HALIMA - La Gazelle d'or (Conte algérien)

                                                              

                                                                          LA GAZELLE D'OR

                         Il était une fois un prince, voyageur intrépide, qui parvint un jour au pied d’une citadelle, entourée de remparts. En levant la tête au ciel, il s'aperçut que chaque créneau était coiffé d’un crâne humain. Il en compta quatre vingt dix neuf.et comme le prince était curieux il est entré dans le royaume, et dans son chemin il rencontra un homme qui lui raconta l'histoire : " la princesse , d'une beauté sans pareille et le sultan fait couper la tête des prétendants de sa fille auxquels il soumet une énigme . Quiconque voudrait l’épouser doit deviner de quoi s’agit la marque de naissance sur le corps de la princesse . donc quitte cette ville , étranger ! " dit-il .
Le prince qui aimait les défis , avait une idée dans la tête pour arrêter cette cruelle épreuve , donc il chercha un bijoutier pour travailler avec lui , l'ayant trouvé , il lui promit de faire sa fortune s'il acceptait de l'aider pour arrêter le massacre . Le maitre accepta , Il fabriqua une magnifique gazelle d’or de grande taille dont l’abdomen creux était doté d’une porte secrète. Cette prodigieuse œuvre d’art ne pouvait être acquise que par le roi qui en fit cadeau à sa fille. Avant de la livrer, ainsi qu’il en avait été convenu, le bijoutier y enferma le prince. La gazelle, fut déposée dans la chambre de la princesse qui voulait l’admirer tout à son aise.
Voilà comment, dès la première nuit, le prince sortit du ventre de la gazelle. Alors que la princesse dormait profondément , il saisit la chandelle qui se trouvait sur le chevet, l’éteignit, et la déposa sur un guéridon au pied du lit. Dès le réveil, la princesse remarqua que la chandelle avait été déplacée. Et plus surprenant, elle ne s’était pas consumée . La nuit suivante , La princesse sentit sourdre en elle une angoisse infinie , convaincue qu’il s’agissait d’une manifestation de l’invisible, elle implora :
- Ô toi qui perturbes mon sommeil, qui que tu sois, Djinn ou humain, montre-toi !
- Fais-moi serment sacré de ne révéler ma présence à personne et je te dirai toute la vérité, dit-il .
La princesse sursauta, se reprit, et fit serment. Alors, le ventre de la gazelle s’ouvrit et le prince apparut :
- Ô merveilleuse princesse, ne crains rien, je suis fils de roi et je ne te veux aucun mal. J’ai risqué ma vie pour venir jusqu’ici. Fais-moi la faveur de me révéler le secret de ta marque de naissance et j’irai demander ta main le visage de la jeune fille s’illumina et elle s’exclama :
- Ô noble étranger, ton courage m’honore et une parole donnée relève du sacré. Et, joignant le geste à la parole, elle découvrit son épaule. Il ne restait plus au prince qu’à quitter le palais comme il y était entré. Il eut l’idée ingénieuse de briser une patte de la gazelle avant de s’y cacher.La princesse, devenue sa complice, exigea qu’on la portât chez le bijoutier pour la réparer. Le lendemain, richement vêtu et portant les armures et les écussons de son royaume, le prince se présenta au sultan et lui demanda la main de sa fille : " Sire ! J’ai la solution à votre énigme. Sur l’épaule droite de la princesse, poussent un long cheveu noir, un long cheveu d’or et un long cheveu d’argent "
Le sultan n’eut d’autre choix que d’accorder la main de sa fille à ce prétendant si avisé. Une grande cérémonie fut organisée. On y célébra à la fois le mariage et la fin de cette cruelle épreuve. En guise de dot, la princesse n’emporta que la gazelle d’or.