Barbara, " L'Aigle noir "
Par Serge Archimbaud (Lycée Marguerite Yourcenar Morangis (91)) le 15 octobre 2017, 13:08 - Lien permanent
Barbara a tu l’inceste dont elle avait été victime, le révélant dans ses mémoires posthumes. « L’Aigle noir », chanson onirique et mystérieuse, prend désormais un sens glaçant. Barbara travaillait à écrire son autobiographie quand, le 24 novembre 1997, elle est emportée à 67 ans par un choc toxico-infectieux. Son livre posthume Il était un piano noir sort en septembre 1998. Il contient la révélation choquante de l’inceste dont elle a été victime enfant. Pendant la guerre, la famille de Monique Serf s’est réfugiée d’un lieu à l’autre, sous de fausses identités, pour échapper à la persécution des juifs. « Un soir à Tarbes, mon univers bascule dans l’horreur », écrit-elle. Elle a 10 ans, et son père la viole pour la première fois. L’inceste durera des années, sans même que les gendarmes qu’elle est allée alerter prennent la jeune fille au sérieux. Elle choisit de se taire de son vivant. Mais après sa mort, l’évidente symbolique de l’inceste dans L’Aigle noir devient glaçante. « De son bec, il a touché ma joue/Dans ma main, il a glissé son cou/C’est alors que je l’ai reconnu », ces paroles deviennent le récit d’un crime, éclairent la vie d’une femme qui portait avec bravoure, mais sans les dissimuler, des fêlures, des douleurs, un drame incompris. Gérard Depardieu a estimé dans Télérama qu’elle n’en avait pas forcément souffert toute sa vie. Gérard Depardieu explique à propos de son amie : " L’inceste a glissé sur elle dès qu’elle a commencé à chanter. Elle s’en est échappée. (…) Barbara était non seulement très joyeuse, mais elle avait en elle une force de vie formidable. Elle savait écouter, recevoir le malheur des gens, et ne se lamentait jamais sur son propre vécu. L’Aigle noir sublime, exorcise peut-être, la souffrance infligée par un père aimé malgré tout. Mais la chanson reste difficile à entendre.