…
Dans ma chambre, je me glissais sous ma couette, j’éteignis les lumières et fermais les yeux. Autour de moi, je sentais le bois craquer et le vent souffler contre mes fenêtres comme des chuchotements m’implorant de les ouvrir. Soudain dans un grand fracas, elles s'ouvrirent laissant une puissante rafale pénétrer dans la pièce, je criai de surprise. Mes rideaux volèrent et des feuilles s’éparpillèrent partout par terre. Je sautai pour refermer mes fenêtres, j’eus du mal, luttant contre le vent. Après quelques secondes d’efforts, je réussis, épuisée, je m’assis sur mon lit méditant les événements passés. Les portes qui grincent, la mystérieuse ombre du hall et puis maintenant les fenêtres qui s’ouvrent toute seule. Je soupirai, soudain la peur étreignit ma gorge, devant mon lit se tenait, l’ombre que j’avais aperçu précédemment. Elle était debout immobile, la tête légèrement penchée vers la gauche ressemblant à une pâle vision de mon esprit. Mon sang se figea, paralysé par la terreur je ne pouvais pas descendre de mon lit pour m’enfuir. L’ombre ne bougeait pas,ce qui la rendait encore plus terrifiante. Les murs de ma chambre semblaient de plus en plus grands, m'oppressant comme les barreaux d’une prison. Derrière le papier peint, des mains tapaient sur le béton comme si la maison était vivante et que j’avais dérangé les véritables occupants de la demeure. Je plaquai une main sur ma bouche pour étouffer un cri. L’ombre tendit sa main doucement, essayant de m’attraper, je reculais terrifié à l’idée que cette “chose” me touche. Le bruit des escaliers interrompit la créature, mes parents étaient rentrés. L’ombre se mit à fondre comme de la glace en été puis disparut dans les failles de mon plancher.
Le corps tremblant, je me levai chancelante.
Commentaires
"Une main tendue" m'a également plu pour différentes raisons.
J'ai trouvé ta nouvelle originale : un manoir racheté avec plein d'objets étranges la journée, la fille qui est toute seule..
Il y a eu différents évènements étranges : les fenêtres qui s'ouvrent toutes seules, l'ombre dans l'entrée..
Juste un petit conseil à te donner : mets un peu plus de figures de style et de modalisateurs dans ton récit.
Ta nouvelle m'a particulièrement plu. J'ai remarqué des modalisateurs qui ajoutent du suspense "j'avais l'impression que..."? "m'avaient l'air...". Il s'y trouvait aussi deux comparaisons qui enrichissent le texte "le vent souffler contre mes vitres comme des chuchotements", "les murs de ma chambre de ma chambre devenaient de plus en plus grands, m'oppressant comme les barreaux d'une prison."
Cette nouvelle m'a beaucoup captivée, j'adorerais avoir la suite…
Il y a un vocabulaire riche ( ex: "m’implorant", "chancelante" etc.) Il y a pas mal de détails sur la psychologie du personnage, ce qui m'a permis de m'identifier au personnage. ( ex : "apeuré", "surpris", "paralysée"...)
D'ailleurs tu as mit plusieurs comparaison très intéressantes ( "Les murs de ma chambre semblaient du plus en plus grand, m'oppressaient comme les murs d'une prison" et "[...] le vent soufflait contre mes fenêtres comme des chuchotements m’implorant de les ouvrir.").
Il y a encore plein d'autres points forts à cette nouvelle, les modélisateurs, la figure de style, etc.