Rêve ou réalité?
Par V. Gouzien le 09 mars 2022, 09:47 - Théophile Gautier - Lien permanent
Léa se trouvait dans une pièce sombre. Un mal de crâne atroce accompagna son réveil, on l’avait assommée. Elle n’était pas attachée mais assise sur une chaise assez modeste comparée à la somptueuse robe de chambre dont elle était habillée. Celle-ci semblait faite de soie blanche, avec un peu de dentelle pour encore plus embellir les finitions au niveau des coutures.
Ses cheveux, d’ordinaire attachés en queue de cheval, étaient détachés et arboraient une magnifique barrette bleue turquoise. Elle n’était pas particulièrement heureuse de porter une telle tenue mais elle savait qu’elle n’avait pas le choix.
Elle se leva et, comme d’habitude, se dirigea vers la porte. De la lumière en émanait; elle pouvait entendre des voix provenant de l’autre côté. Elle distingua celle de sa mère et celle de son grand-père. On était mercredi soir, Papy s’était occupé d’elle toute la journée puis l’avait couchée. Pourtant, les voix étaient différentes que d’ordinaire. Et certains détails de sa chambre semblaient avoir changé. A la place de son lit se trouvait une chaise, sur les murs s’affichait un immonde papier peint jaunâtre, la peinture du plafond s’écaillait et des toiles d’araignées étaient dispersées dans tous les recoins de la chambre.
Elle compris alors que cette pièce n’était pas sa chambre. Elle se leva et courut à la porte. Elle venait de comprendre où elle se situait. Mais au moment de saisir la poignée,une main secoua son bras et elle se réveilla.
“Debout ma grande, tu vas être en retard.”
Léa se redressa dans son lit. Sa mère avait un vrai don pour la réveiller en douceur. Elle se leva, enfila ses chaussons et descendit pour prendre son petit-déjeuner.
“Déjà levé ? lui dit son grand-père avec une pointe d’amusement dans la voix. Tiens, je t’ai préparé tes tartines.”
Il les lui servit et repartit boire son café. Léa adorait son grand-père tout autant que sa mère. A vrai dire, elle n’avait plus qu’eux. Son père avait péri dans un accident de la route et sa petite sœur Amandine avait été kidnappée, puis on avait retrouvé son corps flottant sur les rives du lac dans le bois se trouvant derrière la maison. De plus, elle aussi avait failli quitter ce monde. Mais le seul problème était qu’elle ne s’en souvenait pas. Elle finit ses tartines, se prépara et partit pour son école.
Elle rentra tard le soir car son bus avait pris le mauvais chemin et avait ainsi eu un retard de vingt minutes. Elle s’était senti mal durant tout le trajet et elle avait hâte de se coucher. Elle en informa sa mère puis monta les escaliers quatre à quatre. Elle s’allongea dans son lit et s’endormit immédiatement.
Quand elle rouvrit les yeux, elle était sur une chaise de bois, dans une pièce sombre et poussiéreuse. Encore ce rêve, encore et encore, sans jamais qu’elle ne puisse savoir ce qui se trouvait de l’autre côté de la porte.
Mais, étrangement, le rêve était différent. Elle s’était retrouvée directement dans cette pièce et ses mains étaient attachées dans son dos. Elle portait encore ses vêtements du matin et un masque à gaz l’aidait à respirer. Elle était branchée sur toutes sortes d’équipements médicaux qui semblaient la maintenir en vie. Elle tenta de parler mais sa bouche était tellement sèche qu’elle ne parvint qu’à émettre un couinement. Elle tenta de se bouger et, soudainement, les équipements se débranchèrent. Elle put alors respirer l’air présent dans la pièce. A son grand étonnement, l’air était lourd et sentait le corps en décomposition : quelque chose ou quelqu’un se mourrait ici, et Léa n’avait aucune envie de savoir qui cela était.
Le rêve tournait au cauchemar et elle n’aimait pas du tout ça, elle voulait se réveiller et vite ! Elle réfléchit. Logiquement, elle n’avait qu'à ouvrir la porte et elle se retrouverait dans sa chambre. Elle se dirigea d’un pas ferme vers la porte et l’ouvrit.
