Terminales › L'art et le sacré - question et enjeux esthétiques

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27 septembre 2020

Un théoricien du Sacré : René Girard, auteur de La violence et le sacré

http://www.rene-girard.fr/

 

La Violence et le Sacré

René Girard

Auteur du très bel essai de critique littéraire Mensonge romantique et vérité romanesque, René Girard, qui enseigne dans une grande université américaine, se propose dans son nouvel ouvrage, La Violence et le Sacré, de remonter jusqu'aux origines de tout l'édifice culturel et social qui est au centre de notre civilisation.
L'enquête s'appuie à la fois sur une relecture très personnelle des tragiques grecs et sur une discussion serrée des principaux systèmes, sociologiques, ethnologiques, psychanalytiques, qui ont tenté de donner une explication globale des premiers rites et des premières institutions culturelles et sociales. Freud en particulier est pris vivement à partie, ou plutôt ses successeurs, peu clairvoyants au sujet de certaines intuitions de Totem et tabou. René Girard, après avoir critiqué les insuffisances de la théorie du complexe d'oedipe, met l'accent sur le rôle de la " violence fondatrice " et sur celui de la " victime émissaire ", négligés jusqu'à présent par tous les chercheurs, et pourtant fondamentaux.
S'inscrivant dans le courant de la révision, devenue nécessaire, du freudisme, tenant compte de Lévi-Strauss et du meilleur structuralisme souvent déformé par les épigones, appelé à soulever de multiples discussions, l'essai audacieux et percutant de René Girard ressortit aussi bien au domaine des sciences humaines qu'à celui de la littérature. Une vaste culture ethnologique, des références de premier ordre et toujours incontestables permettent à l'auteur de construire une théorie nouvelle du sacré, et de donner une interprétation convaincante de nombreux thèmes mythiques et rituels (la fête, les jumeaux, les frères ennemis, l'inceste, l'ambivalence du modèle, le double, le masque, etc.) dont la signification profonde n'apparaît ici avec tant d'évidence que parce qu'ils sont étudiés, pour la première fois, dans leur unité circulaire.
Enfin, le plus grand mérite de René Girard est peut-être dans la clarté et dans l'élégance de son exposé. Libéré de toutes les obscurités tenant aux jargons initiatiques, voici un livre d'une grande importance scientifique qui est aussi une belle oeuvre littéraire.

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Le Sacré et le profane

Voici quelques éléments pour définir le sacré par opposition au profane.

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Un exemple d'objet sacré : le rhombe



Parmi les objets sacrés que Maurice Godelier décrits (dans Au fondement des sociétés humaines), il y a les Rhombes, qui sont les premiers instruments de musique connus.

La musique dans la préhistoire 


Musique et instruments de la Préhistoire
Comme les premières manifestations artistiques de l'art pariétal la musique dans la Préhistoire est un type d'expression qui nous interpelle. Nous y voyons les premiers êtres humains s'exprimer de manière gratuite et sans obligation, de manière "culturelle". Contrairement à la fabrication d'outils ou d'habitats nécessaires à la survie, l'art sous toutes ses formes est en effet un comportement, une culture, qui rend ces hominidés plus proches de nous, plus humains...

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23 septembre 2020

Espaces sacrés en Grèce classique : "la construction de la modernité"

L’architecture grecque classique est un jalon majeur dans l’histoire de l’architecture et c’est par et pour les temples, espaces sacrés, qu’a été initiée la révolution architecturale grecque. les différentes expérimentations des architectes grecs dès le VIIe siècle av. JC mènent au Ve siècle av. JC à l’établissement d’un canon, d’une koinè, qui est un ensemble de règles nécessaires à la construction d’un temple grec. L’évolution du canon du temple grec est une révolution qui va marquer pendant des siècles (les Romains reprennent en partie ce canon) voire des millénaires (Le Corbusier voyait dans le Parthénon une œuvre révolutionnaire) l’histoire de l’architecture en construisant une modernité qui rompt avec les siècles passés.

