Départ pour Storybrook
Par V. Gouzien le 09 mars 2022, 09:36 - Edgar Allan Poe - Lien permanent
"Mickael !" me cria mon patron. Je courus et rentrai doucement dans son bureau.
- Oui Monsieur, murmurai-je d'une petite voix douce.
- Tu vas partir pour Storybrook !, dit-il en pouffant de rire.” Il gloussait tellement avec son cigare qu'il manquait de s'étouffer à chaque fois qu'il plaisantait. Il me regarda alors droit dans les yeux et reprit son sérieux : "Mickael, t'es jeune, t'as j'sais pas... 30 ans..." Je le coupai d'une voix tremblante : "euh 25 Monsieur".
Il fit comme s'il n'avait rien entendu et s'exclama "mon p'tit Mickael, t'es tout jeune, t'es tout beau, tu pourras séduire plein de jolies p'tites minettes !" Là, il éclata de rire, si fort, que j'ai cru qu'il allait s'étouffer.
Il m'expliqua pourquoi je devais aller à Storybrook, pour le travail. Je partirai donc à Storybrook dans deux jours. Cela ne m'enchantait guère car je devais quitter mon appartement en centre ville pour me retrouver au milieu de nulle part, dans une campagne perdue. Cela me faisait peur...
Une fois arrivé à Storybrook, épuisé par mon trajet, je n'avais qu'une hâte, rejoindre au plus vite le logement que mon patron avait prévu pour mes quelques jours sur place, situé dans une zone très boisée de la ville. Il était tard, l'air était frais et un brouillard s'accumulait, limitant ma visibilité. En traversant la ville, je ne voyais personne. Les rues étaient désertes. Plus j'avançais, plus mon cœur se serrait et je sentais comme des frissons de froid mêlés à de la peur. Je m'imaginais qu'à tout moment, un monstre pourrait surgir et me dévorer tout cru. Je vérifiai à plusieurs reprises si la voiture était bien bloquée, à chaque feu ou chaque stop et je continuai à rouler en ne quittant pas des yeux mon GPS, qui perdait petit à petit tout signal. En plus, je n'avais presque plus d'essence, qu'allais-je bien pouvoir faire ? Je continuai à rouler tant que possible, mais la voiture s'arrêta.
Sans m'en apercevoir, j'avais dépassé la ville, j'étais à présent dans la forêt. Elle était sombre et j'entendis du bois craquer. J'angoissais de plus en plus et le pire de tout, c'est qu'il n'y avait pas de réseau. Je me voyais déjà dans les journaux : "Mickael, de taille moyenne, 1m72, les cheveux bruns et ébouriffés, les yeux marron vert, les chaussures noires, un pull bleu foncé, des chaussettes noires, un jean bleu clair... le nez recourbé, une paire de fossettes... Mickael était parti pour le travail et a disparu. Est-il encore vivant ?"
Tout d'un coup, j'entendis un cri d'animal, je sentis une sorte de frayeur me monter à la tête, le bruit se rapprochait de plus en plus fort, j'étais terrifié. Mon cœur battait à 100 à l'heure, lorsque, j'aperçus une ombre, celle d'une créature, puis un cri terrifiant, qui me glaça le sang, puis un autre... On aurait dit un animal qui se faisait attaquer.
Mes jambes tremblaient tant, que je tenais à peine debout et ne pouvais courir plus vite. D'un coup, le bruit s'arrêta. Des feuilles formaient une petite tempête et tournoyaient dans le vent quand je vis une petite ombre au loin.
Cette ombre s'avança et commença à s'approcher de moi. Était-ce la mort ? L'ombre progressait vers moi chaque seconde. Quand alors, j'aperçus que cette créature n'était pas un spectre, c'était un animal que je n'arrivais pas à identifier. Il avait les yeux noirs, ses pupilles étaient rouges, il avait le dos courbé, il marchait sur ses deux pattes, mais donnait des coups d'accélération lorsqu'il se mettait à quatre pattes.
La créature était énorme et très poilue, de ma hauteur et avait la tête d'un rat, en dix fois plus gros.
J'étais terrorisé, la créature avait du sang autour de sa bouche. La bête resta d'abord immobile sur ses deux pattes arrières, il respirait l'air de la forêt. Puis se redressa d'un coup et commença à foncer vers moi. J'avais lu tous les livres sur la vie des animaux sauvages et quand un animal veut attaquer sa proie, il recourbe ses pattes avant de foncer et de passer à l'attaque. Il ne me restait plus qu'une chose à faire... COURIR !!!
Je courais comme jamais auparavant, moi, qui n’avait jamais été un grand sportif. Mon sport se résumant à aller de mon bureau à la cantine ou à la photocopieuse, ou au bureau de M. Laroche, mon patron à la banque HVLC. Et moi qui me plaignais lorsque l'ascenseur était en panne.