De l’autre côté se trouvait un salon aussi délabré que poussiéreux. L’angoisse et la peur finirent par la saisir et elle dut se retenir au mur. Ça n’avait pas marché, elle était encore dans son rêve. Il lui fallait en sortir et vite !
Elle se redressa et courut tant bien que mal vers la porte d’entrée, elle était verrouillée. Léa n’en avait que faire, elle donna des coups de pieds dedant avec rage jusqu’à ce qu’elle cède. Elle l’ouvrit et vit où elle se trouvait : sa rue.
Certes, mais il était aussi délabré que la demeure où elle s’était réveillée, les arbres avaient brûlé et le quartier s’était transformé en ville fantôme. Les larmes sur le point de couler, elle eut le courage de regarder le numéro sur la porte : le 16. Ses jambes manquant de lâcher de nouveau, elle s’accrocha au mur. Cette demeure, c’était chez elle.
Mais, par conséquent…
Non, elle ne voulait pas y croire…
Elle courut de toutes ses forces vers la pièce où elle s’était réveillée et s’effondra, secouée de sanglots. Les corps étants dans la pièce étaient sa mère et son grand-père.
Comment ? Pourquoi ? Pourquoi était-elle en vie ?
Elle se releva, les yeux embués et aperçut dans le coin de la pièce la robe et la barrette. Elle s’assit sur la chaise et ne pensa plus à rien. Elle voulait que tout s’arrête, que tout redevienne comme avant. Il lui semblait évident que sa famille était morte par sa faute et elle ne pouvait se l’avouer. Soudain, elle sentit de la poussière lui tomber sur le haut du crâne. Elle eut juste le temps de lever la tête et de voir s'abattre sur elle un bout de poutre. Le coup fût si violent qu’il l'assomma.
Commentaires
Nous avons trouvé que la description du texte était très enrichit : " (...)en queue de cheval, étaient détachés et arboraient une magnifique barrette bleue turquoise." Cela nous a permis de nous mettre a la place de Léa tout au long du récit. Bravo ! Ton récit est très bien constitué et nous surprend jusqu'au bout.
La façon dont le texte invite le lecteur à hésiter entre le rêve et la réalité est très bien mis en place. Il y a beaucoup de détails, on peut donc se situer dans les lieux de la nouvelle. Néanmoins, tu aurais pu ne pas donner le prénom de l'héroïne, cela aurait permis d'apporter plus de mystère à ta nouvelle.
Je trouve très original le fait d'annoncer la cause du mal de crane du personnage à la fin, comme si la fin était en fait le début donc un cercle sans fin, de plus le fait que le personnage rêve de la même chose deux fois de suite ( avec quelques éléments différents ) renvois à l'idée d'infini et de cercle vicieux. Je site : "Le coup fut si violant qu'il l'assomma" cela renvoie au début : je site "Un mal de crâne atroce accompagna son réveil, on l’avait assommée".
Le texte et long et complet il nous laisse le temps de se plonger dedans.
Le thème du double est bien utilisé ( dans se qu'elle croit est sa vraie vie elle habite avec sa mère et son grand-père et dans se qu'elle croit être un rêve elle retrouve leurs corps au coins de la pièce ou elle se trouve ) comme si elle avait deux vies parallèles en quelque sorte.
En revanche j'aurai aimer en connaitre plus sur la cause de la mort de sa mère et de son grand-père en effet on nous laisse un peut sur la question Léa est persuadée que c'est elle la coupable mais rien ne nous le dit.
je trouve que tu a particulièrement réussi la description angoissante : "sur les murs s’affichait un immonde papier peint jaunâtre, la peinture du plafond s’écaillait et des toiles d’araignées étaient dispersées dans tous les recoins de la chambre." mais egalement le doute que tu a reussi a installer.
Une Bonne description de la chambre où les évènements étranges ont lieux. La construction du récit est très bien réaliser cependant le pronom personnel "Elle" est très souvent répété.
Ton récit est extraordinaire, le vocabulaire est très soutenu. Je ne comprends pas très bien la fin mais je pense que cela est voulu.