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14 septembre 2020

L'art et le sacré dans l'Orient ancien

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Pour introduire la question de l'art et du sacré dans l'Orient ancien nous commençons par étudier un extrait  d'oeuvre littéraire mésopotamienne : le récit du Déluge dans l'épopée de Gilgamesh. A partir de ce texte nous pouvons aborder les principales caractéristiques de la religion de l’Orient ancien (Mésopotamie et Proche-Orient du milieu du IVe millénaire av. JC jusqu’au milieu du Ier millénaire av. JC) et ses rapports avec l’art.

Ci-contre, le récit assyrien du Déluge dans l’épopée de Gilgamesh, tablette de Ninive, VIIe s. av. JC, British Museum

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07 septembre 2020

L'art pariétal paléolithique : un art sacré ?

La notion d’art pariétal vient du terme latin paries qui signifie mur, l’art pariétal rassemble donc les formes d’expression dont le support sont des parois rocheuses, on parle également de peintures rupestres.

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grotte Chauvet - panneau des lions
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Lascaux - panneau de la Licorne
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Pech Merle -
Chevaux ponctués
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Niaux - Salon noir
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Les trois frères -
relevé du "sorcier"
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Rouffignac - Mammouth et
bouquetin du grand plafond
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Font-de-Gaume -
Cabinet des bisons

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06 septembre 2020

Introduction générale au thème « l’art et le sacré »

           

Beccafumi, Sainte Catherine de sienne recevant les stigmates, détail, 1514-1517, huile sur panneau, pinacothèque de Sienne.jpg

D. Beccafumi,
Sainte Catherine de sienne recevant les stigmates,
détail, 1514-1517, huile sur panneau,
pinacothèque de Sienne

La thème « l’art et le sacré » s’inscrit dans la thématique générale « Questions et enjeux esthétiques ».  Ce thème est très vaste et mériterait des milliers de pages et d’analyse qu’il est impossible de produire pour notre cours. Mais il faut s’interroger sur les liens entre l’art et le sacré. Pour commencer il convient de définir rapidement – est-ce possible ? – ces deux termes.

            Pour commencer il faut lire les définitions proposées dans le dictionnaire culturel en langue française (sous la direction d’Alain REY, Le Robert, 2005, Paris).
ART, tome 1, p.529-533.
SACRÉ, tome 4, p.483-487

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L'art et le sacré

Quelques pistes de lectures pour enrichir votre réflexion sur le thème l'art et le sacré:

- Henry de Lumley, Le Symbolique, le Sacré et l'Homme. Emergence de la transcendance, ed. CNRS, 2019. E-book (13,99 Euros). Cliquez sur l'image pour accéder à la page d'achat, vous pouvez aussi lire des extraits.

- Marcel Gauchet, "l'art subsitut au sacré", article en ligne

- L'art et le sacré sur le site d'Histoire des Arts Paragone avec des pistes bibliographiques

 

 

15 juin 2020

Les avant-gardes du début du XXème siècle et la désacralisation de l’art

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Marcel Duchamp (1887-1968)
L.H.O.O.Q. (La Joconde). 6,16 cm x 49,5 cm. Readymade retouché :
reproduction de la Joconde de Léonard, portant une moustache et une barbiche
Héliogravure, mine de plomb. Paris, Centre Pompidou
 ©  Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Meguerditchian
Association Marcel Duchamp / ADAGP, Paris