Alors que la créature me poursuivait encore, j'aperçus au loin un arbre géant, faisant la taille de deux maisons superposées. Ses feuilles étaient si verdoyantes et si épaisses que l'arbre en était majestueux et me semblait protecteur. Je voulais le rejoindre. Cependant une rivière passait juste devant et on ne voyait pas le fond. Pouvais-je la traverser ? J'entendais la bête approcher, alors, sans réfléchir, je sautais. Une fois dans l'eau, je ne voyais plus rien, je n'entendais plus la créature et je me sentis couler tout doucement. Etait-ce la fin ?
J'étais terrifié, ne trouvais pas de prise, je ne savais que faire. Puis, j'ouvris les yeux et j'aperçus une petite lueur briller au loin. Je n'avais plus de souffle et n'arrivais pas à remonter à la surface. Je me dirigeai sans le vouloir vers cette lueur qui n'était autre que la porte dorée. Alors, dans un dernier souffle, je l'ouvris et j'atterris sur une des branches de l'arbre.
A présent, je ne pouvais et ne voulais plus redescendre. Le temps était doux, les oiseaux chantaient, une magnifique cascade était devant moi. Dans l'arbre je vis une petite boîte de Mr Laroche j'étais arrivé à destination.
Commentaires
La nouvelle "Départ pour Storybook" m'a plu pour la précision sur les sentiments du personnage ("je le coupais d'une voix tremblante", "Cela me faisait peur", "J'angoissais") et de toutes les questions qu'il se pose ("Qu'allais-je bien pouvoir faire ? ", "Était-ce la mort ?"). Mais aussi car l'idée d'un voyage vers un endroit désert me paraît originale.
Cependant, des modalisateurs auraient peut-être utilisés lorsque le personnage se trouve devant la créature. Le cadre spatio-temporel est un peu vague, on ne sait pas le pays où la ville d'où part le personnage.
Cette nouvelle m'a particulièrement amusé car on sent que l'auteur de ce récit a cherché à ajouter un côté humoristique à la nouvelle en mettant du langage courant, voire familier : " J'sais pas", par exemple.
De plus, l'auteur a décidé de laisser planer le doute sur la fin. En effet, il n'a pas trancher entre l'explication rationnelle ou surnaturelle. On peut croire, à la fin que le monstre que le personnage a vu à la fin du récit est peut être son chef.
Ta nouvelle fantastique m'a plu car l'animal est très bien décrit, on sait comment il est : "il avait les yeux noirs, ses pupilles étaient rouges, il avait les yeux rouges, il avait le dos courbé..."
Mais le texte n'est pas assez original, une créature qui poursuit quelqu'un n'est pas très original.
Ton texte m'a beaucoup surpris. En effet, l'histoire est originale et le dénouement est singulier. Je n'ai pas l'habitude de voir une fin où le personnage se jette dans une rivière et débouche sur un tout autre endroit. Mais je crains ne pas avoir compris ce qu'est la "porte dorée".
Cependant, on garde le doute jusqu’à la fin. De plus, ton personnage est très attachant. Et le fait qu'il y ait du vocabulaire familier dans le texte le rend plus accessible, moins lassant et apporte une touche humoristique à ta production écrite. Malheureusement, la fin me laisse perplexe, je n'ai pas dû la comprendre. En tout cas, j'ai adoré.
Bonjour à toi cher auteur,
Je voulais te faire part de ce que j'ai particulièrement apprécié dans ta nouvelle.
Premièrement les questionnements du personnage tout au long de la nouvelle m'ont particulièrement plu car ceux-là m'ont emmené à me questionner moi-même: "Qu'allai-je bien pouvoir faire?" "cet ombre s'avança et commença à s'approcher de moi, était-ce la mort?"
Ensuite j'ai beaucoup aimé le cadre spatio-temporel qui nous met presque des frissons. En effet, il est seul dans la forêt à côté d'un petit village: "Sans m'en apercevoir j'avais dépassé de la ville, j'étais à présent de la forêt"
Enfin, j'ai adoré le côté comique de la nouvelle, qui nous fait accrocher pour la suite de l'histoire: "Il gloussait tellement avec son cigare qui manquait de s'étouffer à chaque fois qu'il plaisantait".
Bonjour,
Ta nouvelle m'a particulièrement amusé pour les raisons suivantes :
-Le narrateur utilise un langage humoristique qui se rapproche du familier comme "J'sais pas", mais cela le rend moins lassant.
-Le cadre spatio-temporel est isolé, réaliste et donne des frissons; ( Mickael un jeune-homme de 25 ans seul dans un bois sombre et éloigné de la ville. )
-Le narrateur décide de laisser le doute au lecteur, et donc de le laisser imaginer la fin comme il le souhaite.
-Enfin l'originalité manque un peu dans cette nouvelle car une créature qui poursuit le personnage n'est pas très original et se rapproche d'autres nouvelles connues. C'est dommage.