En Europe, le grand art, l’art sacralisé par les musées depuis leur création à la fin du XVIIIème siècle, c’est la peinture réalisée selon les lois de la perspective, et dans cette tradition, l’art considéré pendant longtemps comme le grand art, l’art des musées, c’est la peinture religieuse, la peinture mythologique, la peinture d’histoire, celle qui célèbre les grands hommes. On peut dire de cette peinture qu’elle est mimétique, au sens où elle imite le réel (le vrai ou le vraisemblable) et s’efforce de reproduire une réalité (souvent idéalisée, voire rêvée) en trois dimensions dans un tableau en deux dimensions. Depuis les débuts de la Renaissance au XIVème siècle et jusqu’au début du XXème siècle, la peinture européenne s’est continuellement faite en se concevant comme un art de la représentation. Représenter, c’est reproduire par des moyens artificiels (le point de fuite) ce qui est, ou ce qui pourrait être, ce qu’on imagine : un portrait d’une personne réelle, une scène biblique, un événement historique. Et cette grande tradition de la représentation mimétique, qui commence avec Giotto, mais surtout est théorisée au début du XIVème siècle par Alberti et la Bunelleschi, se confond le plus souvent, du moins de la Renaissance à l’âge classique et au Baroque, avec la peinture religieuse. En effet, la très grande majorité des œuvres produites en Europe de la Renaissance (mais bien sûr avant l’invention de la perspective) jusqu’au XIXème siècle avait une fonction religieuse.

 

 La peinture d’avant-garde du XIXème siècle abandonne pour une large part la peinture religieuse. Il n’y a alors plus de fonction religieuse de la peinture des peintres réalistes (Courbet) et des peintre impressionnistes (Monet, Pissaro, Renoir…) On peut à leur propos parler de peinture profane. Un paysage de Monet, ce n’est pas de l’art sacré ! Certes, on peut montrer qu’il y a un lien entre le sentiment du paysage et le sentiment du sacré. Mais c’est un autre sujet. Il existait bien sûr avant le Réalisme et l’Impressionnisme de la peinture profane, mais il s’agissait de tableaux appartenant à des genres considérés comme mineurs (natures mortes, scènes d’intérieurs), de petite dimension. Quand Manet peint Le déjeuner sur l’herbe, il ne cherche pas à justifier la présence de la femme nue entre deux hommes par un prétexte mythologique, mais il donne à son tableau les dimensions de la peinture mythologique. La rupture se situe dans le fait de peindre un tableau profane qui, ne serait-ce que par ses dimensions, rivalise avec la peinture d’histoire, mythologique ou religieuse.

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18 mai 2020

Le Sacré dans les paysages de Vincent Van Gogh

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 Vincent Van Gogh (1853-1890) Le Semeur au soleil couchant (1888)

Huile sur toile, 64 × 80,5 cm. Kröller-Müller Museum Otterlo, Pays-Bas

© Krôller-Müller Museum

 

Le Sacré dans les paysages de Vincent Van Gogh

 

« Exprimer l’espérance par quelque étoile. L’ardeur d’un être par un rayonnement de soleil couchant. »

Vincent Van Gogh, Lettre à son frère Théo, 3 septembre 1888.

 

La peinture de Van Gogh n’est pas religieuse, au sens où elle n’exerce aucune fonction religieuse. Ce n’est pas une peinture dont le but serait de soutenir la prière ou d’être au service du culte. En ce sens la peinture de Van Gogh ne relève pas de l’art sacré. Cependant, on peut montrer que cette peinture exprime souvent un sentiment du sacré. Comme c’est le cas d’autres peintres qui inscrivent leur œuvre dans l’esthétique du paysage – de Poussin à Kandinsky – Van Gogh exprime dans sa peinture un sentiment cosmique : le ciel étoilé et les grands soleils ne témoignent-ils pas d’une forme de panthéisme ? Les paysages de Van Gogh ne représentent pas seulement le visible, ou du moins, ils ne réduisent pas le monde visible à ce qu’il semble être, ils font signe aussi vers l’invisible, non seulement le sentiment intérieur, qui s’exprime dans les cyprès tordus et les étoiles tourbillonnantes, mais aussi le sentiment d’une unité entre le monde humain et le monde naturel. On peut appeler sentiment cosmique le sentiment de l’unité qui rassemble les hommes et la nature. Le ciel étoilé et le soleil – si centraux dans la peinture et l’imaginaire de Van Gogh – sont aussi des symboles, des signes de l’infini, de l’unité (le cercle parfait du soleil), du Bien, de la Vie. On verra que dans un tableau comme Le Semeur, le soleil semble être l’auréole du Semeur, indiquant que par son travail il se sanctifie.

 

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